J'ignorais la Technique au profit de la Vie
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J'ignorais la Technique au profit de la Vie
Vous me déceviez, monsieur, vous me déceviez plus que je ne l'aurais escompté. Je n'avais jamais éprouvé de véritable affection pour vous, sans doute un vague respect, parce que vous étiez le professeur et que j'étais l'élève. Mais nous avions tous deux largement vécus avant de nous connaître, et chacun de nous avait connu mieux. Vous aviez vu en moi la jeune prodige, j'avais vu en vous le pédagogue: l'un comme l'autre, nous nous étions grandement trompés. Je vous avais emballé en quelques mesures de Corelli, et vous vous étiez empressé de me prendre sous votre tutelle, m'assurant qu'il était certain que vous me méneriez vers la félicité la plus totale. Mais vous aviez rapidement compris qu'avec moi, la perfection ne serait pas de mise. Je me cantonnais à raidir mon auriculaire gauche, à plier mon pouce droit, mes démanchés n'étaient pas toujours justes, je ne respectais pas de tempo précis. Je jouais au sens littéral du terme: l'on me donnait une suite de notes et je les effectuais de la façon dont je voulais qu'elles soient. Mes talents de compositrice vous laissaient de marbre, et vous n'aviez de cesse de me râbacher que si les choses étaient inscrites de telle ou telle façon, je me devais d'obéir à la volonté de l'auteur. Ah, vos grandes phrases m'exaspéraient. Vous étiez un fidèle partisan de la musique mathématique, je n'y entendais rien. La musique mathématique était l'opposé de la mienne: il fallait être précis dans une suite de note qui ne s'alliaient pas. Je vous avais servi du Mozart l'un de ces jours ou vous m'aviez particulièrement énervée. " Je mets ensemble les notes qui s'aiment" avait il dit, or les notes de la musique mathématique se haïssaient, elles se tapaient dessus, elles se battaient en permanence, et leur violence me donnait la migraine. Je vous avais demandé de ne pas m'obliger à concourir en jouant une mélodie à laquelle je ne comprenais rien. Vous n'aviez que faire de mes supplications, et jouiez de votre supériorité de professeur sur ma faible personne. J'avais suivi vos consignes, et été refusée: tout était de votre faute. Il m'arrivait souvent de m'endormir en me disant que j'aurais dû me lever ce jour là à l'audition, et demander au pianiste de ne pas entamer l'introduction d'Alain Louvier, de me laisser jouer seule ce que je voulais jouer. Alors, je vous aurais magistralement interprété du Bach ou bien du Vivaldi, et même pourquoi pas cette pièce de Corelli que vous aviez tant aimé ? J'aurais été refusée également: au moins j'aurais eu bonne conscience. Vous m'aviez humiliée Monsieur, et j'en gardais ressentiment. Sitôt que j'avais été de retour en ma demeure, j'avais brûlé chacune de mes partitions: dans mon esprit, je vous envoyais vous faire foutre, vous, et vos foutues contraintes.
Re: J'ignorais la Technique au profit de la Vie
Les difficiles rapports des maîtres et des élèves, déclinaison musicale.
Le texte est assez chantant pour cela mais à peine.
Je veux dire par là que oui, on sent la frustration de la narratrice, sa colère, sa honte de ne pas s'être pas dressée et avoir assumé ses choix.
Mais Par pitié...il faut aérer les phrases !
Tapez sur Entrée lorsque vous avez fini une phrase tout simplement, lorsque vous en sentez l'utilité.
Ensuite, à votre place, j'aurais inséré des dialogues pour rendre votre histoire plus percutante, même si il s'agissait d'un monologue du maître suivi des pensées de l'élève...
Et puis ainsi vous auriez été obligée d'aller à la ligne fréquemment...
Le texte est assez chantant pour cela mais à peine.
Je veux dire par là que oui, on sent la frustration de la narratrice, sa colère, sa honte de ne pas s'être pas dressée et avoir assumé ses choix.
Mais Par pitié...il faut aérer les phrases !
Tapez sur Entrée lorsque vous avez fini une phrase tout simplement, lorsque vous en sentez l'utilité.
Ensuite, à votre place, j'aurais inséré des dialogues pour rendre votre histoire plus percutante, même si il s'agissait d'un monologue du maître suivi des pensées de l'élève...
