N'oublie pas d'être seul... (bis)
+6
Sahkti
boc21fr
bertrand-môgendre
Hellian
mentor
lol47
10 participants
Page 1 sur 1
N''oublie pas d''être seul... (bis)
« N’oublie pas d’être seul », invoque cette voix.
Non je n’oublie pas d’être seul. Pour tout dire, je n’ai jamais oublié. Ni mes vingt ans, fêtés seul, ni mes trente ans, ni même mes quarante.
Beaucoup de gens pensent que dans la vie toute chose dépend de la volonté, que sans elle rien ne se fait.
C’est avec des bêtises de ce genre que l’on crée une société de sclérosés, de personnages pouilleux autant que grossiers.
Par la plus grande des volontés au monde, jamais personne ne parviendra à aimer quelqu'un qu’il déteste. Tout au plus, par une série d’efforts renouvelés, il se montrera poli, sociable, mais l’aimer, c’est autre chose.
Si je rapproche ce constat avec mon arrêt subit de la boisson, différentes tentatives passées et infructueuses l’ont été uniquement par le fait de croire ( ou qu’on m’avait fait croire) que je pouvais arrêter de boire grâce à ma simple volonté.
Courage, mon garçon !
Courage, héros, volonté, toutes ces guerres engendrées par des mots qui infestent la surface avec leurs bonnes intentions.
Que je hais ces mots !
Les héros ont le courage de leur seul arme, l’imbécillité.
J’ai arrêté de boire quant je me suis senti en accord avec cette décision et j’ai franchi le pas. Je n’ai eu nul besoin de volonté. D’ailleurs, je n’ai aucune volonté, aucun courage. A ce sujet, la volonté ôte tout désir de liberté. Elle l’annihile.
Persuadé qu’il existe dans mon entourage des personnes fort mal intentionnés et pour qui le regret est sans doute de me voir redevenu lucide ( en s’affranchissant , l’esclave casse les règles sociales, le puzzle éclate), ces gens-là se demandent sans doute comment ai-je pu arrêter du jour au lendemain- par parenthèse ne le rajoutant pas, c’est moi qui le rajoute- qu’il me fût possible à des moments donnés de m’enivrer sans défaillir un jour durant, ingurgitant dans le désordre 7 à 8 litres de bière, une demi- bouteille de Pastis et autant de Whisky. Je vous le dis et je vous l’affirme. Pourtant, je sens que vous avez de la peine à me croire.
Le désir est plus fort que la volonté.
L’alcool ne se remplace pas.
Toute idée de compensation par un substitut est voué inéluctablement à l‘échec.
J’écris et je cours beaucoup. Quelques semaines m’ont suffi à réaliser que ces deux occupations ne tendraient pas fondamentalement à changer le cours des choses. Je continuerai à écrire et à courir autant de temps que j’en éprouverai le désir, une sorte de satisfaction personnelle dans l’intra-muros qui me concerne. J’avais pensé notamment, aussi à faire l’amour beaucoup plus souvent. L’idée m’était toute personnelle, irrésistible au demeurant, noyer mon corps dans le subterfuge de la chair.
Alors, tout comme on remplace jamais le besoin affectif dans la perte d’un être cher, on ne remplace pas l’alcool et son emprise.
On ne remplace jamais une chose par une autre, un être humain par un autre être humain.
A moins de devenir sourd, totalement indifférent aux choses extérieures, il faudra vivre alors avec ce manque permanent. Et si par votre propre volonté, vous tentiez de lui échapper, soyez sûrs d’une chose, lui ne vous oubliera pas.
« N’oublie pas d’être seul », il vous dira.
Non je n’oublie pas d’être seul. Pour tout dire, je n’ai jamais oublié. Ni mes vingt ans, fêtés seul, ni mes trente ans, ni même mes quarante.
Beaucoup de gens pensent que dans la vie toute chose dépend de la volonté, que sans elle rien ne se fait.
C’est avec des bêtises de ce genre que l’on crée une société de sclérosés, de personnages pouilleux autant que grossiers.
Par la plus grande des volontés au monde, jamais personne ne parviendra à aimer quelqu'un qu’il déteste. Tout au plus, par une série d’efforts renouvelés, il se montrera poli, sociable, mais l’aimer, c’est autre chose.
