La cantine des ogres
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boc21fr
Loupbleu
abstract
Mure
milo
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La cantine des ogres
Outre les fautes d'orthographes, certains propos rendent ce texte sale !
J'aime, par dessus tout, arriver dans une ville inconnue. C'est un peu comme faire semblant de naître.
Tout s'efface;
les tares et les immenses bonheurs, les erreurs et tous les chemins qui m'ont menés ici.
Maintenant,
je n'ai jamais existé.
*
Les rues étaient bruyantes et les gens venaient de partout, portant avec eux un morceau de pays, une langue, et la logique d'un visage.
Je crois que c'est une caractéristique commune aux villes frontalières.
Ici, nous ne sommes les uns pour les autres que des enfants ( en quelque sorte..) ; les premières lignes d'une même histoire.
Et sur des tonnes et des tonnes de pages vierges, les corps se télescopent. Les néons clignotent. La chair mêlée prend la couleur des devantures, l'odeur des bouis-bouis, et la forme oblongue d'une grande parenthèse.
Ici, tout n'est que vérité. De l'amour d'une pute au surin d'un junky;
De la non transparence d'un verre
à l'inexistence des étoiles.
Et me voici,
marchant au milieu du monde, suivant juste le cuir de mes baskets. Engrossant tantôt une machine à sous, tantôt un chiotte à la Turque.
Les patrons d'un million de bouges me sourient : $
Sourires carnassiers.
Ils voudraient me vendre un steak tartare, un whisky frelaté ou une fille de l'arrière boutique.
Une fille de l'Est.
Va pour le whisky.
Pour la viande on verra plus tard.
Je mange un tapas. Le zinc colle aux manches et il y a au moins quatorze sortes d’urines différentes dans l’eau des olives.
Le whisky est dégueulasse. Le serveur ne m’inspire pas confiance.
Sert moi plutôt une bière Gringo ! Una caña, por favor enculé d’Espagnol !
Je n’ai rien contre les Espagnols en particulier, mais j’espère qu’il comprend le Français.
Parce que j’ai trop bu, parce que ma femme m’a quittée. Parce que pour tout un tas de raisons je suis ici et je n’aime pas la race humaine.
Je ne m’aime pas.
Quoi qu’on en dise, on reviens toujours à ce que l’on est vraiment. C’est le principe du Jokari.
( oui, je tombe toujours de grands raisonnements quand je suis saoul. ).
23H48. Le mur du pissoir me dit en puant que je suis un con, que je n’ai rien à faire ici. C’est lui le con, j’ai tout un tas de choses essentielles à faire ici. Mais je n’ai pas de place pour poser mon verre.
Pas de place pour m’allonger une petite ligne de coke. Pas de place pour pisser droit. Et je crois que le mec d ‘avant a manger des bulots…
Peu importe.
Cul sec. Maintenant j’ai ma main gauche, celle qui servait encore hier à tenir l’épaule du Petit pour traverser la rue.
Retour à la case prison. Maintenant le serveur est mon pote, tu comprends mon pote ( j’ai des tics de langage, quand je suis défoncé ).
Mets moi un peppermint, mon pote ! Amigo !
Je tape dans mes mains.
C’est méprisant, mais je ne m’en rend pas compte et puis je m’en fout.
Je reprend tous à zéro.
Je mange une olive.
Dans le bar, une petite dizaine de femmes tournent en rond au milieu d’une petite vingtaine de mes congénères à bite.
J’ai une chance sur deux de baiser. Pile ou face.
En fait, non. C’est bon, j’ai des billets.
La petite brune, la plus jolie, vient me voir en me disant qu’elle voudrait vraiment que je lui fasse l’amour. Je crois qu’elle est amoureuse.
Elle est Roumaine aussi. Mais elle me demande, en espagnol, 60 $…
C’est le prix du bateau Playmobil que j’ai offert à mon fils pour noël !
La chair a un prix, l‘Amour aussi. Je négocie à 45. Un Dollar en moins par paires de couilles vidées.
C’est ça ou sinon elle va se taper le gros, plein de sueur, bandant juste en face.
La chambre pue le sexe. Il y a des rideaux mais je ne crois pas qu’il y ai de fenêtres. et puis il faut payer 7 $ en supplément pour avoir des draps propres.
J’ai oublié mon Peppermint, Merde!
Je ne me sens pas fier sur le bidet, Natacha me lave. Elle m’essuie, elle me suce; je ne bande toujours pas…
« sin amor, sin savor », voilà ce que je lui ai dit.
Ça l’a fait rire.
