Belleville, dix-neuf heures [2]
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silene82
Yali
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Belleville, dix-neuf heures [2]
Belleville, dix-neuf heures [2]
— J’ai vu ta tête sur le Net, paraît que t’es écrivain ?
— J’essaie.
— J’en connais un autre qui habite à deux pas, deux-trois rues plus loin, par la bas. Et de la main il désigne vaguement le bout de l’avenue.
« Ah », je lui fais, pas plus intéressé que ça, parce que moi de la vie des autres je m’en tape un peu. Pas que je m’en tape dans le genre « Je m’en fous d’untel » non, c’est plutôt que j’aime pas trop qu’on piétine mes plates-bandes alors j’imagine qu’il en va de même pour tous.
J’aimerais…
Il se gratte les côtes l’air de réfléchir intensément, ce qui lui découvre un bide géant sous un tee-shirt taché de graisse, et il fait ça en tenant ma bière que, normalement, vu que c’est un peu son métier, il devrait déposer sur le comptoir et vite.
— Même qu’il a écrit une saga qu’a vachement bien marché, il ajoute
Bon, il va me la filer ma mousse au lieu de rester planté-là, le cerveau perché en réflexion dont le principal signe est d’arquer les sourcils qu’il a poivre et sel.
Finalement, il dépose mon verre, le pousse vers moi en ajoutant sourire aux lèvres :
— La saga « Mal aux seins », ça te dit quequ’chose ?
— Non, j’avoue. Mais je connais pas tout.
« Mal aux seins » c’est un drôle de titre, me dis-je un peu plus tard en mon faible intérieur désormais baigné de bulles houblonnées et fraîches à souhait. « Mal aux seins » je me répète en payant, « Mal au seins » je me répète encore en sortant et comme ça indéfiniment je me le rabâche marchant sur trottoir et sous le soleil, jusqu’à ce que je croise ce monsieur souriant, rue de Belleville, lunettes sur le nez et dont la trogne me rappelle vaguement quelque chose.
Vaguement…
Et la lumière se fait.
Et je me marre.
Et pas qu’un peu, je vous prie de me croire.
La saga « Mal au seins » débutait par « Au bonheur des ogres » autant que je m’en souvienne.
Et, écrivant cette petite histoire, morceau de vie de quartier choisi, je me dis que décidément, les bistrotiers ont plus de talent que les auteurs, souvent.
Disons, au moins autant.
— J’essaie.
— J’en connais un autre qui habite à deux pas, deux-trois rues plus loin, par la bas. Et de la main il désigne vaguement le bout de l’avenue.
« Ah », je lui fais, pas plus intéressé que ça, parce que moi de la vie des autres je m’en tape un peu. Pas que je m’en tape dans le genre « Je m’en fous d’untel » non, c’est plutôt que j’aime pas trop qu’on piétine mes plates-bandes alors j’imagine qu’il en va de même pour tous.
J’aimerais…
Il se gratte les côtes l’air de réfléchir intensément, ce qui lui découvre un bide géant sous un tee-shirt taché de graisse, et il fait ça en tenant ma bière que, normalement, vu que c’est un peu son métier, il devrait déposer sur le comptoir et vite.
— Même qu’il a écrit une saga qu’a vachement bien marché, il ajoute
Bon, il va me la filer ma mousse au lieu de rester planté-là, le cerveau perché en réflexion dont le principal signe est d’arquer les sourcils qu’il a poivre et sel.
Finalement, il dépose mon verre, le pousse vers moi en ajoutant sourire aux lèvres :
— La saga « Mal aux seins », ça te dit quequ’chose ?
— Non, j’avoue. Mais je connais pas tout.
« Mal aux seins » c’est un drôle de titre, me dis-je un peu plus tard en mon faible intérieur désormais baigné de bulles houblonnées et fraîches à souhait. « Mal aux seins » je me répète en payant, « Mal au seins » je me répète encore en sortant et comme ça indéfiniment je me le rabâche marchant sur trottoir et sous le soleil, jusqu’à ce que je croise ce monsieur souriant, rue de Belleville, lunettes sur le nez et dont la trogne me rappelle vaguement quelque chose.
Vaguement…
Et la lumière se fait.
Et je me marre.
Et pas qu’un peu, je vous prie de me croire.
La saga « Mal au seins » débutait par « Au bonheur des ogres » autant que je m’en souvienne.
Et, écrivant cette petite histoire, morceau de vie de quartier choisi, je me dis que décidément, les bistrotiers ont plus de talent que les auteurs, souvent.
