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L'équilibre de la rivière

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L'équilibre de la rivière Empty L'équilibre de la rivière

Message  abstract Mer 17 Juin 2009 - 19:05

Dans deux mois j’aurai quinze ans. Le soleil de juillet me chauffe les épaules alors que je construis des villes imaginaires en galets. Ma meilleure amie, Solange, est allongée à côté de moi, concentrée sur un livre de chimie. C’est grâce à elle que je suis dans le Sud. Elle a réussi à me convaincre de l’accompagner. Je ne connaissais pas cette association qui organise des chantiers internationaux. Moi, j’aurais passé l’été devant la télé. Vautrée dans le divan, à regarder des clips vidéo, à attendre la rentrée

Il fait chaud, très chaud. Alors on ne peut travailler que le matin. L’après-midi on ne fait rien, on joue dans la rivière, on boit des pastis grenadine.

J’aime B.
B est plus âgé, il va entrer en dernière année. Je ne lui ai pas encore parlé. Je l’observe. Constamment depuis deux mois.
Je l’aime.

Solange dit que je suis folle, cinglée, désaxée. Qu’aimer c’est nécessairement autre chose. Qu’on ne peut pas le décider. Elle trouve aussi que B n’est pas extraordinaire, qu’il a un air inquiétant, malsain. Qu’en plus, rien ne me prouve que lui aussi va m’aimer. Je ne veux rien entendre. Ce sera lui, pas un autre. Elle ne comprend jamais rien.

J’aime B
Pour clore la discussion, je tourne le bouton du volume de mon lecteur au maximum. Les accords s’alignent, impeccables. La voix hurle le désespoir de ses amours perdues. Les paroles sont niaises, c’est le slow de l’été.

D’un pied rageur je détruis ma cité de pierres. J’annihile mon monde. Il ne me méritait pas. Je refuse d’en être la déesse.
Un à un, j’étire les muscles de mon mètre soixante-dix nouvellement acquis. Je veux de l’action.
Je tire Solange par le bras :
— Allez, fait trop chaud pour équilibrer des équations, viens dans l’eau avec moi.

On fait la course jusqu’à la rive. Les galets sont tellement brûlants qu’on n’a pas le choix. Il faut courir sinon on se cuit la plante des pieds. Je la laisse gagner. L’eau paraît glacée. On crie. On s’éclabousse tout en surveillant les garçons sur la plage. Les vacances peuvent commencer. Pendant le trajet en car, mon amie a repéré un grand brun. Il lui plaît beaucoup. Elle le cherche des yeux. Il est assis avec les autres. Indifférent aux cris perçants qu’elle émet dans l’espoir ténu qu’il la remarque.
Elle me plante là, va rejoindre le groupe. Je reste seule dans la rivière. J’ai toute la place que je veux. Nager. Ouvrir grand les yeux dans l’eau. Si claire qu’on en voit le lit. Tel un monstre aquatique je me laisse descendre. Doucement. Que le liquide me recouvre entièrement. M’enveloppe. J’effraye les poissons. Ils se dérobent dans les algues. Il y a des capsules de bouteilles, enfouies dans le limon. Des petits trésors de métal coloré. Témoins d’autres étés. Traces indéfectibles d’autres vacanciers. Je peux presque respirer sous l’eau, usurper cet univers. Tellement mieux que la piscine.
Le froid finit par m’envahir. Je dois sortir. Retrouver les autres.
J’attends. L’instant. L’instant où un garçon regardera dans ma direction. Où, l’air de rien, il pourra me jauger. Me suivre des yeux. J’ai un nouveau bikini. Minuscule deux pièces de tissu gaufré. Motifs d’ananas sur un fond noir. Je prends mon temps. Qu’ils profitent du spectacle. Essorer mes cheveux. Les torsader, sourire. J’avance lentement vers le groupe. Comme si de rien n’était. Comme si je ne remarquais pas toutes les paires d’yeux maintenant braquées sur moi. Des gouttes d’eau glissent sur ma peau dorée par deux jours de soleil. Je les sens descendre doucement entre mes seins. Je vais les rendre fous.

Assis en cercle sur nos serviettes éponges, on discute de tout, de rien. De musique, de cinéma. Des voyages que l’on fera un jour. Peut-être. Le temps s’écoule lentement. Freiné, lui aussi, par la chaleur. Je prends dans ma besace la biographie de Jean-Paul Sartre. Je l’emporte partout avec moi depuis plus d’une semaine. Dix jours exactement. Dix jours qu’à la cafétéria de la rue du Parc, j’ai entendu B parler de son travail de fin d’études. L’Existentialisme. Dix jours que je me plonge dans les œuvres complètes de Sartre et Camus.

J’aime B.
Je veux tout partager avec lui. Alors je profite de l’été pour l’apprendre. Pour vénérer ce qu’il aime. Pour écouter sa musique. Pour apprécier les films qu’il a vus. Deux mois pour être prête à le revoir. A le recevoir.

Le soleil descend, glisse derrière la colline. Il va être temps de rentrer au gîte. Encore une heure de marche sur des sentiers escarpés. Rejoindre la route du village. Le chemin ardu protège la plage des déferlantes de touristes, réfugiés de la canicule. Je suis toujours à la traîne, je n’aime pas marcher. Alors je picore les myrtilles pour tromper l’ennui. Je regarde la terre ocre, si différente de celle que je connais. Presque irréelle. Je me demande quelle graine est assez courageuse pour traverser cette croûte orange. La chaleur fait ressortir des odeurs végétales qui me sont inconnues. Trop fortes. La tête me tourne. Je n’aurais pas dû tant nager.

C’est ma première expérience de vie en communauté. Enfant unique, d’une famille mono-parentale, je n’ai pas l’habitude de vivre parmi autant de personnes. J’ai besoin de trouver mes marques, de comprendre comment le système fonctionne. D’en analyser les interactions. Observer les gens. Disséquer leurs faits et gestes. Quand le groupe me fatigue trop, je m’isole sur la terrasse arrière, face aux oliveraies. Là, je peux lire, profiter égoïstement du lieu, penser à B. Surtout penser à B.