Si je rapproche ce constat avec mon arrêt subit de la boisson, différentes tentatives passées et infructueuses l’ont été uniquement par le fait de croire ( ou qu’on m’avait fait croire) que je pouvais arrêter de boire grâce à ma simple volonté.
Courage, mon garçon !
Courage, héros, volonté, toutes ces guerres engendrées par des mots qui infestent la surface avec leurs bonnes intentions.
Que je hais ces mots !
Les héros ont le courage de leur seul arme, l’imbécillité.
J’ai arrêté de boire quant je me suis senti en accord avec cette décision et j’ai franchi le pas. Je n’ai eu nul besoin de volonté. D’ailleurs, je n’ai aucune volonté, aucun courage. A ce sujet, la volonté ôte tout désir de liberté. Elle l’annihile.
Persuadé qu’il existe dans mon entourage des personnes fort mal intentionnés et pour qui le regret est sans doute de me voir redevenu lucide ( en s’affranchissant , l’esclave casse les règles sociales, le puzzle éclate), ces gens-là se demandent sans doute comment ai-je pu arrêter du jour au lendemain- par parenthèse ne le rajoutant pas, c’est moi qui le rajoute- qu’il me fût possible à des moments donnés de m’enivrer sans défaillir un jour durant, ingurgitant dans le désordre 7 à 8 litres de bière, une demi- bouteille de Pastis et autant de Whisky. Je vous le dis et je vous l’affirme. Pourtant, je sens que vous avez de la peine à me croire.
Le désir est plus fort que la volonté.
L’alcool ne se remplace pas.
Toute idée de compensation par un substitut est voué inéluctablement à l‘échec.
J’écris et je cours beaucoup. Quelques semaines m’ont suffi à réaliser que ces deux occupations ne tendraient pas fondamentalement à changer le cours des choses. Je continuerai à écrire et à courir autant de temps que j’en éprouverai le désir, une sorte de satisfaction personnelle dans l’intra-muros qui me concerne. J’avais pensé notamment, aussi à faire l’amour beaucoup plus souvent. L’idée m’était toute personnelle, irrésistible au demeurant, noyer mon corps dans le subterfuge de la chair.
Alors, tout comme on remplace jamais le besoin affectif dans la perte d’un être cher, on ne remplace pas l’alcool et son emprise.
On ne remplace jamais une chose par une autre, un être humain par un autre être humain.
A moins de devenir sourd, totalement indifférent aux choses extérieures, il faudra vivre alors avec ce manque permanent. Et si par votre propre volonté, vous tentiez de lui échapper, soyez sûrs d’une chose, lui ne vous oubliera pas.
« N’oublie pas d’être seul », il vous dira.
Re: N'oublie pas d'être seul... (bis)
j'ai lu, et apprécié d'avoir tout compris, une fois n'est pas coutume ;-)
et même si je ne suis pas d'accord avec tout, il y a du vrai
et même si je ne suis pas d'accord avec tout, il y a du vrai
Re: N'oublie pas d'être seul... (bis)
M'en voudras-tu de te dire ,qu' indépendamment de ton texte, l'information qu'il contient me fait profondément plaisir.
Non pas que je me fasse ici le chantre d'une morale de l'abstinence, mais plus précisément parce que, comme tu l'énonces, ta décision est issu d'une adéquation entre toi et toi-même.
Je souscris pour l'essentiel à ton analyse de la volonté comme no-fondement de l'acte. Avec toi, je considère que les décisions de existentielles ne peuvent trouver racines que dans une rencontre avec soi-même. C'est en quoi il faut savoir être seul. C'est après que la volonté retrouve sa légitimité, dans le choix de s'y tenir. alors, assurément il ne faut pas oublier cette solitude fondatrice.
Non pas que je me fasse ici le chantre d'une morale de l'abstinence, mais plus précisément parce que, comme tu l'énonces, ta décision est issu d'une adéquation entre toi et toi-même.
Je souscris pour l'essentiel à ton analyse de la volonté comme no-fondement de l'acte. Avec toi, je considère que les décisions de existentielles ne peuvent trouver racines que dans une rencontre avec soi-même. C'est en quoi il faut savoir être seul. C'est après que la volonté retrouve sa légitimité, dans le choix de s'y tenir. alors, assurément il ne faut pas oublier cette solitude fondatrice.
Hellian- Nombre de messages : 1858
Age : 74
Localisation : Normandie
Date d'inscription : 14/02/2009
Re: N'oublie pas d'être seul... (bis)
D'accord pour l'essentiel, et depuis si longtemps, avec ce que tu exposes.