Et puis ainsi vous auriez été obligée d'aller à la ligne fréquemment...
boc21fr- Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008
Re: J'ignorais la Technique au profit de la Vie
quelque chose me dérange dans ce texte, et je cois bien que ce sont les temps employés
j'aurais nettement préféré une sorte de lettre, de missive, envoyée au professeur, pour lui dire ce que l'élève a sur le coeur
donc en utilisant les temps des verbes adéquats
parce que là, je trouve que quelque chose cloche, je ne comprends pas bien à quoi sert ce monologue
j'aurais nettement préféré une sorte de lettre, de missive, envoyée au professeur, pour lui dire ce que l'élève a sur le coeur
donc en utilisant les temps des verbes adéquats
parce que là, je trouve que quelque chose cloche, je ne comprends pas bien à quoi sert ce monologue
Re: J'ignorais la Technique au profit de la Vie
Le texte est plaisant, comme à l'accoutumée, mais me laisse sur ma faim sur le plan musical.
Je ne saisis pas très bien le distinguo que vous établissez et la classification en musique qui serait mathématique ou pas; toute musique est, par essence, mathématique, puisque les rapports harmoniques sont des formules mathématiques, comme le rythme, etc...Bach, précisément, me semble l'exemple même de la fusion de l'émotion la plus pure dans une composition d'une rigueur mathématique absolue.
Vous devez donc penser à des mathématiques non-euclidiennes, et à des écoles musicales ne se référant plus au chromatisme et à l'harmonie, je suppose?
Je ne saisis pas très bien le distinguo que vous établissez et la classification en musique qui serait mathématique ou pas; toute musique est, par essence, mathématique, puisque les rapports harmoniques sont des formules mathématiques, comme le rythme, etc...Bach, précisément, me semble l'exemple même de la fusion de l'émotion la plus pure dans une composition d'une rigueur mathématique absolue.
Vous devez donc penser à des mathématiques non-euclidiennes, et à des écoles musicales ne se référant plus au chromatisme et à l'harmonie, je suppose?
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 66
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Re: J'ignorais la Technique au profit de la Vie
J'ai bien aimé cette distance, cette froideur rageuse et maîtrisée.
Une remarque : "l'un de ces jours où vous m'aviez particulièrement énervée"
Une remarque : "l'un de ces jours où vous m'aviez particulièrement énervée"
Invité- Invité
Re: J'ignorais la Technique au profit de la Vie
Il y a dans ce texte une violence contenue qui me séduit, parce qu'elle se partage entre classe et colère, entre beauté et drame.
Je serai plus réservée sur l'aspect musical, que j'ai trouvé laborieux, techniquement déséquilibré, trop narratif. Les notes devraient s'égréner et la musique se libérer, fluide et aérienne, mais ce n'est pas le cas.
Reste toutefois cette élégance dans le propos, cette manière précieuse mais non pédante de s'adresser à autrui. Sur un tel format, j'aime assez ça.
Je serai plus réservée sur l'aspect musical, que j'ai trouvé laborieux, techniquement déséquilibré, trop narratif. Les notes devraient s'égréner et la musique se libérer, fluide et aérienne, mais ce n'est pas le cas.
Reste toutefois cette élégance dans le propos, cette manière précieuse mais non pédante de s'adresser à autrui. Sur un tel format, j'aime assez ça.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: J'ignorais la Technique au profit de la Vie
Le voussoillage et la musique classique : le monde perdu de Jolaine.
Un monde qui m'intrigue fort.
Un monde qui m'intrigue fort.
Invité- Invité
Re: J'ignorais la Technique au profit de la Vie
Ah, M-arjolaine, tu réveilles des souvenirs, assez récents d'ailleurs, sur le même instrument.
Je trouve que tu décris bien cet affrontement entre le prof et l'élève, les échanges colériques et finalement néfastes je trouve, à l'apprentissage de la musique. Je ne crois pas que la frustration aide à progresser.
Sur la forme en revanche, j'ai des choses à redire, notamment sur le choix du plus-que-parfait à la fin, qui ne se justifie pas, un passé composé aurait suffi.
Vous m'aviez humiliée Monsieur, et j'en gardais ressentiment. Sitôt que j'avais été de retour en ma demeure, j'avais brûlé chacune de mes partitions: dans mon esprit, je vous envoyais vous faire foutre, vous, et vos foutues contraintes.
Je trouve que tu décris bien cet affrontement entre le prof et l'élève, les échanges colériques et finalement néfastes je trouve, à l'apprentissage de la musique. Je ne crois pas que la frustration aide à progresser.
Sur la forme en revanche, j'ai des choses à redire, notamment sur le choix du plus-que-parfait à la fin, qui ne se justifie pas, un passé composé aurait suffi.
Vous m'aviez humiliée Monsieur, et j'en gardais ressentiment. Sitôt que j'avais été de retour en ma demeure, j'avais brûlé chacune de mes partitions: dans mon esprit, je vous envoyais vous faire foutre, vous, et vos foutues contraintes.
Invité- Invité
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