Permanence
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Krystelle
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Jonjon
Saint Jean-Baptiste
Giny
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Permanence
Elle regarde les trains passer, défiler à toute allure. Une vitesse qui la grise, s’insinue dans les interstices de son pardessus mal boutonné, crée des courants d’air qui la font grelotter , se recroqueviller pour rechercher un peu de chaleur auprès de son corps engourdi, presque éteint par cette vague de froid qui s’est abattue brusquement sur la ville, recouvrant l’ensemble des bâtiments d’une buée informe.
Etrange comment l’espoir peut faire vivre. Une promesse lancée du bout des lèvres, un regard esquissé, un sourire, et là voilà devant cette gare, comme tous les jours depuis 20 ans.
20 ans, c’est long. Assez pour que le corps se fane, que l’esprit se ramollisse, que l’espoir se rétrécisse , mais pas assez pour la mort, la folie, ou le désespoir.
Jusqu’à son dernier souffle, jusqu’à son dernier mot, elle attendrait dans cette gare celui qui était parti, il y a 20 ans, sans un mot, sans un regard, juste une banale formule : je reviendrai. Futur ou conditionnel ? Elle ne savait pas trop. Tout ce qu’elle savait, elle, c’est qu’un jour, la porte d’un wagon s’ouvrirait et qu’en sortirait ce visage familier, légèrement vieilli mais toujours aussi beau, aussi beau qu’au premier jour où elle l’avait tenu dans ses bras.
Et puis , un jour, il descendit de cette cabine, il pénétra dans la gare mais il n’y avait personne pour l’attendre. Juste un notaire venu là pour s’occuper de l’héritage, et quelques proches l’attendant pour l’enterrement. Lorsqu’il entra dans cette salle un peu obscure, où l’on lavait le corps de la vieille femme, il ressentit pour la première fois un sentiment de culpabilité sourde qui le rongeait de l’intérieur. Il posa un dernier regard sur cette femme qui l’avait tant aimé, et il caressa du bout des doigts, délicatement, le visage ridé par l’attente, le visage de sa mère.
Etrange comment l’espoir peut faire vivre. Une promesse lancée du bout des lèvres, un regard esquissé, un sourire, et là voilà devant cette gare, comme tous les jours depuis 20 ans.
20 ans, c’est long. Assez pour que le corps se fane, que l’esprit se ramollisse, que l’espoir se rétrécisse , mais pas assez pour la mort, la folie, ou le désespoir.
Jusqu’à son dernier souffle, jusqu’à son dernier mot, elle attendrait dans cette gare celui qui était parti, il y a 20 ans, sans un mot, sans un regard, juste une banale formule : je reviendrai. Futur ou conditionnel ? Elle ne savait pas trop. Tout ce qu’elle savait, elle, c’est qu’un jour, la porte d’un wagon s’ouvrirait et qu’en sortirait ce visage familier, légèrement vieilli mais toujours aussi beau, aussi beau qu’au premier jour où elle l’avait tenu dans ses bras.
Et puis , un jour, il descendit de cette cabine, il pénétra dans la gare mais il n’y avait personne pour l’attendre. Juste un notaire venu là pour s’occuper de l’héritage, et quelques proches l’attendant pour l’enterrement. Lorsqu’il entra dans cette salle un peu obscure, où l’on lavait le corps de la vieille femme, il ressentit pour la première fois un sentiment de culpabilité sourde qui le rongeait de l’intérieur. Il posa un dernier regard sur cette femme qui l’avait tant aimé, et il caressa du bout des doigts, délicatement, le visage ridé par l’attente, le visage de sa mère.
Giny- Nombre de messages : 1802
Age : 36
Localisation : Dijon
Date d'inscription : 14/12/2005
Re: Permanence
mon seul regret par rapport à ce texte, c'est sa longueur: je le trouve trop court. L'idée est bonne, tu démarres très bien, je me suis toute suite plongée dans l'histoire pour me retrouver avec une chute, qui aurait pu être plus surprenante si tu avais développé davantage le texte. C'est dommage parce qu'il y avait matière à le ralonger: appuyer un peu plus sur les sentiments éprouvés par la mère, raconter ses souvenirs de moments vécus avec celui qu'elle attend depuis si longtemps... que sais-je!
J'ai eu à peine le temps de me mettre dans la peau de cette femme, que déjà, la voilà morte. Dommage, vraiment.
J'ai eu à peine le temps de me mettre dans la peau de cette femme, que déjà, la voilà morte. Dommage, vraiment.
Invité- Invité
Re: Permanence
Tu es un peu sortie de ton répertoire habituel, cette fois-ci, Giny. ;-) !
Ton texte est superbe : j'aime beaucoup cette alternance de phrases longues et courtes ; c'est un style parfaitement maîtrisé. Tu fais passer l'émotion à merveille.
Magnifique exemple d'un texte court, dense, précis, où tout est dit en quelques mots.
Et puis ce récit tout simple en apparence, est passionnant jusqu'au bout. L'arrivée de ce personnage tout à la fin donne tout le sens et l'émotion à l'histoire.
Y a pas à dire, Giny, tu sais y faire !
Ton texte est superbe : j'aime beaucoup cette alternance de phrases longues et courtes ; c'est un style parfaitement maîtrisé. Tu fais passer l'émotion à merveille.