Disons, au moins autant.
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 59
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Belleville, dix-neuf heures [2]
Très bien vue, je trouve, la réaction limite agacée de l'auteur à qui on parle d'un autre dont la saga a "très bien marché" !
Sinon, oui, c'est gentil et enlevé, mais bien anecdotique... Retrouves-tu un minimum de disponibilité ces temps-ci, pour nous offrir éventuellement des mets un peu plus consistants ?
Sinon, oui, c'est gentil et enlevé, mais bien anecdotique... Retrouves-tu un minimum de disponibilité ces temps-ci, pour nous offrir éventuellement des mets un peu plus consistants ?
Invité- Invité
Re: Belleville, dix-neuf heures [2]
J'ai percuté plus vite que toi, et ça m'a bien fait marrer aussi !
Invité- Invité
Re: Belleville, dix-neuf heures [2]
Tu aurais pu lui rétorquer que tu t'en foutais comme de l'an quarante, du mal au sein des fées.
J'accroche toujours pas à cette prose du quotidien; j'en suis à chercher des sous-entendus, des jeux de mots cachés, des contraintes sournoises. Je dois louper quelque chose. Si quelque chose il y a.
J'accroche toujours pas à cette prose du quotidien; j'en suis à chercher des sous-entendus, des jeux de mots cachés, des contraintes sournoises. Je dois louper quelque chose. Si quelque chose il y a.
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 66
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Re: Belleville, dix-neuf heures [2]
Ben oui, Belleville, "mal aux seins", m'enfin Yali, tu pensais à quoi ??? Pas à "la petite marchande de prose", visiblement :-)
Je sais pas précisément à quoi c'est dû mais je trouve qu'il manque un peu d'étoffe ce sympathique texte... Et la conclusion percute moins que d'habitude, presque gentillette.
Je sais pas précisément à quoi c'est dû mais je trouve qu'il manque un peu d'étoffe ce sympathique texte... Et la conclusion percute moins que d'habitude, presque gentillette.
Invité- Invité
Re: Belleville, dix-neuf heures [2]
les bistrotiers ont plus de talent que les auteurs, souvent.
Disons, au moins autant.
Depuis qu'ils ont acces au Net.
Disons, au moins autant.
Depuis qu'ils ont acces au Net.
Invité- Invité
Re: Belleville, dix-neuf heures [2]
zinc, écrivain, un qui croit ou veut l'être, et bistrotier
y a presque tout
manque plus que la jeune fille en mini-jupe
du Yali pur jus comme j'aime le lire
y a presque tout
manque plus que la jeune fille en mini-jupe
du Yali pur jus comme j'aime le lire
Re: Belleville, dix-neuf heures [2]
Ha mais passée à côté de ceci !
Un bon moment de vie, avec la bonne dose d'humanité et de lucidité. Tu croques bien ces instants, notamment l'agacement léger mais perceptible de l'écrivain qui attend, la bonhommie du bistrotier, l'humour de la scène en général. Sans en faire trop, simple et concis, parce que tout en justesse.
Un bon moment de vie, avec la bonne dose d'humanité et de lucidité. Tu croques bien ces instants, notamment l'agacement léger mais perceptible de l'écrivain qui attend, la bonhommie du bistrotier, l'humour de la scène en général. Sans en faire trop, simple et concis, parce que tout en justesse.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Belleville, dix-neuf heures [2]
La petite histoire ne dit pas si le bistrot affiche " Au bonheur des orges".
Un temps pour germer, un autre pour déguster.
Un temps pour germer, un autre pour déguster.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Belleville, dix-neuf heures [2]
Pas sûre d'adhérer à la morale de l'histoire sur le "talent" des saints et des mal...saints.
Sinon la rencontre est bien rendue de ce que nous devons avaler comme loghorrée.
Sinon la rencontre est bien rendue de ce que nous devons avaler comme loghorrée.
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: Belleville, dix-neuf heures [2]
Ben tiens, ça m'a donné envie d'une pression bien fraiche, tout ça ...
Santé Yali ! très agréable à lire comme d'hab'.
Santé Yali ! très agréable à lire comme d'hab'.
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 48
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: Belleville, dix-neuf heures [2]
Ah, bravo ! Cette saga "mal aux seins" me met de belle humeur ! J'ai pris un grand plaisir à te lire.
Ce "mal au sein"... *rire*
Ce "mal au sein"... *rire*
Invité- Invité
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