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L'homme de la rue

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Message  M-arjolaine Dim 28 Juin 2009 - 10:01

L'homme de la rue ne sait pas te mentir. C'est un pro, un dur, un vrai, c'est un boss, c'est un caïd... Il a de quoi t'effrayer, et largement: sitôt que tu auras croisé son regard, il t'apprendra ce que tu vaux. Les faits sont là, je me figure être sa victime la plus accessible: l'homme de la rue, je ne sais pas l'éviter. Il me faudrait être seule pour qu'il ne vienne pas. Mais ce n'est pas sans raison qu'il se trouve être un as: avant même de connaître l'emplacement exact de ta plaie, il y plante et y retourne son couteau. Il te regarde en même temps qu'il observe celle qui t'accompagne. Et puis il entrouvre les lèvres, et le pli de sa paupière t'est de bien mauvaise augure, tu sais que ce qu'il va te dire va t'anéantir, tu sais qu'il va lui suffire de quelques mots pour te faire mordre la poussière. Tu es moins bien qu'elle: désolée ma poupée, ce n'est pas toi que j'ai choisie.

Son choix ne tient en fait qu'à très peu de choses: il ira vers celle qu'il se trouvera juger comme étant la plus séduisante des deux. Tu as au moins de quoi te conforter: l'homme de la rue a mille visages. S'il en est un qui t'aies jamais choisie, alors tu pourras respirer: aujourd'hui, l'homme de la rue t'aura flattée. Mais si, quel que soit le masque dont il se soit affublé, il persiste à te renier absolument, réalise que cette déception n'est que le prélude de celles qui suivront. L'homme de la rue est l'homme de la première seconde. Il ne sait pas ce que tu penses, il ignore tout de ton parfum, il ne connaît ni la douceur de tes cheveux, ni la chaleur de ta hanche contre sa jambe. Celles qui savent jouir de son regard lubrique ne valent guère mieux que de vulgaires prostituées: elles lui offrent leurs corps en échange de tel ou tel sourire approbateur, de tel ou tel jugement qui leur semblera positif. Au fond, l'homme de la rue ne mérite même pas d'apprécier qui que ce soit, sinon des putes. Sa cruauté est pourtant telle qu'il parvient à blesser toutes celles qui n'en sont pas, par son mépris et sa hauteur. Je voudrais être une pute pour ne plus qu'il me blesse. Cher mendiant, voilà que je vous suis soumise. Acceptez donc ce corps que je rends maintenant entièrement vôtre. Vous êtes un démiurge: que votre volonté soit faite. Il n'est plus guère que vous pour me sauver désormais.
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Message  Invité Dim 28 Juin 2009 - 10:20

Très expressif ! J'ai retrouvé mes angoisses adolescentes (et voilà un tour de force, parce qu'elles sont quand même fort éloignées dans le temps), c'est exactement cela. Une réussite pour moi.

Quelques remarques :
"tu sais que ce qu'il va te dire va t'anéantir, tu sais qu'il va lui suffire de quelques mots pour te faire mordre la poussière." : le répétition se voit, je trouve
"il ira vers celle qu'il se trouvera juger comme étant la plus séduisante des deux" : pour moi, l'expression est un peu lourde
"S'il en est un qui t'ait jamais choisie"

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Message  Loreena Ruin Dim 28 Juin 2009 - 10:22

Un texte très spécial, qui m'a plu et étonnée à plusieurs reprise. La langue est soignée, le vocabulaire riche, ce qui, pour traiter ce sujet, était plutôt inattendu. Pour tout dire, le contraste entre ce qui est évoqué et la langue presque châtiée par moment font de ce texte une petite perle à mes yeux.

J'ai trouvé de la finesse, et de la douleur dans cette analyse, analyse qui plus que de "l'homme de la rue" (étrange nom d'ailleurs, qui laisse pas mal d'ambiguïté) m'a semblé être celle de la "femme de la rue", qui se rend esclave d'un regard. L'usage du "tu" donne presque l'impression qu'il s'agit d'une partie (voire du début) d'un livre raconté par une ancienne "fille de la rue", qui fait part de son expérience, de son passé et de sa souffrance, avec une ironie désabusée, invitant les lecteurs à réfléchir...

Car ce texte, quoique un brin caricatural, fait bel et bien réfléchir : une satire bien réussie à mon sens !

