Tuning

[Neurovirus]

Tuning.
Tout partait à vau-l’eau. Depuis sa chimiothérapie Ric sentait ses entrailles se déliter. Une sensation poignante. Celle des cellules parasites qui l’envahissaient. Son organisme cesserait un jour de fonctionner. Tout simplement.
Le corps humain peut supporter toutes les atrocités qui lui sont infligées si on ne décide pas de se suicider avant terme.
Si l’on prenait les médications adéquates, on pouvait survivre assez longtemps avaient dit les médecins. Peut être suffisamment pour profiter de la sécu qu’il avait dûment payé toutes ces années.
Ric en avait conscience, bien qu’il eut décidé d’arrêter les médocs. Ça lui pourrissait le restant de vie qui encore l’habitait. Il avait envoyé valser son boulot d’une droite en plein sur le coin de la gueule de Monsieur Patron, son patron.
La vraie vie pouvait enfin commencer. Il s’était fait une crête et l’avait teinte en bleu et rouge. Puis, vint le piercing au nez.
Mais ça n’avait pas suffit.
Quand on sait qu’on meurt vitesse fois trois, la seule chose dont on a envie c’est que les gens vous regardent, qu’ils se souviennent de vous après votre mort. Etre le centre de l’attention. Au moins une fois dans sa vie.
La folie des piercings. Ses deux oreilles étaient maintenant bardées de piercings, elles se terminaient par des écarteurs de la largeur d’un pouce aux lobes. Deux boucles au nez. Trois à chaque arcade, et cinq aux deux tétons. Ça cliquetait dans tous les sens. Un piercing sur la langue, un autre au nombril. A présent une barre lui traversait la nuque, se finissant par une boule, aux deux extrémités. Enfin, un piercing au gland. Mais ça, c’était pour son plaisir personnel.
Puis ce fut les tatous. Aux bras, aux mollets, sur le front, le torse, sur toute la surface du dos. Sur le gland aussi.
Mais ça, c’était son plaisir personnel. Quand il se branlait.
Avec sa gueule de punk cancéreux, il se trimballait en ville. Les mioches fuyaient. Les vieilles changeaient de trottoir. Elles agrippaient leurs sacs comme autant de bouées de sauvetage.
Ric n’était toujours pas satisfait. Alors, il avait consulté. Ne lui restant que quelques mois à vivre, il avait fait une croix sur son épargne. Il s’était offert des seins. Des vrais seins bien calibrés. Il se les était fait percé, tatoué.
La vaginoplastie coutait trop cher. Il avait renoncé.
C’est ainsi, qu’il avait commencé à fréquenter les backrooms sado-maso. Les gens là bas étaient supers… Il se sentait apprécié à sa juste valeur, au milieu de tous les gothiques tatoués, percés, habillés trash-sexy cuir ou latex.
Les performances du samedi soir lui avaient ouvert les bras. Il avait longtemps hésité à se lancer dans cette aventure. Mais la vérité, c’est que nulle autre part il ne prenait autant son pied que quand il était suspendu à un mètre du sol par tous ces crochets qui lui rentraient à vif dans la chair du dos et alors même qu’il sentait la vie le quitter. Les gens étaient fous autour de lui, à lui gueuler dessus. Il prenait des bouffées d’air empuanti par la transpiration des bas fonds de la boîte. Tout ce monde qui grouillait dans cette obscurité. Les rires de folie, les cris de souffrance/plaisir du type qui tirait, avec les piercings de ses lèvres, un wagon sur lequel était juché qui le mec qui le fouettait en le traitant de tous les noms.
Ses chairs s’étaient rétractées.
Les types de la boite, avaient du littéralement lui arracher toute la peau du dos pour le décrocher des hameçons qui le retenaient en l'air. Pour sur, ils s’en souviendraient. Son corps, c'était la boucherie du coin.
En tout cas, à la morgue, ils s’étaient bien marrés, quand ils lui avaient accroché l'étiquette à son nom au gros orteil, en voyant le tatouage sous la plante de son pied droit. Winnie l’ourson enculait Mickey Mouse en uniforme nazi. Il avait une bite énorme.
Et, même après la crémation, on avait retrouvé, parmi les cendres, des restes d’implants métalliques sous-cutanés tordus par la combustion.
Comme des ergots de souffrance qui vous forçaient à vous souvenir que ces poussières avaient, un jour, été un corps malade.


FIN

[Neurovirus]

Bon, OK! C'est pas très original... j'avais juste besoin d'écrire un truc un peu crade... Bonne lecture!

[Invité]

Ah oui, de l'allure ! J'aime bien. Et le mot "tuning" est très approprié.

Une erreur classique :
"Mais ça n’avait pas suffi." (et non "suffit")
Il y en a une ou deux autres mais j'ai la flemme de relever.

