Insomnies

[petit-doute]

Dans un carré de ciel
Une lune carton pâte prétend jouer les lumières
De ses rayons blafards sur les murs grisaille
Elle chape de silence
Le sourire des statues
Enveloppe d’irréel les amours éphémères
Nés des nuits sans sommeil

Entre les façades blêmes
Des pas piétinent ses flaques sur les trottoirs déserts
Compagne des retours chancelants dans la nuit
Elle perle les pare-brises
De larmes de rosée
Et noie d’incertitude les tristesses avinées
Ecloses au creux des verres

Sous la voûte sans étoiles
Les toits enchevêtrés s’alignent en horizon
Aux regards des naïfs prisonniers de leurs grilles
Armures du passé
Sur les cœurs fatigués
Les arbres maigrichons se gorgent des urines
Traces de leurs libations.

Dans la nuit monochrome
Je divague sans tension sur le noir macadam
Zébré de fils d’ombre de vies électrisées
L’humeur est sans espoir
A l’heure des camions bennes
Les odeurs de la nuit imbibent mes insomnies
D’un goût d’inachevé.

[Invité]

Bien écrit, évocateur... mais il me manque quelque chose, je trouve l'ensemble sans grande force. Un texte certes agréable à lire, mais que, je pense, j'aurai vite oublié.

[Madeline]

On songe d'abord à une toile de Chirico, mais les allusions aux ordures et aux odeurs d'urine balaient les visions du peintre italien et c'est dans une rue "en noir et blanc" comme celles des films policiers français des années 50 que nous errons...chiens perdus sans collier.
Beaucoup d'"atmosphère" dans ton poème. J'aime ce nocturne.
Amitié.

[Invité]

J'ai regretté la facilité de "Elle perle les pare-brises
De larmes de rosée" et aurais peut-être souhaité que cette belle balade au bout de la nuit soit un petit peu plus rythmée. Toutefois, en l'état, elle me plaît bien.

[Sahkti]

J'aime beaucoup le contenu et les images qu'il contient, même si certaines de celles-ci sont un peu téléphonées.
Je suis par contre plus réservée sur cette structure, ce découpage pas vraiment saccadé mais heurté qui vient casser l'harmonie entre certains des tableaux esquissés. Si la volonté est justement de montrer les multiples fragments pontiels qu'une nuit peut engendrer, le processus n'est alors (à mes yeux) pas exploité assez fort et c'est sans doute ce qui explique cette impression de maladresse dans le rythme, que je ressens.
Mon bémol ne concerne que le rythme, je le répète, pas le reste, qui me plaît.

[Arielle]

Un goût d'inachevé un peu, oui, pour cette balade nocturne dans laquelle on rencontre pourtant de belles images :

...les tristesses avinées
Ecloses au creux des verres

et surtout cette aube magnifique :

L’humeur est sans espoir
A l’heure des camions bennes

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