Le vieux sablier du Léguer

[loic]

Le vieux sablier du Léguer

La torpeur d’un été profond
M'évoque encore ces longues heures

Où dans ces années d'après guerre
Passées sur les quais de Lannion
Le vieux sablier du Léguer
Venait dormir sur un vieux ber

Bercé du « Tac Tac » imbécile
D’une indocile grue gracile
Qui puisait dans ses cales ventrues
De la poudre de coquillages

Elle s’entassait sur l’avenue
En soyeux flocons de calcaire
Devant ce gamin mal venu
Qui ne savait rien de l’hiver

Alors de lourds chevaux de fer
Halant des tombereaux sans âge
Econduits par des laboureurs
S’en allaient nobles en grand Trégor

Loïc le Meur 2008

http://loic-le-meur.over-blog.com/

Notes :

Ici j’évoque quelques instants d’enfance, ou en vacances à Lannion en 1963 nous allions avec mon père voir cette antédiluvienne pelleteuse mécanique à câbles qui inlassablement dans ces chaudes journées d’été berçait notre ennui. Une autre image qui me vient à cet endroit c’est une cabane en bois sur laquelle une affiche invitait les passants à une représentation du
« Cirque Pinder ORTF »

À cette époque pas de voiture pour rejoindre les plages, seul restent ces bribes de vacances ou curieusement il fait toujours beau ….

Le léguer est une rivière qui passe à Lannion et d’où les navires sabliers partaient en mer pour ramasser du sable coquillier utilisé comme amendement dans les terres acides de la région du Trégor en Bretagne

[Ba]

Carte de loin postale. J'aime bien.

[Invité]

Très joli partage de nostalgie.

[Invité]

Ce poème m'a beaucoup moins intéressée que d'autres que j'ai pu lire de vous ; le fait que vous vous sentiez obligé d'apporter des précisions dans une note me paraît indiquer que le texte ne se suffit pas à lui-même, que vous n'y avez pas dit tout ce que vous vouliez dire... Pour moi, ça gâche.

[loic]

non socque je ne suis pas senti obligé de donner une explication de texte, ca me faisit plaisir..
merci en tous cas de vos commentaires et bon dimanche (il y a déjà les nuages qui percent ;-) en bretagne..

[Peter Pan]

Bonjour loic,

Superbe, j'ai vraiment beaucoup aimé. Le rythme (qui n'est pas ma spécialité je précise !) de ce poème me (meuh-meuh !) semble quasi-parfait.
C'est d'une fluidité qui accompagne somptueusement cette belle histoire.
La sonorité et le sens que l'on peut donner à "berbère" est-elle voulue (des origines africaines ?).

Les explications (bien que normalement je ne les aime pas) ne m'ont pas dérangé, elles m'ont même évité d'aller (tel un hystérique du clavier que je suis) chercher sur un moteur de recherche les informations que vous mentionnez.

Petit bémol pour le dernier vers, je trouve qu'il casse brutalement le rythme (peut-être voulu). C'est le S de "nobles" qui me gêne, je n'arrive pas à l'exclure et ne pas faire la liaison avec "en grand Trégor".

Puisque vous avez donné des explications, je vous propose ici une alternative personnelle (d'habitude je ne le fais pas (depuis les pertinentes remarques de socque à ce sujet mais pour une fois, c'est dimanche après tout, jour de relâchement !).

"S’en allaient fiers en grand Trégor"

Puisqu'il y a pas mal de sonorités en "ère" dans ce poème je me suis dit qu'une dernière ne nuirait point. Cela rétablit l'octosyllabe. Et puis la proximité fier-hier me plaît vu le sens du poème.
Faites-en ce que vous souhaitez loic, quoi qu'il en soit j'aime votre poème, merci de nous l'avoir fait partager.

[loic]

merci peter pan

ok pour fier....bien vu

[Peter Pan]

Merci à vous loic, je n'ai fait qu'émettre un avis... ce n'est pas grand chose vous en conviendrez... tandis que vous... vous m'avez fait voyager en grand Trégor... j'adore les voyages... j'en demande encore... (si je suis ou ai été parfois dur avec vous dans certains de mes commentaires, c'est de votre faute ! Quand vous proposez des textes si plaisants, je ne peux qu'être de plus en plus exigeant !)

[Invité]

J'ai particulierement lu et relu ce passage :

Bercé du « Tac Tac » imbécile
D’une indocile grue gracile
Qui puisait dans ses cales ventrues
De la poudre de coquillages

qui appelle plus de present que de souvenir.
Il y a de la poesie dans les gravieres, oui, dans les carrieres, dans les peniches, dans les barges,dans les wagons et les camions.
Tout est la dans ces 4 vers.

[Sahkti]

Devant ce gamin mal venu
Qui ne savait rien de l’hiver

A mes yeux, tout le poids du passé transparaît à travers ceci, ces vers qui disent l'avant, les regrets, l'inaccompli également, qui sait...

Si les explications de fin m'ont aidée à savoir, elles n'ont pas modifié ma lecture parce qu'elles viennent justement après et pour cela, merci, ça change d'autres habitudes vues ailleurs.

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