A bientôt sous tes lignes,

Ruin.
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Message  Loreena Ruin Dim 28 Juin 2009 - 10:29

Je viens de voir le commentaire de socque et réalise qu'une interprétation différente de la mienne pourrait être faite du texte (l'expression "l'homme de la rue", peut donc vraiment être prise dans différents sens). Mais l'identification dépend ici du vécu de chacun, elle est absente chez moi du fait que je n'ai jamais (mais alors jamais) vu les relations homme/femme comme la narratrice.
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Message  boc21fr Dim 28 Juin 2009 - 13:09

Une sacrée fichue réussitte que ce texte si court et si expressif...
Je suis étonné par la liberté, l'aisance et la lucidité avec laquelle vous nous faites part de sentiments, inquiétudes, qui pourraient bien être ceux de toutes les jeunes filles !
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Message  M-arjolaine Dim 28 Juin 2009 - 13:29

Merci beaucoup pour tous ces encouragements :)!
Loreena Ruin, j'avoue être surprise par le fait que vous ayez une version de l'homme de la rue différente de celle que je décrivais. Pour moi, l'homme de la rue représente exactement ce que son appellation indique : un monsieur-tout-le-monde, celui que l'on croise partout et qui n'est jamais le même. Celui que l'on ne connaît pas. Mais qui aura tôt fait de porter un jugement sur soi.
Ravie de tous ces commentaires véritablement agréables ! Merci !
Marjolaine.
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Message  Loreena Ruin Dim 28 Juin 2009 - 13:32

vous nous faites part de sentiments, inquiétudes, qui pourraient bien être ceux de toutes les jeunes filles !
heureusement, NON ! :-) Ce texte n'évoque pour moi que le ressenti d'une narratrice, et le comportement de certains garçons...
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Message  Loreena Ruin Dim 28 Juin 2009 - 13:38

Attention M-arjolaine, l'homme de la rue, associé à l'évocation du caïd, on a tôt fait de faire un rapprochement avec la cité, voire avec la mafia. D'autant que la façon que tu as de présenter la femme, qui se considère elle-même comme une sorte d'objet, cela rappelle plus certains milieux ruraux ou défavorisés... Même si ce n'était pas ce que tu voulais dire, c'est une interprétation possible de ton texte !
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Message  silene82 Dim 28 Juin 2009 - 15:54

Ploum ploum ploum
(on entend en arrière-fond des accords de guitare)

Et gloire à Don Juan
D'avoir un jour souri
A celle à qui les autres
N'attachaient aucun prix

Cette fille est trop vilaine il me la faut!

(avec la moustache faisant chuinter les ch, comme si c'était nécessaire).
Bien aimé, jeune fille, sauf les deux dernières phrases, qui tombent un peu à plat à mon sens.
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Message  JeanJean Dim 28 Juin 2009 - 16:36

Good job !

N'étant pas une femme je me suis quand même identifié au personnage. A mon sens, la situation que tu décris n'est pas restreinte à un homme qui juge une femme mais un individu qui en juge un autre en le croisant dans la rue. On fait tous ça ( il me semble ), et on le subit tous.
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Message  M-arjolaine Dim 28 Juin 2009 - 16:41

Oui, comme je l'ai dit c'est un monsieur-tout-le-monde, il peut donc aussi très bien être une madame-tout-le-monde. ! Dans mon texte c'est un homme tout simplement parce que je suis une fille ! Mais je suis contente que vous vous identifiez!
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Message  boc21fr Dim 28 Juin 2009 - 16:59

Cela n'a rien à voir avec votre texte mais je vous conseille vivement le film de Capra "l'homme de la rue".
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Message  Lonely Dim 28 Juin 2009 - 17:27

Et bien... contrairement aux autres commentateurs enjoués, je suis resté assez imperméable à ce texte. Alors, certes, il est joliment tourné, bien écrit, je n'ai rien à redire à cela. Mais le sujet m'échappe un peu je crois. Comme s'il brillait parfois d'une réflexion lucide, pour ensuite virer ponctuellement vers une caricature d'homme de la rue qui me fait perdre le fil.

Pourtant, j'ai bien perçu votre réussite à nous plonger dans l'œil de l'autre, là est votre prouesse à mon goût.

Vous-mêmes êtes aussi une femme de la rue, dont le regard acerbe dépèce ceux qui croiseront son regard. Votre intelligence en tirera une réflexion littéraire, eux resteront sur leur piédestal égotique, ronflant et factice.

Mais à part ça, cette exagération du trait (et même l'on en a tous croisé des gens comme ça) met en avant des individus qui sont, à mon goût, loin de représenter "l'homme de la rue" au sens général. En prêtant attention à eux, ils existent. Si l'on ne se cherche pas, si l'on n'attend rien d'eux, ils ne sont que vents et pets quotidiens.

En fait, je crois que je me méfie de tout ce qui nomme "les gens", fussent-ils de la rue. Dès qu'on dit "les gens sont ainsi", je ne peux m'empêcher de songer que nous sommes les gens, nous aussi. Nous sommes tous l'homme de la rue, ponctuellement ou de façon pathétique, peu importe. Alors je crois que c'est ce qui me gêne dans certaines phrases, parce que beaucoup d'autres sont assez remarquables de précision.


Enfin... voila quoi.
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Message  Invité Lun 29 Juin 2009 - 8:21

Eh bien ! Il crie fort ce texte. La première lecture m'a ennuyée, je trouvais la démonstration trop longue. Mais une deuxième lecture m'a permis de saisir très précisément ce qu'il exprime, à faire en effet remonter des souvenirs (pas si lointains que ça socque, voyons :-)) même si je persiste à trouver que l'écriture est encore trop sage, trop régulière, prévisible.