C’est là que je rencontre L pour la première fois. Un soir, après le repas. L fait partie de l’équipe d’animateurs. Il est responsable logistique. Je ne sais même pas ce que c’est. Je lui donne une vingtaine d’années.
- Eh, tu fais quoi ici toute seule ? Ils sont tous dans la salle commune. Tu ne vas pas au grand jeu ?
D’une voix lasse je lui réponds :
— Je sais. Je n’aime pas jouer. Et puis, je suis trop bien ici.
Il regarde le livre posé à côté de moi.
— Dis donc t’es pas un peu trop jeune pour lire ça ?
Mais de quoi il se mêle celui-là !
Pour le provoquer je lui réplique :
— Pourquoi ? Tu me conseillerais plutôt « Justine ou les malheurs de la vertu » ?
Ma sentence n’a pas l’effet que j’avais escompté. L se jette sur moi et tente de m’embrasser. Je n’avais pas du tout prévu ça. J’ai horreur de l’inattendu.
J’aime B !
Ma pensée fonctionne à plein régime. Quels sont les avantages et les inconvénients que peuvent procurer cette situation. Surtout ne pas paraître effrayée. J’ai presque quinze ans. Je peux gérer la méprise.

— Hé doucement ! Avant de me manger toute crue, je crois qu’on a d’abord un accord à passer ensemble.
L en reste bouche bée. Il est livide.
Je profite de mon effet de surprise pour prendre l’avantage :
— De un, je ne t’aime pas, j’aime B.
— De deux, je ne connais pas grand-chose aux garçons. Je dois tout apprendre.
— De trois, je suis vierge et je compte bien le rester. Je garde ça pour B. Ce qui te laisse quand même beaucoup d’autres possibilités, fais preuve d’imagination.
— De quatre, je ne suis ici que pour la quinzaine et…
Je n’ai pas le temps de terminer, L m’offre le plus beau baiser de ma vie.
J’en conclu que nous venons de sceller notre accord.
Des bruits de voix nous arrivent du bâtiment central. L doit me laisser maintenant, il a une réunion de coordination avec le reste de l’équipe. C’est avec regrets que je quitte la douceur de ses bras pour rejoindre mes nouveaux amis. Je le reverrai demain.

Je retrouve mon amie. Elle est toute essoufflée par le jeu. Elle rit. Je crois que je ne l’ai jamais connue aussi vivante. Ses tentatives d’approches du beau brun commencent à porter leurs fruits. Les vacances s’annoncent vraiment très bien.

La nuit, dans le dortoir des filles je me repasse le film de la journée. Je n’arrive pas à dormir avec autant de personnes autour de moi. Je réfléchis à ce que peut entraîner une relation avec L. Ce qui pourra me servir pour séduire B.
Je finis par trouver le sommeil, heureuse de ma journée.

Discipline et travail physique me conviennent bien. On ne se pose pas de questions, la vie est rythmée par l’horloge. Lever sept heures, petit déjeuner huit heures, début du chantier neuf heures, retour au camp treize heures, sieste et temps libre jusqu’à dix-huit heures, réunion à dix-huit heures trente, repas du soir dix-neuf heures trente, coucher à vingt-trois. Ça me laisse l’esprit libre pour rêver à B.
Solange s’éclate, elle se fait plein de copains. Son livre de chimie est rangé dans sa valise.

Je passe beaucoup de temps avec L. Il essaye de s’organiser pour me voir le plus souvent possible. Ce n’est pas toujours évident, on doit se cacher. Les membres encadrant de l’organisation ne peuvent pas avoir des contacts privés avec les stagiaires. Je me sens bien avec lui, je suis contente de l’avoir rencontré. On se parle beaucoup. Je lui raconte mon amour pour B, pourquoi et comment je l’ai choisi.
Il rit et m’embrasse. Lui, me parle de Dieu, de ce qui l’a amené à étudier la théologie. Il me parle de la bonté des hommes et du pouvoir de la fraternité. Je ris à mon tour. Je lui dis que l’homme n’est qu’une pomme pourrie jusqu’au trognon. Que son dieu n’est qu’un leurre pour maîtriser le peuple. Il me couvre de baisers et de caresses pour me faire taire.
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Message  abstract Mer 17 Juin 2009 - 19:05

