L'enfant du luxe

[Ento]

L’enfant du luxe…
…Est-il capable de parricide ?

Je suis un homme peu prompt à faire
Adepte de l’immobilisme
A me complaire en l’inaction
Couard fier dans la masse des couards
Expectatif et attentiste
N’attendant plus que rien n’arrive
N’espérant plus que rien ne change
Ne m’extirpant de ma torpeur
Que pour gober des narcotiques
Et prolonger ainsi ma nuit
Et ne rêver qu’à ne rien faire
Me prélasser, me relaxer
Et m’alanguir languissamment
Pléonasmer pour ne rien dire
Pour que le lecteur s’ensommeille
Qu’enfin il m’abandonne à moi
Monologuant indolemment
Tout avachi dans ma mollesse
Dans cette léthargie plaisante
Lâche affirmé parmi les lâches
Primate atone et inactif
Qui m’engourdis dans ma paresse
Dans le confort d’une inertie
Facile, aisée et luxueuse ;
« Pourvu que mon monde endormi
Ne connaisse pas d’autre éveil
Puisse la Terre s’arrêter
Ne pas commettre la secousse
Qui m’arracherait au sommeil
Etat dont les charmes moelleux
Sont séduisants et me retiennent
Songeur en éternelle apnée
Sous le flot paisible et lunaire
De ces impressions immobiles
Qui pâlissent puis disparaissent
Anéantissant le tumulte
D’une réalité mouvante
Que je voudrais fixe à jamais »
Pensé-je alors dans ma lenteur
Et délibérément je laisse
L’oisiveté tromper ma vie
Le désœuvrement me perclure
Je suis un homme peu prompt à faire.

Je suis
L’imbécile, le fier.

///



Dans les trêves de ma nuit interminable, j’ai su par ma conscience que le confort de l’un est l’inconfort de l’autre. Faut-il laisser les loques humaines à mon image se vautrer dans les coussins de l’humanité et les comprimer tant et si longtemps que jamais ils ne puissent recouvrer le millième de leur moelleux originel ?
Or, puis-je moi-même renoncer à me reposer éternellement sur le monde ? Ne suis-je pas irrémédiablement assujetti à mes pulsions matérialistes ?

L’enfant du luxe est-il capable de parricide ?

A qui m’en prendre
A quoi m'en prendre
Et où aller ?


Il est des décisions
Dont je suis incapable
S’il me faut méditer ;
Plus j’analyse et plus je doute
Et je repousse
Et je recule
Encore
Et encore


Le moment qui ne vient pas.

Alors
Je vais abandonner mon sens
Foutre en l’air l’étude
Faire un grand feu de la pensée
Autodafer mon intellect
Juste le temps
De faire un pas ;

J’ai mis dans ma maison
Mes possessions
Mes biens
Ma vie
Puis j’y ai mis
Le feu.

Ici naît un brasier.
J’y brûle mon indécision
Et ce qui m’appartint
A un visage moins toxique
Depuis que je le vois flamber.

Laissez-le se consumer;
Allez juger le pyromane
Pas l’imbécile qui se rachète.

Cherchez ailleurs la faute.

Ici,

A l’être amoral que j’immole
Dans l’incendiaire abnégation
De son intérêt pour les choses,
Au souvenir piteux de ses crimes d’antan
Que la flamme assassine
A son matérialisme
Au moi d’hier
Je dis adieu.

Luxe,
Je suis ton Insensible
J’ai l’âme immagnagnime
Je laisserai crever
Tes restes pitoyables.

Sur Terre,
Demain
Quand tout ne sera plus que cendre
Je serai nu
Je serai libre et
Je serai
Et je saurai ce qu’est
Demain.
Quand tout ne sera plus que cendre
Je lui dirai,
Sincère car
Désintéressé,
Je t’aime.

- Oui.

[lol47]

Désolé, pas aimé du tout.

Expectatif: ça se dit ?

Et m’alanguir languissamment: hum, hum, hum...

Le désœuvrement me perclure:pas chouettos.

Et d'autres friandises que je n'ai pas voulu relevées.

Redondant, aussi vite lu, aussi vite oublié.

[Ba]

Comme quoi les " goûts " n'est-ce pas...
Je retiens " couard fier dans la masse des couards ".
Un peu long ce texte gagnerait en intensité très ramassé.

[Madeline]

Chacun devrait faire tous les quatre ou cinq ans son autodafé. Le personnage dont tu décris l'inertie puis la volonté de changer, de mourir, mais aussi d'aimer ne m'est pas antipathique. Le vocabulaire est à la hauteur de ce texte plutôt bien orchestré malgré son apparent désordre.
Cordialement.

[Sahkti]

Une disposition qui désarçonne aux premiers abords puis se construit au fur et à mesure de l'évolution du texte, à l'image de ces pensées décousues qui animent toute remise en question. Cela se justifie donc et finit par donner un charme certain au texte. Texte qui, à mon sens, y gagnerait à être quelque peu raccourci, afin de ne pas perdre le lecteur dans les méandres de pensées propres au narrateur et dans lesquels on se sent par moments exclus. Cette longueur atténue également la pertinence du propos, par moments, ce qui est dommage mais pas totalement dérangeant.

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