Magnifique exemple d'un texte court, dense, précis, où tout est dit en quelques mots.
Et puis ce récit tout simple en apparence, est passionnant jusqu'au bout. L'arrivée de ce personnage tout à la fin donne tout le sens et l'émotion à l'histoire.
Y a pas à dire, Giny, tu sais y faire !
Saint Jean-Baptiste- Nombre de messages : 440
Localisation : Ottignies Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Permanence
Selon notre accord, tel que convenu, voici mon commentaire:
Je trouve que ton texte présente bien les émotions, mais ne les montre peut-être pas assez. Nous avons un humoriste ici au Québec qui a déjà dit qu'on "ne veut pas savoir, on veut voir". Dans une histoire, à mon avis, c'est la même chose. Ne parle pas d'espoir et de désespoir : montre-le nous! Montre-nous comment cet espoir se traduit dans les gestes du personnage, dans le décor. Fais-nous ressentir ce désespoir! Tu écris merveilleusement bien ; tout ce qui te manque, c'est ce contact direct avec la réalité. Sers-toi des cinq sens, mais essaie d'éviter de nommer les émotions. Voilà c'est mon seul petit conseil!
Je trouve que ton texte présente bien les émotions, mais ne les montre peut-être pas assez. Nous avons un humoriste ici au Québec qui a déjà dit qu'on "ne veut pas savoir, on veut voir". Dans une histoire, à mon avis, c'est la même chose. Ne parle pas d'espoir et de désespoir : montre-le nous! Montre-nous comment cet espoir se traduit dans les gestes du personnage, dans le décor. Fais-nous ressentir ce désespoir! Tu écris merveilleusement bien ; tout ce qui te manque, c'est ce contact direct avec la réalité. Sers-toi des cinq sens, mais essaie d'éviter de nommer les émotions. Voilà c'est mon seul petit conseil!
Jonjon- Nombre de messages : 2908
Age : 40
Date d'inscription : 21/12/2005
Re: Permanence
LES 5 SENS GINY! Jonjon a raison! :-))) Rappelle-toi... ;-)
"Buée informe"? Bof. Voilà ma critique négative. ;-)
Très beau texte Giny, dans un registre auquel tu ne nous as pas habitués.
La chute, inattendue pour moi, m'a rappelé un récent texte ou c'est le père qui attend sa fille (Le train en provenance de..." de Lileene). A part cette chute, pas de comparaison à faire, et je ne les chercherai pas!
L'écriture est très belle. Beaucoup de sensibilité. Je crois que je commence à reconnaître ton STYLE. Bon signe!
Bravo et merci.
"Buée informe"? Bof. Voilà ma critique négative. ;-)
Très beau texte Giny, dans un registre auquel tu ne nous as pas habitués.
La chute, inattendue pour moi, m'a rappelé un récent texte ou c'est le père qui attend sa fille (Le train en provenance de..." de Lileene). A part cette chute, pas de comparaison à faire, et je ne les chercherai pas!
L'écriture est très belle. Beaucoup de sensibilité. Je crois que je commence à reconnaître ton STYLE. Bon signe!
Bravo et merci.
Re: Permanence
En peu de mots tu parviens à peindre une atmosphère pleine de nostalgie et de mélancolie. C'est bien écrit mais je pense qu'une longueur plus importante t'aurait permis de mieux laisser passer les émotions, de les suggérer d'avantage et moins les dire.
D'autre part, le titre m'échappe un peu...
D'autre part, le titre m'échappe un peu...
Re: Permanence
Permanence= permanence du passé krys
Merci à tous de vos commentaires, au passage
Merci à tous de vos commentaires, au passage
Giny- Nombre de messages : 1802
Age : 36
Localisation : Dijon
Date d'inscription : 14/12/2005
Re: Permanence
Comme je te l'ai déjà dit Giny, j'aime vraiment beaucoup toute la première partie, je trouve que c'est trés bien écrit, de belles phrases, jolies formules, mais à partir de "Et puis" je décroche. Je trouve que ça crée une rupture, j'aurais préféré rester dans l'athmosphère du départ, je trouve que la fin est un peu moins soignée. Et puis j'aurais préféré que ce soit une histoire d'amour (enfin c'en est une aussi...) mais ça, pas à moi de décider ;0)
Re: Permanence
Rien à redire, j'aime tel que c'est là, ni trop court, ni trop long, avec ses quelques petites maladresses de style qui font que ce texte sonne assez vrai à mes oreilles. Et c'est une belle émotion que tu décris là Giny, belle et triste. Parce que derrière, après le dernier mot, il y a aura le chagrin, mais aussi le poids des regrets et ça, ça ne pardonne pas; c'est bien que tu ne fasses que l'évoquer.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Permanence
Giny, comme d'hab' j'adore. Tu prend quelques mots et comme avec de la glaise tu modele une merveilleuse histoire pleine d'humanité et de vie.
Re: Permanence
Très beau texte Giny. Puissant dans la retenue. On imagine le pourquoi de ce départ, tu ne le dis pas et c'est tant mieux. Ici, il me semble que ce sont les non-dits qui alimentent ton texte. Ainsi ce chagrin que l'on devine, l'attente de cette mère dans cette gare jusqu'au moment où ses forces la lachent,...
Nothingman- Nombre de messages : 747
Age : 44
Localisation : diabolo menthe
Date d'inscription : 12/12/2005
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