La nuit, je quitte le dortoir pour le retrouver sur la terrasse. J’ai tellement de questions à lui poser, de choses à comprendre. Le temps presse. Mes interrogations le déroutent parfois mais il ne se moque pas de moi. Il me trouve touchante avec mon besoin de tout savoir Qu’est-ce que les garçons attendent des filles ? Pourquoi ils ne montrent jamais qu’ils sont amoureux ? Est-ce qu’ils ont peur eux aussi ? Est-ce que je suis assez belle ? B sera-t-il attiré par moi ?
— Viens, je dois te montrer quelque chose pour répondre à tes questions.
Je suis docilement L qui m’emmène dans la réserve à l’arrière du bâtiment principal.
— Viens, n’ai pas peur, c’est juste l’endroit où l’on entrepose les boissons du bar et un peu de matériel.
La pièce est plongée dans la pénombre, l’électricité n’a pas encore été installée dans cette partie du bâtiment. La lampe torche de L parvient à nous offrir une faible lueur.
— waow c’est une vraie caverne d’Ali Baba ici.
Il y a des caisses de chips et des casiers de bière jusqu’au plafond.
— Oui, mais le plus intéressant est tout au fond. Viens.
La lumière est faible. Je distingue à peine les éléments qui m’entourent.
— Regarde, on a gardé les décors d’un spectacle qu’on avait monté l’année dernière.
De fait, j’aperçois un petit fauteuil dans un état de délabrement avancé. Il y a aussi un guéridon et un grand miroir.
L m’attire dans ses bras et laisse glisser la lampe torche par terre.
Il m’embrasse en me tenant fermement par le cou. Pourtant ses baisers sont d’une douceur infinie J’adore ça. Je veux que ça continue toujours.
— Maintenant regarde ! Dit-il en me faisant pivoter face au miroir.
Je vois mon reflet. C’est assez flou. Le miroir est complètement piqué. Je suis mal à l’aise. J’ai même un peu peur. J’essaye de me retourner pour retrouver les lèvres de L.
— Non je veux que tu regardes. L me maintient contre lui mais face à mon image.
Doucement il fait tomber mon cardigan. Je frissonne mais n’ose rien dire. Ma petite robe d’été suit rapidement le même trajet et se retrouve à mes pieds. L s’en prend maintenant à ma petite culotte de coton. J’arrête de respirer. Je suis complètement paralysée. Figée. A l’exception de ma paire de sandales de cuir je suis totalement nue. Mais qu’est-ce que je fais dans cette galère ? J’ai la frousse de ma vie. Je suis incapable de bouger ou même de parler.
J’essaye de penser à B. C’est quand même à cause de lui que je me retrouve ici. Ma peur doit être palpable.
— Hé du calme. Je ne vais rien te faire. Tu ressemble à un petit animal pris au piège. Ne te tracasse pas, je connais notre accord.
Sa voix me rassure un peu. Je sens la rugosité de sa chemise en jeans dans mon dos. Les rivets métalliques qui s’impriment dans ma chair.
L prend ma tête entre ses mains et la relève. Il la maintient bien droite face au miroir.
— Regarde comme tu es belle. Regarde bien, ne ferme surtout pas les yeux.
Il passe un bras autour de ma gorge tandis que son autre main descend sur ma poitrine naissante. Je suis terrorisée. Ca y est, j’en suis certaine, il va m’étrangler. Comme dans les films. Je ne veux pas mourir nue entre deux casiers de bière.
La pression sur mon cou se relâche. J’essaye de respirer calmement. De maîtriser les battements de mon cœur. Je compte dans ma tête : un, deux, trois inspire ! Calme. Quatre, cinq et six, expire !
J’aime B. Je dois vivre.
Dans le reflet je vois sa main droite qui me caresse. Elle paraît immense quand elle emprisonne mon sein. Il joue avec l’aréole. Pince délicatement le téton entre ses doigts.
— Regarde tes seins, ils sont magnifiques, parfaits.
Il me caresse. Je n’ai jamais ressenti des choses pareilles. Je suis toujours paralysée par la peur mais c’est du plaisir que je ressens.
L continue à explorer mon corps. Il s’intéresse maintenant à ma taille. Ses mains peuvent presque en faire le tour.
— Regarde ton corps, il est splendide. Tu as un tout petit ventre rond très féminin.
Ses doigts s’arrêtent juste à mon pubis. Je sens aussi sa bouche. Ses lèvres effleurent chacune de mes vertèbres. Descendent lentement le chemin de mon dos.
— Et des fesses merveilleuses, toutes rondes et fermes.
Je sens son souffle au creux de mes reins.
— Et tu me demandes si tu es belle ? Si on peut te trouver attirante ? Mais regarde-toi ! Aucun homme sur cette planète ne peut résister à ça. Tu ne te rends pas compte du pouvoir que tu as. Si tu savais le nombre de gars qui seraient prêts à tout perdre pour te respirer, te goûter, te posséder quelques instants. Et oui, les garçons ont peur aussi. Peur d’être trop ému par ta beauté. Peur de ne pas être digne de toi. Peur de devenir fou à cause de filles comme toi. Allez rhabille-toi vite et file. D’ici cinq minutes je serai incapable de respecter notre pacte.
J’enfile ma robe en silence. Des larmes coulent sur mes joues. Je cours vers la porte. Du seuil, je lui lance un merci d’une toute petite voix.


Le chantier n’avance pas beaucoup. On rénove un ancien mur de soutènement le long d’une route municipale. On prend tout notre temps. On rit beaucoup. J’aime bien aussi attraper les lézards. Solange me prend en aparté et me chuchote à l’oreille:
— Dis donc petite cachotière, je t’ai vue l’autre soir sur la terrasse avec L. Tu as déjà oublié B ? Tu es une adepte du loin des yeux loin du cœur ?

Je ne comprends pas. Comment peut-elle imaginer ça ? Comment ose-t-elle dire que j’ai rayé B ? Je ne pense qu’à lui de puis trois mois. Il est ma sublime et unique raison de vivre.
— Alors là tu es complètement à côté de la plaque ma pauvre So. Je n’ai jamais été aussi proche de lui.
Je tente de lui expliquer en vain. Elle rit de moi.
— En tout cas, on ne peut pas te reprocher de les choisir pour leur physique. Il est encore plus moche que B.
Moche ? Je ne trouve pas L laid. Il est roux avec plein de taches sur la peau. Il porte un petit bouc super mignon. Je n’en demande pas plus.
B, lui, est parfait c’est pour ça que je l’aime.

Sur un ton taquin je provoque mon amie :
— Evidemment, Mademoiselle Solange le Losange, a besoin de bellâtres bronzés pour oublier ses solutions. Elle veut voir des biceps gonflés, des abdos en tablette à la place de polymères. A ce régime là, c’est un prix en anatomie que tu devrais viser à la place du Nobel de chimie.…
Solange m’a toujours épatée, depuis que je la connais elle étudie continuellement, ne perdant pas de vue son unique objectif : le prix Nobel. Alors que moi, je veux seulement B, elle son rêve le plus cher est de recevoir la précieuse invitation pour Stockholm. Et pas pour n’importe quel prix, pas pour ce truc de la Paix ou de la diplomatie qu’on donne à n’importe qui pour faire plaisir. Non celui qu’elle désire plus que tout au monde c’est celui de chimie même si, à la rigueur, celui de physique ferait aussi l’affaire.

Je suis certaine qu’elle l’aura.
Je suis certaine que B m’aime déjà même si il ne me connaît pas encore.