Maintenant,
je suis un être humain
J'aime, par dessus tout, arriver dans une ville inconnue. C'est un peu comme faire semblant de naître.
Tout s'efface;
les tares et les immenses bonheurs, les erreurs et tous les chemins qui m'ont menés ici.
Maintenant,
je n'ai jamais existé.
*
Les rues étaient bruyantes et les gens venaient de partout, portant avec eux un morceau de pays, une langue, et la logique d'un visage.
Je crois que c'est une caractéristique commune aux villes frontalières.
Ici, nous ne sommes les uns pour les autres que des enfants ( en quelque sorte..) ; les premières lignes d'une même histoire.
Et sur des tonnes et des tonnes de pages vierges, les corps se télescopent. Les néons clignotent. La chair mêlée prend la couleur des devantures, l'odeur des bouis-bouis, et la forme oblongue d'une grande parenthèse.
Ici, tout n'est que vérité. De l'amour d'une pute au surin d'un junky;
De la non transparence d'un verre
à l'inexistence des étoiles.
Et me voici,
marchant au milieu du monde, suivant juste le cuir de mes baskets. Engrossant tantôt une machine à sous, tantôt un chiotte à la Turque.
Les patrons d'un million de bouges me sourient : $
Sourires carnassiers.
Ils voudraient me vendre un steak tartare, un whisky frelaté ou une fille de l'arrière boutique.
Une fille de l'Est.
Va pour le whisky.
Pour la viande on verra plus tard.
Je mange un tapas. Le zinc colle aux manches et il y a au moins quatorze sortes d’urines différentes dans l’eau des olives.
Le whisky est dégueulasse. Le serveur ne m’inspire pas confiance.
Sert moi plutôt une bière Gringo ! Una caña, por favor enculé d’Espagnol !
Je n’ai rien contre les Espagnols en particulier, mais j’espère qu’il comprend le Français.
Parce que j’ai trop bu, parce que ma femme m’a quittée. Parce que pour tout un tas de raisons je suis ici et je n’aime pas la race humaine.
Je ne m’aime pas.
Quoi qu’on en dise, on reviens toujours à ce que l’on est vraiment. C’est le principe du Jokari.
( oui, je tombe toujours de grands raisonnements quand je suis saoul. ).
23H48. Le mur du pissoir me dit en puant que je suis un con, que je n’ai rien à faire ici. C’est lui le con, j’ai tout un tas de choses essentielles à faire ici. Mais je n’ai pas de place pour poser mon verre.
Pas de place pour m’allonger une petite ligne de coke. Pas de place pour pisser droit. Et je crois que le mec d ‘avant a manger des bulots…
Peu importe.
Cul sec. Maintenant j’ai ma main gauche, celle qui servait encore hier à tenir l’épaule du Petit pour traverser la rue.
Retour à la case prison. Maintenant le serveur est mon pote, tu comprends mon pote ( j’ai des tics de langage, quand je suis défoncé ).
Mets moi un peppermint, mon pote ! Amigo !
Je tape dans mes mains.
C’est méprisant, mais je ne m’en rend pas compte et puis je m’en fout.
Je reprend tous à zéro.
Je mange une olive.
Dans le bar, une petite dizaine de femmes tournent en rond au milieu d’une petite vingtaine de mes congénères à bite.
J’ai une chance sur deux de baiser. Pile ou face.
En fait, non. C’est bon, j’ai des billets.
La petite brune, la plus jolie, vient me voir en me disant qu’elle voudrait vraiment que je lui fasse l’amour. Je crois qu’elle est amoureuse.
Elle est Roumaine aussi. Mais elle me demande, en espagnol, 60 $…
C’est le prix du bateau Playmobil que j’ai offert à mon fils pour noël !
La chair a un prix, l‘Amour aussi. Je négocie à 45. Un Dollar en moins par paires de couilles vidées.
C’est ça ou sinon elle va se taper le gros, plein de sueur, bandant juste en face.
La chambre pue le sexe. Il y a des rideaux mais je ne crois pas qu’il y ai de fenêtres. et puis il faut payer 7 $ en supplément pour avoir des draps propres.
J’ai oublié mon Peppermint, Merde!
Je ne me sens pas fier sur le bidet, Natacha me lave. Elle m’essuie, elle me suce; je ne bande toujours pas…
« sin amor, sin savor », voilà ce que je lui ai dit.
Ça l’a fait rire.
Maintenant,
je suis un être humain
Re: La cantine des ogres
Je reste un peu sur ma surprise avec la fin.
D'autant qu'il manque le point final.
Il y a dans ton texte, quelque chose de beau, bien caché en dessous d'un tas d'immondices.
