Toi...

[Penthesilia]

Ah ! Que ne ferai-je pour retrouver la puanteur oppressante qui imprègne chaque recoin de ton labyrinthe ! Les vers innombrables qui parcourent inlassablement tes entrailles, recrachant chaque seconde des miasmes de gens, synonymes anonymes qui sillonnent quotidiennement tes plaies. Ils s’accrochent et se déversent avec la même frénésie pour gagner une minute sur le sablier morne de leur vie et en perdent bien plus en bousculant leurs semblables d’une muette indignation.

Quel bonheur à l’approche de ton sanctuaire quand se dessinent au loin les ombres de tes monstres industriels ! Leurs panaches de fumée qui s’accouplent aux nuages, les teintant de brume. Tes tours identiques et tes villes semblables où même les pierres qui les ont bâties transpirent de gris. Tes gares détestables, tes transports à foison qui ne connaissent jamais le repos.

Quel bonheur de s’assoir aux bords de tes rives quand les beaux jours s’éveillent et de contempler la foule qui s’achemine là. Qui s’agglutine, trop habituée à la pression des corps encore endormis des matinées grises, quand les entrailles s’agitent. Ca piaille et ça crie, ça lit et ça chante, ça gueule sa mélancolie aux klaxons des Chronométrés qui s’excitent au-dessus…Ton silence n’existe pas. Il tuerait.

Quel bonheur de croiser tes enfants, la chair de ton sang ! Ceux qui n’ont connu que toi et la tristesse de ton ciel, un horizon de béton et de fer, où les fleurs ne poussent que là où ils l’ont décidé. Ils sont fiers et frénétiques, ils sont semblables de nervosité. Et je peux lire sur leurs visages, l’empreinte de leur vie tant la colère suinte. Ils ne pensent pas, ils enragent.

Quel bonheur de se sentir tienne, d’exister ! Quand tu me renvoies des visages apathiques et sévères, aux babines retroussées. Prêts à mordre d’avoir à sourire, d’avoir à parler. Qui te crache le service rendu comme une insulte. Qui ne connaisse pas le civisme primaire. Pour qui tout leur est dû.

Et toi dans tout cela? Toi, tu ris. Sous les flashs crépitants de ceux qui te vénèrent, qui gravent le moindre de tes atours. Au cœur du cyclone, l’illusion est totale.

Vaniteuse capiteuse petite trainée, il y a tellement d’Eden à quelques lieux de toi…

Tu es laide Paris, mon dieu que tu es laide.

[boc21fr]

Alors là, cette ode masochiste à l'amour de notre métropolis me semble bien enlevée, et comme aucune indication n'est donnée sur le pourquoi d'un tel attachement en dépit de tout le glauque que nous y percevons...
Eh bien vous nous offrez le mystère de notre attachement collectif...
Pourquoi se rapproche-t-on en masse dans des endroits glauques ?
Très intéressant !
Même si moi je vis dans une petite ville...

[Madeline]

Tu t'adresses à quelque un(e) en particulier dans tes deux textes, aussi est-il malaisé de porter un jugement sur le fond; tu ne nous en dis pas assez. Quelle est cette personne vindicative qui nous parle ? nous demandons-nous. Ce qu'elle nous dit nous concerne-t-il ? Non. Pourquoi entrerions-nous dans son jeu ? Pour partager sa véhémence, sa ferveur et sa fièvre ? Soyons prudentes. Tenons-nous à l'écart...comme elle le ferait à notre place.
Pour la forme elle est vigoureuse, adaptée à un sujet qui pour l'essentiel nous échappe... mais l'archétype connu de toutes ne tient-il pas en trois mots : chagrin d'amour ? Est-ce suffisant pour comprendre? Certes pas. Je m'égare...J'en étais au style : je t'ai lue sans ennui, mais je crains que pour d'autres les mots "exorcisme" et surtout "ressassement" ne viennent les interrompre et qu'ils ne t'abandonnent. Dommage, car ta plume court bien.
Cordialement.

[Madeline]

Tu auras compris que mon commentaire visait "L'aveu" et non pas "Toi".

[boc21fr]

L'objet de l'amour/haine de l'auteur est une ville Madeline : Paris...

[Madeline]

Dans "Toi", oui (et est-ce sûr ?)...Mais dans "L'Aveu" ?

[boc21fr]

Dans "Toi", oui (et est-ce sûr ?)...Mais dans "L'Aveu" ?

Je suis quasi certain (à l'instar des autres commentateurs) que pour l'aveu il s'agit de la muse ou de l'inspiration...

[Invité]

Dès les premières lignes j'ai pensé au métro parisien. Puis, la ville entière m'est apparue. Il est vrai qu'on peut voir Paris sous cet angle, avec ce réalisme, surtout quand on n'est pas bien dans sa peau.
Mais cette ville recèle maints petits endroits pleins de charme, pour qui sait les découvrir. Il serait intéressant qu'un bon texte leur soit consacré, pour contrebalancer celui-ci.

[Sahkti]

Tu es laide Paris, mon dieu que tu es laide.
Tiens, c'est marrant ça. A chaque fois que je retourne à Paris, et ça arrive souvent, je me dis "Ce que tu peux être belle mais comme je te déteste désormais". Comme quoi ! :-)

Je retrouve dans ton texte ce paradoxe d'amour-haine que je peux ressentir, alors il me touche et me parle. Même si je déplore de ci de là quelques effets un brin trop chargés ou lyriques.

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