Aujourd’hui on part en randonnée. Deux jours entiers de marche sous le soleil. On dormira à la belle étoile dans une prairie.
L ne vient pas avec nous. Il viendra le soir en camionnette pour nous apporter le repas et les sacs de couchage. Il m’a promis de rester la nuit avec moi.
C’est trop long trente kilomètres. Je n’arrive pas à suivre le rythme. Je n‘aime pas marcher, je n‘en ai pas l‘habitude. Mon short en jeans me brûle les cuisses et les lanières de mes sandales rentrent dans ma chair. J’ai des marques rouges et des cloques sur les chevilles.
Après sept heures interminables sous un soleil de plomb, on arrive enfin. Je vois L. Il décharge le matériel. Il me fait un signe de bienvenue. Il ne peut pas venir m’embrasser. Pas devant tout le monde. On prend notre repas en silence, tous trop fatigués pour se parler. Seule mon amie a encore de l’énergie. Elle est excitée à l‘idée de passer la nuit avec son grand brun..
Je m’approche de L en geignant :
— Je suis épuisée, j’ai mal partout. Regarde, mes pieds sont en sang. Je veux prendre un bain.
— Attends un peu. Je vais t’emmener quelque part où tu pourras te laver à ton aise. Maintenant va avec les autres.
Un des garçons du groupe a pris sa guitare. Je somnole, recroquevillée sur mon sac. J’attends L.
Je suis presque endormie quand il vient me chercher.
— Viens vite, on n’a pas beaucoup de temps.
Il me tend la main pour me relever. Je suis la lueur de sa lampe torche. On descend un chemin. Ca sent le pin. Théâtral il clame :
— La salle de bain de Mademoiselle est avancée !
Je découvre un petit étang naturel. Presque irréel dans ce paysage aride. Je m’approche de la rive où je dépose mes vêtements en un petit tas. Je fais quelques brasses dans l’eau encore tiède. Mes muscles se détendent. Je suis bien. Etendue sur le dos, je regarde les étoiles. Je flotte dans l’univers.
L reste sur la berge. Il n’aime pas nager.
Je le retrouve. Je tremble de froid et je n’ai pas de serviette de bain. Il utilise sa chemise pour me sécher. L me frictionne consciencieusement comme on le ferait avec un petit enfant.
— Rentrons maintenant, les autres vont se poser des questions.
Je lui obéis et me rhabille en vitesse.
Presque tout le monde dort à notre arrivée. On reste silencieux pour ne pas se faire remarquer. L me conduit à sa camionnette.
— Assieds-toi sur le siège du passager. Enlève tes sandales, je vais soigner tes bobos.
Je l’entends farfouiller à l’arrière du véhicule. Il revient avec une trousse de première urgence.
Je m’effondre contre le dossier. Je suis épuisée. L est accroupi face à moi. Il prend mon pied meurtri dans sa main et commence à le soigner. Il perce chaque ampoule avec une aiguille. Désinfecte. Puis, recouvre les blessures avec du sparadrap. Il l’amène ensuite contre son visage. L’embrasse. Suce un à un chacun de mes orteils. Je me laisse faire. Trop lasse pour réagir.
Ensuite, avec délicatesse il le pose sur son entre jambes. Je sens son sexe sous son jeans. Je ne comprends pas. Il chuchote :
— Masse-moi tout doucement avec ton pied s’il te plait.
Sans un mot, je fais ce qu‘il me demande.

L me soulève dans ses bras. Il me porte jusqu’à mon sac de couchage. Reste assis près de moi. Je m’endors la tête sur son ventre.
Je rêve encore de B.
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Message  abstract Mer 17 Juin 2009 - 19:06

Je suis la dernière à m’éveiller. Le groupe est en train de replier les affaires. L distribue les petits-déjeuners. Il arrive près de moi :
— Tiens, la belle au bois dormant revient à la vie
Je ne réponds pas. Je suis de mauvaise humeur, j’ai mal dormi. J’ai eu froid. Je m’en veux d’avoir gâché cette nuit avec L. J’avais plein de choses à apprendre de lui. Au lieu de ça, je me suis endormie. Je suis trop stupide.
J’essaye de manger un peu. J’ai besoin de forces pour le retour. Rien ne me plait. Je ne bois pas de lait entier. Le pain est coupé en trop grosses tranches. Il n’y a même plus de chocolat à tartiner. J’en ai marre. Je ne veux pas marcher un jour de plus. Si on a inventé les voitures ce n’est quand même pas pour se tuer à déambuler sur des saloperies de sentiers. De rage, je shoote dans mon sac. J’ai envie de pleurer.
L me prend par les épaules.
— Hé bébé, on se calme ! Qu’est-ce qui ne va pas ce matin ?

Je ne suis pas un bébé. Je ne veux pas qu’on m’appelle ainsi. J’ai presque 15 ans. — Il y a qu’il est hors de question que je fasse un pas de plus. Ras-le-bol Je suis crevée, j’ai mal partout. Et puis ce soleil. Marre ! Il n’y a jamais moyen d’avoir un peu de nuages dans ce pays ? On est condamnés à griller comme des saucisses ?
— Hé, relax ma belle. Tu vas juste faire les premiers kilomètres avec les autres. Pendant ce temps là je rassemble les affaires et je vais au marché. Je te reprendrai discrètement et tu feras le reste du trajet avec moi dans la camionnette. Ca va comme ça ?
J‘ai honte de moi. J’ai encore fait un caprice pour obtenir ce que je voulais. Ca a encore fonctionné.
J’aime B et il sera à moi. Bientôt.

Le groupe se met en route. Je suis toujours à la traîne. Il est tôt et je n’ai pas encore trop chaud. Je pense à B. Pourvu qu’il n’aime pas la marche. Jamais plus je ne ferai une randonnée. Je mets mes écouteurs dans les oreilles. Je ne pense plus à rien. Concentrée sur la musique j’avance.
La camionnette finit par arriver.
— T’en a mis du temps, t’étais où ? Ca fait au moins deux heures que je suis sur cette route !
— Allez, arrête de râler et monte. Je t’emmène à la ville.

On roule un quart d’heure sur des routes en lacets. J’ai la nausée. L se gare enfin. Ce n’est pas vraiment une ville. Plutôt un gros bourg.
— Je dois aller à la banque. Je te retrouve dans une demi-heure à la terrasse du café, là sous les marronniers.
J’acquiesce.
Je flâne dans les petites rues typiques du Sud. Il n’y a pas beaucoup de commerces, juste quelques boutiques. J’achète deux cartes postales pour écrire à ma famille. La demi-heure est passée. Je fais exprès d’être en retard. Pour me venger du « bébé », et des deux heures de marche.

