L'enfant chéri
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L'enfant chéri
Quand je lui ai demandé pourquoi il était parti, il a répondu qu’il était simplement le fils chéri d’un peuple de nomade. Il y eu un silence.
Un instant il suivit du regard le passage des derniers oiseaux migrateurs, puis il chuchota qu’il n’y avait jamais eu assez de sable dans son désert.
Ses femmes le racontent comme un homme profondément seul. Et ses enfants se souviennent surtout d’un père mal rasé. Les caresses étaient rares, mais d’une rare intensité.
Moi qui était là le jour où il n’est pas rentré, je peux dire que dans la petite maison, c’était comme si on avait enlevé tous les tableaux, tombé les murs à la masse et mit le feu à chacun des vieux meubles en bois qui décorent les petites existences.
Le temps a fait le reste
Et dans l’angle des murs ont commencées à pousser des fleurs sauvages et des enfants recroquevillés.
Laïn, son fils aîné, fut retrouvé le 21 juin de l’année passée dansant au bout d’un drap dans sa cellule. Les gardiens dirent à sa femme que la veille au soir ils l’avaient entendu pleurer.
Maman ne s’en est jamais vraiment remise.
Elle s’est laissée mourir, en s’obstinant jusqu’au bout à peindre des tableaux où le personnage principal était absent.
Petit à petit le désert a tout envahi.
Quand je lui ai demandé s’il regrettait, il m’a répondu en fermant les yeux, très fort.
Alors je l’ai tué.
Un instant il suivit du regard le passage des derniers oiseaux migrateurs, puis il chuchota qu’il n’y avait jamais eu assez de sable dans son désert.
Ses femmes le racontent comme un homme profondément seul. Et ses enfants se souviennent surtout d’un père mal rasé. Les caresses étaient rares, mais d’une rare intensité.
Moi qui était là le jour où il n’est pas rentré, je peux dire que dans la petite maison, c’était comme si on avait enlevé tous les tableaux, tombé les murs à la masse et mit le feu à chacun des vieux meubles en bois qui décorent les petites existences.
Le temps a fait le reste
Et dans l’angle des murs ont commencées à pousser des fleurs sauvages et des enfants recroquevillés.
Laïn, son fils aîné, fut retrouvé le 21 juin de l’année passée dansant au bout d’un drap dans sa cellule. Les gardiens dirent à sa femme que la veille au soir ils l’avaient entendu pleurer.
Maman ne s’en est jamais vraiment remise.
Elle s’est laissée mourir, en s’obstinant jusqu’au bout à peindre des tableaux où le personnage principal était absent.
Petit à petit le désert a tout envahi.
Quand je lui ai demandé s’il regrettait, il m’a répondu en fermant les yeux, très fort.
Alors je l’ai tué.
Re: L'enfant chéri
Superbe, poignant ! Pas un mot de trop. Une belle réussite selon moi.
Quelques remarques de langue :
"Il y eut un silence"
"Moi qui étais là le jour où il n’est pas rentré, je peux dire que dans la petite maison, c’était comme si on avait enlevé tous les tableaux, tombé les murs à la masse et mis le feu"
"Et dans l’angle des murs ont commencé (et non "commencées", le verbe n'a pas de complément d'objet direct, les fleurs et les enfants étant le sujet du verbe ; il n'y a aucune raison d'accorder le participe passé aux fleurs) à pousser des fleurs sauvages et des enfants recroquevillés."
"Elle s’est laissée (là, je ne suis pas sûre, mais il me semble qu'on écrit "laissé" ; à vérifier) mourir"
Quelques remarques de langue :
"Il y eut un silence"
"Moi qui étais là le jour où il n’est pas rentré, je peux dire que dans la petite maison, c’était comme si on avait enlevé tous les tableaux, tombé les murs à la masse et mis le feu"
"Et dans l’angle des murs ont commencé (et non "commencées", le verbe n'a pas de complément d'objet direct, les fleurs et les enfants étant le sujet du verbe ; il n'y a aucune raison d'accorder le participe passé aux fleurs) à pousser des fleurs sauvages et des enfants recroquevillés."
"Elle s’est laissée (là, je ne suis pas sûre, mais il me semble qu'on écrit "laissé" ; à vérifier) mourir"
Invité- Invité
Re: L'enfant chéri
Idem, l'oeil de Lynx de socque (j'ai failli dire "socquien" afin d'alléger le côté redondant de "DE (lynx), DE (socque)" mais je n'ai pas osé (même si en vous disant cela c'est un peu comme si... désolé)) concernant les fautes d'orthographe et de grammaire en moins !
Je n'aurais personnellement pas précisé "de l'année passée", j'ai trouvé cela superflu.Laïn, son fils aîné, fut retrouvé le 21 juin de l’année passée dansant au bout d’un drap dans sa cellule. Les gardiens dirent à sa femme que la veille au soir ils l’avaient entendu pleurer.