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Message  Halicante Lun 29 Juin 2009 - 12:40

Deux petites remarques sur la forme :
- "mauvaise augure" : mauvais augure
- "quel que soit le masque dont il se soit affublé" : j'aurais mis "dont il s'est affublé"

Sur le fond : le texte reflète de façon assez juste le ressenti que peut avoir une jeune fille – je me souviens avoir eu ce genre de mal-être autrefois. Cependant, comme Easter, j'ai trouvé le ton trop sage : puisqu'il s’agit à la fois du rejet de la part des hommes et du malaise ressenti dans son propre corps (offrir celui-ci en pâture témoigne d’un réel dégoût de soi-même), j’aurais attendu que le style reflète toute cette haine contenue, ce dégoût… Mais c’est tout à fait subjectif.
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Message  M-arjolaine Lun 29 Juin 2009 - 17:07

Hum... alors...
Je sais que nous ne sommes censés poster qu'un texte par semaine pour ne pas encombrer le forum de nos personnes... alors je préfère ne pas créer de nouveau topic ( en à peine un mois ici j'en ai déjà créé quatre ou cinq ^^" ) mais simplement je l'ajoute à celui ci... il n'y a pas de grand rapport malheureusement =/... mais je suis incapable de tout jugement sur ce texte, ce qui justifie que j'attende les votres ( je ne me reconnais en effet pas du tout dans ce qui suit ^^ ! ).
Si ce n'est vraiment pas accepté des modos... je m'excuse d'avance ! Et je ne recommencerai plus !

_______________


Après six mois de vie commune, il était clair que nous n'avions absolument plus rien à nous dire.

Fabrice était un gentil garçon. Il m'aurait plu d'être capable de l'abreuver de compliments sur sa personne, de parler de lui comme s'il était la huitième merveille du monde, ou tout du moins l'homme de ma vie: je ne l'étais pas du tout. Si j'étais hypocrite à mourir avec les gens de l'extérieur, je n'en étais pas moins d'une extrème sincérité envers moi même. Je n'émettais aucun doute quant au fait que j'aimais bien Fabrice, mais si désespérant que ce me fusse, je me savais n'en être en rien amoureuse. Lorsqu'il m'avait demandé de l'épouser, je n'avais pas pu lui dire non. Il avait les mains qui tremblaient, et les yeux pleins d'espoir. Il respirait l'humilité, et la terreur à l'idée de voir ses propos refusés. Et puis j'étais flattée. Il y avait beaucoup de femmes qui m'enviaient de bénéficier de ses baisers, et d'être sujette à ses caresses. Alors refuser? Je ne l'aimais sans doute pas comme une femme se doit d'aimer son époux, mais je m'étais dit que ça viendrait. Qu'il me faudrait un peu de patience. J'ai accepté. L'ai-je jamais vu plus heureux qu'à cette seconde? Il battait des mains comme un enfant. Je lui souriais tout en tenant en mon for intérieur d'incroyables discours: il était ridicule.

Il serait difficile d'imaginer pour quelqu'un qui ne l'a pas vécu à quel point il est facile de se marier. En tout cas ce fut pour moi d'une extrème simplicité: je ne dépensai pas de sommes pharamineuses dans l'achat de telle ou telle jolie robe blanche que je ne pourrais mettre qu'une seule fois. Je trouvais ces traditions pathétiques. J'avais une chance inespérée d'avoir pour aïeules des femmes tout aussi saines d'esprit que moi même: la même robe blanche défilait de génération en génération, chaque année un peu plus grise, symbole familial de nos sueurs malodorantes.

L'enthousiasme de Fabrice et de mon entourage était terrifiant de bêtise: tout un chacun s'agitait autour de moi en vantant la chance incroyable que j'avais de me marier bientôt à un jeune homme aussi galant et aussi gentil qu'il l'était. Je leur souriais aimablement et participais à tout leurs commérages avec ardeur: en réalité je m'ennuyais à mourir. J'expédiai la cérémonie sans m'encombrer du moindre état d'âme. Tous les convives qui tapotaient leurs paupières du coin d'un mouchoir sale m'exaspéraient au delà du possible. Ils venaient s'appuyer sur mon épaule, le nez humide, pour m'adresser leurs plus sincères félicitations, même s'il n'était que trop clair qu'il n'y avait en ce mariage pas la moindre félicité. Ils me débectaient de par leurs usages ridicules. Je ravalais mes paroles: je frisais l'indigestion.

