Huit marines réalisées à l'aquarelle des mots
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Poussetontraino
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Huit marines réalisées à l'aquarelle des mots
À QUOI LE RÉEL…
Nuit grise où marine
Où se brise l’eau.
L’aquarelle affine
L’étincelle halo.
L’aile d’un oiseau
Emmêle pinceaux.
Se brise la mine
Grise du marin.
Prise sur l’airain
Au petit matin.
Les reins d’une fille
Au port de statue
Nue vous déshabillent
À vous rendre fou.
Le corps du sujet
Aiguille une vue
Sur un quai d’embruns
Où parfum marée
Arrime à genoux.
Abîme les uns.
Hèle matelot.
Appel éperdu
De veuve avinée.
L’épreuve de l’eau
Gonflée de sanglots
Cisèle un tombeau
En lame de fond.
L’âme d’un défunt
Noyé dans les flots
Et les goémons
Rappelle chacun.
La mère et l’enfant.
Amer océan.
***
LES HABITS DE GALÈRE
En habits de galère
Sur la terre ébahie
Durant sa vie entière
Dans la bière étourdie
Elle a mis la civière
À la mer, de l’ami.
Elle a mille manières
De refaire sa vie.
Le mari de la mère
Est en bière et depuis
Le fiston réitère
Les habits de galère.
Cet habile gars erre
En taudis où la bière
Dans le verre est servie.
Où les filles s’affairent
À vendre cher leurs fruits.
Démaquillent leur chair
Éphémère délit
Pour un billet derrière
Le verre dépoli
De la vitre où lumière
N’a guère d’éclairci
Sur le lit en jachère.
M’est avis qu’on enterre
Avant-hier à minuit
Les habits de galère
Amers et défraîchis.
La mie, en marinière
Naguère si jolie
A des plis de misère
Que la mer engloutit.
***
LE MERLU NOYÉ
La pensée a bu
Perdue dans la panse
Les larmes amères
Que renvoie la mer.
Perdurent l’absence
D’alarme, et l’abus.
Les regrets des mères
Les charmes d’enfance
Toute honte bue
Racontent, émus
Et sans innocence
Le péché de chair.
Chavire vertu
Déchue en silence.
Vire la galère.
Un désir fou erre
À terre. Une urgence
Sans vacance, tue
Le merlu, noyé.
***
ENTRE DEUX ÉCHOS
L’amante a le temps
Entre deux échos
Qu’envoie la falaise
Dessus l’océan
Qui fait le gros dos
De dire fadaises
Et mots tendrement
Au beau matelot
S’en trouvant bien aise.
Ainsi le galant
Marin au repos
Ne veut que se taise
Le désir pressant
D’une veuve d’eau
Dès lors elle baise
De l’homme l’aimant
Le grain de la peau.
Au diable l’ascèse
Et l’isolement
Entre deux échos
Qu’envoie la falaise
Dessus l’océan.
***
COMME UN SANCTUAIRE
De mer en criée
Le thon est jeté.
Le ton est donné
Pour un estuaire.
Dans noir encrier
La plume est trempée
Les mots alignés
En cursives fières.
Marins en allés
Entre deux marées
Aux embruns salés.
Femmes adultères.
À quai amarrée
Se prend à crier
Bien achalandée
Une poissonnière.
Au port arrimé
Flotte un chalutier.
Au fond l’ancre y est
Comme un sanctuaire.
La houle a cessé.
Le mari rentré.
Et l’autre muet
Comme un cimetière.
Emplie de regrets
La page a conté
L’aveu de péché
Que l’on fit à terre.
***
SCÈNE DE QUAI
Quai de Seine un matin.
Crachin se remarquait
Dans les yeux de liqueur
De l’acteur… Son hoquet
Belliqueux de vigueur.
Spectateurs et catins
Quêtaient, qui un regard
Sur un fard satisfait…
Qui un cœur en alarme.
La scène était cocasse
À peine quelques larmes
Contées à la manière
D’un Molière ou d’Horace…
La fille extorque, quille
De surface, la mise
Maquillée en amour.
Un tour de passe-passe
Tu es quitte, toujours.
Quand on la déshabille
Qu’elle vend son derrière
Que son âme est acquise
À toute mise en scène
La voilà bien amène
Sur les quais de la Seine.
***
À VENIR
En sortant de l’école elles longent le quai
Le cartable bouclé, les regards qui affolent
En une vague obole un passant imparfait
À la face taillée de petite vérole.
La jeunesse a défait les deux derniers boutons
Laissant à l’abandon du sage chemisier
L’œillade promener son désir, mais pardon !
Le vieillard a dit non, petite, vas téter.
