Le gardien du parc

[redstar]

Le gardien du parc.



Le gardien du parc est seul. Seul dans
son grand jardin sur lequel il veille, comme chaque nuit. Il
s'asseoit sur un banc et sort de son bel uniforme un etuit à
cigarette ainsi qu'un vieux briquet rouillé. L'etuit est en fer
blanc; tout lisse, et à l'intérieur, fixée sur le clapet avec un
point de colle, se trouve une photo de son cher parc. Sur la photo,
il fait nuit. Car le gardien du parc n'aime son parc que lorsque il
lui appartient à lui seul, et non pas lorsqu'il est rempli de gamins
hurlants ou de couples flemmardants à l'ombre d'un arbre.


Il allume sa dernière cigarette et
reste quelques instants à contempler le tabac, crépitant et rouge,
avant d'en aspirer la fumée. Le ciel est noir mais rempli de nuages;
le gardien du parc le sait car il ne voit pas les étoiles ni la lune
éclairer l'herbe fraiche. Bientôt il pleuvra. Le gardien se lève,
déambule seul dans les allées vides et ferme les yeux pour
n'écouter que le bruissement du vent dans les feuilles des arbres.
Il va finallement s'allonger sur une grande pierre mousseuse au bord
de l'étang, pour tenir compagnie aux grenouilles. Il tire une
dernière bouffée de sa cigarette et l'éteint en écrasant le bout
encore fumant sur un coin du rocher. Le gardien du parc met ensuite
le mégot dans son etuit vide; jamais il ne salirait son parc.

Un leger clapotis se fait soudain
entendre, s'emplifiant à chaque instant et brisant le silence.
L'étang s'anime et l'uniforme du gardien du parc devient mouillé.
Ca y est, il pleut.

Le gardien du parc aime la pluie comme
il aime son parc, c'est donc trempé mais souriant qu'il continue
d'arpenter tel un roi son royaume nocturne. Il ferme a nouveau les
yeux, cette fois pour écouter la symphonie de la pluie. Il est
encore tôt et le voile noir de la nuit ne s'étend sur la ville que
depuis deux heures. Le gardien du parc marche vers le grand chêne
lorsqu'il entend un faible crissement venant de l'allée voisine. Une
femme, seule, trempée jusqu'aux os, court vers le grand chêne et
s'appuie sur son tronc, à l'abris de l'averse.

Le gardien marche les poings serrés.
Il s'arrête à un métre de la femme et lui demande ce qu'elle fait
là, insistant clairement sur le fait que le parc est fermé la nuit.
Se confondant en excuses, la femme lui explique que c'est plus rapide
pour rentrer de son travail et que comme il pleuvait, elle a voulu se
dépecher. Le gardien du parc se calmant peu à peu, il s'asseoit à
côté de l'inconnue. Ils restent ainsi seuls quelques minutes, et le
gardien trouble le silence en s'excusant, géné, de ne pouvoir lui
offrir de cigarette puisqu'il a fumé la derniere tout à l'heure. La
femme lui répond qu'elle non plus elle ne peut pas lui offrir de
cigarette puisqu'elle ne fume pas; elle trouve cela mauvais. Amusée
par la moue confuse de son interlocuteur, elle décide de lui offrir
la moitié d'une tablette de chocolat noir qu'elle garde dans son
sac. Le gardien du parc accepte et croque dans le carré sombre et
dur. Il respire tant de parfums à la fois qu'il en a la tête qui
tourne; le chocolat, l'herbe mouillée, l'odeur de la nuit, les
fleurs, la femme. Il se rend compte qu'il aime sa compagnie sans la
connaître ou sans même lui parler. Il aime être à côté d'elle
comme il aime être à côté de son étang. Sans qu'il s'en soit
rendu compte, la pluie s'est arreté. Seules quelques gouttes
retenues par les feuilles tombent encore de temps en temps. La femme
le salue, se relève et marche d'un pas vif vers le portail. Le
gardien du parc ne dit rien et ne bouge plus.




Depuis, tous les jours ou plutôt
toutes les nuits de pluie, le gardien du parc laisse son etuit à
cigarettes vide dans son bel uniforme et partage son beau parc avec
la femme, en mangeant du chocolat sous le grand chêne.

