Alors, tu sais...

[lol47]

Je me demande si l’endroit est approprié à mon humeur du moment. A mon humeur tout court.
Pourquoi suis-je venu ?
L’année dernière fut du même tonneau.
Je parcours les allées tandis qu’autour de moi ça piaille, ça jacasse, ça éternue, ça rigole, ça fait semblant d’avoir de l’esprit, ça attire le chaland.
Un écrivain donne une conférence sous une yourte. J’entre et prête une oreille furtive, je ressors discrètement.
Je crois que « les idées » ne sont pas faites pour moi. Puis ,à partir du moment où l’auteur commence à vouloir expliquer, s’expliquer sur le pourquoi du comment, on sombre dans la plus vaste fumisterie.

Alors tu sais

Moi je marche

A la vitesse de la salive
Je continue d’écrire comme la première fois

Je fouille mon manque d’oxygène



Je ne fais plus l’amour
Je m’en fous
Je ne bois plus
Je m’en fous
Je n’écris plus à tous les coins du monde
Et je m’en fous

La BEAUTE
JE M’EN FOUS

Les guirlandes des dernières années
Ont dévoré mon espace
Je suis devenu un tiret
Les remparts d’une ville sous la lune


A la vitesse de la salive
J’avale
Des kilomètres de sable dans la poussière
Je ne cours plus mais je marche

Alors tu sais
Maintenant que je n’existe pas ou si peu
Je me fiche pas mal d’être lâche ou d’être vieux
Les épidémies baroques
Et tout le cirque glorieux des petites bassesses
Je m’en tape
Ni bonheur ni malheur
Demeurer là
A attendre
A ne rien faire
Attendre que tout soit fini
Et peu importe la date

[Hellian]

un texte de LOL, c'est toujours pour moi un évènement de la conscience, même quand il parle du non évènement d'être

Parfois on lui fait grief de nombrilisme, pire, de narcissisme. Eh bien c'est cela précisément qui m'intéresse, parce qu'au moins il n'a pas l'hypoctisie de dissimuler cette façon de parler de soi sous des allures d'écirture "altériste".

Parler de soi, c'est ce que nous faisons tous au bout de la ligne... Plus ou moins bien.

LoL présente l'avantage de le faire bien et finalement on s'y retrouve, car au bout de la ligne, ce n'est plus de lui dont il parle, mais de moi.

[Invité]

Une mise en abyme très parlante, et une conclusion comme une gifle, ça pète sec. Lol, j'ai aimé le ton et les mots de ce texte sans concession.

[lol47]

«Les mots vous lâchent, il est des moments où même eux vous lâchent».

Oh les beaux jours -- Samuel Beckett

Merci Helian. Oui, dans nos mots, nos phrases, nos personnages, que mettons-nous de plus que nous-mêmes ?
Cette dépendance à l’impudeur par l’écrit est naturelle, presque naïve, comme le support d’une confiance évanouie, d’une schizophrénie qui parachève son œuvre…

Easter, c’est étrange ou télépathique, mais la mise en abyme, c’est le premier titre auquel j’avais pensé avant de mettre un titre plus simple.

[Sahkti]

Cette dépendance à l’impudeur par l’écrit est naturelle, presque naïve, comme le support d’une confiance évanouie, d’une schizophrénie qui parachève son œuvre…

Et cela donne un texte magnifique de pudeur impudique !

Il y a des fragments superbes, sensibles et poétiques, bruts et violents aussi. J'ai beaucoup aimé. Vraiment beaucoup, cette mise à nu.

Demeurer là
A attendre
A ne rien faire
Attendre que tout soit fini
Et peu importe la date
Ça, je me le copie dans un coin de ma tête...

[Loreena Ruin]

J'ai senti de la révolte dans ce texte que j'ai beaucoup aimé... Crise de la quarantaine en retard peut-être ? A moins que ce ne soit la crise de la cinquantaine en avance ? En tout cas ça fait du bien de pouvoir comprendre quelque chose à ce que tu racontes, de temps en temps ! :-)

[Invité]

A lire à voix haute, avec force.
C'est un cri. Un cri superbement bien écrit. J'ai beaucoup aimé. Merci.

[Poussetontraino]

chaque jour est different , chaque jour fait que nous ne sommes jamais le meme , dès fois un peu plus , une fois un peu moins ...le tout fait que ce texte , chaque jour qu'il nous est donné de le lire fait ...qu'il est nouveau ...toujours ...

[loic]

je dirais:

Bien dit

sur le fond &....


sur la forme

[Ole Touroque]

Partagé sur ce poème.
J'apprécie beaucoup la première partie. Bien sentie.
Un beau crachat.

Je continue d’écrire comme la première fois

Là je bloque. Nana Mouskouri ne fera pas mieux quand elle écrira.

J'attends.

[lulli]

l'entrée en matière m'a un peu... surprise... J'ai mis un temps à me dire que ça n'était pas une introduction avant le texte mais déjà le texte... en lui même.


J'aime toujours ton écriture, t'a façon de défaire pour faire sens, les images qui en naissent, l'échos que cela fait (ou pas) en nous même, lecteur... Et puis oui, ce sont toujours des textes que j'ai envie de lire, de dire, de crier, de murmurer, de chanter même parfois ! Ta patte, ton style c'est une oralité retrouver pour moi, une façon d'écrire à la manière d'une pensé flottante.

[milo]

j'aime bien le commentaire de lulli.
l'oralité retrouvée, oui, je crois que c'est ça qui me plaît aussi.

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