Les rouleaux fracassés se brisent en dentelle
Blanche sur la marelle au béton dessinée
À l’écume de lait, au frisson maternel.
Sa petite hirondelle aux prunelles violées.
Le majeur détourné que l’on montre du doigt
A tout sens à l’aboi. À la mer s’est noyé.
Une belle échappée pour marin que la loi
À venir laisse cois, interdits, arrêtés
Lorsque longeant le quai, l’essaim saillant des folles.
***
COMME UNE HIRONDELLE
Vague lame de fond
Au fond de ta prunelle
Où comme une hirondelle
En brisants de passion
Déferle à l’horizon
De ton cœur. Vague à l’âme
Noyé dans une gueuse
Qu’a versé la serveuse
À l’ardeur de ton drame.
Les perles de la dame
Ont des gammes de verts
Où se fondent vermeils
Où s’inonde un soleil.
Ton solstice d’hiver
S’enivre dans le verre.
Sur tes rides un frisson…
Tu espères des ailes
Avide, une étincelle
Un calvaire, un pardon.
Vague lame de fond.
***
Nuit grise où marine
Où se brise l’eau.
L’aquarelle affine
L’étincelle halo.
L’aile d’un oiseau
Emmêle pinceaux.
Se brise la mine
Grise du marin.
Prise sur l’airain
Au petit matin.
Les reins d’une fille
Au port de statue
Nue vous déshabillent
À vous rendre fou.
Le corps du sujet
Aiguille une vue
Sur un quai d’embruns
Où parfum marée
Arrime à genoux.
Abîme les uns.
Hèle matelot.
Appel éperdu
De veuve avinée.
L’épreuve de l’eau
Gonflée de sanglots
Cisèle un tombeau
En lame de fond.
L’âme d’un défunt
Noyé dans les flots
Et les goémons
Rappelle chacun.
La mère et l’enfant.
Amer océan.
***
LES HABITS DE GALÈRE
En habits de galère
Sur la terre ébahie
Durant sa vie entière
Dans la bière étourdie
Elle a mis la civière
À la mer, de l’ami.
Elle a mille manières
De refaire sa vie.
Le mari de la mère
Est en bière et depuis
Le fiston réitère
Les habits de galère.
Cet habile gars erre
En taudis où la bière
Dans le verre est servie.
Où les filles s’affairent
À vendre cher leurs fruits.
Démaquillent leur chair
Éphémère délit
Pour un billet derrière
Le verre dépoli
De la vitre où lumière
N’a guère d’éclairci
Sur le lit en jachère.
M’est avis qu’on enterre
Avant-hier à minuit
Les habits de galère
Amers et défraîchis.
La mie, en marinière
Naguère si jolie
A des plis de misère
Que la mer engloutit.
***
LE MERLU NOYÉ
La pensée a bu
Perdue dans la panse
Les larmes amères
Que renvoie la mer.
Perdurent l’absence
D’alarme, et l’abus.
Les regrets des mères
Les charmes d’enfance
Toute honte bue
Racontent, émus
Et sans innocence
Le péché de chair.
Chavire vertu
Déchue en silence.
Vire la galère.
Un désir fou erre
À terre. Une urgence
Sans vacance, tue
Le merlu, noyé.
***
ENTRE DEUX ÉCHOS
L’amante a le temps
Entre deux échos
Qu’envoie la falaise
Dessus l’océan
Qui fait le gros dos
De dire fadaises
Et mots tendrement
Au beau matelot
S’en trouvant bien aise.
Ainsi le galant
Marin au repos
Ne veut que se taise
Le désir pressant
D’une veuve d’eau
Dès lors elle baise
De l’homme l’aimant
Le grain de la peau.
Au diable l’ascèse
Et l’isolement
Entre deux échos
Qu’envoie la falaise
Dessus l’océan.
***
COMME UN SANCTUAIRE
De mer en criée
Le thon est jeté.
Le ton est donné
Pour un estuaire.
Dans noir encrier
La plume est trempée
Les mots alignés
En cursives fières.
Marins en allés
Entre deux marées
Aux embruns salés.
Femmes adultères.
À quai amarrée
Se prend à crier
Bien achalandée
Une poissonnière.
Au port arrimé
Flotte un chalutier.
Au fond l’ancre y est
Comme un sanctuaire.
La houle a cessé.
Le mari rentré.
Et l’autre muet
Comme un cimetière.
Emplie de regrets
La page a conté
L’aveu de péché
Que l’on fit à terre.
***
SCÈNE DE QUAI
Quai de Seine un matin.
Crachin se remarquait
Dans les yeux de liqueur
De l’acteur… Son hoquet
Belliqueux de vigueur.
Spectateurs et catins
Quêtaient, qui un regard
Sur un fard satisfait…
Qui un cœur en alarme.
