Mon ami Antoine

[Plotine]

ne me souviens plus si je vous ai parlé de mon ami Antoine, celui-qui-a-écrit-un-roman.

Je crois bien que non, alors voilà, l’idée est venue tout à coup à mon ami Antoine d’écrire un roman. Il sortait d’une année pénible, entièrement consacrée à l’étude de faisabilité d’un élevage de hérissons. Oui, il avait eu cette idée là aussi. Il a beaucoup d’idées. Il était quelque peu amer, l’étude terminée, les conclusions étaient sans appel : la rentabilité d’un tel élevage était nulle.

Ne voulant pas rester sur un échec, il s’est de nouveau enfermé dans son bureau et s’est jeté corps et âme dans un projet à sa mesure : l’écriture d’un roman. Il m’en faisait lire les chapitres au fur et à mesure et j’avoue avoir été quelque peu surprise. Sa femme aussi, quand elle a reconnu toutes ses amies au fil des pages. Il n’y avait aucun doute à avoir, les descriptions étaient fidèles aux modèles. C’est ainsi que je me suis vue, dans un passage un peu chaud, descendre à la cave avec lui pour chercher une « bonne » bouteille et… je ne vous raconterai pas la suite, vous n’avez qu’à acheter le bouquin.
Toujours est-il que je n’en revenais pas ! Je lui ai dit : « ne compte pas sur moi pour t’accompagner à la cave dans la vraie vie ». Il a été très choqué. Il m’a fait remarquer qu’il n’avait pas de cave – ce qui, j’en conviens, est vrai – et qu’il s’agissait simplement de licence poétique et de la liberté de tout auteur de roman d’écrire ce que son inspiration lui commande. Je me suis excusée, je me suis sentie affreusement mesquine, j’ai eu honte de moi, d’autant plus que je ne m’étais pas vraiment reconnue, je ne porte jamais de soutien-gorge noir, seulement des blancs, mais ce sont des amis qui, après lecture du passage incriminé, m’avaient dit : « c’est toi ».

Ah, au fait, vous ne pourrez pas acheter ce bouquin, il n’a pas été édité. Mon ami l’avait pourtant envoyé aux plus grandes maisons d’édition mais toutes le lui ont renvoyé avec un petit mot aimable : « cet ouvrage est excellent mais n’entre pas dans la lignée de ce que publie notre maison ». Deux ans d’effort pour ça, c’est rageant ! Mais comme m’a dit Antoine : "tu connais les maisons d’édition et leurs magouilles !". Je ne les connais pas mais j’ai fait comme si.

Pourquoi je vous raconte ça ? Parce que c’est la fête de la musique aujourd’hui et qu’il a eu, il y a un an, une nouvelle idée : … il chante. Et comme il ne fait pas les choses à moitié, il chante ce soir en public. J’ai promis d’y aller, ne serait-ce que pour soutenir sa femme...

[Plotine]

Et voilà ! Je me doutais que cette histoire de ne pas pouvoir éditer me jouerait des tours !
Il faut mettre "je " au début !

[boc21fr]

Alors là pour le coup j'ai bien aimé...
"Il sortait d’une année pénible, entièrement consacrée à l’étude de faisabilité d’un élevage de hérissons " -> d'emblée (il m'en faut peut-être pas beaucoup), je suis mort de rire et bien dans le texte...

"Il était quelque peu amer, l’étude terminée, les conclusions étaient sans appel : la rentabilité d’un tel élevage était nulle." -> J'aurais supprimé cette phrase...l'effet comique avec le "ne voulant pas rester sur un échec" qui suit en serait renforcé (le lecteur comprendra à coup sur, il faut lui faire confiance...)
La chute est bien trouvée...

Perso j'aurais aimé qu'un éditeur finisse, à la fin, par publier son étude de faisabilité sur l'élevage des hérissons.
Ou bien qu'Antoine essaie, après un troisième échec, de faire chanter des hérissons lors de la prochaine fête de la musique... après les avoir connu bibliquement un par un dans la cave à vin évidement...
Bon je plaisante et j'ai l'air ironique, mais j'ai réellement aimé votre petit texte très drôle et rafraichissant...
Tellement que je le commente en dépit du fait qu'il est illégal (Nous n'avons le droit de poster qu'un texte par semaine...même si, il est vrai, nous sommes lundi...)
Vous êtes rusée mais je sais la modération est implacable
;o)
Au plaisir de vous relire

[Plotine]

Mais c'est que Mentor m'a dit que je n'avais qu'à attendre lundi. Voilà pourquoi, sinon j'aurais attendu la semaine !

[mentor]

Mais c'est que Mentor m'a dit que je n'avais qu'à attendre lundi. Voilà pourquoi, sinon j'aurais attendu la semaine !