Je rejoins L à la terrasse du bistrot. En le regardant droit dans les yeux je lui dis:
-Tu ne m’as pas attendue trop longtemps j’espère?
Il ne répond pas. Trop intelligent pour entrer dans mon petit jeu. Je commande un pastis grenadine. J’aime bien le goût.
L dépose un petit paquet sur la table.
— Tiens j’ai trouvé ça pour toi.
Dedans il y a un petit bracelet en argent, très fin que je passe aussitôt à mon poignet. J’embrasse L, longtemps.
On reprend la route. Je joue avec les reflets du bijou. Je suis heureuse.
J’espère que B sera aussi attentionné.

L me dépose à cinq cents mètres du camp.
— Vas-y. Continue toute seule et essaye que les autres ne s’aperçoivent pas que tu es rentrée avec moi.

Ce soir on joue au Trivial Pursuit. Je fais équipe avec Solange. Elle répond aux questions de sciences et de géographie. Moi j’ai pris l’histoire et la littérature. On est les meilleures. On a déjà rassemblé nos six camemberts alors que nos adversaires les plus proches n’en ont que deux.

Alors qu’il fait presque nuit, je me rapproche de L. J’ai envie de discuter avec lui. Je voudrais le remercier pour le cadeau mais je ne sais pas quoi dire. Alors je l’écoute parler de Dieu. Je n’y crois pas mais j’aime bien quand il m’explique les choses. Saint-Marc, le lion. Les premiers chrétiens persécutés. Les catacombes. Ce sont des belles histoires. Je m’endors pendant la fuite en Egypte.

Ce matin, mon travail consiste à recenser les façades traditionnelles du village. C’est plus passionnant que de terrasser. On est répartis en petit groupes. C’est très sérieux comme travail. Je dois photographier, numéroter et noter l’adresse de chaque maison. J’écris aussi des commentaires pour attirer l’attention sur les détails. Une pierre sculptée au dessus d’une porte. Une pompe à eau adossée à la façade. . Je trouve que c’est important de comprendre comment on vivait dans l’ancien temps. Un jour j’étudierai peut-être l’histoire.

La chaleur devient intolérable. On retourne à la rivière pour trouver un peu de fraîcheur. Nous ne sommes plus seuls. Deux couples de naturistes sont déjà installées quand notre groupe arrive.
Je suis mal à l’aise. Ils ont au moins trente-cinq ou quarante ans. Je les observe. Leur peau est tannée par le soleil. On dirait du vieux cuir. Les deux femmes ont de grandes fesses plates. C’est moche. L’une d’elle a les seins tellement vidés qu’on dirait que l’humanité entière s’y est abreuvée. Ils me dégoutent. Installée à l‘autre bout de la plage de galet, je ne peux m’empêcher de les épier. C’est étrange. Ils parlent entre eux. Rient. Fument des cigarettes. Comme si de rien n’était, presque naturellement. Ils partent enfin. On devait gêner leur tranquillité. Je peux reprendre possession de ma rivière. Nager, encore.
Je raconte l’épisode ‘des nudistes’ à L. Il les connaît bien. Ils viennent chaque année dans la région, faire du camping. Je lui dis que je les ai trouvés répugnants. Qu’on devrait interdire aux personnes de plus de 25 ans de se montrer nues. Qu’ils sont trop délabrés.
Il m’arrête :
— Dis donc petite princesse. Tu ne crois pas que tu exagères ! Toi aussi tu vas vieillir.
Je crie presque :
— J amais ! Jamais je ne deviendrai comme ça. Plutôt mourir.
Je pars vexée.

Une grande table de travail a été installée sur la terrasse. Avec Solange, je trie les photos prise dans le village. Les rues sont reconstituées. On joue à inventer nos vies futures. A choisir nos maisons. Je prends celle du médecin. Je l’aime bien. Elle a un joli jardin clos par une grille rouge. Mon amie choisit l’ancienne école, parfaitement symétrique, un côté pour les garçons, l’autre pour les filles. Nous devons terminer l’inventaire. Ce soir un étudiant en architecture viendra chercher notre travail. Il veut défendre sa région. En sauver le patrimoine. C’est peut-être déjà trop tard. Les villages se dépeuplent. Des résidences de vacances se construisent. Des routes aussi. L’année prochaine, la rivière sera accessible en voiture. Il y aura même un grand parking.

Je suis de plus en plus impatiente de retrouver L. J’aime nos rendez-vous dans la réserve du bar. Mélange de peur et d’excitation. Ce sera encore mieux avec B.
Je m’habille avec soin. Ce soir je choisis ma robe mauve. C’est ma préférée. Le tissu est doux. Il glisse sur ma peau quand je marche. Me caresse.
J’ai envie d’être audacieuse. Marcher sur le fil. Dans trois jours je rentre chez-moi. Je ne reverrai jamais L.
Je suis nue sous ma robe.

Le dîner n’en finit pas. Il y a un anniversaire. J’ai du mal à participer aux conversations. Je n’arrête pas de regarder l’heure. Je profite de l’entrée du gâteau pour m’éclipser. Mon cœur bat fort. Je l’entends.

L est bien là. Dans la pénombre. Installé dans le fauteuil. Il m’attend.
Je m’enfonce dans l’obscurité. Je ne dis rien.
Il me tend la main.
— Viens. Approche.
Je me baisse sur son visage. L’embrasse. Il glisse sa main le long de mes jambes. La remonte. Lentement, très lentement. J’hésite à l’arrêter. Je n’aurais peut-être pas dû.
Trop tard. Ses doigts glissent sous ma robe. Continuent leur ascension. Je ferme les yeux. Je dois rougir quand il empoigne mes fesses. Il fait presque noir. L me chuchote :
-— Viens t’asseoir sur moi
Je me mets à califourchon sur lui.
Ses lèvres parcourent mon corps. Je détache sa chemise. J’ai besoin de toucher sa peau. De goûter son odeur. Ses mains s’attardent sur le bas de mon ventre. Passent mon pubis. Le bout de mon sein disparaît dans sa bouche. Ses doigts caressent mon sexe. Il en ouvre les lèvres. Je ne sais plus rien. Perds le contrôle. Mon corps ne m’appartient plus. J’enfouis mon visage dans son cou.
Cette nuit, j’aurai du mal à trouver le sommeil.

