Trancher la vie

[Samael Clayman]

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Je suis un humain, un de ces animaux sous évolués de la terre qui hume la haine. Je pollue mon environnement, je fais la guerre à mes semblables et je spécule être le plus intelligent des mammifères, comme tout les autres d’ailleurs puis d’ici. Bref, mon nom est Numéro 569 201, et je suis un des multiples comptables pour une compagnie de produits électronique conformes. Ce matin je me suis levé tôt comme à l’habitude, et j’ai pris le métro pour me rendre à mon emploi. À l’arrivée mon patron m’a encore blâmé de ne pas avoir rempli toute la paperasse dont il m’était assigné, et m’as menacé à demi-mot. Une journée bien banale, une tonne infinie de dossiers à remplir. Deux heures après mon entrée, enfin la pause, j’en profite pour aller fumer une cigarette. Dans le fumoir, il y a d’autres comptables blasés, quelques fonctionnaires et bien sûr la plantureuse secrétaire sécrétant son aire, qui discute sur son cellulaire avec son petit ami hebdomadaire…Yeux en l’air et hypocrites mégères…

Pause terminée, j’ai encore deux autres heures à me taper avec des dossiers répétitifs, enfin une autre pause, puis je retourne à l’assaut jusqu’à la fin des temps, l’horloge fondant à même mon esprit délavé par le vide. Encore le métro, et je retourne chez moi. Faute de temps et d’idée, je regarde la télévision. Peu importe ce qu’il s’y passe, je gaspille heurts après heures.

Partout dans les autres résidences, les gens normaux oeuvrent à des routines similaires, et terminent leur existence journalière hypno-tissés devant le cube noir qui envois les images de vies qu’ils rêvent obtenir. Tous se plaignent et geignent sans cesse pour cause de la politique, de la société et de divers autres sujets qu’ils se refusent de changer par peur ou par idéalisme conservatrice. Dans leurs banlieues hermétiques et leurs résidences clonées, ils se sentent à l’abri de leur propre reflet. Quoique comme moi, ils se refusent de s’y résigner.
Tout va bien et tout est sous contrôle.

Une crainte imminente et omniprésente d’une future catastrophe rôde dans l’esprit des gens, et la diligence face à ces ouï-dire est exagérée dans des sens contradictoires. Nous ne croyons plus aux anges et à la féerie mais la rumeur d’une apocalypse ou de désastres nucléaires nous hantent, inconsciemment. Nous avons quitté une ère spirituelle pour entrer dans l’époque des machines, nous, les machines.
Comme preuve à l’appui, chaque humains de la terre, voire d’ailleurs, possède un numéro qui les représentera tout au cours de leur vie. Les hôpitaux se retrouvent être des manufactures de futur citoyens, générant des enfants déjà voués à servir. Nous sommes de retour au moyen âge. Nous sommes la conséquence à la commercialisation.

Revenant hors de mon subconscient, je décida de changer le poste télévisé histoire de dégourdir au moins mon cerveau, mon serre-vaux, mon serf-faux, mon sort…
(Je panse donc je suie)
Par curiosité, j’arrête la machine sur un canal d’émission pour enfants qui à première vue semble traiter de sujets forcément anodins et sans impact. Pourtant, rapidement je constate que les personnages, subtilement ou pas, véhiculent des valeurs de violence ou relatif à la sexualité tel qu’un habillement subjectif ou un intérêt pré pubère aux relations intimes. Veuillez noter : Alice est désormais dans un pays désastreux, où merveilles est synonyme avec perversion, drogues, blasphèmes et violence gratuite.
En tenant compte que l’apprentissage d’un individu se fait en majorité dans les premières années de leur vie et que faute de la présence des parents, occupés à trancher la vie, les bambins se tournent vers la boite noire. Les yeux grands ouverts, connectés, prêts à se faire remplir; ils assimilent les informations de leurs âmes USB.
Alors comment expliquer la présence de tel contenu?
Simple.
La télévision forme de futurs contrevenants, et pour les grands de ce monde, le crime, c’est payant.

Nous pendant ce temps nous dormons au gaz à nous oublier pour ériger l’empire de grands enfants qui jouent aux cow-boys et aux indiens avec des clones avares de gains matériels. L’humanité as-elle été vaincue à son propre jeu, individedualisé grâce aux artifices de la consommation?
En fait, derrière ce voile de matérialisme, dans l’esprit troublé de toute la civilisation, nous sommes seulement en carence d’un besoin essentiel à notre propre survie: l’amour inconditionnel, l’amour vrai.

L’affection qu’une mère peut porter à son enfant, de pays à être aptes à s’allier honnêtement ou de simples attentions partagée entre congénères sans égoïsme n’existent désormais plus. Nous sommes lobotomisés, endoctrinés, endormis par nos propres mensonges et nos sois disant espoirs deviennent des enflures cancéreuses. L’humanité, quel vieillard blasé! Tel un irréfutable penseur, pansu, attendant le «GO» des hauts dignitaires pour appuyer sur l’immense bouton rouge et nous catapulter la terre au confins du néant. Ah, le si doux néant!