Impeccable, Plotine !
Boc ne sait pas quels comptes d'apothicaire je suis obligé de tenir !
Si tu postes un texte, pas de souci, la semaine va du lundi au lundi
Si tu postes 4 textes coup sur coup, disons en 4 jours, je suis obligé de les verrouiller et de les débloquer au fur et à mesure, de date à date + 7 jours !
pfiou, ça me complique, et comme je le disais, je vais bientôt être obligé d'avoir un 2ème agenda juste pour VE !
:-))

[boc21fr]

Cela signifie que Mentor -lequel fait parfois preuve de magnanimité il est vrai- vous accorde avec grace des largesses dont nous sommes peu coutumiers...
C'est la chance des débutantes sur VE ça c'est sur...

[silene82]

Ma foi, ça n'est pas désagréable pour une rédaction, et je voudrais que tous mes élèves fussent capables d'en écrire d'aussi bonnes, en fin de 3ème.
Cela dit, je trouve votre petit nez -simple allégation prospective- très en l'air dans vos commentaires sur les écrits des autres, compte tenu de votre niveau apparent.
Donc de deux choses l'une: ou vous en avez sous la pédale, et il faudrait envoyer, mignonne, parce que là c'est un peu journal du lycée.
Ou vous êtes à donf, et il faudra en rabattre de votre superbe.
Et c'est pas Easter qui me contredira

[Invité]

Ben, si t'as des élèves comme ça, Silène, t'es au moins prof à Jeanson !
J'ai adoré l'idée de l'élevage de hérissons ( ça m'a fait penser à quelqu'un qui voulait se lancer dans l'élevage d'escargots et qui cherchait comment différencier les mâles des femelles...), j'ai aimé le ton doucement ironique de cette petite histoire, tu as de l'humour, Plotine, et pour moi l'humour est une vertu cardinale !

[silene82]

En écho à coline sur son com au-dessus

Je ne suis pas plus prof archevêque, je ne faisais qu'étayer mon propos.
C'est bien parce que Plotine est intéressante que je suis désolé de la manière dont les choses se sont passées. Aussi j'espère qu'elle ne va pas se draper dans une dignité offensée quand les portes de VE se rouvriront, mais qu'elle se joindra à notre équipe, ad majorem libris gloriam
j'ose pas lui dire bisou bisou de peur qu'elle ne le prenne mal

< Plotine est revenue sous un autre pseudo(Platine), ce qui n'est pas la manière la plus élégante ni la plus sûre de se faire une place.
Attendons encore. >
.

[Ba]

On s'y retrouve tout à fait, des idées plein les poches, des plans foireux plein les trousses.
Certains s'étouffent dans leurs sacs de billes perdues, d'autres continuent de collectionner leurs papillons.
Bien vu.
Au fait, pour Antoine, ça s'est passé comment la fête de la musique ?

[Plotine]

On s'y retrouve tout à fait, des idées plein les poches, des plans foireux plein les trousses.
Certains s'étouffent dans leurs sacs de billes perdues, d'autres continuent de collectionner leurs papillons.
Bien vu.
Au fait, pour Antoine, ça s'est passé comment la fête de la musique ?

Pour tout dire, mon cher Ba, je ne pensais plus à cette histoire mais, puisque tu me fais l'honneur de t'y intéresser, je veux bien te raconter la suite.

Eh bien, on ne peut pas vraiment dire que, pour Antoine, cette fête de la musique se soit mal passée mais, franchement, ça aurait pu être mieux.

Je dois préciser que je n'étais pas encore arrivée quand Antoine a débuté sa prestation, non pas que je me sois délibérément mise en retard, mais il m'avait dit qu'il passerait à la fin, juste avant un guitariste ibérique à la voix de velours, échoué on ne sait comment dans ce petit village gâtinais, et qui était le clou du spectacle. J'avais donc pensé que j'avais le temps et que ce ne serait pas dramatique si je loupais les démonstrations de l'école de musique du canton et de son petit prodige à l'accordéon.

Mais voilà que l'organisateur du spectacle - vous connaissez les organisateurs de spectacle et leurs magouilles - avait décidé de faire passer Antoine en premier !

Premier désagrément pour mon ami qui s'en est trouvé légèrement contrarié, ce qui n'est pas bon pour la voix. Finalement, après un premier petit couac bien compréhensible, sa voix s'est vite raffermie paraît-il et "il a très bien chanté" m'a dit sa femme ! Je veux bien la croire, puisque je n'étais pas là pour l'entendre, mais comme bécasse en admiration devant son mari, personne ne lui arrive à la cheville, à celle-là. J'y pensais justement en voiture, en roulant vers la pittoresque place du village de C..... où devait se tenir ce spectacle en plein air, et je me demandais si ce n'était pas là tout simplement la clé d'un vie conjugale réussie : être toujours et en toute circonstance en adoration devant son époux.

Je m'interrogeais également sur ce qu'il avait bien pu choisir comme répertoire. C'est qu'il n'est pas tout neuf, son répertoire ! Antoine a un goût prononcé pour les chansons populaires de son enfance, voire celles de l'enfance de ses parents ! Vous me direz que les vieilles badernes sont à la mode, et qu'une chanson de Michel Delpech ne fait pas forcément fuir les spectateurs, mais quand on m'a confié, plus tard, qu'il avait commencé par "Un gamin de Paris", je me suis dit qu'il avait placé la barre très haut.

