Fenouillèdes

[Ole Touroque]

Prose ou poésie?


Bélesta est un ancien village frontière. Celle de la France et de l'Aragon. Quand on marche, on ne sait jamais où se situer, quelle langue parler, ni quelle culture investir.

Première sortie depuis le village charnière. Une piste débute sur les hauts du village, contourne un petit mamelon et Bélesta disparaît. La mer apparaît. La chaîne des Pyrénées.
Des figues se fatiguent pour pousser, en Septembre il faudra les manger.


La piste se fond dans une cuve de vigne. Les sillons sont prêts. Toujours Septembre en point de mire. En regardant vers le Nord, la Caune semble bien pelée. En réalité, il faut avoir des cornes aux pieds pour pouvoir grimper jusqu'aux deux amas de rochers qui compose son sommet. Aucune plante ne pique pas, il n'existe sur ces flancs aucun refuge de douceur.

Arrivé tout en haut, la végétation change et amène des sapins éparses.
Je n'ai vu qu'un endroit pour pouvoir s'arrêter à l'abri des agressions florales: un grain de beauté d'herbe tendre assombri par un résineux. C'est assez. Pour s'arrêter ou pour ne pas s'arrêter. L'exception du terrain donne le sentiment d'être forcé à marquer la pause ici, comme un panneau non réel mais omniprésent.
Restons debout pour plus vite se tourner!

Et voir, loin: le lac de Caramany, la Força Réal, Montalba-le-Chateau, les pré-Corbières, les voitures qui passent sur la route, les agricoles qui parlent dans un champ d'olivier.
Et repartir par la piste rattrapée.
Pendant une centaine de mètres nous sommes dans la zone alpine. Puis sur la route. A Bélesta.

[Invité]

Ceci, superbe : "un grain de beauté d'herbe tendre assombri par un résineux."

Le reste m'a paru assez anecdotique.

[Athor]

Très bien écrit, trés agraéble à lire... Même que j'y étais aussi.... On sent que tu t'appliques, que tu écris avec une priorité d'être clair.

[Invité]

Clair, sobre, aéré comme l'air que tu y respires, ça fait du bien.
Un plus pour : "En réalité, il faut avoir des cornes aux pieds pour pouvoir grimper jusqu'aux deux amas de rochers qui compose son sommet. Aucune plante ne pique pas, il n'existe sur ces flancs aucun refuge de douceur."
et surtout : "un grain de beauté d'herbe tendre assombri par un résineux."

[Invité]

Clair, sobre, aéré comme l'air que tu y respires, ça fait du bien.

Tautologie !
Aéré.

[Sahkti]

Il me semble que la transition entre Bélesta est un ancien village frontière et Celle de la France et de l'Aragon n'est pas totalement réussie, même si on comprend que tu parles de la frontière. Cela doit venir du fait que tu parles d'UN village (village-frontière) puis d'UNE frontière.

ancien village frontière / le village charnière / sur les hauts du village : beaucoup de village dans une partie très courte.

Aucune plante ne pique pas: ceci m'a paru peu heureux, d'autant plus que aucun est répété plus loin dans la phrase.

Au final, si je reconnais de la beauté et des qualités à ce texte, j'adhère moyennement à cause d'une sensation d'hésitation: texte (prose ou poésie peu importe) littéraire ou description géographique. Il me semble que tout cela s'emmêle sans dégager de véritable fluidité. Dès lors, ça m'a paru manquer d'âme et d'émotion, alors que pourtant, le paysage devrait leur donner naissance, vu comme il semble beau.

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