La scène était cocasse
À peine quelques larmes
Contées à la manière
D’un Molière ou d’Horace…
La fille extorque, quille
De surface, la mise
Maquillée en amour.
Un tour de passe-passe
Tu es quitte, toujours.
Quand on la déshabille
Qu’elle vend son derrière
Que son âme est acquise
À toute mise en scène
La voilà bien amène
Sur les quais de la Seine.
***
À VENIR
En sortant de l’école elles longent le quai
Le cartable bouclé, les regards qui affolent
En une vague obole un passant imparfait
À la face taillée de petite vérole.
La jeunesse a défait les deux derniers boutons
Laissant à l’abandon du sage chemisier
L’œillade promener son désir, mais pardon !
Le vieillard a dit non, petite, vas téter.
Les rouleaux fracassés se brisent en dentelle
Blanche sur la marelle au béton dessinée
À l’écume de lait, au frisson maternel.
Sa petite hirondelle aux prunelles violées.
Le majeur détourné que l’on montre du doigt
A tout sens à l’aboi. À la mer s’est noyé.
Une belle échappée pour marin que la loi
À venir laisse cois, interdits, arrêtés
Lorsque longeant le quai, l’essaim saillant des folles.
***
COMME UNE HIRONDELLE
Vague lame de fond
Au fond de ta prunelle
Où comme une hirondelle
En brisants de passion
Déferle à l’horizon
De ton cœur. Vague à l’âme
Noyé dans une gueuse
Qu’a versé la serveuse
À l’ardeur de ton drame.
Les perles de la dame
Ont des gammes de verts
Où se fondent vermeils
Où s’inonde un soleil.
Ton solstice d’hiver
S’enivre dans le verre.
Sur tes rides un frisson…
Tu espères des ailes
Avide, une étincelle
Un calvaire, un pardon.
Vague lame de fond.
***
Re: Huit marines réalisées à l'aquarelle des mots
pour quoi tout ça d'un coup ?
domage , on aime bien diluer notre plaisir , nous :-)
allez hop on se venge en allant voir ton site à notre cadence ;-)
domage , on aime bien diluer notre plaisir , nous :-)
allez hop on se venge en allant voir ton site à notre cadence ;-)
Re: Huit marines réalisées à l'aquarelle des mots
Beaucoup à la fois ça nine...
Je commenterai par morceaux, au fil des envies.
A quoi le réel
Nuit grise où marine
ce n'est pas ou plutôt que où?
Me paraît moins réussie dans ce poème la recherche de la rime à tout prix, dont l'effort se sent parce que présent dans des vers courts. Cela ajoute une impression de chercher à faire joli dans les sonorités sans pour autant établir une réelle structure pour ce texte, qui dégage cependant de belles images.
Je commenterai par morceaux, au fil des envies.
A quoi le réel
Nuit grise où marine
ce n'est pas ou plutôt que où?
Me paraît moins réussie dans ce poème la recherche de la rime à tout prix, dont l'effort se sent parce que présent dans des vers courts. Cela ajoute une impression de chercher à faire joli dans les sonorités sans pour autant établir une réelle structure pour ce texte, qui dégage cependant de belles images.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Huit marines réalisées à l'aquarelle des mots
Ces esquisses auraient gagné à être exposées l'une après l'autre. Sans à mer tume.
Ecume.
Ecume.
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: Huit marines réalisées à l'aquarelle des mots
Première lecture, mes préférés :
Entre deux échos et comme une hirondelle
J'y reviendrai ...
Entre deux échos et comme une hirondelle
J'y reviendrai ...
Re: Huit marines réalisées à l'aquarelle des mots
Sahkti a écrit:Beaucoup à la fois ça nine...
Je commenterai par morceaux, au fil des envies.
A quoi le réel
Nuit grise où marine
ce n'est pas ou plutôt que où?
Non non c'est bien où, vu que marine est ici un verbe, le sujet étant l'eau.
Re: Huit marines réalisées à l'aquarelle des mots
Arielle a écrit:Première lecture, mes préférés :
Entre deux échos et comme une hirondelle
J'y reviendrai ...
Moi, c'est : "A venir" mon préféré de chez top, c'est celui pour l'écriture duquel j'ai ressenti le plus d'émotion.
Re: Huit marines réalisées à l'aquarelle des mots
Des aquarelles à déguster à petites lampées. J'ai parcouru les huit tableaux qui m'ont enchantée . Je prendrai plu de temps pour les savourer.
Pour le moment, je reste sous le charmeJe reste sous le charme.
Pour le moment, je reste sous le charmeJe reste sous le charme.
Soliflore- Nombre de messages : 380
Age : 71
Date d'inscription : 17/02/2009
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