Strangler

[M-arjolaine]

J'avais eu beaucoup d'hommes dans ma vie: j'en étais extrêmement fière. Ce succès ne pouvait que témoigner de l'aspect exceptionnel qui m'avait été conféré. Peu de femmes dans mon entourage pouvaient en dire autant: elles raillaient mon orgueil, je riais de leurs jalousies mesquines. En réalité elles n'avaient absolument rien, rien qui eusse pu menacer le record que j'avais su établir.

Je ne pouvais m'empêcher de songer à ma toute première proie avec une certaine nostalgie. Samson était un garçon très tendre, très affectueux: il ne se passait pas un jour sans qu'il me dise qu'il m'aimait. Ces mièvreries étaient lassantes, et sa jeunesse contribuait à un manque d'assurance au lit qui loin de m'émouvoir, m'exaspérait au delà du possible. Néanmoins j'admirais la finesse de ses membres, l'élégance de son port de tête, les sourires qu'il envoyait au monde, se moquant éperdument que ce dernier y réponde. Et puis il y avait son cou: vraiment, c'était exceptionnel. Quand nous faisions l'amour, je ne quittais jamais sa nuque des yeux, et les râles qu'il poussait, accablé de sa propre jouissance, y provoquaient des tensions qui me faisaient rugir de joie. La certitude que mes hurlements étaient de nature orgasmique l'excitait davantage, et son corps se cambrait, encore et encore, me laissant entrevoir à chaque coup de reins, une gorge exaltante de perfection.

Mais je n'étais pas femme à m'engager, et après avoir mis fin à mon histoire avec Samson, j'avais rencontré Bastien. Fort de ses cinq années de plus que moi, il se pensait impressionnant quand en réalité, j'étais particulièrement blasée de ses efforts lorsqu'il tentait de m'exposer ses muscles, corps de statue grecque qui me laissait de marbre, c'était le cas de le dire. Il roulait des mécaniques en permanence, et je passais sans transition de la nuque délicate de Samson à son cou de taureau, marbré de nerfs tendus à se rompre qui me donnaient envie de vomir. Bastien ne fit pas long feu, et la rupture fut exaltante.

Perceval m'intéressa bien davantage. Il avait le mérite d'avoir une conversation follement captivante, et ce don de parler des choses avec des étoiles dans les yeux, comme si me décrire une mouche en plein vol avait de quoi m'émerveiller. C'était un optimiste qui m'idolâtrait, parce qu'il me jugeait proche d'une perfection qu'il serait selon lui impossible à toute femme d'atteindre. Il était grisant de l'entendre louer les rondeurs appétissantes de ma poitrine, la cambrure élégante de mes hanches et la finesse de mes cuisses. Mais il finit toutefois par trouver quelqu'un de plus parfait que moi, contre qui je ne pouvais absolument pas rivaliser puisque c'était un homme. Je passai quelques dernières nuits avec Perceval, dont la toute récente féminité m'exaspérait, et je mis fin à notre relation comme on le fait avec une femme. Il ne s'en remit pas.

Mon besoin de virilité fut vite comblé par Thaddeus, qui, pas peu fier de ses origines helléniques, se montra masculin comme peu d'hommes savaient l'être. Il avait malheureusement une forte propension au jeu, et cela se retrouvait dans notre vie de couple. Il tentait toujours de nouvelles expériences, m'emmenait dans des lieux peu communs, achetait des "jouets" qui étaient censés m'exciter encore davantage, mais je finis par me lasser de ces distractions incessantes: j'aspirais à la tranquillité.

Tous les moyens avaient été bons: hache, poison, ciseaux... mais malgré tout mon meilleur souvenir demeurait le premier mâle à s'être jeté dans mes filets. J'étais une femme comme ça: rien ne valait les délicates sensations d'une strangulation réussie. Après tout mon choix le concernant avait été excellent: l'un dans l'autre, c'était un garçon très physique.

[Invité]

La chute fait un peu avancer le schmilblick, mais sinon j'ai trouvé le texte plutôt ennuyeux. Pour moi, l'auto-satisfaction inaltérable de la narratrice est lassante.

Une ou deux remarques :
"En réalité elles n'avaient absolument rien, rien qui eût pu menacer le record"
"un manque d'assurance au lit qui (je pense qu'une virgule serait préférable à cet endroit) loin de m'émouvoir, m'exaspérait au-delà"
"Quand nous faisions l'amour, je ne quittais jamais sa nuque des yeux" : alors là, il faut m'expliquer la position ; la nuque est la partie du cou à l'arrière de la tête !

[Invité]

Pardon, je précise :
- dans ma première remarque, c'est par erreur que le deuxième "rien" est en gras, je voulais le passer en italique pour rerspecter complètement la graphie du texte
- dans ma deuxième remarque, pour la virgule, je pense qu'il serait bon de la mettre après le "qui", pas à la place bien sûr

[M-arjolaine]

Je prends en compte les deux premières remarques ;-) !
Pour la dernière en revanche il ne me semble pas qu'il y ait de problème ! Supposons qu'elle soit allongée sous Samson, et qu'il ait la tête plus haute que la sienne, elle n'a qu'à se tourner vers lui pour voir sa nuque !

[Invité]

Ben non, désolée, je n'arrive pas à me représenter la chose ; si elle est allongée sous Samson, ils sont face à face. Comment peut-elle voir l'arrière de la tête de son partenaire ?

[M-arjolaine]

Il la serre contre elle, on peut supposer qu'il a la tête dans le creux de son épaule, il est un peu sur le côté en fait. Du coup elle si elle fait pivoter sa tête, elle verra sa nuque ! En fait il faut considérer qu'à partir du bassin, il s'est un peu reporté sur la droite.

[Invité]

Oui, comme ça d'accord ; mais, à première lecture, ça surprend ! D'un autre côté, vous ne pouvez pas trop détailler leur position pour expliquer comment c'est possible, cela briserait le rythme... Si vous donniez comme partie du cou à observer quelque chose de moins connoté "arrière de la tête", peut-être la lecture ne serait-elle pas ainsi arrêtée (ou peut-être que je me perds dans les détails, il est possible que je sois la seule intriguée).

[Invité]

Le titre annonce plutôt la couleur, dommage.
A part ça, il me semble que tu amalgames plutôt allègrement la nuque à la gorge ; par acquit de conscience j'ai vérifié, la nuque est bien la "Partie postérieure du cou située immédiatement sous l'occiput " ; alors peu m'importent les positions, si elle voit la nuque elle ne voit pas la gorge !!

Sinon, j'ai bien aimé l'écriture mais comme point trop ne faut des bonnes commes des mauvaises choses, le texte est juste assez long.

[silene82]

Un miroir au plafond résoudrait les incohérences d'une tête montée, manifestement, sur rotule.
Un texte qui fait sourire, ce qui est tout de même bien agréable. Le ton détaché me plaît bien personnellement. Il me paraît très intéressant stylistiquement, dans le type d'histoires que vous élaborez.

[Sahkti]

Catalogue amusant mais le trait m'a paru forcé tout au long du texte. Je comprends que ce personnage féminin, prétentieux et agaçant, puisse s'exprimer de la sorte mais le tout a fini par me lasser et m'empêcher de pleinement profiter des quelques notes d'humour que le texte recèle.

Je me demande si il n'aurait pas été plus efficace de davantage différencier ces histoires d'amour, autrement que par une simple description d'ébats ou de physique. Tout finit par se ressembler et on a l'impression que l'exercice pourrait être sans fin, tout comme sans véritable structure.

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