Comme Louise Labé eut dû le dire

[M-arjolaine]

Homme, me voilà dénudée, et ce sous ton regard. Douce hyperbole que mes paroles: je me trouve en fait à le chercher face à ton absolue ignorance. Il évite avec un soin admirable toute pore de ma peau. Qu'il m'est agréable de voir s'empourprer tes douces joues. Je suis face à toi dans toute ma réalité: je ne peux désormais camoufler les abjectes vergetures qui marbrent ma poitrine, ni la peau d'orange de mes cuisses. Je prends soin cependant de conserver la grâce de ma cambrure: mon ventre te paraît ainsi plus plat, et à l'aube même de ma destruction, je tiens toujours à te plaire. Tes yeux sont obstinément fixés sur le sol, et je ne peux m'empêcher d'en sourire: que tu es drôle, mon dieu, que tu m'amuses! Allons, lève les yeux sur moi! Je ne pourrais que t'être désirable, désirable oui, pour celui là même qui s'est juré de ne jamais souffrir la moindre envie de moi. Je m'approche de ton corps, et je te prends la main. Ah, enfin, tu me regardes: tu me regardes comme un enfant apeuré, oui c'est ça, tu es effrayé, je le vois dans tes yeux et dans l'ouverture timide de tes lèvres. Je te souris avec tant de tendresse que je te rassure, je le sais, je te rassure forcément. Je guide ta paume jusqu'à ma hanche, et je t'oblige à me toucher. Mon contact est si brûlant que tu en es surpris: tes sourcils sont très hauts, et tes paupières grandes ouvertes. Bien.

A présent déchire moi. Arrache moi le ventre à pleines mains, brise mes os, et démonte mes muscles. Tu m'as refusé ton amour, accorde moi ta haine. Accorde moi ta violence. Je te suis offerte et ce cadeau t'es précieux: prends donc conscience de ma valeur. Frappe moi: sous tes coups je deviendrai poète. Les vers de Louise Labé me reviennent en mémoire dans une version tout à fait personnelle : "Blesse m'encor, reblesse moi et blesse". Je me bluffe moi même de par ces admirables procédés. J'attends l'horreur de ma sentence, et elle ne vient jamais. Allons, ne reste pas planté là ! Cogne moi donc! Assomme-moi, bats-moi, brutalise-moi, cingle-moi, claque-moi, commotionne-moi, fouette-moi, fustige-moi, heurte-moi, percute-moi, rosse-moi, rudoie-moi, tape-moi ! Toi qui as toujours été si fort pour me blesser, je t'en implore, ne joue pas maintenant les hommes de bonne vertu. Je préfère encore que tu me tue de tes poings que de tes mots. Pourquoi crois tu que je soie là? Homme, je te fais bien confiance. Arrache moi la peau pour admirer les douleurs qu'elle contient. Il n'est rien de plus horrible que ce que tu m'as fait endurer de par ces dernières années, tu comprendras alors que je me montre capable d'endurer ce qui me semble moindre. Blesse m'encor, reblesse moi et blesse. Ne doute pas que ta violence saura m'exalter de par l'intérêt à mon égard qu'elle se sait représenter.

[Invité]

"Fais-moi maaaal, Johnny ! Envoie-moi au cieeeel !"
Votre texte est beaucoup moins drôle, je trouve, que la chanson de Vian, mais j'ai aimé sa sensualité malsaine.

Quelques erreurs de langue, surtout dans les formes verbales, que je me permets de vous signaler :
"A présent déchire-moi (le trait d'union à mettre). Arrache-moi (le trait d'union à mettre) le ventre à pleines mains, brise mes os, et démonte mes muscles. Tu m'as refusé ton amour, accorde-moi (le trait d'union à mettre) ta haine. Accorde-moi (le trait d'union à mettre) ta violence. Je te suis offerte et ce cadeau t'est précieux: prends donc conscience de ma valeur. Frappe-moi (le trait d'union à mettre): sous tes coups je deviendrai poète. Les vers de Louise Labé me reviennent en mémoire dans une version tout à fait personnelle : "Blesse m'encor, reblesse moi et blesse". Je me bluffe moi-même (le trait d'union à mettre) de par ces admirables procédés. J'attends l'horreur de ma sentence, et elle ne vient jamais. Allons, ne reste pas planté là ! Cogne-moi (le trait d'union à mettre) donc! Assomme-moi, bats-moi, brutalise-moi, cingle-moi, claque-moi, commotionne-moi, fouette-moi, fustige-moi, heurte-moi, percute-moi, rosse-moi, rudoie-moi, tape-moi ! Toi qui as toujours été si fort pour me blesser, je t'en implore, ne joue pas maintenant les hommes de bonne vertu. Je préfère encore que tu me tues de tes poings que de tes mots. Pourquoi crois-tu (le trait d'union à mettre) que je sois (et non "soie") là? Homme, je te fais bien confiance. Arrache-moi (le trait d'union à mettre) la peau"