Pourtant, son etuit à cigarettes n'est
pas totalement vide: il y reste une moitié de photo, l'autre moitié
ayant été dechirée soigneusement et offerte à sa compagne de la
nuit, la reine de son royaume nocturne.

Disponible sur FreeBook

[Invité]

Je suis embarrassée pour commenter, Redstar, parce que je trouve ton texte à la fois surprenant et totalement convenu.
Dur d'être les deux à la fois, tu vas me dire, et pourtant c'est l'impression que j'ai.
Le sujet est tout à fait surprenant et assez agréable : cet homme qui s'approprie la nuit ce qu'il ne fait que garder , à l'usage d'autres, dans la journée, je trouve que c'est bien vu et bien rendu, dans un vocabulaire simple, fluide, précis et sans chichis.( ce qui fait déjà pas mal de qualités!)
En revanche le côté sentimental de la rencontre avec la femme a quelque chose d'inabouti, on se dit " ah bon, c'est tout ?"
Je ne veux pas dire qu'il soit nécessaire qu'il se passe autre chose dans leur relation, mais que tu devrais essayer de trouver comment en rendre mieux compte , afin que ça ne laisse pas au lecteur ce sentiment d'un objet trop mince, creux...
Je ne sais si ce que je te dis est compréhensible. Mais ton écriture mérite que tu y travailles, tu as du potentiel.

[Invité]

Et étui

[silene82]

Ma foi; soit c'est tellement élusif qu'une magnifique histoire a eu lieu et je n'en ai rien vu, ce qui me frustre quand même un peu, soit c'est un peu plat.
L'expression me semble assez généralement maladroite: je ne sais si vous avez l'âge que vous avancez, certains farceurs en changeant chaque semaine, sans qu'il soit possible de savoir s'ils ont 15 ans ou 75. Si c'est le cas -âge déclaré réel- l'expression peut se travailler, et sortir du convenu scolaire, de la rédaction. L'idée est bonne, le gardien veillant à la fois sur un parc et sur la nuit, je pense que vous pouvez en tirer plus. Idem pour l'idylle -si c'en est une-.
Continuez!

[redstar]

En fait ce style un peu leger et naif; c'est voulu. J'ai bien l'age que j'annonce car je ne vois pas l'utilité d'en changer mais je tiens à eclaircir une chose tout d'abord:
J'ai déjà fait beaucoup de textes (cela date, je viens de m'y remettre) et dans beaucoup de styles, etc. Disons que je me cherche. Je dois dire que j'ai beaucoup aimé ecrire cette nouvelle car le style me plaisait, il me fait un peu penser à certains auteurs du 18eme siècle que j'apprécie beaucoup. (en cours de francais, j'ai lu tout mon livre de francais... Donc en citant des auteurs de cette époque, je parle de certains écrits de Hugo ou de Maupassant, et bien d'autre).
Ce style colle en plus avec l'époque que j'imaginais dans ma tête (la "belle époque", le Paris des expositions universelles et des inventions, etc...)

Donc voilà , en éspérant que vous m'ayez compris.

Pour vos commentaires , après une enieme relecture je dois avouer que la rencontre est un peu brutale, j'essayerai de modifier ça.
Je vais aussi corriger le mot étui.

Merci!

[la chevre]

J'ai une réflexion à faire qui n'a rien à voir avec le texte (tout est dit je pense) mais à la mise en page. Il y a une option dans les traitements de texte qui se nomme "Justifier" et qui évite que les phrases se coupent au milieu de la page car pour la lecture ça gêne un peu. Puis si tu dois écrire des rapports dans tes études ça servira (un prof m'a déjà enlevé deux points sur mon rapport parce que je ne l'avais pas justifier).

[redstar]

J'ai une réflexion à faire qui n'a rien à voir avec le texte (tout est dit je pense) mais à la mise en page. Il y a une option dans les traitements de texte qui se nomme "Justifier" et qui évite que les phrases se coupent au milieu de la page car pour la lecture ça gêne un peu. Puis si tu dois écrire des rapports dans tes études ça servira (un prof m'a déjà enlevé deux points sur mon rapport parce que je ne l'avais pas justifier).

En effet ça a une tête bizarre. J'ecris avec Open Office comme je suis sous Ubuntu, dans le logiciel ça allait mais c'est au collage que ça change. J'y penserai la prochaine fois.