On doit nettoyer tout notre camp. Faire nos bagages. Le départ est pour demain. Je n’ai pas envie de parler. Je veux être seule. Je suis contente de retourner dans ma ville, de me rapprocher de B. Triste aussi de ce que je laisse derrière moi. Je ne vois pas So de la journée. Je suis étonnée que ses affaires restent dans l’armoire.
Je retrouve L pour la dernière soirée. On part se promener dans la colline. Ca n’a maintenant plus beaucoup d’importance qu’on nous voit ensemble. Je profite encore de la silhouette du château au loin. De la couleur du paysage. De la nature si présente. On s’assied sur un rocher. Je sens son épaule contre la mienne. C’est lui qui rompt le silence le premier.
— Tu as changé en quinze jours. Quand tu es arrivée t’étais encore une petite fille. Maintenant…
Je ne réponds pas.
— Tu es vraiment certaine d’aimer B ? Parce qu’enfin, nous c’est pas si mal. On pourrait peut-être continuer ?
Je fais non de la tête. J’aime B. Personne d’autre.
— Bien…J’aurais quand même essayé. Je passerai demain au départ du car. Pour te dire au-revoir.
Il rentre seul au mas. Je reste. Je veux m’imprégner de tout. Conserver ces quinze jours en moi. Pour toujours.

Dans la grande salle, la soirée bat son plein. Personne ne dormira cette nuit. Je vois enfin Solange. Elle m’annonce qu’elle ne rentrera pas demain. Elle reste encore ici. Le prix Nobel attendra. La musique couvre sa voix. Un rock bien lourd envahit la nuit. On se lance dans un pogo déchaîné, presque rituel. L’alcool nous donne la force de tenir jusqu’au petit matin.

Je n’aime pas dire au-revoir. On ment toujours. On promet de s’écrire. De garder le contact. Mais la magie ne sera plus là. On sait déjà qu’on n’en fera rien.
L sait que je déteste les effusions de sentiments. Il m’embrasse juste sur les deux joues Me souhaite bonne chance pour la suite. Je lui dis simplement merci.
Dans le car je m’installe au fond. On finit par démarrer. Je fais signe de la main à L. A mon amie aussi.
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Message  Invité Mer 17 Juin 2009 - 21:23

Une histoire vraiment convaincante ! Le sujet ne me passionne pas en soi, mais vos personnages sont vivants, psychologiquement très crédibles je trouve. Cela dit, je m'étonne un peu qu'un moniteur puisse pratiquer sans plus d'ennuis le détournement de mineure pendant un camp d'ados !

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Message  Ba Mer 17 Juin 2009 - 21:42

Ah, ici pas de " confusion des sentiments, ni de désarrois quelconques " mais un joli retour aux premiers émois et moi et moi.
Quel boulot que d'être ado !
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Message  Invité Jeu 18 Juin 2009 - 9:50

Une nouvelle qui tient la route, une écriture sobre et efficace, c'est ce que je préfère. Egalement, des personnages convaincants, bien dosés, avec ce qu'il faut d'innocence et de perversité.

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Message  Invité Jeu 18 Juin 2009 - 9:53

En revanche, le titre m'interpelle ...

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Message  Hell-666 Jeu 18 Juin 2009 - 15:40

J'aime bien cette histoire. Elle est simple, bien menée, elle se lit facilement. La qualité de l'écriture est indéniable. C'est une nouvelle qui tient en haleine, elle est comme la rivière du titre, elle a un équilibre et elle suit tranquillement son court. Je ne peux m'empêcher d'admirer ce travail.

Malheureusement, le personnage principal manque de vérité.

Je n'insulte personne. Seulement ceux qui ont répondu à ce texte ont tous plus de 20ans. Avez-vous oublié ce qu'est une adolescente ? Quelle qu'elle soit, elle se pose des questions, des tonnes de questions.
Celle de ce texte ressemble au personnage indifférent et extérieur à lui-même de L'Etranger (A. Camus). Pourtant elle a des sentiments : elle est amoureuse, puis elle a peur, elle est admirative aussi. Je n'arrive pas à la cerner, à la comprendre. Elle n'est donc pas comme le personnage de ce livre. Elle est trop différente de l'adolescente véritable, on sent qu'elle vit mais il lui manque le petit quelque chose qui fait le charme de l'adolescence

Mis à part ce détail, je reste sur ma première impression : cette nouvelle est excellente
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Message  Lonely Jeu 18 Juin 2009 - 17:03

J'hésite... je reconnais volontiers la facilité avec laquelle ce texte nous replonge (ou évoque, pour ceux qui ne l'auraient pas connu) dans ces étés de colonie/camps d'ados. Et cette expérience est presque palpable dans le récit. Pour ça, bravo ! :-)


Par contre, je trouve qu'il y a un espèce de monotonie. Une espèce d'absence d'émotion, comme si la jeune fille était essentiellement... "objective" en quelques sortes.
Alors, certes, on devine la naïve qui s'amourache du mauvais cheval, mais le tout manque de spontanéité, d'émotions, de réactions telles qu'on peut les deviner - ou les connaitre.


Enfin, bref, le tout est fort bien enrobé. On sentirait presque du vécu. Et là réside le principal, pour peu qu'on n'attende rien de moins de la fille qu'elle soit une caricature de la jeunette innocente, victime d'élans quasiment passionnels qu'elle croit venir du cœur.


En tout cas, nonobstant un côté autobiographique, le tout reste crédible (ce qui est le but dans ce genre de récit, il me semble). Je reprocherai surtout la banalité avec laquelle cela est racontée. Le côté presque froid, désincarné au minimum.
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Message  Kilis Jeu 25 Juin 2009 - 18:52

Je trouve ce texte très réussi.