Fabrice désirait des enfants. Je lui riais au nez: il était à peine capable de s'occuper de lui même, que ferait il alors d'un gamin ! Mais les jolies tournures que je lui rétorquais le peinaient prodigieusement.
- Ce ne serait pas pareil ! pleurnichait il, il y a six ans que nous nous sommes épousés, n'est il pas normal de ma part de vouloir être père de tes enfants ? Je suis sûr que si tu te laissais au moins prendre à cette idée, tu la trouverais plaisante toi aussi !
J'étais humiliée de ces conversations répugnantes et inutiles. Qu'y avait il de plaisant à se laisser grossir, à livrer en pâture ce corps que j'avais si chèrement entretenu aux stries des vergétures et aux gonflements de mes mamelles ? Je m'étais occupée de moi même avec une déférence toute particulière, je refusais que l'on m'ôte ce temple que je m'étais constituée. Je n'étais, par mon extrême incapacité à blesser mon entourage, pas apte à prendre le contrôle de ma vie amoureuse, mais s'il demeurait une chose sur laquelle j'avais de l'emprise, c'était bel et bien mon corps ! Fabrice ne comprenait pas cette nécessité d'être belle. Sans doute ne l'avait il jamais éprouvée.

Nos soirées étaient mornes et d'un ennui hors du commun. A nos débuts amoureux, nous détenions au moins tous les deux le désir l'un de l'autre qui occupait nos soirées. Nous faisions l'amour avec tant de tendresse que je me croyais finalement capable de tomber amoureuse. Mais sitôt que je croisais son regard, son sourire imbécile et ses joues rougies par l'effort, je secouais la tête avec désespoir: non je ne l'aimerais jamais. Je ne pourrais jamais l'aimer. Il ne me convenait pas. Bientôt, je perdis toute envie de son corps. Il vécut cela comme une défaite incommesurable. Il m'assurait qu'il ne m'en voulait pas, mais je savais qu'il était sexuellement frustré, qu'il nécessitait d'être en moi par tout l'amour innocent qu'il se savait me porter. Mais il me révulsait: l'imaginer me toucher me soulevait le coeur. Je n'étais plus capable de rien sur sa personne. Il me semblait plus laid que jamais.

Je résolus alors de découvrir d'autres choses. La confiance aveugle que me portait Fabrice me permettait la mise en oeuvre des plus cocasses fabulations: je lui assurai avoir changé mes horaires pour me lever plus tard, et profitait de ces quelques heures de répit nocturnes qui m'étaient accordées pour aller tapiner.

Il y avait toujours des badauds pour me railler sur mon passage, lascives bagatelles qui me laissaient indifférente. Je conservais ma superbe quelques soient les remarques. Affront, offense, outrage, les mots sifflaient à mes oreilles et puis me dépassaient avant même que je n'aie eu le temps d'en saisir tout le sens. Je traversais les ruelles en balançant délibérément mes larges hanches, consciente des regards lubriques que me lançaient les hommes qui ne pouvaient se permettre les délicieuses adultères dont ils rêvaient chaque nuit. Je me moquais des gentils qui s'attristaient de ma situation. Quand d'autres baisaient pour se faire payer, je me faisais payer pour baiser : et ce prodigieux contresens révulsait mes paupières chaque fois que je m'abandonnais dans les bras puissants d'un mâle qui n'avait que trop à coeur de m'acquitter d'une somme clinquante qui me laissait rêveuse. Je m'enorgueillissais de la capacité que je détenais à vider les bourses de ces messieurs, escarcelle ou testicule. Ces épatantes considérations réthoriques me confortaient quant à l'acuité exceptionnelle dont je m'estimais disposer. Je ne me sentais jamais si femme que lorsqu'il y avait un inconnu pour savoir me compléter.

A mon retour, Fabrice ne manquait jamais de m'interroger sur d'où je revenais. Je lui balbutiais des histoires de fiche de compte à remplir, et de cette secrétaire Françoise, tu savais qu'elle s'était fait poser des prothèses, ha la la vraiment c'est un monde hein, je suis très fatigué mon chéri, tu peux éteindre la lumière ? Je sombrais dans un sommeil profond et délectable. Je sentais son regard par dessus mon épaule. J'étais capable de deviner l'expression de son regard, des yeux de chien battu, un brave toutou ce garçon vraiment, et ses soupirs m'exaspéraient. Je m'efforcais de l'oublier et de me remettre en mémoire les délicieuses sensations qui m'avaient envahies quelques minutes auparavant: je souriais alors à Morphée qui me tendait les bras, ravie, charmée.

Fabrice ne tarda pas à comprendre que quelque chose d'étrange se tramait. Il n'avait cependant pas assez de bon sens pour réaliser précisemment ce dont il ce pouvait bien s'agir. Il me demandait fréquemment si tout allait bien, si je voulais lui parler. Je lui répondais avec une franche cruauté: il se retirait alors, penaud, devant la fourbe impératrice que j'étais en train de devenir.
- Te parler ? Tu crois sincérement que j'ai encore des choses à te dire ? Tu es d'une naïveté, vraiment...
Ses yeux tristes ne m'amadouaient absolument pas. Je me moquais bien de ses pitoyables ressentis. Je devenais souveraine: c'était à moi désormais de prendre le pouvoir.