[silene82]

Je dois dire que j'ai beaucoup aimé ecrire cette nouvelle car le style me plaisait, il me fait un peu penser à certains auteurs du 18eme siècle que j'apprécie beaucoup. (en cours de francais, j'ai lu tout mon livre de francais... Donc en citant des auteurs de cette époque, je parle de certains écrits de Hugo ou de Maupassant, et bien d'autre).
Ce style colle en plus avec l'époque que j'imaginais dans ma tête (la "belle époque", le Paris des expositions universelles et des inventions, etc...)

Vous avez d'excellentes lectures, qui ne peuvent que vous faire prendre conscience du chemin à parcourir. Juste pour l'anecdote, lisez ce que Hugo envoya aux Jeux Floraux à votre âge, et qui lui valut le Premier Prix (heureusement)
Quant à la Belle Epoque, je n'en ai rien vu dans votre texte. Les réverbères devaient être éteints.

[redstar]

Quant à la Belle Epoque, je n'en ai rien vu dans votre texte. Les réverbères devaient être éteints.

Je voulais dire que je l'ai écrit en imaginant cela. Ensuite libre au lecteur d'imaginer comme il le souhaite.

[Invité]

Aussis surprenant que cela puisse paraître j'ai bien aimé ce texte dont j'avais commencé la lecture avec une certaine circonspection.
J'ai aimé qu'il ne se passe rien, j'aurais même bien vu les deux derniers paragraphes supprimés, pour dépouiller plus encore le récit ; j'ai aimé cette écriture sans relief, elle contribue à renforcer la banalité de la rencontre. Ca me rappelle - toutes proportions gardées - les livres de Leslie Kaplan.
En revanche j'ai pesté contre les fautes d'orthographe et la disposition du texte.

[Invité]

Aussi, pfffff

[redstar]

Aussis surprenant que cela puisse paraître j'ai bien aimé ce texte dont j'avais commencé la lecture avec une certaine circonspection.
J'ai aimé qu'il ne se passe rien, j'aurais même bien vu les deux derniers paragraphes supprimés, pour dépouiller plus encore le récit ; j'ai aimé cette écriture sans relief, elle contribue à renforcer la banalité de la rencontre. Ca me rappelle - toutes proportions gardées - les livres de Leslie Kaplan.
En revanche j'ai pesté contre les fautes d'orthographe et la disposition du texte.

Désolé pour les fautes je serai plus attentif. J'ai écrit ça vers minuit, je commençais à plus rien voir
Effectivement la rencontre enlève le côté plat.
J'ai pour projet de refaire un texte dans le genre, je garderai en mémoire vos conseils quand j'ecrirai.

[silene82]

Quant à la Belle Epoque, je n'en ai rien vu dans votre texte. Les réverbères devaient être éteints.

Je voulais dire que je l'ai écrit en imaginant cela. Ensuite libre au lecteur d'imaginer comme il le souhaite.

Personnellement, l'école du blanc et du creux dans la littérature me fait ricaner: si je lis -et encore plus si j'écris-, je veux que le rédacteur me dévoile son univers. Si c'est pour le bâtir moi-même, je n'ai pas besoin de lui.
Je comprends bien qu'il puisse y avoir des recherches minimalistes, où on attend du lecteur qu'il remplisse les creux du récit. Personnellement, j'y suis réfractaire, et m'en tiens loin, par inappétence.

[redstar]

Quant à la Belle Epoque, je n'en ai rien vu dans votre texte. Les réverbères devaient être éteints.

Je voulais dire que je l'ai écrit en imaginant cela. Ensuite libre au lecteur d'imaginer comme il le souhaite.

Personnellement, l'école du blanc et du creux dans la littérature me fait ricaner: si je lis -et encore plus si j'écris-, je veux que le rédacteur me dévoile son univers. Si c'est pour le bâtir moi-même, je n'ai pas besoin de lui.
Je comprends bien qu'il puisse y avoir des recherches minimalistes, où on attend du lecteur qu'il remplisse les creux du récit. Personnellement, j'y suis réfractaire, et m'en tiens loin, par inappétence.

Ce n'était simplement pas le but du texte, l'époque importait peu et c'est un choix.

