— Je t'aime, elle dit. Exo incipitatoire et reconductible

[Yali]

Variation I

— Je t’aime, elle dit
Je réponds que « Moi aussi ! »
Sauf que je sais moi qu’un Je t’aime est un mensonge au présent qui s’égare déjà dans l'imparfait d’un futur proche.
— Et si on se rhabillait pour aller dîner quelque part ? je demande.
— Quelque part ?
— N’importe où, comme il te plaira.
Elle se rhabille : culotte blanche, Lewis 501, tee-shirt jeté sur peau nu, sac de daim et franges multiples, le tout en bandoulière sur l’épaule.
Elle ressemble à cette jolie fille dont je rêve depuis longtemps. Dans mes songes, elle a une tignasse brune épaisse et bouclée, des yeux verts distillant un regard à dégommer quelques anges de leur firmament, et pour le reste mon Dieu, c’est pas tout à fait pire, non, c’est tout à fait ça !
J’écrase ma clope, celle d’après l’amour. Je tiens à cette clope-là comme à toutes les autres, et je me lève à mon tour tandis qu’elle s’adosse à la porte d’entrée :
— Je déconne pas tu sais.
— Je sais, je réponds.
Et elle s’en va.
Et je la regarde s’en aller.
Elle tourne au coin de la rue.
Et je referme la porte d’entrée.
Et elle me manque.
Ce passe un temps.
Trois fois rien de temps.
Et à nouveau je doute du savoir de la conjugaison.

***

Variation II

— Je t’aime, elle dit.
Je me tais. J’ai pas envie de mentir.
— Le monde c’est cette grande rencontre entre l'insuffisance de soi ! elle affirme en enfilant une culotte blanche :
— Entre ?
— Ben entre !
— Entre quoi et quoi ?
— Hein ?
— Tu dis « entre » je te demande où entre ?
Elle marque un temps d’arrêt, vise sa culotte blanche en milieu de cuisses, lève un regard aux cils Rimel noir et regard bleu à se damner. Elle semble réfléchir un peu puis dit :
— Je la remets pas ma culotte. C’est ça ?
— Voilà !

***

Variation III

— Je t’aime, elle dit.
Je pense : bien moins que moi.
Mais.
Je tais ça.
Elle pourrait s’en aller.

[Arielle]

Variation IV

- Je t'aime, elle dit
- Moi non plus !


c'est par où la sortie ?

[CROISIC]

Ne jamais dire je t'aime...culotte à la main ou pas !

[Peter Pan]

Bonsoir Yali,

c'est quoi incipitatoire ?

[Sahkti]

Variation III[/center]
— Je t’aime, elle dit.
Je pense : bien moins que moi.
Mais.
Je tais ça.
Elle pourrait s’en aller.

Je trouve ce numéro III tout simplement superbe de sensibilité et d'émotion.

[Yali]

Ça commence toujours ainsi :
— Je t’aime, elle dit.
Incipit : premiers mots d’un ouvrage.

[Sahkti]

Sinon, je suppose que ce incipitatoire signifie que peut-être, sans doute, c'est un début de quelques chose, que d'autres variations verront le jour... Tant mieux, c'est un registre dans lequel j'aime te lire.

Je relis le I et tout comme dans le III, il y a à la fin une mise à nu et une sincérité que je trouve touchantes, authentiques. De quoi plonger le lecteur tout entier dans une histoire qui n'est pas forcément la sienne mais qu'il peut créer, prolonger, imaginer...

[Sahkti]

Sinon, je suppose que ce incipitatoire signifie que peut-être, sans doute, c'est un début de quelques chose, que d'autres variations verront le jour... Tant mieux, c'est un registre dans lequel j'aime te lire.

Ha ben non ! Je te lis ci-dessus et me rends compte que je mélange incipitatoire et reconductible :-)

[Peter Pan]

Et atoire ? ;-

- Je t’aime, elle dit
- L'amour rends aveugle que j'lui réponds...
...Je lui crève les yeux

[mentor]

Et atoire ?

incipi-tais-toi
serait mieux en ce qui te concerne
:-)))

[mentor]

Yali, c'est adorable, touchant, sensible, tout ça
je ne sais pas si ça a à voir avec ton travail de scénar en cours, mais ça pourrait aussi se tourner en film, en incipt d'un chouette film d'amour et de haine, style - comme disait l'autre - : "je t'aime moi non plus", déchirements, retrouvailles torrides et valse de petites culottes
;-)

[Invité]

J'ai aimé. Le III surtout qui dit tant de choses en si peu de mots.

Encore !

[Invité]

Dieu que les petites culottes blanches sont bavardes !

Je t'aime, il dit. Parfois.

[Invité]

Ah, j'oubliais : Yali, j'aime. Tout court.

[Chako Noir]

Je t’aime est un mensonge au présent qui s’égare déjà dans l'imparfait d’un futur proche.

ça c'est beau ^^
(correcteur: peau nue)
très chouette tout ça, plein de sensibilité, la couleur change parfaitement au fil des variations. scènes de vie en culottes à effet papillon.

[Peter Pan]

— Je t’aime, elle dit

Je me suis cassé dès le lendemain et ce pendant dix années sans même la prévenir au premier jour... Je voulais savoir si elle était sincère... Elle a aujourd'hui trois mômes...

[Invité]

Variation I

— Et si on se rhabillait pour aller dîner quelque part ? je demande.
— Quelque part ?
— N’importe où, comme il te plaira.


Et elle s’en va.
Et je la regarde s’en aller.
Elle tourne au coin de la rue.
Et je referme la porte d’entrée.
Et elle me manque.

[center]***

Et, question idiote : ils ont pas bouffé finalement ?

[Chako Noir]

- Je t'aime, elle dit.
- Moi aussi, je m'aime.
S'aimer, c'est regarder ensemble dans la même direction.
Pour l'heure je regarde son cul s'éloigner dans la rue.

[Ba]

Elle ferait mieux de garder ses déclarations dans sa petite culotte, lui ses réponses dans la fumée de ses clopes, de la sorte ils s'aimeraient au lieu de bavarder autour du pot-au-feu.
Jolies variations.

[Yali]

Merci pour tous vos commentaires alors que je ne passe pas si souvent et que, de fait, je ne vous rends pas la pareille. Encore merci donc.

Coline, tu touches du bout de la pensée toute la difficulté de l'écriture en creux et ses limites. L'évocation, c'est bien, mais sitôt que l'on donne une info, l'une du genre chair, faut pas trop laisser le lecteur mariner dans l'inexistence d'un potage promis. Adonc, je me reprends ces deux-là et je te les attable derrière leurs assiettes respectives puisque :-) je reviens d'ici peu.

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