[M-arjolaine]

Que de traits d'unions oubliés è_é !
Juste ( toujours d'un point de vue grammatical vous avez relevé deux erreurs auxquelles j'avais réfléchi avant de poster ) : Pourquoi crois tu que je soie là ( le soie remplacé par sois) . Au début j'avais bien mis un s mais ça me semblait bizarre =/ le "que" qui précède n'est pas censé mettre un e à la fin du verbe conjugué ?? Enfin j'imagine que vous le savez mieux que moi, mais alors que je ne suis généralement pas trop handicapée par l'orthographe, j'avoue être confrontée là à un mystère grammatical qui m'échappe totalement ^^" !
Et la deuxième je viens de me rendre compte pourquoi elle avait été corrigée et j'ai compris mon erreur ^^"! Merci pour cette rapidité à la lecture !
Et ravie qu'en dépit de ce manque d'humour que vous auriez pu attendre de Boris Vian, mon texte vous ait plu ! ( vous ait ? Vous aie ?? )

[silene82]

Où l'on apprend que pore est féminin: ce qui peut s'entendre, en des temps où l'on nous serine qu'il y aurait des auteures, et des professeures.
Malgré quelques lourdeurs qui font sourire -l'homme de bonne vertu, pour faire pendant à la femme de petite?- c'est ma foi, pas déplaisant du tout, à mon goût tout au moins. Je vous sens potentiellement coquine, imaginative, intéressée et curieuse de bien des choses, et déjà de lire, ce qui est un gage de progrès quasi implicite. Vous revendiquez 16 anitos, Dieu, que je vous envie, peut-être par coquetterie de jeune femme. Si c'est effectivement le cas, je pense que votre écriture va monter en qualité au fur et à mesure que vous écrirez.

[Invité]

Que de traits d'unions oubliés è_é !
Juste ( toujours d'un point de vue grammatical vous avez relevé deux erreurs auxquelles j'avais réfléchi avant de poster ) : Pourquoi crois tu que je soie là ( le soie remplacé par sois) . Au début j'avais bien mis un s mais ça me semblait bizarre =/ le "que" qui précède n'est pas censé mettre un e à la fin du verbe conjugué ?? Enfin j'imagine que vous le savez mieux que moi, mais alors que je ne suis généralement pas trop handicapée par l'orthographe, j'avoue être confrontée là à un mystère grammatical qui m'échappe totalement ^^" !
Et la deuxième je viens de me rendre compte pourquoi elle avait été corrigée et j'ai compris mon erreur ^^"! Merci pour cette rapidité à la lecture !
Et ravie qu'en dépit de ce manque d'humour que vous auriez pu attendre de Boris Vian, mon texte vous ait plu ! ( vous ait ? Vous aie ?? )

Pour vous répondre : "que je sois" est un subjonctif. Si vous avez un doute sur la conjugaison du verbe "être" au subjonctif, il est facile de vérifier sur Internet en tapant sur Google "être conjugaison". D'une manière générale, n'hésitez pas à vérifier, ainsi, peu à peu, vous prendrez de bonnes habitudes.
"Et ravie qu[e] (...) mon texte vous ait plu", qu'il faut écrire. Vérifier "avoir conjugaison" dans Google, au subjonctif cela donne :
Que j'aie
Que tu aies
Qu'il ait

[Invité]

Belle, blessée, manipulatrice, vengeresse.
J'aime le réalisme des descriptions au début, j'aime que la cruauté carnassière de la suite me mette mal à l'aise, j'aime cette façon de prendre le contrepied des vers de Louise Labé, c'est très prometteur !

[Sahkti]

Que de grandiloquence dans le propos! Ceci n'est pas du tout un reproche, loin de là, mais plutôt une qualité dans le cas présent. Il y a un aspect théâtre déclamé dans ce cri poussé, quelque chose d'assez magistral dans l'allure générale. Qui sied bien à la cruauté et à la puissance de la blessure qui ronge et détruit.
Un bel écho !

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