Adieu Volaille Divine

[Ento]

Adieu Volaille Divine

Mise en garde: ceci est une niaiserie égyptienne...

Ra me l’avait appris : son rayon est aisé ;
C’est un jour insolant désormais qui décline.
J’avais trouvé l’abri à l’ombre de Gizeh,
D’un triangle d’antan qui jamais ne s’incline ;
Le plus haut des sommets épandait sur le sable
De cette eau noire et sèche, à flots, et la fraîcheur
Qu’alors elle exhalait semblait intarissable… ;






Jusqu'à ce qu’approcha Le Zénith Etancheur…


Alors, et peu à peu, mon corps abandonné
Sur la face endormie qu’éveillait la lumière
Venue frapper du feu des pierres chevronnées,
Surchauffa sans un bruit ; puis des maux l’alarmèrent :
Céphalées et nausées, contrecoups des chaleurs,
L’arrachèrent au rêve, ôtèrent de sa place
Qui s’était embrasée aux degrés de douze heures ;
Mon sang n’était que lave au soleil qui, de glace,
Froid et immagnanime, avivait ma souffrance,
Mes brûlures, toujours, et me jugeant, à tort,
Imputant à crime ma seule inconséquence,
Me condamnait au four, m’envoyait à la mort.

J’ai attendu le mal, avisé mais tardif
Pour rejoindre empressé l’entrée des galeries ;
Redevenir normal : c’est mon souhait maladif,
L’désir déshydraté d’un cœur un peu trop cuit…



///



J’ai cru voir à l’instant Ra tomber de sa barque ;
Pourrait-ce être un mirage, un songe où je m’y perds ?

En m’approchant, méfiant :

Il est blessé, patraque !

Je l’entraîne, de rage…

A part, cent pas sous pierres :

Quand bien même dehors seraient enténébrés
Gizeh, ses monuments, ses sables, son désert
D’un futur sans aurore après que j’ai sabré
Le faucon malfaisant et son disque solaire,
Je n’ai aucun regret, aucun remords ni peine
A faire des ses chairs de la charpie divine… !

Je te déplumerai, volaille mi-humaine,
Moitié d’oiseau vulgaire, ébauche de géline !

Je feins par cruauté, frénétique, retors,
De vouloir attenter à tes jours dès l’abord ;
Car j’en veux profiter ! Jusques à la pléthore !
J’ai toute autorité que j’exerce sans bornes…

Tu te bats comme lutte une proie en panique
Que je tiens en arrêt, qu’à force j’accapare.
Dextrement j’exécute un chef-d’œuvre organique
Te tranche au couperet, te coupe en menues parts.
Dans la chambre où ma lame a recouvré son fil,
Au tiers de ta hauteur, en entamant la cuisse,
J’oublie mon mal-à-l’âme et mon sens se défile,
J’incise ta longueur ; rien n’est plus que tu puisses…



///



Il y a peu, Soleil, - ô Ra ! - tu t’éteignais ;
Plus d’un jour? Plus d’un mois? Plus d’un siècle ? Qu’importe !
Car ton sang dans lequel, furieux, je me baignai
Est depuis longtemps froid :

C’est ma joie ;
Je l’emporte…

Je m’en vais dans la nuit, je te laisse, Apophis,
La victoire à jamais et un ciel tout à toi ;
Fonce-le noir de suie, couvre-le de ton vice !
Lors, s’il transparaissait derrière ce haut toit
Fût-ce une lueur blême, aussi pâle et blafarde
Que le fut ce feu dieu découvrant sa fortune,
Affolé par la lame, et l’effroi, l’âme hagarde,
Te tenant pour odieux, je tuerai ! De rancune !

D’entre vous, dieu-serpent, dieu-faucon, dieux bien bas
Qui manquez de bonté, l’un vaut l’autre à mon sens ;
Armez-vous promptement, car j’arrive d’en bas ;
L’âme d’un corps brûlé

A votre assaut
S’él a n c e . . .

[silene82]

Tout en appréciant ça et là une image amusante ou bien venue, j'avoue être assez déconcerté et perplexe. J'ai bien noté la mise en garde. Je vois la potacherie. Mais je n'arrive pas à suivre le fil. De plus, des mots incongrus semblent pastissés par endroit pour sauver la rime. Je retenterai une lecture un peu plus tard.

[Sahkti]

J'ai un petit bémol sur L’désir, l'élision ne me paraît réussie dans ce cas précis, elle se remarque trop et casse le rythme de ce qui précède.
Il m'a d'ailleurs semblé y avoir quelques soucis de rythme et de régularité bancale dans le poème. Bien sûr, on n'est pas obligé de suivre la métrique à la lettre mais ici, c'est comme si il y avait un "air de" sans forcément le faire, ça se voit trop à mon goût (mais c'est subjectif, j'en conviens).

J'ai aimé l'irruption, très naturelle, de Il est blessé, patraque !
Ça m'a fait sourire et j'ai trouvé ça bienvenu :-)

Dans l'ensemble, ce texte a des aspects brouillons, comme si la rime prenait le dessus sur l'idée ou l'inverse; il n'y a pas de véritable harmonie entre les deux, pas tout au long du texte en tout cas et c'est dommage parce que l'idée de départ me paraît bonne et mérite d'être revisitée.

[Madeline]

Une merveilleuse parodie de la tragédie classique. A faire se retourner dans leur tombe Corneille et Racine. Bravo ! Ton humour vaut de l'or et tes vers sont bien frappés (sauf "Imputant à crime ma seule inconséquence", mais c'est affaire de lecture).

[Invité]

Humour original, vu le choix du sujet.
Distrayant. Tu as bien dû t'amuser à l'écrire. Bravo et merci.

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