Cévennes
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Cévennes
Courant sur les plateaux envahis par les sagnes
Assis dans les genêts rêvant comme un grillon
Il ressasse sans cesse le nostalgique couplet
Des regrets impossibles d’une vaine chanson
Transperçant les vallées envers de nouveaux mondes
Implacables traverses alignées sous le ciel
Il commente ces instants évidés d’insolences
Qui courent en Cévennes sur les drailles pérennes
Dormant sous les étoiles piquetées sous le dais
Ces nuits extraordinaires échappées solitaires
Il remémore les heures où s’effondrent les aubes
En secondes magnétiques aux minutes qui s’inversent
Et déliant d’un sourire le lien des certitudes
Aux brisures de la vie où s’embrasent les aurores
Il détermine alors le réel qu’il conçoit :
Il n’existe d’entraves qu’aux marges des libertés
Extrait de voyage avec un âne au travers des Cévennes de Robert Louis Stevenson
La nuit est un temps de mortelle monotonie sous un toit; en plein air, par contre, elle s'écoule, légère parmi les astres et la rosée et les parfums. Les heures y sont marquées par les changements sur le visage de la nature. Ce qui ressemble à une mort momentanée aux gens qu'étouffent murs et rideaux n'est qu'un sommeil sans pesanteur et vivant pour qui dort en plein champ.
La nuit entière il peut entendre la nature respirer à souffles profonds et libres. Même, lorsqu'elle se repose, elle remue et sourit et il y a une heure émouvante ignorée par ceux qui habitent les maisons: lorsqu'une impression de réveil passe au large sur l'hémisphère endormi et qu'au-dehors tout le reste du monde se lève. C'est alors que le coq chante pour la première fois. Il n'annonce point l'aurore en ce moment, mais comme un guetteur vigilant, il accélère le cours de la nuit. Le bétail s'éveille dans les prés; les moutons déjeunent dans la rosée au versant des collines et se meuvent parmi les fougères, vers un nouveau pâturage. Et les chemineaux qui se sont couchés avec les poules ouvrent leurs yeux embrumés et contemplent la magnificence de la nuit.
Par quelle suggestion informulée, par quel délicat contact de la nature, tous ces dormeurs sont-ils rappelés, vers la même heure, à la vie ? Est-ce que les étoiles versent sur eux une influence ? ou participons-nous d'un frisson de la terre maternelle sous nos corps au repos ? Même les bergers ou les vieilles gens de la campagne qui sont les plus profondément initiés à ces mystères n'essaient pas de conjecturer la signification ou le dessein de cette résurrection nocturne. Vers deux heures du matin, déclarent-ils, les êtres bougent de place. Et ils n'en savent pas plus et ne cherchent pas plus avant. Du moins est-ce un agréable hasard. Nous ne sommes troublés dans notre sommeil, comme le voluptueux Montaigne "qu'afin de le pouvoir mieux savourer et plus à fond". Nous avons un instant pour lever les yeux vers les étoiles...
Assis dans les genêts rêvant comme un grillon
Il ressasse sans cesse le nostalgique couplet
Des regrets impossibles d’une vaine chanson
Transperçant les vallées envers de nouveaux mondes
Implacables traverses alignées sous le ciel
Il commente ces instants évidés d’insolences
Qui courent en Cévennes sur les drailles pérennes
Dormant sous les étoiles piquetées sous le dais
Ces nuits extraordinaires échappées solitaires
Il remémore les heures où s’effondrent les aubes
En secondes magnétiques aux minutes qui s’inversent
Et déliant d’un sourire le lien des certitudes
Aux brisures de la vie où s’embrasent les aurores
Il détermine alors le réel qu’il conçoit :
Il n’existe d’entraves qu’aux marges des libertés
Extrait de voyage avec un âne au travers des Cévennes de Robert Louis Stevenson
La nuit est un temps de mortelle monotonie sous un toit; en plein air, par contre, elle s'écoule, légère parmi les astres et la rosée et les parfums. Les heures y sont marquées par les changements sur le visage de la nature. Ce qui ressemble à une mort momentanée aux gens qu'étouffent murs et rideaux n'est qu'un sommeil sans pesanteur et vivant pour qui dort en plein champ.
La nuit entière il peut entendre la nature respirer à souffles profonds et libres. Même, lorsqu'elle se repose, elle remue et sourit et il y a une heure émouvante ignorée par ceux qui habitent les maisons: lorsqu'une impression de réveil passe au large sur l'hémisphère endormi et qu'au-dehors tout le reste du monde se lève. C'est alors que le coq chante pour la première fois. Il n'annonce point l'aurore en ce moment, mais comme un guetteur vigilant, il accélère le cours de la nuit. Le bétail s'éveille dans les prés; les moutons déjeunent dans la rosée au versant des collines et se meuvent parmi les fougères, vers un nouveau pâturage. Et les chemineaux qui se sont couchés avec les poules ouvrent leurs yeux embrumés et contemplent la magnificence de la nuit.
Par quelle suggestion informulée, par quel délicat contact de la nature, tous ces dormeurs sont-ils rappelés, vers la même heure, à la vie ? Est-ce que les étoiles versent sur eux une influence ? ou participons-nous d'un frisson de la terre maternelle sous nos corps au repos ? Même les bergers ou les vieilles gens de la campagne qui sont les plus profondément initiés à ces mystères n'essaient pas de conjecturer la signification ou le dessein de cette résurrection nocturne. Vers deux heures du matin, déclarent-ils, les êtres bougent de place. Et ils n'en savent pas plus et ne cherchent pas plus avant. Du moins est-ce un agréable hasard. Nous ne sommes troublés dans notre sommeil, comme le voluptueux Montaigne "qu'afin de le pouvoir mieux savourer et plus à fond". Nous avons un instant pour lever les yeux vers les étoiles...
Re: Cévennes
Comme toujours avec tes poèmes, je me suis retrouvée plongée dans une ambiance... Ce texte-ci est peut-être moins fluide que d'autre, plus mystérieux, mais j'ai été emportée.
J'aime moins les deux derniers vers, qui m'invitent à la réflexion là où j'étais plongée dans l'émotion : du coup j'ai comme un sentiment d'inachevé... comme s'il y avait encore à dire.
Bien apprécié aussi le texte de Robert Louis Stevenson...
A bientôt sous tes lignes,
Ruin.
J'aime moins les deux derniers vers, qui m'invitent à la réflexion là où j'étais plongée dans l'émotion : du coup j'ai comme un sentiment d'inachevé... comme s'il y avait encore à dire.
Bien apprécié aussi le texte de Robert Louis Stevenson...
A bientôt sous tes lignes,
Ruin.
Loreena Ruin- Nombre de messages : 1071
Age : 34
Localisation : Nancy
Date d'inscription : 05/10/2008
Re: Cévennes
J'allais le dire : texte d'atmosphère façon Giono, aride, parfumée, sauvage.
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: Cévennes
Un des voyages écrits que j'ai préférés !loic a écrit:Extrait de voyage avec un âne au travers des Cévennes de Robert Louis Stevenson
Une fois de plus, grâce à un vocabulaire qui t'est cher et que tu disposes pour créer des fresques naturelles, tu nous emportes quelque part, mystérieusement, avec un petit je ne sais quoi de grave et aussi de dramatique.
Quand je compare aux premiers textes que tu as postés ici, je constate que tu as pu te libérer de ce besoin de vouloir trop en dire, trop charger. Le rythme est davantage maîtrisé et tu peux ainsi jouer avec les tableaux peints.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
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