Et j'ai bien aimé fouiller pour le trouver.
Là, ici, une phrase qui va très bien dans le genre :
D'autant qu'il manque le point final.
Il y a dans ton texte, quelque chose de beau, bien caché en dessous d'un tas d'immondices.
Et j'ai bien aimé fouiller pour le trouver.
Là, ici, une phrase qui va très bien dans le genre :
Merci bien milo ! ;-)23H48. Le mur du pissoir me dit en puant que je suis un con, que je n’ai rien à faire ici.
Mure- Nombre de messages : 1478
Age : 47
Localisation : Dans vos pensées burlesques.
Date d'inscription : 12/06/2009
Re: La cantine des ogres
Waouw, Milo, exactement le genre d’écrit que j’aime lire. L’écriture est moderne, c’est finement observé, plein de subtilité et même d’humour. Juste une petite remarque, mais vraiment pour trouver quelque chose. Les apartés entre parenthèses ne sont pas tous d’une grande utilité, par exemple dans
J’ai trouvé que ça rendait la phrase nébuleuse, presque boiteuse alors que sans je visualisais parfaitement. Vraiment contente de t'avoir lu.Ici, nous ne sommes les uns pour les autres que des enfants ( en quelque sorte..) ; les premières lignes d'une même histoire.
abstract- Nombre de messages : 1127
Age : 54
Date d'inscription : 10/02/2009
Re: La cantine des ogres
Je pense à quelques romanciers américains que j'aime... Pas mal ce texte !
Dommage pour l'orthographe ! Mais cette erreur m'a fait sourire : Parce que j’ai trop bu, parce que ma femme m’a quittée, au vu de l'accord, tu es une femme... pas étonnant que tu ne bandes pas ! *rires*
Dommage pour l'orthographe ! Mais cette erreur m'a fait sourire : Parce que j’ai trop bu, parce que ma femme m’a quittée, au vu de l'accord, tu es une femme... pas étonnant que tu ne bandes pas ! *rires*
Invité- Invité
Re: La cantine des ogres
Je trouve que c'est très bien mené.
Ce qui est fondamental dans un texte comme celui-ci, ce ne sont pas les choses mais le regard porté. Le narrateur est pile à la bonne distance, à la fois dans le poignant et l'auto-dérision.
Le texte tient tout seul, distille agréablement les éléments passés (ma femme m'a quitté), mais... les éléments passés n'ont pas la même richesse ni la même complexité. On ne sait pas non plus l'élément déclencheur.
Je me disais que ça serait sans doute plutôt un bon passage d'un roman qu'une nouvelle (même si le texte est cohérent en tant que nouvelle). Dans ce cadre, tu pourrais même faire appel (avec bonheur j'en suis sûr) à d'autres éléments passés.
Je trouve ça vraiment très bon ce que tu as fait ici. Bonne continuation !
Ce qui est fondamental dans un texte comme celui-ci, ce ne sont pas les choses mais le regard porté. Le narrateur est pile à la bonne distance, à la fois dans le poignant et l'auto-dérision.
Le texte tient tout seul, distille agréablement les éléments passés (ma femme m'a quitté), mais... les éléments passés n'ont pas la même richesse ni la même complexité. On ne sait pas non plus l'élément déclencheur.
Je me disais que ça serait sans doute plutôt un bon passage d'un roman qu'une nouvelle (même si le texte est cohérent en tant que nouvelle). Dans ce cadre, tu pourrais même faire appel (avec bonheur j'en suis sûr) à d'autres éléments passés.
Je trouve ça vraiment très bon ce que tu as fait ici. Bonne continuation !
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
Age : 52
Localisation : loupbleu@vosecrits.com
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: La cantine des ogres
Ah c'est super bon comme texte...
Ton narrateur est à la fois parfaitement dans l'histoire qu'il vit (et nous avec) tout en gardant pile la distance qu'il faut pour que la narration ne soit pas lourde ; pile poil ce qu'il faut de très légère ironie sur soi-même pour que ce soit bien.
C'est une réussite ça !
P.S si ton texte était inclus dans d'autres, genre "carnet de voyages" tu tiendrais un petit recueil de nouvelles, voir un roman...le tout étant de s'efforcer de garder le même caractère, le même regard sur toute la longueur...
Ton narrateur est à la fois parfaitement dans l'histoire qu'il vit (et nous avec) tout en gardant pile la distance qu'il faut pour que la narration ne soit pas lourde ; pile poil ce qu'il faut de très légère ironie sur soi-même pour que ce soit bien.
C'est une réussite ça !