Mes escapades nocturnes étaient chaque nuit plus délectables. Je pouvais maintenant reconnaître certains de ces visages qui me rendaient visite: je laissais une litanie de prénoms masculins me revenir en mémoire, et puis m'offrais à Marko, Lucien, Pablo et Téophane avec la même déférence, connaissant de chacun les diverses techniques de louanger mon corps. Les hommes qui se paient des putains ne sont pas des salauds: ils souffrent énormément, et la preuve est qu'ils m'en parlaient toujours si l'occasion leur en venait. Une femme malade, insupportable, ou pas de femme du tout, ils appuyaient leurs têtes sur mon épaule et je la leur caressais: c'était des hommes gentils. La plupart du temps, ils étaient beaucoup plus vieux que moi, mais, j'en étais sûre, ils appréciaient ma compagnie. J'étais une amante débordante de sensualité, et à la fois une femme bien réelle, attentive à toutes leurs confidences, une oreille de bon conseil. Je m'occupais d'eux comme une mère de ses enfants: je les aimais bien davantage qu'un Fabrice désoeuvré qui arpentait l'appartemment en se rongeant les sangs parce que je ne rentrais pas. Ils étaient mes mômes, mes bambins, mes rejetons: eux au moins m'avaient compris. Je n'avais pas eu besoin de m'arracher les entrailles ni de déformer mes rondeurs pour me sentir mère de ces garçons. L'absence totale de lien de sang me permettait les folies les plus incestueuses: j'adorais cette entrée fulgurante dans le monde de l'interdit. Je pouvais tout me permettre.
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Message  Invité Lun 29 Juin 2009 - 17:36

ça fait penser à Belle de jour, évidemment !
Je trouve la toute fin vraiment très bonne avec l'élément pseudo incestueux ; j'aime bien la tournure que prend ce texte, qui n'est pas fini, j'imagine ?
Il y a dans l'ensemble pas mal de maladresses dans ton expression, gentiment ampoulée, par exemple ceci, qui fait plutôt mercantile : "...bénéficier de ses baisers, et d'être sujette à ses caresses."
mais après tout c'est peut-être ainsi que tu l'entends.
Attention aussi à l'orthographe.

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Message  Invité Lun 29 Juin 2009 - 21:42

J'ai trouvé le texte plutôt bien écrit mais chiant, d'une part parce que le sujet ne m'intéressait guère, d'autre part, peut-être, parce que la narratrice paraît absente de tout ce qu'il lui arrive. C'est le personnage, je sais bien, mais du coup j'ai vraiment eu du mal à m'intéresser... Et puis il y a des longueurs, à mon avis.

Quelques remarques :
"je n'en étais pas moins d'une extrême (et pui attention, il y a trois fois le mot "extrême" dans le texte, n'ai trouvé que ça se voyait) sincérité envers moi-même."
"mais si désespérant que ce me fût (et non "fusse")"
"ce fut pour moi d'une extrême simplicité"
"participais à tous leurs commérages"
"m'exaspéraient au-delà du possible."
"que ferait-il alors d'un gamin !"
"Mais les jolies tournures que je lui rétorquais" : bizarre, comme expression, au bord de l'impropriété à mon avis
"pleurnichait-il"
"Qu'y avait-il de plaisant"
"aux stries des vergetures"
"je refusais que l'on m'ôte ce temple que je m'étais constitué (et non "constituée" ; le participe passé s'accorde ici avec le complément d'objet direct du verbe, soit "temple")"
"Sans doute ne l'avait-il jamais éprouvée"
"Nous faisions l'amour avec tant de tendresse que je me croyais finalement capable de tomber amoureuse." : la répétition de la racine "amour" se voit, je trouve
"une défaite incommensurable"
"il nécessitait d'être en moi par tout l'amour innocent qu'il se savait me porter." : à mon avis, l'expression est impropre, parce que je ne pense pas qu'on puisse utiliser le verbe "nécessiter" au sens de "avoir besoin de" ; à vérifier
"me soulevait le cœur."
"la mise en œuvre"
"je lui assurai avoir changé mes horaires pour me lever plus tard, et profitais de ces quelques heures"
"Je conservais ma superbe quelles que soient les remarques"
"qui ne pouvaient se permettre les délicieux adultères"
"qui n'avait que trop à cœur de s'acquitter d'une somme clinquante qui me laissait rêveuse." : outre les erreurs signalées, la phrase est lourde, je trouve, avec ses deux relatives successives introduites par "qui"
"Ces épatantes considérations rhétoriques"
"ha là là vraiment c'est un monde hein, je suis très fatiguée mon chéri"
"Je sentais son regard par dessus mon épaule. J'étais capable de deviner l'expression de son regard"
"Je m'efforçais de l'oublier et de me remettre en mémoire les délicieuses sensations qui m'avaient envahie (et non "envahies" ; les délicieuses sensations ont envahi qui ? "m'", féminin singulier, complément d'objet direct placé avant le verbe ; on accorde avec "m'")"
"pas assez de bon sens pour réaliser précisément ce dont il (et non "ce dont il ce") pouvait bien s'agir" .
"Tu crois sincèrement"
"une oreille de bon conseil." : j'ai du mal à imaginer une oreille qui donne des conseils ; où sont ses cordes vocales ? Pour moi, l'expression est burlesque
"un Fabrice désœuvré"

