Échos
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Échos
La salle de bain avait été il y a peu, entièrement refaite. Ce n'était pas une mauvaise chose: je jouissais à présent d'un confort tout à fait princier, dont je me doutais qu'une altesse eut pu me l'envier si elle avait l'occasion de le voir. Il n'empêchait que je persistais dans mon regret de la période des travaux. Il faut bien dire que c'était exaltant: se trouvait, à deux pas de ma chambre, une pièce désormais immense et dénuée de tout relief, un grand ensemble vide, un rien qui deviendrait un tout, et que je préparais à cette perspective du mieux que je le pouvais. Puisque ni l'ameublement ni la décoration n'étaient de mon domaine, je me contentais d'emplir la pièce du son le plus brut et le plus pur. La musique était violente et impétueuse, digne, hautaine, à l'image des reines cruelles qui avaient nourri les cauchemars de mon enfance, avant que mon adolescence ne se décide de les aduler tout à fait. J'atteignais la pleine essence du son, le fondement même de la note, sans harmonie ni ornements, mais simplement le bruit, brut, mille fois décuplé par un écho propre au vide, et propre également à l'absolue blancheur. Je m'enfermais, violon entre les doigts, dans cette ébauche de salle de bain qui sonnait mieux qu'une cathédrale. Je n'avais qu'à fermer les yeux, et je devenais Menuhin ou bien Heifeitz, et enfin par le biais de mes notes pouvait s'engouffrer en moi la confiance, la véritable confiance, que je n'avais jamais eu, et déplorait d'avoir. Mais si ma présence quasiment perpétuelle dans le lieu divin nuisait au bon avancement des travaux, il n'en finit pas moins que la salle de bain fut achevée, meublée, faisant disparaître à la fois la splendeur de l'écho, et celle de ma confiance. Je continuais malgré tout d'y jouer, en espérant parvenir à dompter l'instrument ainsi que j'avais si bien su le faire lorsque le vide m'ôtait toute possibilité de distraction. Je regardais le sol et les tapis, les étagères et les tiroirs, et rien, rien sinon le respect profond que j'avais pour mon père d'avoir tout accompli, n'aurait pu m'empêcher de tout démolir, et de faire en sorte que les travaux reprennent, encore, indéfiniment.
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Re: Échos
Alors, il y a plusieurs choses dans ce texte qui ne vont pas selon moi.
Premièrement, il y manque de l'air. Des petits retours en ligne, des espaces et ce genre de choses qui permettent une lecture plus agréable. Mais, c'est un point de détail (en prendre en compte malgré tout).
Deuxièmement, il y un passage qui mériterait plus de passion et de description :
Voilà, sans ça, j'aime l'histoire en général, elle est simple et pourtant pas tant. Le propos est bien mené du début à la fin.
Merci M-arjolaine.
Premièrement, il y manque de l'air. Des petits retours en ligne, des espaces et ce genre de choses qui permettent une lecture plus agréable. Mais, c'est un point de détail (en prendre en compte malgré tout).
Deuxièmement, il y un passage qui mériterait plus de passion et de description :
Je trouve qu'il est dommage, ici, que l'on ne sente pas plus la violence qui emporte la narratrice à se faire du bien dans cet écho.J'atteignais la pleine essence du son, le fondement même de la note, sans harmonie ni ornements, mais simplement le bruit, brut, mille fois décuplé par un écho propre au vide, et propre également à l'absolue blancheur. Je m'enfermais, violon entre les doigts, dans cette ébauche de salle de bain qui sonnait mieux qu'une cathédrale. Je n'avais qu'à fermer les yeux, et je devenais Menuhin ou bien Heifeitz,
Voilà, sans ça, j'aime l'histoire en général, elle est simple et pourtant pas tant. Le propos est bien mené du début à la fin.
Merci M-arjolaine.
Mure- Nombre de messages : 1478
Age : 47
Localisation : Dans vos pensées burlesques.
Date d'inscription : 12/06/2009
Re: Échos
Une idée originale et maîtrisée ; le choix de la pièce, la décision de la narratrice interpellent ; et la chute grince comme tu sais le faire.
Mais :
- je regrette que tu sois parfois retombée dans le travers de l'écriture précieuse ;
-le texte me semble par endroits un petit peu trop dense, certaines idées sont esquissées et encombrent le texte :
à l'image des reines cruelles qui avaient nourri les cauchemars de mon enfance, avant que mon adolescence ne se décide de les aduler tout à fait.
et
rien sinon le respect profond que j'avais pour mon père d'avoir tout accompli
Il faudrait soit les éliminer, soit les développer (je penche, par goût personnel pour l'épure, pour la première solution).
Mais :-)
J'aime beaucoup ce texte. Un peu plus à chaque nouvelle lecture ...
