Vitaly

[Kali Lorca]

Qui aurait cru l’hiver dernier que je serai aujourd’hui mourant aux pieds de mon père ?
Je m’appelle Vitaly, russe de patrie. Mon âge, à quoi bon, je m’éteins. Jeune et vif, voilà ce qu’il faut retenir.
Je suis un soldat, c’est la guerre. Staline fait le fier au Kremlin. Il s’agite, donne des ordres, rage. Mais, c’est moi qui suis allongé en position ventrale. J’ai le corps criblé de balles, le sang qui s’échappe de partout. Je ne sais plus où avoir mal, partout à la fois.
J’ai trahi mon pays, par conviction, par défit. Mon supérieur est mon père. Il a donné l’ordre de tirer, sans un regard pour moi. Je l’entends qui s’approche, plus vite que la mort. N’est-elle pas pressée de me prendre ? Plus vite, pitié. Ses yeux sur moi, sa main qui se tache dans ma poitrine ensanglantée. Il est chaud, si chaud. Son fils est déjà mort dans sa tête. Revoit-il l'enfant qu'il a aimé ?

- Père.

Il ne dit rien. Je sais qu’il se passe quelque chose. J’y vois à peine, un voile blanc s’est installé. Je sens le canon de son Tokarev contre ma tempe. Je veux lui parler, je crache du sang. J’ai si peur maintenant.

- Adieu Vitaly.

J’ai balancé une grenade dans l’arsenal. De gros dégâts. Sans armes, ils ne feraient plus la guerre. J’aurais dû savoir que rien ne les arrête. Leur prétendu art de la guerre est plus fort que tout. La domination. Mon père, lui, il m'a abandonné à la mort. Il n'existe plus rien dans ce monde.
Mon père n’hésite plus. Il tire.

[Invité]

Brrr ! Un flash glaçant, assez réussi selon moi.

Je vous signale les deux erreurs suivantes :
"Qui aurait cru l’hiver dernier que je serais (le conditionnel s'impose) aujourd’hui mourant"
"par défi" (et non "défit")

[Sergei]

Rapide et concis, ce texte fait une forte impression.
Avis positif si ce n'est que je n'ai pas vraiment apprécié les trop grandes similitudes avec le film Lord of War dans lequel un des personnages nommé Vitaly jette une grenade dans un camion d'arme en voyant les affres de la guerres.

Je ne sais si c'est une coïncidence, mais je l'espère en tout cas ^^

[Loreena Ruin]

Maaah ! Un de tes textes les plus réussi je trouve ! (en plus ça me fait plaisir de te lire, ça faisait longtemps ;-)).

J'ai vraiment adoré et puis, pour le coup, j'ai eu des frissons. Super !

(j'ai rien dit de constructif, désolée... XD)

[Loreena Ruin]

Ah oui, Sergei bien vu la référence ! J'ai pensé aussi à Lord of War, mais bon si le nom et l'histoire de la grenade font réminiscence, la situation politique, et le truc du père militaire qui renie son fils, c'est pas tout à fait pareil non plus ! Et de toute façon c'est plutot un réussite de parvenir à l'écrit à faire passer la même émotion que dans le film, voire une émotion plus forte (perso dans Lord of War je suis restée stoïque à la mort de Vitaly...).

Je pense que ce serait un exercice intéressant de prendre des scènes de film, comme ça, et de les retranscrire en bonne littérature, en essayant, avec notre style, de faire passer l'émotion et de recréer l'ambiance. Je suis pas sure que ce soit si évident.

[Sergei]

Ah me ce n'était pas un grand reproche. Je trouvais ça juste un peu dommage. D'ailleurs j'ai eu les mêmes sentiments que toi dans le film ^^
Et c'est vrai que l'histoire n'est pas du tout pareille, et que l'émotion est tout de même plus intense ici.

[Invité]

Un retour remarqué Kali Lorca !

Sur la forme des erreurs de temps et quelques bricoles orthographiques.
Sur le fond, c'est réussi. Comme je ne connais pas le film dont il question ci-dessus, la scène et l'émotion qui en découle sont une découverte en ce qui me concerne. Tu as fait fort ici, en peu de mots. C'est bien.

[boc21fr]

comme quoi quand on ne veut pas suivre la voie de son père, par définition, il faut s'en éloigner :o)
Rendre les armes sans se faire plomber c'est quand même préférable...
Un texte très correct..

[Kali Lorca]

Merci à vous tous, j'étais un peu angoissée à l'idée de reprendre l'écriture pour me planter.