En fait, quand je suis arrivée sur les lieux, s'agitait sur la scène une espèce d'énergumène coiffé d'un canotier qui chantait une chanson de Maurice Chevalier et c'était : "Viens poupoule" ! Le tout devant une assemblée médusée dont la moyenne d'âge devait être de 25 ans et dans un silence glacial, comme vous l'aurez deviné sans peine.

Mais là où ça s'est vraiment gâté, c'est quand le chanteur s'est interrompu pour réprimander deux bambins de deux ou trois ans que les parents avaient laissé imprudemment monter sur la scène improvisée et qui jouaient en toute innocence avec un tambour, sans aucun égard pour l'artiste et au risque d'anéantir sa concentration pourtant nécessaire à ce genre d'exercice.

Après que les parents soient venus récupérer leurs affreux marmots, qui se sont mis bien évidemment à brailler, l'ambiance n'y était plus.

Antoine, car, je dus me rendre à l'évidence, c'était bien de lui qu'il s'agissait, tenta encore une chanson de Damia et cessa tout effort.

Et c'est sous les applaudissements nourris de sa femme et de votre servante, plus de ceux d'un Monsieur sourd qu'on avait installé au premier rang en pure perte, qu'il quitta la scène, nons sans avoir, avec beaucoup de panache je dois dire, jeté son canotier en l'air, lequel canotier resta accroché dans les branches du tilleul qui surplombait la scène, ce qui prouve bien que ce n'était pas son jour de chance à moins que, là encore, il n'ait visé trop haut.

Voilà mon cher Ba, à cause de toi je passe mon tour et ne pourrai publier l'excellent récit que j'avais en réserve et, plus grave encore, je m'expose à de pénibles reproches au cas où Antoine passerait sur ce site, ce qui n'est pas invraisemblable, et qu'il viendrait à se reconnaître.

Au passage, si quelqu'un pouvait me rappeler le nom de l'écrivain anglais qui, après avoir publié une satire sur le charmant village franchouillard qu'il habitait, a dû quitter précipitamment les lieux et le pays, je lui en serais très reconnaissante.

[Ba]

Je l'aime bien cet "Antoine qui chante du Francis Lemarque en pleine libéralisation des voix utérines, j'imagine la tête des slameurs de ta mère...
En même temps je pensais au film " tandem " de la misère discrète des salles provinciales.
Pour l'auteur anglais je ne vois pas.
Pour le reste oui.

[Mure]

Je termine ce texte en riant sur le canotier qui décore le tilleul ! :-))))
Je trouve très dommage que cette histoire ne continue pas davantage.
C'est bien écrit et le propos est vraiment d'une banalité rafraichissante.

J'ai juste tiqué un brin, dans la première partie, sur :
"vous n’avez qu’à acheter le bouquin."
et de suite après:
"Ah, au fait, vous ne pourrez pas acheter ce bouquin,"

Mais, franchement, cet Antoine me fait bien rire, même s'il inspire la pitié par moment.
Mon père se prénomme Antoine et ressemble beaucoup au votre ! ^o^

Merci Plotine.

[Sahkti]

je ne vous raconterai pas la suite, vous n’avez qu’à acheter le bouquin.
Ah, au fait, vous ne pourrez pas acheter ce bouquin, il n’a pas été édité
contradiction volontaire, donc ?

Un texte frais et agréable mais qui ne va pas assez loin à mon goût, surtout quand je lis l'envolée de ta plume sur d'autres fils de ce forum.
Tout ceci est gentil, il y a de bonnes trouvailles telles l'élevage de hérissons, quelques pointes d'humour bienvenues, une écriture potentiellement intéressante mais c'est trop court, trop peu, pour que je puisse réellement apprécier. M'est avis que tu ne nous pas pas réellement montré ce dont tu étais capable.

[Sahkti]

Ha je vois qu'il y a une suite... j'évite généralement d'aller fureter dans les commentaires des autres avant de déposer le mien, donc je loupe toujours les suites avant de poster, zut ! Je vais lire ça...

[Sahkti]

Je reste sur mon impression d'écriture prometteuse mais sans doute pas totalement exploitée ici. Tous les ingrédients sont là, rien à redire là-dessus, il convient juste de s'affirmer davantage.

J'ai relevé ce qui aurait pu passer pour une autre contradiction, même si...
en lisant le retard pris par la narratrice pour l'arrivée au concert et les infos données par d'autres sur la prestation, la voix, la chanson chantée, etc, on aurait pu croire qu'Antoine avait fini de chanter mais non, il y a eu la scène du canotier puis Damia. Un peu long comme prestation alors, non ?

[Philomate_(Ole Touroque)]

Un portrait joli et attachant d'un fou-créant. L'ambiance, le monde me plaît. Il y a de "l'homme qui remporte le record du monde du plus grand nombre de tentatives pour un record du monde" dans ce texte. Lu avec grand plaisir.

[Invité]

Le texte dans l'ensemble m'a paru bien anecdotique, je n'ai pas vu l'intérêt, désolée.

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