Du délassement des taquins

[M-arjolaine]

Je ne manquais jamais de proposer une partie de carte à tout nouveau personnage qu'il m'était donné de rencontrer. Se révélaient alors à mon être nombre de particuliers, incapables dès lors que la partie était engagée de se camoufler derrière quelque artifice que ce soit. Il y avait les coléreux, les mauvais joueurs, qui persistaient à affirmer que tout était question de chance, et qu'ils en avaient -et c'était la seule et unique raison qui expliquait leur déroute- cruellement manqués lors de la précédente partie. Je démarquais parmi eux les revanchards, et ils étaient nombreux: chaque défaite était comblée par la promesse d'une victoire prochaine. C'était absolument ridicule, mais il en était ainsi, et je les regardais jouer, jouer sans cesse, les pupilles dilatées et la bave au coin des lèvres, ivres de rage et de revanche, de plus en plus nerveux au fur et à mesure que la tension s'accentuait. Je finissais, si la partie s'attardait trop, par les laisser emporter cette belle dont ils avaient rêvés si fort, presque blasée de leur incapacité à se lasser. Et puis, bien sûr, il y avait toujours des taquins pour se montrer posés, découvrant leur jeu avec lourdeur, écrasant les cartes sur la table avec une lenteur qui m'étouffait. Je n'appartenais à aucune de ces catégories: j'observais les comportements de mes convives, et m'amusais ensuite de les retrouver hors-contexte, les coléreux se révélant incroyablement décontractés, aux côtés de mes hôtes les plus détendus, qui m'apparaissaient en réalité terriblement angoissés. Le jeu les faisait se découvrir à eux même: je leur offrais par mes propositions divertissantes, la possibilité de me laisser apparaître leur intimité la plus profonde, celle là qu'eux mêmes, dans leurs quotidiens sans saveur, se taisaient à outrage. Je pouvais me vanter de les connaître en dix minutes d'amusement mieux qu'en dix ans d'une proximité étouffante. Et pour dire vrai, cela m'exaltait...

[mentor]

est-ce un fragment de quelque chose de plus large ?
un début ?
il me semble que ce texte est un peu orphelin
et puis ça manque un peu d'aération
au début, et avec ce titre, j'ai d'abord pensé au jeu du taquin
mais non

[silene82]

Demoiselle, vos esquisses sont amusantes, plaisamment écrites, mais vous avez l'air, tout au moins là, de croire à ce que vous avancez; j'espère que vous ne considérez pas sérieusement que l'espace du jeu est un révélateur de la psychologie et des ressorts profonds d'une personnalité, auquel cas la tâche des nombreuses disciplines empruntant à la psychologie, voire à la psychiatrie, seraient obligées de se reconvertir en cercles et casinos.
Plus sérieusement, de même qu'on a l'âge de ses artères, les textes ont celui de leur plume; la votre est jeune, catégorique, comme on l'est à votre âge, mais vive, enjouée et en un mot intéressante.
Je trouve également que votre style se bonifie: les outrances intempestives qui constellaient vos textes premiers se raréfient -mais peut-être n'avez vous pas pensé à en mettre-. Vous abusiez de termes grandiloquents qui apparaissaient souvent hors de propos: ce procédé est très utile pour croquer un personnage, ou jouer sur une distanciation au second degré. Employé sans contrôle, comme il en donnait l'impression, il évoque plutôt une maladresse d'expression, et une incapacité à se situer dans le champ lexical précis que l'on souhaite.
Mais comme je vous le dis, il me semble qu'il y a un mieux très net.
A vous lire, donc.

[michel]