P.S si ton texte était inclus dans d'autres, genre "carnet de voyages" tu tiendrais un petit recueil de nouvelles, voir un roman...le tout étant de s'efforcer de garder le même caractère, le même regard sur toute la longueur...
boc21fr- Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008
Re: La cantine des ogres
Mince, j'ai écrit la même chose que Loup...
Bah on va dire que c'est bon signe...
Bah on va dire que c'est bon signe...
boc21fr- Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008
Re: La cantine des ogres
On devrait interdire à Loup les commentaires avant que tout le monde soit passé...
Bon ben la même chose. Très agréable à lire, et les références au passé sont tout juste assez présentes, même un peu pas assez et c'est parfait comme ça. Même phrase en ce qui concerne les parenthèses.
Quand à l'insérer dans un texte plus long, je ne sais pas. Les références au passé risquent de se transformer en un passé tout court.
Et sinon, bravo pour le titre. C'est ce que les trois quarts des gens ici (dont moi) se plaignent d'être incapables de faire ; trouver un titre qui colle, mais pas trop.
Bon ben la même chose. Très agréable à lire, et les références au passé sont tout juste assez présentes, même un peu pas assez et c'est parfait comme ça. Même phrase en ce qui concerne les parenthèses.
Quand à l'insérer dans un texte plus long, je ne sais pas. Les références au passé risquent de se transformer en un passé tout court.
Et sinon, bravo pour le titre. C'est ce que les trois quarts des gens ici (dont moi) se plaignent d'être incapables de faire ; trouver un titre qui colle, mais pas trop.
Re: La cantine des ogres
Pourquoi, quand je lis un texte de toi Milo, même au plus crade d'un bouge, je sens la poésie qui bouge ?
Peut-être parce-que comme ici :
marchant au milieu du monde, suivant juste le cuir de (t)es baskets
tu parles comme personne des couleurs de la nuit, des plaies qu'on y devine et de la tendresse des ogres.
Peut-être parce-que comme ici :
marchant au milieu du monde, suivant juste le cuir de (t)es baskets
tu parles comme personne des couleurs de la nuit, des plaies qu'on y devine et de la tendresse des ogres.
Re: La cantine des ogres
Va pour le whisky.
Pour la viande on verra plus tard.
Quelle concision dans le cynisme !
Pas le texte de toi que je préfère, il me semble un peu désarticulé, trop froid, et pourtant il reste très bon.
Pour la viande on verra plus tard.
Quelle concision dans le cynisme !
Pas le texte de toi que je préfère, il me semble un peu désarticulé, trop froid, et pourtant il reste très bon.
Invité- Invité
Re: La cantine des ogres
Le sourire en coin, je reluque la misère de cet individu.Va pour le whisky.
Pour la viande on verra plus tard.
Un texte qui me donne frissons et grands soupirs.
S'il faut passer par ces étapes pour ce sentir humain, je ne le serais jamais.
L'écriture invite à la grande plongée dans le sordide, c'est dire si c'est bien fait (en espèrant toutefois qu'il ne s'agisse pas d'une expérience personnelle).
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: La cantine des ogres
Un élément que j'ai particulièrement apprécié dans ton texte, c'est cette manière de livrer des détails très terre-à-terre, des précisions sur certains aspects du décor et du contexte tout en conservant un recul par rapport à tout cela dans la narration. Cela ne prend pas trop de place, juste le bon endroit au bon moment, pour esquisser tout un univers dans lequel le lecteur se glisse avec aisance. Le juste milieu, une donnée que tu maîtrises plutôt bien.
Si à cela, on ajoute une fluidité certaine dans l'écriture, cela aide à pleinement entrer dans un texte constitué de fragments, de références et d'action de l'instant présent entrecoupés de souvenirs et de digressions diverses.
Une belle ambiance posée là Milo, c'est un plaisir de te lire.
Si à cela, on ajoute une fluidité certaine dans l'écriture, cela aide à pleinement entrer dans un texte constitué de fragments, de références et d'action de l'instant présent entrecoupés de souvenirs et de digressions diverses.
Une belle ambiance posée là Milo, c'est un plaisir de te lire.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: La cantine des ogres
J'aime bien le trash d'ordinaire, mais là j'ai décroché un peu après la moitié, je ne suis peut-être pas bien disposée ce matin, tout bêtement, j'ai trouvé l'ensemble plutôt poussif et chiant, à part :
"23H48. Le mur du pissoir me dit en puant que je suis un con, que je n’ai rien à faire ici.", bien marrant !
"23H48. Le mur du pissoir me dit en puant que je suis un con, que je n’ai rien à faire ici.", bien marrant !
Invité- Invité
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