Maintenant, je regrette que le texte en reste à des constatations et avis personnels. Lol, j'aurais aimé que tu bâtisses autour de tout ça. Prochaine étape de cette longue course ...
Maintenant, je regrette que le texte en reste à des constatations et avis personnels. Lol, j'aurais aimé que tu bâtisses autour de tout ça. Prochaine étape de cette longue course ...
Invité- Invité
Re: N'oublie pas d'être seul... (bis)
Les héros ont le courage de leur seul arme, l’imbécillité.Ne faut-il pas écrire leur seule arme ... ?
Ce texte me rassure, car cette voix me parle souvent, et heureusement elle n'a jamais été associée à l'alcool. Ouf.
Bukowski fut une réussite dans le genre. Même si son style m'impressionne, je ne suis pas adepte.
Donc je continue à lire lol47 avec autant de circonspection.
Ce texte me rassure, car cette voix me parle souvent, et heureusement elle n'a jamais été associée à l'alcool. Ouf.
Bukowski fut une réussite dans le genre. Même si son style m'impressionne, je ne suis pas adepte.
Donc je continue à lire lol47 avec autant de circonspection.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Ouf...
Je n'ai jamais eu besoin de l'alcool pour me supporter...
Je trouve comme Easter que tu parles comme dans un journal intime, ce qui n'est pas en soit un défaut, mais tu pourrais en effet avancer...
décrire les émotions et sentimets que tu résumes par "je me suis senti en accord..."
Ou décrire le manque...
Tant de choses te sont possibles dans la solitude...
Je trouve comme Easter que tu parles comme dans un journal intime, ce qui n'est pas en soit un défaut, mais tu pourrais en effet avancer...
décrire les émotions et sentimets que tu résumes par "je me suis senti en accord..."
Ou décrire le manque...
Tant de choses te sont possibles dans la solitude...
boc21fr- Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008
Re: N'oublie pas d'être seul... (bis)
Que dire, Lol, si ce n'est que ton texte est empreint d'une formidable justesse! De force et de résignation aussi, mais cette résignation n'est pas négative, au contraire, elle respire le respect. Un texte de la maturité retrouvée et à venir, un bel examen intérieur aussi. En construction dans le futur, chaque chose en son temps...
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: N'oublie pas d'être seul... (bis)
J'aime ce constat !
Le cheminement et la réflexion qui vous renvoient à ce que l'être humain devrait acquérir le plus tôt possible dans l'idéal : "être seul"==> l'autonomie.
"De la frustration nait le désir." Jacques Lacan.
De votre désir, nait la frustration, assez peu palpable comme le soulignait boc21... "décrire le manque" eut été la cerise sur le gâteau.
Merci à vous,
Mure.
Le cheminement et la réflexion qui vous renvoient à ce que l'être humain devrait acquérir le plus tôt possible dans l'idéal : "être seul"==> l'autonomie.
"De la frustration nait le désir." Jacques Lacan.
De votre désir, nait la frustration, assez peu palpable comme le soulignait boc21... "décrire le manque" eut été la cerise sur le gâteau.
Merci à vous,
Mure.
Mure- Nombre de messages : 1478
Age : 47
Localisation : Dans vos pensées burlesques.
Date d'inscription : 12/06/2009
Re: N'oublie pas d'être seul... (bis)
Inutile de se l'ordonner, tout nous le rappelle !
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: N'oublie pas d'être seul... (bis)
sincères encouragements
Roz-gingembre- Nombre de messages : 1044
Age : 61
Date d'inscription : 14/11/2008
Re: N'oublie pas d'être seul... (bis)
lol47 a écrit:de m’enivrer sans défaillir
J'avoue ne pas bien saisir: si je comprends bien, ce n'était pas l'envol enchanteur de l'ivresse aux pieds ailés que vous recherchiez, mais une torpeur anesthésiante? Une mise à distance?
J'ai pris une décision similaire, abstinence totale de tous analgésiques légaux ou illicites, dans le souci de reprendre les rênes d'un moi que je laissais vagabonder, et qui ne s'en privait pas.
Le plus dur me semble la conscience omniprésente du pouvoir expanseur et révélateur des substances enivrantes: décider de claquemurer le génie dans sa fiole est un choix douloureux. Et lucide.
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 66
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|