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Message  silene82 Mar 30 Juin 2009 - 6:42

L'exercice n'est pas déplaisant, à mon goût, le relation tranquille, comme à une bonne copine, d'une progression logique dans les prises de conscience. Par goût personnel, j'aimerais bien un soupçon de folie, mais somme toute ce ton de petit comptable se tient.
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Message  boc21fr Mar 30 Juin 2009 - 8:31

Effectivement, ce texte n'est pas fini...
Le problème, toutefois, c'est qu'au vu de la pente sur laquelle s'engage l'héroïne, on sent bien que ça va déraper dans pas longtemps et que la chutte n'est pas loin.
Le schéma que vous reprenez est ultra-classique mais bien décrit (le mari faible en adoration, la femme de type Emma bovary sans les rêves et en plus énergique...).
Belle de jour, oui, peut-être...
au plaisir de vous relire...
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Message  silene82 Mar 30 Juin 2009 - 10:10

boc21fr a écrit:et que la chutte n'est pas loin.

Chuuut, boc! Tu vas la faire trébucher
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Message  M-arjolaine Mer 1 Juil 2009 - 13:33

Comme toute habituée, j'avais mes préférences. J'exerçais dans un domaine où les prédilections étaient inévitables. Tous avaient des caractéristiques bien établies: les baisers de Marko étaient fougueux et violents, ceux de Téophane plus tendres et langoureux -il y passait des heures -, Pablo promenait les siens sur chaque parcelle de peau que je lui présentais, quant à Lucien il ne m'embrassait pas, il ne savait que me baiser, avec une vulgarité époustouflante, et dans le but unique d'assouvir ses pulsions. Je les aimais bien mes garçons. Ils avaient tous de belles histoires à me raconter. Il y avait les contes de Marko, qui m'expliquait de sa voix rauque les multiples différends qu'il se devait subir de par sa conjointe, une italienne brutale qui selon lui l'engueulait du matin au soir, et se laissait grossir jusqu'à finalement lui ôter jusqu'au plus minuscule désir d'elle. Il ne me regardait pas en face dans ces moments là. Il jouait les gros durs, ça me plaisait beaucoup. Il finissait toujours par se taire, pour se tourner vers moi, un sourire peiné sur les lèvres qui me faisait fondre de tendresse.
- Mais les choses finiront bien par s'arranger, concluait il immanquablement.
Il ramassait ses affaires, sans me quitter des yeux, m'embrassait une dernière fois, puis retournait chez la matrone qui lui tenait lieu d'épouse. Je savais qu'il aurait tôt fait de revenir dès le lendemain: cette seule perspective m'enthousiasmait lorsque je rentrais à la maison. Les bras de Fabrice étaient mous et sans force: ils ne pouvaient définitivement pas m'emprisonner.

Mes folies avaient un prix, je le compris bien assez tôt. Tous ces rapports, dont certains n'étaient somme toute rien de plus qu'une baise violente et dégueulasse eurent tôt fait de révéler au monde qu'en dépit de mon abstinence vis à vis de Fabrice, je n'en étais pas moins toujours sexuellement très active. Mon ventre s'arrondissait sous des tee-shirts de plus en plus larges, des pantalons de plus en plus serrés... lorsque je pris conscience de l'abomination qui se produisait sous mes chemises, je profitai d'une nuit de répit pour bondir sur Fabrice et l'aimer sauvagement. Il ne me comprit pas, et ne parut pas comblé outre-mesure. Il ne me reconnaissait pas en cette femme qui se roulait sur son ventre avec ardeur. Je vis ses narines frémir sur mes épaules: je n'étais pas dupe. Mon odeur avait changé depuis lors que je me laissais aller à mes vagabondages nocturnes: j'avais le parfum des filles de joie. Au plissement de ses sourcils, je sus qu'il ne lui plaisait pas: peu m'importait. Surtout, juste, lui faire l'amour, pour qu'il aie de quoi croire que cet horrible gamin qui se nichait dans mon ventre était le sien.