Bien qu’écrit en « je » il se dégage une certaine distance par rapport aux fait relatés. Le texte nous montre plutôt qu’il ne nous démontre et j’aime beaucoup cet angle de vue.

Je n’avais pas saisi non plus le sens du titre avant de lire ton explication. La rivière adapte toujours son lit à la topologie des lieux. Comme cette adolescente qui adapte son comportement. L’idée aurait peut-être mérité d’être glissée dans le corps du texte ou en exergue à celui-ci.
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Message  Invité Jeu 25 Juin 2009 - 20:20

Pili a écrit:Je n’avais pas saisi non plus le sens du titre avant de lire ton explication. La rivière adapte toujours son lit à la topologie des lieux. Comme cette adolescente qui adapte son comportement. L’idée aurait peut-être mérité d’être glissée dans le corps du texte ou en exergue à celui-ci.
Je comprends mieux maintenant. Est-ce la seule explication possible ? En tout cas elle me convient.

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Message  abstract Jeu 25 Juin 2009 - 20:35

Easter, je t’avais répondu dans les réponses aux commentaires. Je cherchais un titre parlant de la rivière puisque c’est un lieu central du récit. J’ai lu qu’une rivière creusait son lit et formait ses méandres pour toujours atteindre une déclivité de 3%, c’est l’équilibre de la rivière. Ça m’a fait penser à la période de l’adolescence durant laquelle on vit toute sorte d’expériences, positives ou négatives avant de retrouver un point d’équilibre.
Ce n’était peut-être pas un si bon titre que ça…
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Message  Invité Ven 26 Juin 2009 - 7:13

Oups, pas vu, désolée. Si, le titre est bien, intrigant de prime abord, qui s'explique par la suite. Je l'avais trop pris au sens littéral :-)
Merci.

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Message  silene82 Ven 26 Juin 2009 - 8:49

Plaisant, sans discussion. Le ton est bien rendu, pour ce que je peux en imaginer, mais je suis épouvanté de la duplicité d'une âme aussi jeune. Comment pourra-t-elle aller à la messe après cela? Comment confesser ces actes abjects à monsieur l'abbé, qui demandera des détails, à son monoparent, à B? Quel embrouillamini.
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Message  Madeline Ven 26 Juin 2009 - 14:01

J'aime le titre - poétique. L'anecdote est de constat. L'écriture... sujet, verbe, complément, on ne sort pas souvent de ce mode dont le mécanisme finit pas lasser quoique toujours scrupuleux; mais sous la plume d'une adolescente plutôt conformiste il ne manque pas de vraisemblance. Le récit suit son cours sans réelle surprise. Pour qui aime l'alambiqué et l'irrationnel rien de réjouissant. Affaire de goût.
Cordialement.
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Message  Mure Ven 26 Juin 2009 - 22:31

J'ai aimé du début à la fin... cette fin qui arrive comme une déception pour moi car j'en aurais bien lu encore. Gourmandise.
J'aime cet univers intime du "journal" et j'avoue m'être retrouvée par moment... cela fait du bien. :p

Un passage que j'ai noté particulièrement :
Je les observe. Leur peau est tannée par le soleil. On dirait du vieux cuir. Les deux femmes ont de grandes fesses plates. C’est moche. L’une d’elle a les seins tellement vidés qu’on dirait que l’humanité entière s’y est abreuvée.
J'adore cette image qui m'a fait sourire.

Merci à vous,
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Message  Crashtest kid Sam 27 Juin 2009 - 2:20

belle prose... on sent la provence, et la narration est très bien menée...
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Message  boc21fr Lun 20 Juil 2009 - 21:37

Ah l'insolente petite garce !
Elle se fait éduquer et ne pense toujours, du début jusqu'à la fin, qu'à son B...
bon j'ai déjà prouvé ici à quel point j'étais nul question connaissance des femmes mais je trouve qu'une jeune fille de 15 ans aurait "peut-être" un peu évolué question émotion alors que son corps se fait éveiller par un autre...
Parce que là, on imagine l'adolescence de la marquise de Merteuil dans un remake contemporain (j'exagère...elle n'aimerait personne...).
A part ce détail à mettre dans ma méconnaissance de la nature féminine, j'ai lu ce texte imprimé sur papier et ne me suis pas ennuyé une seconde...
J'ai repéré une faute de frappe :
« Je ne pense qu’à lui de puis 3 mois. »
C’est un chouette texte…
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Message  bertrand-môgendre Mar 21 Juil 2009 - 6:21

À la première lecture de Lolita ma première réaction fut vomitive. Connaître un peu mieux l'auteur après d'autres romans, me permit d'apprécier le travail littéraire dans l'ouvrage en question.
Dans cette nouvelle les personnages affichent un écart d'âge tout à fait raisonnable, pourtant dès le début une répulsion épidermique me hérisse le poil jusqu'à ce que je comprenne que le L en question ne devait pas être un membre encadrant, ou plutôt jusqu'à ce que je me convainque qu'il ne pouvait pas être encadrant, car marqué au fer rouge par Jeunesse et Sport. Ouf. Comme quoi les démons de mon éducation pudibonde sont difficiles à combattre d'autant que nos formations d'encadrants sclérosent les interdits (et c'est tant mieux pour tous).
À partir de cette précision, mon approche du texte fut différente, m'autorisant dès lors à apprécier les qualités d'écriture, de construction de ta nouvelle.

Question : Pourquoi ne pas nommer les personnages autrement que par des initiales ?

Suggestion gratuite : La barrière de la langue, atout incontestable des chantiers internationaux, aurait pu donner une approche plus tactile entre ces deux amoureux.
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Message  lulli Jeu 23 Juil 2009 - 5:02

Après avoir lus les commentaires de commentaires, j'ai pas pus résister à lire ce texte en entier (ce qui est rare, les nouvelles et texte trop long - à l'écran j'entends - je les évitent de façon générale).