[Invité]

il me fait un peu penser à certains auteurs du 18eme siècle que j'apprécie beaucoup. (en cours de francais, j'ai lu tout mon livre de francais... Donc en citant des auteurs de cette époque, je parle de certains écrits de Hugo ou de Maupassant, et bien d'autre).
Cherchez l'erreur !

[mentor]

redstar, je ne voudrais pas être l'empêcheur de poster en rond, mais si tu pouvais éviter de répondre à chaque commentaire ici, ça éviterait que ton texte tienne le haut de page au détriment d'autres
Les réponses peuvent se faire ici :
https://vosecrits.1fr1.net/forum-vos-crits-prose-f1/rponses-aux-commentaires-t2779-560.htm
en indiquant à quel texte se rapporte la réponse et à qui on parle
merci !

[redstar]

il me fait un peu penser à certains auteurs du 18eme siècle que j'apprécie beaucoup. (en cours de francais, j'ai lu tout mon livre de francais... Donc en citant des auteurs de cette époque, je parle de certains écrits de Hugo ou de Maupassant, et bien d'autre).
Cherchez l'erreur !

Je savais que quelqu'un me dirait ça, mais bon. Je me suis trompé, encore sur les siecles. 19eme siecle- 1800. Donc à peu près. Qu'ils ne soient pas exactement de l'époque n'est pas si grave, je me comprends =)

[mentor]

redstar, je ne voudrais pas être l'empêcheur de poster en rond, mais si tu pouvais éviter de répondre à chaque commentaire ici, ça éviterait que ton texte tienne le haut de page au détriment d'autres
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https://vosecrits.1fr1.net/forum-vos-crits-prose-f1/rponses-aux-commentaires-t2779-560.htm
en indiquant à quel texte se rapporte la réponse et à qui on parle
merci !

redstar, je ne voudrais pas être l'empêcheur de poster en rond, mais si tu pouvais éviter de répondre à chaque commentaire ici, ça éviterait que ton texte tienne le haut de page au détriment d'autres
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https://vosecrits.1fr1.net/forum-vos-crits-prose-f1/rponses-aux-commentaires-t2779-560.htm
en indiquant à quel texte se rapporte la réponse et à qui on parle
merci !

[bertrand-môgendre]

Pas mal ce gardien de parc.

redstar, je ne voudrais pas être l'empêcheur de poster en rond, mais si tu pouvais éviter de répondre à chaque commentaire ici, ça éviterait que ton texte tienne le haut de page au détriment d'autres
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https://vosecrits.1fr1.net/forum-vos-crits-prose-f1/rponses-aux-commentaires-t2779-560.htm
en indiquant à quel texte se rapporte la réponse et à qui on parle
merci !

redstar, je ne voudrais pas être l'empêcheur de poster en rond, mais si tu pouvais éviter de répondre à chaque commentaire ici, ça éviterait que ton texte tienne le haut de page au détriment d'autres
Les réponses peuvent se faire ici :
https://vosecrits.1fr1.net/forum-vos-crits-prose-f1/rponses-aux-commentaires-t2779-560.htm
en indiquant à quel texte se rapporte la réponse et à qui on parle
merci !

[mentor]

ben oui, quand on n'entend pas mon sifflet faut que j'écrive, c'est comme ça

[Sahkti]

A mes yeux, cette disposition faussement versifiée ne sert à rien ou presque; elle n'améliore en tout cas pa le texte (avis perso, bien sûr).

Ce détail (qui a tout de même son importance) mis à part, j'ai aimé te lire, en particulier pour l'ambiance faite de mystère et de torpeur qui se dégage de tes lignes. Le sujet n'a certes rien d'exceptionnel ou d'original mais tu arrives à le teinter d'un sentiment attachant, fait de douceur et de tendresse. J'ai apprécié ne pas en savoir plus sur cette femme, une histoire d'amour décrite m'aurait déplu; il n'en est rien ici.

[Sahkti]

En effet ça a une tête bizarre. J'ecris avec Open Office comme je suis sous Ubuntu, dans le logiciel ça allait mais c'est au collage que ça change. J'y penserai la prochaine fois.

Ha voilà... je retire donc ma remarque sur la disposition, victime d'un complot de la machine :-)

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