J'attendis quelque jour, profitant de chaque occasion de lui lancer un sourire ravageur, ménageant mon effet, machinatrice. Je finis par lui déclarer solennellement être en proie aux affreuses douleurs de la grossesse, et avoir finalement accepté de le rendre père d'un bambin sortant de mes entrailles. J'attendais de lui qu'il soit ravi: il ne le fut en rien. Il ouvrit la bouche, blasé, pour laisser échapper un « ah » qui ne voulait rien dire. Il remarqua ma moue: j'étais certaine qu'il en avait triomphé. Il voulait jouer les distants pour que je l'aime à nouveau: pauvre de lui ! Je ne l'avais jamais aimé, je ne l'aimerais jamais. Quand s'en rendrait il enfin compte ? Il m'agaçait prodigieusement.

La grossesse passa très vite: neuf mois ne m'étaient rien. Je dus malheureusement interrompre mes balades ténébreuses: il n'était plus vraiment d'homme pour désirer mon énorme bedaine. Mes derniers mois alternaient entre sommeil et vomissement. Je ne faisais pas bonne figure et m'en moquais royalement: il n'y avait guère que Fabrice pour assister à l'affreux spectacle que je lui infligeais, et il devenait suffisamment blasé pour ne pas se sentir obligé de regarder.

Je lui avais interdit d'assister à l'accouchement. Personne ne devait être présent, hormis le docteur. J'avais une certaine appréhension: et si le bébé se révélait être le fils de, je ne sais pas, Lucien par exemple? Lucien et sa peau noire, et ses cheveux crépus... il était désormais trop tard pour faire machine arrière. Dès que les premières contractions me saisirent, j'embarquai pour l'hôpital, mugissante, et laide à en pleurer. Fabrice ne s'occupait plus de moi: il avait fini par comprendre mes réticences à son égard. Je m'en moquais. Peut être ne faisait il en réalité que me jouer un rôle...

Mes craintes furent confirmées dès les premières secondes ou je vis le gamin qui me déchirait de part en part. Qu'il était laid. Sa tête était énorme sur un corps déformé, il était sale, humide, et même si contrairement à mes angoisses, il avait la peau claire, je fus immédiatement saisie d'une terrible antipathie à son égard. Je sentis toutes mes forces m'abandonner: que dire à Fabrice ? Je refusais de toutes mes forces le petit corps que j'avais porté à la vie. Il fallait qu'il retourne de l'endroit dont il venait. J'implorai le médecin de ne rien dire sur le bébé; d'assurer que l'accouchement n'était pas terminé, de me laisser seule avec lui. Ses hésitations me frustrèrent tant et tant que je fondis en larme: haussant les épaules d'un air qui signifiait « je ne voudrais pas vous contrarier », il finit enfin par m'obéir. Je me retrouvai seule avec l'enfant: c'était exaltant.

Il n'y avait pas beaucoup de solutions. Le bébé était la preuve de mes méfaits: je devais l'anéantir. Ce ne fut pas difficile: je n'éprouvais aucune affection pour le petit corps débile dont la tête pendait maladroitement à l'arrière de mon coude. Je le laissai tomber froidement sur le sol, tête en avant: il ne cria même pas. Je le félicitai intérieurement. Il n'était pas mon fils pour rien. Restait le problème du médecin: il savait que le bébé était en vie, et en parfaite santé. Je ne pouvais pas lui mentir, et si tuer un nourrisson de quelques heures me présentait une grande facilité, il ne serait pas si aisé d'assassiner un homme en pleine force de l'âge, les cheveux encore sombres et les bras vigoureux. Je résolus donc de m'enfuir: c'était la seule solution au demeurant pour ne pas me retrouver accusée du meurtre de mon enfant. Autour de moi, il n'y avait rien, si ce n'était une unique fenêtre, que je ne pouvais de toutes façons pas ouvrir, et placée de façon à ce qu'il me soit impossible de l'enjamber: ces salauds pensaient à tout.

Il n'y avait rien à faire. Le petit corps débile de ma progéniture gisait sur le carrelage. Il y aurait des recherches: l'on m'avait laissée seule avec lui, et il avait été blessé, je n'avais aucune chance d'échapper à la justice.

Mon cerveau constatait avec raison que tout allait très rapidement avec moi. Mon mariage avait été rapide. Ma vie de couple avait été rapide. Ma grossesse avait été rapide. Mon accouchement avait été rapide. Mon assassinat avait été rapide.

Mon suicide devrait l'être également.

Quelques minutes plus tard, lorsque le médecin revint, accompagné d'un Fabrice aux yeux rougis tant il était heureux ( en dépit de ce qu'il avait voulu me faire croire ), ils purent trouver le spectacle d'une mère à la gorge charcutée par les appareils chirurgicaux à sa disposition, à quelques mètres d'un autre macchabée, une vingtaine de fois plus minuscule, le visage déformé par les rictus typiques des nourrissons. Nous étions stupéfiants dans notre laideur: j'étais le monstre qui avait déchiré son semblable. Le masque de notre trépas était plus horrible que jamais. Mon fils, je ne t'aime pas. Dieu est pris à témoin, et je lui balance ses conneries à la gueule: « chacun tue ce qu'il aime », et tu te plantes mon vieux, tu t'es complètement ramassé. Deux assassinats, et il n'était pas une victime que j'eusse su aimer. Voilà pour toi, ô grand seigneur: mon assertion sera véridique, prends en bonne note. Tes mensonges ne prendront pas. Ils ne prendront jamais.
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Message  silene82 Mer 1 Juil 2009 - 15:27