Bonjour M-arjolaine,
Pour ma part, je trouve ce texte étonnant de clarté étant donné ton jeune âge, mais oui je sais bien, les jeunes demoiselles sont toujours plus mures avant les jeunes messieurs, bref. L'idée contexuelle du jeu, mise en place pour relfeter la psychologie des personnages, est très habile selon moi. D'une part narrativement (je reviendrais là dessus plus bas), et d'autre part, même dans la vie, je crois, d'expérience, que c'est effectivement véridique : je suis joueur de tennis, rien qu'en regardant le jeu de quelqu'un, ses coups, la manière qu'il a de bouger sur le terrain, etc, etc... me révèle (ainsi qu'il est communément admis chez tout bon sportif) la personalité du bonhomme qui joue, parfois on peut même aller jusqu'à deviner son métier, ou d'autres aspects primordial de sa vie. Le jeu, en l'occurence ici le tennis, est toujours révélateur d'un minimum d'aspect de la personalité de celui qui le pratique; et ce que tu révèle de toi en situation de jeu, je suis parfatiement d'accord pour dire que tu le révèle aussi et de la même manière dans les situations analogues, dans la vie de tout les jours par exemple. Chapeau à toi donc, d'avoir mis en lumière ceci.
Mais par ailleurs, j'ai senti à quelques endroits que tu négligeais le fond au profit de la forme, c'est bien, ça donne des effets de style, mais ca se ressent soit comme des lourdeurs, soit comme des échappatoires, mais dans les deux cas, à ce moment on sort du récit, et il perd de sa consistance, enfin, celle qu'il aurait pu avoir idéalement. Pour ce faire, je te propose de faire des paragraphes. Et un troisième point que je relèverais, tes phrases m'ont semblé bien construite en elle-même, mais si tu veillais à obtenir une plus grande unicité de style à l'extérieur de celle-ci, c'est à dire entre tes phrases entre elles, je pense que ton récit aurait un(e) impacte encore plus fort(e) (un impact ou une impacte ?), et ne poserait pas la question d'un début précédent ou d'une fin à suivre...Bien à toi. (oublie mon orthographe)

[Invité]

M-arjolaine, tu as laissé des fautes indignes de toi :-) Je te les indique, tu les corrigeras :

-une partie de carte
-qu'ils en avaient cruellement manqués
-belle dont ils avaient rêvés si fort, presque blasée de leur incapacité à se lasser.
-celle là
-leurs quotidiens sans saveur, se taisaient à outrage (dans cette acception "quotidien" est singulier ; par ailleurs je ne suis pas sûre de la justesse du verbe pronominal ici, non plus de l'expression "se taire à outrage")

J'ai aimé ton texte même si le ton est parfois péremptoire, je trouve ton écriture plus sobre qu'avant bien que certaines phrases s'étirent encore en longueur.

Connais-tu "Le joueur d'échecs" de S. Zweig ? Dans le même esprit que ton texte, cette nouvelle te plairait sûrement si tu ne l'as déjà lue.

[michel]

Attention petite, Zweig est un auteur dangereux ! On ne sort jamais indemne d'une lecture de Zweig...ça devrait d'ailleurs être écrit sur la notice : "à lire en bon état de santé psychique".

[M-arjolaine]

Oh oui j'ai adoré cette nouvelle ! C'est le seul texte que j'aie lu de Zweig, si tu en as d'autres de lui à me conseiller je suis preneuse !
Je m'excuse pour les fautes ! J'ai écrit ce texte, une fois de plus, sous les piaillements de mes nièces et neveux. C'est assez perturbant ! Je fais d'ailleurs de même pour ce commentaire, ce qui expliquera sans doute son aspect quelque peu décousu ^^ !
Merci beaucoup !

[michel]

"La confusion des sentiments" est très bon aussi.

[silene82]

Demoiselle, vos esquisses sont amusantes, plaisamment écrites, mais vous avez l'air, tout au moins là, de croire à ce que vous avancez; j'espère que vous ne considérez pas sérieusement que l'espace du jeu est un révélateur de la psychologie et des ressorts profonds d'une personnalité, auquel cas de nombreuses disciplines empruntant à la psychologie, voire à la psychiatrie, seraient obligées de se reconvertir en cercles et casinos.

désolé, à la relecture -tardive- il y avait un souci

[Invité]

Attention petite, Zweig est un auteur dangereux ! On ne sort jamais indemne d'une lecture de Zweig...ça devrait d'ailleurs être écrit sur la notice : "à lire en bon état de santé psychique".

C'est moi la petite ? Chic !!
:-)

[mentor]

Attention petite,

C'est moi la petite ? Chic !!
:-)

ben oui, quoi, 3 ans, ça compte
:-)))

[Sahkti]

Un peu trop court à mon goût, il me manque quelque chose, une entrée plus en profondeur dans la psychologie des personnages qui se délesterait de cette approche somme toute très générale, presque esquissée.
Ton écriture, de qualité, pourrait s'épanouir avantage, à mon avis, sur un format plus long dans cette veine.

[Sahkti]

Connais-tu "Le joueur d'échecs" de S. Zweig ? Dans le même esprit que ton texte, cette nouvelle te plairait sûrement si tu ne l'as déjà lue.

Ha oui, un excellent texte !

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