Bref, je l'es lus d'une traite hier soir. C'était accrocheur puisque je ne me suis pas endormie devant, je n'est pas chercher à faire autre chose en même temps et je l'es lus rapidement sans buter sur aucun passage.


J'ai beaucoup aimé le ton un peu monocorde, ça aplanie les sentiments, ça aplanie l'histoire, ça nous laisse le champs libre pour emplir le vide qui se créé, il y a distance c'est donc au lecteur d'en faire se qu'il veut. Cela me plait beaucoup. D'ailleurs, cette amour pour B. me semble, en lisant le texte, buter mais surtout complétement fantasmagorique... C'est plus une protection qu'une réalité, au fur et à mesure ce refrains, de mon point de vue, ce désincarne, plus la jeune fille va loin avec L. plus B. est une bouée de sauvetage parce qu'elle sait qu'elle doit partir, qu'elle va retrouver B. et quitté L. quoi qu'il en soit... la fin le dit bien. C'est juste mon interprétation de ce refrain d'amour pour un B. absent, c'est aussi lié à ma façon d'aimé sans aucun doute (et oui, je ne rêvait que d'attirer l'attention d'un moniteur contrairement à ton personnage sur qui sa "tombe dessus" je me souvient qu'on provoquait ! ok, pour moi ça marchait pas j'étais bien trop timide mais d'autre... chut, c'est mal ! rire, mais à 15-16 ans les trentenaires commençait à me semblait très séduisant...)

Le titre m'a plus parce qu'il y a toujours le cours d'eau qui revient, j'en ai lus l'explication mais pour moi la seul présence du cours d'eau me suffisait parce que c'est la que ton personnage se sent le mieux, dans l'eau, seule et que l'eau nous fait tenir en équilibre, on flotte, on s'y sent bien...



Ce que j'ai aimé dans cette fin c'est qu'elle est exactement ce qu'on attend, ni plus ni moins, une colo (peu importe son type) ce finie, on doit dire au revoir et partir, peu importe d'où on vient, pour où on part... même si on se retrouve dans une même ville, ça n'est plus pareil...



J'ai trouver ce texte sympathique même si au final l'histoire m'indifére un peu, c'est bien plus la construction, la construction des phrases, certain passage, l'eau que l'histoire qui mon poussé vers l'avant et cela m'a plus.
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Message  silene82 Jeu 23 Juil 2009 - 6:24

[quote="lulliJ'ai trouver ce texte sympathique même si au final l'histoire m'indifére un peu, c'est bien plus la construction, la construction des phrases, certain passage, l'eau que l'histoire qui mon poussé vers l'avant et cela m'a plus.[/quote]


En plus, on sent que ça t'a inspiré, puisqu'il y a très peu de fautes dans ton commentaire, explique-moi....
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Message  petit-doute Jeu 23 Juil 2009 - 7:09

je suis plus réservée sur cette histoire que j'ai trouvé peu crédible dès l'instant où c'est L qui l'embrasse sur la terrasse sans approche préalable....
j'ai bien aimé l'écriture, les phrases brèves, qui disent sans s'étaler
mais franchement, cet "encadrant" de 20 ans qui parle de dieu, qui fait des études de théologie, et qui se jette sur une ado ...... bof
sûrement c'est du à mon milieu professionnel aussi .....
de plus ce genre de relation dans un camp d'ados ne peut en aucun cas passer inaperçue des autres ados..... toujours à l'affût justement de savoir qui sort avec qui, qui éventuellement couche avec qui surtout à 15 ans....
le comportement de la copine du personnage principal dont j'ai oublié le prénom est bien plus crédible ..... provocation, exhubérance, exagération .... pour attirer l'attention de l'élu du moment!
la litanie protectrice du "j'aime B" par contre est très convaincante..... d'autant plus que cet "amour" est une utopie obsessionnelle, donc un rempart de protection contre les mecs qui en demanderaient trop.... contre le monde inconnu aussi qu'ils représentent....
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Message  Sahkti Jeu 13 Aoû 2009 - 16:16

Il y a quelque chose d'interpellant, presque dérangeant dans ton texte, quand vient rappeler à l'esprit le fait que nous parlons ici de moniteurs plus âgés (même si jeunes en fait) et de filles mineures dans un camp de vacances. Parce que quand on lit, cette notion disparaît par moments au profit des sentiments de la jeune fille, de ceux de L., de cette passion pour B. et puis toc toc toc la réalité refait surface et crée un drôle de sentiment, pas vraiment un malaise, mais un questionnement tout de même.

La passion amoureuse de cette fille pour B, s'extériorisant à travers cette relation sensuelle avec L, m'a parue assez crédible dans la mesure où elle ne connaît justement pas de limites de pensée, c'est bien rendu sur ce point. Amour platonique si je comprends bien, donc encore plus fort.
Ce qui est également frappant, à ce sujet, c'est la froideur dont peut faire preuve la narratrice, ce méncanisme amoureux qu'elle semble maîtriser (mais on voit que son corps s'abandonne tôt ou tard), ses pensées qu'elle voudrait contrôler.
J'avoue avoir apprécié cela, j'aurais été ennuyée de lire les émois sentimentaux d'une ado frénétique en mal de sensations; j'ai aimé ta retenue et ta sobriété, qui font partie des qualités de ta plume que j'aime décidément beaucoup.

PS: désolée d'avoir commenté aussi tard, abstract
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Message  Invité Ven 14 Aoû 2009 - 12:33

Beaucoup aimé les filles très bien rendues. L. est en revanche plus problématique : un pacte de ce genre ? Pour un garçon de vingt ans ?
La progression de l'histoire est parfaite.
En revanche, je pense que tu aurais intérêt à varier la longueur des phrases : ce calibrage engendre une certaine monotonie et c'est dommage.

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Message  CROISIC Ven 14 Aoû 2009 - 17:40

Je vous ai lu avec gourmandise ; j'ai apprécié votre justesse de vue sur le comportement amoureux de cette ado de 15 ans !
Cela m'a agréablement rappellé certaines vacances en Corse à l'aube de mes seize ans....mais ceci est une autre histoire !
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