Ma foi! J'aime toujours bien le ton paisible et tranquille. L'héroïne manque un peu de corps, ce qui se peut entendre, puisque depuis son trépas, il est éthéré, et qu'elle nous écrit d'outre-tombe. J'ai un faible pour les relations de ce type débitées sur ce ton de dame à l'heure du thé, pour peu qu'il y ait un peu de stimulation dans les situations. Là, je reste un peu sur ma faim. Mais je ne doute pas que vous nous régaliez de choses exquises à l'avenir, merci pour votre envoi, continuez.
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Message  M-arjolaine Mer 1 Juil 2009 - 16:01

Le décalage entre vos premiers commentaires sur mes textes et ceux de maintenant est effarant. Me suis-je réellement améliorée où bien jouiez vous les gros durs pour m'impressionner à mon arrivée ici ( ou bien les bisounours maintenant que vous savez que j'ai de quoi vous contredire mais cette hypothèse me surprendrait grandement. ) ?
Merci beaucoup tout de même ! Ces commentaires sont réellement encourageants !
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Message  Invité Mer 1 Juil 2009 - 16:21

La fin est en effet conforme à ce côté complètement absent de la narratrice, et du coup ne touche guère. Malgré la cohérence de l'ensemble, j'aurais préféré plus de corps, une révolte plus nette. En plus, finalement, une narratrice aussi froide et calculatrice aurait pu sans problème continuer à duper son monde, chiquer à la jeune parturiente déboussolée par une dépression post partum foudroyante, la justice lui aurait trouvé moult circonstances atténuantes avec un minimum de comédie. Mais peut-être refusait-elle de s'y abaisser. Pourtant elle n'avait pas hésité à souffrir hypocritement l'étreinte de son mari...

"Il remarqua ma moue: j'étais certaine qu'il en avait triomphé." : je n'ai pas compris de quoi il avait triomphé, le cocu
"les premières secondes où je vis le gamin"

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Message  silene82 Mer 1 Juil 2009 - 17:44

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Message  Invité Mer 1 Juil 2009 - 19:38

Je n'ai pas trouvé cet épisode très crédible pour plusieurs raisons. Et puis quand même il y a des clichés sur la beauté féminine qui m"irritent un tant soit peu. Ceci dit, j'aime bien cette écriture factuelle, cette distance de la narratrice, la façon d'asséner des horreurs ; dommage que j'aie du mal à y croire :-)

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Message  Sahkti Jeu 30 Juil 2009 - 13:33

Je vais être un bémol parmi l'enthousiasme général parce que je suis passée complètement à côté de ce texte j'ai l'impression, je n'ai pas eu du tout la vision de l'homme de la rue, Monsieur Tout le Monde, mais alors là pas du tout !
Peut-être parce que j'ai trouvé que la démonstration explicative était par moments laborieuse, presque forcée et qu'il y avait volonté trop flagrante d'imprimer quelque chose dans la tête du lecteur. Du coup, je me suis montrée rétive et j'ai sans doute loupé un truc.
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Message  Sahkti Jeu 30 Juil 2009 - 13:33

(mon précédent message s'applique uniquement au premier texte, je précise)
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Message  Sahkti Jeu 30 Juil 2009 - 13:37

A propos du texte Fabrice, il m'a quelque peu ennuyée et je vais tenter d'expliquer pourquoi, enfin je veux dire essayer clairement :-)

C'est somme toute une situation banale, le quotidien exploré avec tous ses détails, dont certains futiles, d'autres intéressants. Le ton employé pour narrer tout cela se voudrait d'un autre temps, grande fresque sentimentale à la manière de certains auteurs avec des réflexions sur la vie et l'amour. Pourquoi pas, c'est un choix qui se défend mais alors autant y aller à fond et jouer à tout prix la carte du classicisme, avec le charme que cela comporte. Ici, ça hésite, il y a des phrases alambiquées pour raconter des choses plates, des mots sans relief mais qui aimeraient en avoir qui se trémoussent pour parler de l'ordinaire. Que le sujet soit lisse n'est pas un mal en soi mais alors, que l'écriture l'élève, le secoue !
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Message  mentor Jeu 30 Juil 2009 - 19:20

A propos de L'HOMME DE LA RUE

Pour ma part, je n'aurais tout simplement pas choisi ce titre
Le "DE LA RUE", je ne vois pas ce que ça fait ici
ça m'a gêné tout au long du texte
texte qui pourrait se comprendre en choisissant une autre cible que cet homme là, celui "de la rue"
je sais pas moi, rester plus générique
bref, j'ai pas de proposition et ça m'ennuie

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