J'avais vu Lord of War il y a un petit moment mais en l'écrivant je ne m'en suis pas rendue compte. Je me souviens maintenant que j'avais beaucoup aimé Vitaly, et surtout Jared leto qui m'avait bien marqué à l'époque avec sa personnalité.

Encore merci à vous !

[Loreena Ruin]

Ah Jared Leto... Toutes mes copines en sont fans ! La faute à Requiem for a Dream ? :-)

[Sergei]

Ca plaît tant que ça les camés? :-D

[Loreena Ruin]

Ca plaît tant que ça les camés? :-D

Désormais Sergei croit qu'il faut prendre de la drogue pour séduire les filles... Mais non, mais non ce n'est pas vrai... Eh mais ! Lâche cette seringue immédiatement !!

Je décline toute responsabilité !!! XD

[Sergei]

Trop tard!! Je suis devenu irrésistible! Je vous attend les filles ^^

[bertrand-môgendre]

Bonne amorce pour développer le sujet. Il y a tant à dire sur cette période qu'un seul roman serait trop étroit.
Vas-tu poursuivre ?

[petit-doute]

un texte qui en si peu de mots passe tant d'émotions c'est très fort
emportée par les mots.. touchée même
quelques petites corrections à faire comme déjà dit mais il y a un passage qui à la lecture m'a vraiment paru léger, pas assez travaillé à mon goût, qui mériterait vraiment une visite de remise en forme

Mon père, lui, il m'a abandonné à la mort. Il n'existe plus rien dans ce monde.
Mon père n’hésite plus. Il tire.

ce "il" m'a abandonné par exemple le "il" est il indispensable là ? à mon avis la phrase gagnerait à en être allégée.
et la phrase finale aussi je la reverrais; non pas le sens mais la forme pour a rendre plus percutante peut être. la répétition du "mon père" en début de phrase je crois, m'a parue de trop
enfin tout ça ce n'est que broutilles ..... et goût personnel
sans conséquences sur le message et la qualité de ce texte

[Kali Lorca]

Merci beaucoup pour vos commentaires !

il y a un passage qui à la lecture m'a vraiment paru léger, pas assez travaillé à mon goût, qui mériterait vraiment une visite de remise en forme

Justement, j'avais pensé que ce serait mieux de terminer légèrement.

Bonne amorce pour développer le sujet. Il y a tant à dire sur cette période qu'un seul roman serait trop étroit.
Vas-tu poursuivre ?

Non, je n'en avais pas l'intention ...

Encore merci !

[Kali Lorca]

J'ai fait quelques petites modifications,

Qui aurait cru l’hiver dernier que je serais aujourd’hui mourant aux pieds de mon père ?
Je m’appelle Vitaly, russe de patrie. Mon âge ? A quoi bon, je m’éteins. Jeune et vif, voilà ce qu’il faut retenir.
Je suis un soldat, c’est la guerre. Staline fait le fier au Kremlin. Il s’agite, donne des ordres, rage. Mais, c’est moi qui suis allongé en position ventrale. J’ai le corps criblé de balles ; mon sang s’échappe de partout. Je ne sais plus où avoir mal, partout à la fois.
J’ai trahi mon pays, par conviction, par défi. Mon supérieur est mon père. Il a donné l’ordre de tirer, sans un regard pour moi. Je l’entends qui s’approche, plus vite que la mort. N’est-elle pas pressée de me prendre ? Plus vite, pitié. Ses yeux sur moi, sa main qui se tache dans ma poitrine ensanglantée. Il est chaud, si chaud. Son fils est déjà mort dans sa tête. Revoit-il l'enfant qu'il a aimé ?

- Père.

Il ne dit rien. Je sais qu’il se passe quelque chose. J’y vois à peine, un voile blanc s’est installé. Je sens le canon de son tokarev contre ma tempe. Je veux lui parler, je crache du sang. J’ai si peur maintenant.

- Adieu Vitaly.

J’ai balancé une grenade dans l’arsenal. De gros dégâts. Sans armes, ils ne feraient plus la guerre ! J’aurais dû savoir que rien ne les arrête. Leur prétendu art de la guerre est plus fort que tout, leur désir de domination aussi. Mon père, lui, m'a abandonné à la mort. Il n'est qu'un pion. Plus rien n’existe dans ce monde.
Il n’hésite pas. Il tire.

[Sahkti]

Pas mal d'émotions dans ce texte, des pensées qui se bousculent, parfois confuses à l'image de ce qui peut se passer dans un esprit dans de telles circonstances.

J'ai ceci dit un bémol sur ta façon d'expliquer le contexte, j'ai trouvé cela assez abrupt, parfois peu naturel, mais ça ajoute une certaine froideur à l'ensemble, donc ce n'est pas totalement dérangeant.

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