La fatigue, justement après cette dure journée commença à me ronger. Je décida alors d’aller récupérer un peu pour continuer la ronde interminable : métro, boulot, dodo et ainsi de suite jusqu’à ce que mort s’en suive.
Lors de mon sommeil cette nuit là, je me rappelle d’avoir fait un rêve très loin du cauchemar. Je me retrouvais, comme si ce n’était encore qu’hier, dans ma tendre enfance loin de la technologie, loin de la guerre et des méTROPolitaines.
Je gambadais paisiblement dans les clairières, et jouais avec de véritables compagnons jusqu’au crépuscule entre les ruisseaux, et les papillons fondaient, dans mon cœur.
Je peux sentir encore la douceur des effluves de fleurs effleurant mon implacable bonheur, du vent contre mes pores de peau montant la tête comme une drogue psychotrope, sans conséquences, sans freiner mon euphorie. Quel sentiment inégalable, la dopamine que tout ce décor m’apportait avec tant de pureté! La nuit venue je retrouvais mes parents et ma famille dans un confort quasi paradisiaque. J’allai me coucher avec hâte au lendemain de ce monde parfait…Si insouciant et démuni de toute mauvaise foi; un ange nacré et innocent.

Puis je me réveille, vieux et oublié, trop occupé à trancher la vie en milliers de fragments de verre brisés, pour moi seul…

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[Akinorev31]

Le style est surprenant, un peu comme le résultat d'une traduction automatique. Il y a sûrement à travailler pour qu'il débouche sur un langage novateur. Le contenu fait un peu mal à mon cœur d'adulte: je pense que même si on fait un travail répétitif, on n'est pas obligé de perdre son âme d'enfant.

La critique de la société est pertinente mais la description un peu trop caricaturale. La chose a fait son temps. Après les grands ouvrages du style on attend plus de nuance.

Je suis surprise, au niveau du message, que le texte ne remette pas en cause le concept romantique de "l’amour inconditionnel, l’amour vrai".

Ce que j'aime le plus dans ta prose, c'est qu'on y lit une féroce envie de s'exprimer dans l'écrit et cela, rien ne peut le remplacer. Merci Samael Clayman, continue d'écrire. Tout va se structurer avec le temps.

[Invité]

"Je décida" m'a fait fuir un texte caricatural, truffé de fautes et de lieux communs malgré une envie, perceptible, de faire original.
Les dénonciations de la société sont casse-gueule : à moins d'un éclairage bien particulier ou d'un style novateur, c'est généralement à baîller d'ennui... Ton texte ne fait pas exception à la règle !
Dommage, on sent un certain potentiel... j'attends donc un texte sur un autre sujet, pour entériner ou infirmer cette première impression.

[silene82]

Je plussoie mes devancières en com, tout est dit, inutile d'épiloguer, sauf sur des points de détail. Je ne suis pas sûr que votre survol, pour pertinent qu'il doive vous sembler, rende compte d'épiphénomènes, de signes de résistance, de fragmentation d'un discours officiel.
Mais c'est de votre âge, et de fait, ce qui compte, c'est que la pompe soit amorcée. La qualité viendra ensuite, nous en formons le voeu.
Pour Alice, je suis surpris de la lecture que vous en avez; vous trouvez son univers si attirant que cela? Personnellement, j'y éprouve un certain malaise -et plus encore dans une lecture psychanalytique du respectable Lewis Carroll, et son victorianisme dénudeur de petites filles et amateur de chats-à-9-queues.

[Samael Clayman]

Ah, désolé pour 'Je décida' qui est en fait une faute de frappe, merci de me le faire savoir c'est gentil.
Je tiens à préciser pour la lecture que les autres termes que vous dites être truffés d'erreurs sont en fait des mots valises ou des termes volontairement faux. Par exemple: je panse donc je suie; qui n'est pas une phrase correcte au sens grammatical, mais se veux de caricaturer la célèbre citation de Descartes, et supposer également qu'en tant que philosophe, à force de penser et de ne pas agir, nous devenons sales et pansus...
C'est là une caricature en effet.
Et que dire d'Alice sinon que la réalité est d'avantage morbide que la fiction.
Bref, merci pour vos intéressantes critiques et vos commentaires encourageants,
ça donne le goût de continuer d'un même élan dans ce style à la fois minimaliste et minutieusement structuré.

[Invité]

Ce n'est pas à tes mots valises que je pensais, mais à des tournures telles que " toute la paperasse dont il m’était assigné"
"une tonne infinie " ( par définition, une tonne n'est pas infinie !)
" ils se refusent de s’y résigner" ( ils se refusent à)
et quelques autres, qui gâtent de jolies trouvailles, effectivement.

[Sahkti]

Il y a de l'idée, un travail d'écriture fourni mais... tout cela me paraît tout de même empli de concepts vus et revus traités sans véritable originalité, le tout décliné dans un style par moments très (trop) descriptif. A mon goût en tout cas.
Ceci dit, quelques éléments mériteraient d'être explorés autrement, plus librement et spontanément. Il y a ici un côté artificiel créé par la façon de raconter cet univers qui me séduit moyennement et en même temps, je me dis qu'il y a tout de même une base.
A suivre, donc.

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