Un pape en l'an 3000

[Ento]

Un pape en l’an 3000
A Dieu.



A la lumière malveillante de ton jour
Pour la première fois,
J’ai refusé ton aide.

J’ai détourné mes yeux
De l’éclat déplaisant de cet amour céleste
Dont tu semblais me dire
« Il est intense et pur ;
Il est éblouissant. »
Mais ton ciel est mensonge.

J’ai détourné mes yeux,
Alors j’ai su
Que je n’avais de raison de
Redevenir aveugle quand ta voix m’insupporte,
Puisqu’à nouveau,
Je devrais l’écouter m’ordonner ses conseils
Pour diriger ma vie.


Je ne veux plus savoir
Comment mieux te prier si tu me prends de haut
Toi qui ne t’extasie jamais que devant toi
Car dis-moi, oui dis-moi,
Qu’y a-t-il de plus haut que ta grandeur
Suprême
— Et si basse à la fois —
Que tu puisses admirer dès lors que tu n’as fait
Rien d’autre au-dessus d’elle,
Que c’est toi qui crée tout ?

Tu ne croîs qu’en toi-même.
Je n’étais qu’un valet pour flatter ton égo,
Pour grandir ta splendeur,
Pour te rendre plus beau ;
Qu’un crève-la-foi qu’on abandonne
Dans l’éternelle expectative
D’un cadeau magnanime en retour de sa vie ;
Qu’une bête inanitiée dans le troupeau de celles
Qui t’ont prié.
Supplié.
Imploré.
Adjuré.
En vain.
Qui se sont tues.
Où sont-elles aujourd’hui ?
Où sont-elles parties
Quand elles t’ont laissé seul ?

Dis-moi pourquoi vivre deux vies
S’il me faut me traîner l’une entière
Sans la vivre ?


Jadis, j’ai eu la foi
Puis j’ai pensé l’avoir.
Alors que je croyais entendre ta parole
J’écoutais les échos de mes propres questions
Et j’ai compris
Pourquoi dans les églises les voûtes sont si hautes :
Il faut pour nous tromper
Te donner une voix à défaut d’un visage ;
Il n’est pas de miracle,
Qu’une habile acoustique…

Je me suis tu.
Ma foi est morte sans un bruit.

Jadis, j’ai eu la foi
Ou je pensais l’avoir ;
Puisque l’amour de l’impalpable
De l’inodore
De l’Insensible
N’est pas l’amour,
Si Dieu est un planqué
Pour mes sens, Dieu n’existe pas.
L’amour pour Dieu n’existe pas
Et je n’ai pas à m’encombrer
De Dieu
Si je ne le porte pas dans mon cœur.
Ce Qu’il Fallait Démonter.

Je ne t’aime pas.
Ma foi est morte sans douleur.

Dès lors, en pape athée,
Prêchant ton jugement
— Fort avisé :
« L’amour, c’est beau », « La guerre fait mal » —
Dispensant ta morale,
Répandant ta parole,
— Celle que tu n’as jamais dite,
Souviens-toi —
La répandant en ton nom
Dieu
Dieu
Dieu
Dès lors
En prêchant l’homme
Je ne crois plus moi-même...



Aujourd’hui,
Je m’excommunie
Et Dieu est mort
Aux yeux du monde.

[petit-doute]

j'ai aimé suivre le déroulement de cette désillusion .......
le sujet prêtera certainement à controverse..... mais dans l'ensemble j'aime ce poème pour son contenu....
une phrase cependant m'a génée à la lecture peut être pour ces 2 "de"

Que je n’avais de raison de

et pour sa forme: phrases brèves, direct au coeur du sujet
certaines phrases me paraissent obscures

Qu’y a-t-il de plus haut que ta grandeur
Suprême
— Et si basse à la fois —
Que tu puisses admirer dès lors que tu n’as fait
Rien d’autre au-dessus d’elle,
Que c’est toi qui crée tout ?

[Ba]

Quelque part, je suis soulagée d'apprendre que le ciel est vide et la " tombe " aussi.
Pas du tout adepte de ce thème de près ou de loin pour remercier ou maudire cet "horloger ".

[silene82]

Certes, l'acoustique.
Les parpaillots, et pas mal de mystiques, se contentent fort bien de la plus austère nudité, comme les anachorètes. En plus dans une cathédrale, quand on s'emmerde, au moins on a quelque chose à regarder, entre l'architecture et le reste.
Mais ne vous méprenez pas: vous ne guérirez pas si aisément.
Peut-être serez vous une mystique dans la lignée de Thérèse d'Avila?

[Invité]

Une vraie diatribe qui se répète. Je comprends bien que tu déverses ici ta colère mais il ne faut pas oublier le lecteur, qui comprend très vite de quoi il retourne et a l'impression de lire la même chose plusieurs fois de suite, sans non plus que l'expression poétique se renouvelle.

[Arielle]

Je me suis tu.
Ma foi est morte sans un bruit.

La messe est dite !

[Madeline]

J'aime particulièrement "Jadis j'ai eu la foi...Qu'une habile acoustique". Et je ne goûte pas trop "J'ai détourné mes yeux...Pour diriger ma vie". Je dirais plus volontiers "J'ai détourné les yeux", mais c'est affaire de goût. Le rythme, par contre, y faiblit. Dans l'ensemble je trouve ton texte un peu froid quoique toujours porté par une sorte de vigueur qui pourrait être ta marque , mais je dois avouer que les problèmes liés au fait de croire ou de ne pas croire me sont étrangers, persuadée que nous sommes tous agnostiques, que nous nous en défendions ou non...Que de relatifs ! Désolée.
Cordialement.

[Sahkti]

En plus dans une cathédrale, quand on s'emmerde, au moins on a quelque chose à regarder, entre l'architecture et le reste.

oui :-)

[Sahkti]

Ento, j'ai trouvé ça un peu long, trop d'ailleurs, parce que ça fait ressortir la répétition de l'idée autour de formules différentes signifiant pourtant la même chose.
La rage qui pouvait dès lors colorer ton propos finit par se noyer dans la masse et c'est dommage parce qu'il y a pas mal de bonnes choses dans tout cela.

Il y a également de ci de là des maladresses dans le rythme en raison de ce mélange prose-poésie, pas tout le temps harmonieux. Comme si tu n'arrivais plus à contenir les mots, qu'il fallait qu'ils sortent encore et encore et tant pis pour leur cohérence.


Quant à ceci...
Aujourd’hui,
Je m’excommunie
Et Dieu est mort
Aux yeux du monde.
On ne peut pas s'excommunier tout en étant à la fois le monde :-)

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