Mais :
- je regrette que tu sois parfois retombée dans le travers de l'écriture précieuse ;
-le texte me semble par endroits un petit peu trop dense, certaines idées sont esquissées et encombrent le texte :
à l'image des reines cruelles qui avaient nourri les cauchemars de mon enfance, avant que mon adolescence ne se décide de les aduler tout à fait.
et
rien sinon le respect profond que j'avais pour mon père d'avoir tout accompli
Il faudrait soit les éliminer, soit les développer (je penche, par goût personnel pour l'épure, pour la première solution).
Mais :-)
J'aime beaucoup ce texte. Un peu plus à chaque nouvelle lecture ...
Invité- Invité
Re: Échos
Un problème de langue ici :"il n'en finit pas moins que la salle de bain fut achevée, meublée," ; une impropriété et une répétition (finir/achever). Je pense que "il n'en demeure pas moins que la pièce fut achevée" serait plus correct.
Invité- Invité
Re: Échos
Easter
Le "il n'en demeure pas moins" correspond tout à fait à ce que je cherchais ! Je ne trouvais pas le bon mot et ça me trottait dans la tête, merci de me l'avoir donné ! Pour la première idée esquissée je comprends son aspect quelque peu "déplacé" quant à l'ensemble du texte. La deuxième me semble moins "grave" ( si on peut dire ) dans le sens ou ce que le père a accompli est simplement la reconstruction de la salle de bain... il me semble que ça rentre parfaitement dans le contexte !
Merci tout de même, ainsi qu'à Mure pour vos remarques ! C'est vraiment gentil :-) !
Le "il n'en demeure pas moins" correspond tout à fait à ce que je cherchais ! Je ne trouvais pas le bon mot et ça me trottait dans la tête, merci de me l'avoir donné ! Pour la première idée esquissée je comprends son aspect quelque peu "déplacé" quant à l'ensemble du texte. La deuxième me semble moins "grave" ( si on peut dire ) dans le sens ou ce que le père a accompli est simplement la reconstruction de la salle de bain... il me semble que ça rentre parfaitement dans le contexte !
Merci tout de même, ainsi qu'à Mure pour vos remarques ! C'est vraiment gentil :-) !
Re: Échos
D'accord avec toi M-arjolaine, la deuxième idée est moins incongrue que la première. Mais tu sais, quand il s'agit d'écriture, je suis chipoteuse dans l'âme !
Invité- Invité
Re: Échos
Je n'ai pas réussi à entrer pleinement dans le texte, en raison de tournures par moments un peu lourdes, presque précieuses. Les phrases de fin (avec le père) rachètent un peu tout ça mais pas suffisamment pour que je tombe sous le charme, désolée.
Pourtant, le côté écriture continue, d'un seul tenant, renforce les sentiments éprouvés par la narratrice, cela est assez bien rendu par ce bloc compact, mais justement, puisque compact il y a, cela aurait sans doute valu la peine de ne pas en remettre une couche avec les mots, de trouver un bon équilibre entre les deux.
Pourtant, le côté écriture continue, d'un seul tenant, renforce les sentiments éprouvés par la narratrice, cela est assez bien rendu par ce bloc compact, mais justement, puisque compact il y a, cela aurait sans doute valu la peine de ne pas en remettre une couche avec les mots, de trouver un bon équilibre entre les deux.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Échos
Ah, la colophane ressort!
Joli texte, d'une naïveté sympathique: cette narratrice n'a sans doute pas vu, sans parler d'altesses, la salle de bains de Mlle Chanel, la vraie, bien sûr.
Et pour ce qui est de la résonance, n'importe quelle pièce vide ferait l'affaire, ce que Mr Menuhin père -encore que la fille, Hephzibah, fût pianiste- eût peut-être été bien aise de réaliser, ad majorem musicae gloriam.
Cela dit, ces petits tableaux de genre sont sympathiques, et très typés. De surcroît, je raffole personnellement de tout ce qui touche aux coulisses des instrumentistes. Donc merci, miss Col_arjolaine
Joli texte, d'une naïveté sympathique: cette narratrice n'a sans doute pas vu, sans parler d'altesses, la salle de bains de Mlle Chanel, la vraie, bien sûr.
Et pour ce qui est de la résonance, n'importe quelle pièce vide ferait l'affaire, ce que Mr Menuhin père -encore que la fille, Hephzibah, fût pianiste- eût peut-être été bien aise de réaliser, ad majorem musicae gloriam.
Cela dit, ces petits tableaux de genre sont sympathiques, et très typés. De surcroît, je raffole personnellement de tout ce qui touche aux coulisses des instrumentistes. Donc merci, miss Col_arjolaine
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 66
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Re: Échos
J'ai bien aimé moi aussi, le texte m'a paru expressif et convaincant.
Une remarque : "dont je me doutais qu'une altesse eût pu (conditionnel passé deuxième forme) me l'envier"
Une remarque : "dont je me doutais qu'une altesse eût pu (conditionnel passé deuxième forme) me l'envier"
Invité- Invité
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