Peter Pan- Nombre de messages : 3709
Age : 48
Localisation : Pays des rêves et de l'imaginaire
Date d'inscription : 16/04/2009
Re: L'enfant chéri
superbe
sobre et intense
le contraste entre la douceur poétique des mots et la douleur qu'ils contiennent ..... c'est magnifique
sobre et intense
le contraste entre la douceur poétique des mots et la douleur qu'ils contiennent ..... c'est magnifique
petit-doute- Nombre de messages : 150
Age : 66
Localisation : dans la banlieue encore verdoyante
Date d'inscription : 24/04/2009
Re: L'enfant chéri
J'aime beaucoup ce texte.
Cette phrase est tout simplement géniale ; on a envie de la peindre !
Cette phrase est tout simplement géniale ; on a envie de la peindre !
Et dans l’angle des murs ont commencées à pousser des fleurs sauvages et des enfants recroquevillés.
Re: L'enfant chéri
Rien à retoucher, c'est vraiment parfait dans sa concision, ciselé, pas un seul mot superflu. Et pourtant, quelle émotion tu fais passer, que d'informations tu délivres à travers des phrases telles que celles-ci :
Ses femmes le racontent comme un homme profondément seul. Et ses enfants se souviennent surtout d’un père mal rasé. Les caresses étaient rares, mais d’une rare intensité..
Et le couperet de la fin. Rien à ajouter. Je suis soufflée.
Ses femmes le racontent comme un homme profondément seul. Et ses enfants se souviennent surtout d’un père mal rasé. Les caresses étaient rares, mais d’une rare intensité..
Et le couperet de la fin. Rien à ajouter. Je suis soufflée.
Invité- Invité
Re: L'enfant chéri
...
Suspension... l'esprit reste en suspension, comme ces trois points.
Magnifique !
Merci milo.
Suspension... l'esprit reste en suspension, comme ces trois points.
Magnifique !
Délivrance bienfaitrice... y a plus qu'à attendre la conséquence qui sera proche.Quand je lui ai demandé s’il regrettait, il m’a répondu en fermant les yeux, très fort.
Alors je l’ai tué.
Merci milo.
Mure- Nombre de messages : 1478
Age : 47
Localisation : Dans vos pensées burlesques.
Date d'inscription : 12/06/2009
Re: L'enfant chéri
Je ne vais pas être très originale non plus: je suis touchée par ce que dégage le texte. Une impression glaciale m'a envahie à la fin.
Bref, j'ai beaucoup aimé aussi!
Bref, j'ai beaucoup aimé aussi!
Miinda- Nombre de messages : 103
Age : 30
Date d'inscription : 07/07/2009
Re: L'enfant chéri
Les caresses étaient rares, mais d’une rare intensité.
La répétition est-elle volontaire ?
Attention à l'ortho, il y a quelques grosses fautes.
Je ne suis pas sûre d'avoir bien compris. Le narrateur parle d'un homme, de ses femmes, ses enfants et son départ, mais à un moment, il dit Maman ne s’en est jamais vraiment remise, s'impliquant personnellement dans l'histoire. Mais il semble parler de cet homme comme d'un étranger, idem de son fils Laïn, donc j'ai du louper un truc.
La répétition est-elle volontaire ?
Attention à l'ortho, il y a quelques grosses fautes.
Je ne suis pas sûre d'avoir bien compris. Le narrateur parle d'un homme, de ses femmes, ses enfants et son départ, mais à un moment, il dit Maman ne s’en est jamais vraiment remise, s'impliquant personnellement dans l'histoire. Mais il semble parler de cet homme comme d'un étranger, idem de son fils Laïn, donc j'ai du louper un truc.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: L'enfant chéri
J'ai apprécié la musique du texte mais je n'ai rien compris aux paroles.
Plotine- Nombre de messages : 1962
Age : 81
Date d'inscription : 01/08/2009
Re: L'enfant chéri
Un texte court qui déménage, c'est sur...
Je ne l'ai pas trouvé difficile à comprendre en ce qui me concerne...
Quoique :
Le narrateur qui tue le père à la fin de l'histoire, par vengeance, c'est bien un de ses enfants n'est-ce pas ?
Je ne l'ai pas trouvé difficile à comprendre en ce qui me concerne...
Quoique :
Le narrateur qui tue le père à la fin de l'histoire, par vengeance, c'est bien un de ses enfants n'est-ce pas ?
boc21fr- Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008
Re: L'enfant chéri
Ce qui m'interpelle - c'est con cette expression, je sais - c'est le "d'une rare intensité" concernant les caresses du père. Ça veut dire quoi ?
Parce que ce n'est pas anodin comme expression. Et qui a tué qui ?
Parce que ce n'est pas anodin comme expression. Et qui a tué qui ?
Plotine- Nombre de messages : 1962
Age : 81
Date d'inscription : 01/08/2009
Re: L'enfant chéri
Condenser une vie en une ultime scène forte, c'est maîtriser la parfaite connaissance de son personnage.
Rien à dire, c'est bien tourné.
Rien à dire, c'est bien tourné.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
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