Bienvenue sur Vos Ecrits, à vous lire bientôt.

[Invité]

Ben, ça arrache, quoi !
Bouffée d'air vicié bienvenue.
Attention au "qui" superflu : un wagon sur lequel était juché qui le mec qui le fouettait en le traitant de tous les noms.

[silene82]

C'est joliment torché, ça a du rythme et de l'allure. J'ai franchement apprécié.

[Mure]

Waow ! Une source énorme d'émotions aussi diverses que variées... et surtout concentrées.
Je suis passée par la peine, l'indignation, l'amusement, l'écœurement, la colère, l'attendrissement, etc. , tout ça en sept minutes !
J'aurai pu vous lire encore et encore.

Bon, OK! C'est pas très original... j'avais juste besoin d'écrire un truc un peu crade... Bonne lecture!

Soit vous vous sous-estimez... soit, vous tablez sur la fausse modestie. ;-)

Merci à vous,
Mure.

[boc21fr]

A part l'uniforme nazi un peu proche du mot "crémation", j'ai adoré !
C'est crade et trash !
Mais assez marrant...ce mouton enragé qui veut brouter (enfin plutôt se faire brouter) jusqu'au bout !
Tordant, bien punchy dans le pure style fist fucking, parfaitement introduit (cette histoire de cancer pour justifier la débacle obscène...)...
Ah yes !

[abstract]

Le trash, j’aime plutôt bien c’est donc dans un état d’esprit positif que j’ai abordé ta nouvelle, au petit matin, la tasse de café dans une main, le croissant dans l’autre. Et, j’ai eu l’impression que tu l’avais écrite la nuit, que tu avais balancé un peu en vrac toutes les images que tu avais dans la tête. Plus le texte avance, plus on le ressent. Donc l’idée de départ OK, mais il faut la retravailler avec peut-être un peu plus de recul, soigner la langue aussi (compte le nombre de fois que tu utilises piercing sur quelques lignes, il y a moyen de trouver d’autres mots). J’ai bien aimé la répétition de

Mais ça, c’était son plaisir personnel

. Ça donne du rythme. Bienvenue

[Neurovirus]

Bonsouère!!
merci pour les comment... c'est cool!
pas totalement satisfait de cette nouvelle pour autant...
l'idée de l'adaptabilité du corps humain est pas assez développée.
oué et au départ c'était pour un concours... mais avec des trucs comme ça jvais jamais gagner (surtout que le blog s'appelle le hangar poétique!) haha!!!

Bon, et je trouve pas le bouton édit pour au moins corriger les fautes d'aurtheaugraffe!! Please help!!

a+

[Neurovirus]

Oupsflutezute

jviens juste de capter qu'on peut pas corriger les fautes une fois les textes publiés!!
excusez moi!! (je HAIS faire des fautes)

[Lonely]

Je ne suis pas franchement emballé, mais le côté interlope est prégnant. Et cela me suffit pour avouer un plaisir de lecture (oui, j'aime aussi les trucs crades...). Et, finalement, le tout est bien rendu.

Quant aux fautes, l'absence de fonction "éditer" pousse, je l'ai compris, à se relire maintes fois pour éviter l'écueil de l'énervement. Du coup, et c'est là l'intelligence de ce choix, nous devons veiller à ne point se tromper pour ne pas avoir à assumer quelques errements orthographiques ou grammairiens. :-)


Perso, et malgré de nombreuses erreurs encore (ce dont je ne suis pas fier), je me relis sérieusement avant de poster. Et le gain est immense.

[Neurovirus]

message reçu pour la prochaine nouvelle!! merci

[Sahkti]

Je n'adhère pas totalement à l'association maladie/volonté de paraître. Il me semble que ce type pourrait tout aussi bien avoir envie de se bousiller le corps avec ses piercings et ses tatouages sans qu'une quelconque maladie ne vienne se mêler de cela. Parce que si, certes, la maladie fait prendre conscience de sa fragilité et pousse à vouloir (parfois) être plus fort, un tas d'autres raisons peuvent en faire autant et j'aurais personnellement préféré qu'il en soit ainsi, sans alibi, sans prétexte.

Sur la forme du texte, j'ai trouvé que tu donnais beaucoup de détails sans pour autant entrer pleinement dans le récit. On sait peu ou presque de ce type mais on connaît tout de sa peau. Où se situe l'intérêt dans tout cela? J'aurais aimé que tu approfondisses autrement, que tu donnes de la consistance à ce type d'une autre manière.

[Sahkti]

PS: Neurovirus, il est demandé dans la "charte" de ne pas répondre systématiquement aux commentaires. De plus, un fil a été créé à cet effet. Si tu souhaites réagir ou discuter, c'est ici:
http://www.vosecrits.com/forum-vos-crits-prose-f1/rponses-aux-commentaires-t2779.htm

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