Souvenirs d'un taulard (explicitre)

[phaukiou]

J'ai indiqué dans le titre "explicite" car le texte contient un passage, certes court, mais sexuel.

Souvenirs d'un taulard

I

- "Tu filmes toujours tout ce que tu vois ?" questionnait-elle, un sourire sur les lèvres.
- "Ouais, c'est un maniaque de la caméra ce gars là, ça lui fait rater de belles occasions d'ailleurs"
- "Tu pourrais l'aider aussi, Hyun, tu pourrais faire perchiste !" ajoutait-elle en riant, un peu saoule.

Alain, tout à fait sobre, continuait de filmer ses deux amis avant d'ajouter :
- "Il a deux mains gauche, c'te face de citron, je lui fait pas confiance."
- "Face de citron, qu'est-ce qu'il me dit le blanc bec ?" s'amusait le concerné avant de s'adresser, mimant le chagrin à son amie :
- "Justine, t'as vu comment il me parle, ce méchant ?"
- "Ben ouais mais bon, avec ton prénom aussi, tu peux pas échapper à tes origines toi !"
- "J'ai un prénom noble moi, madame, ça veut dire "le vertueux" !"
- "Ouais, ben il a une gueule de pécheur, ton vertueux !" accusait Alain, sous un ton plaisantin.

Tout se déroulait autour de la table d'un salon tout à fait sympathique bien qu'un peu désordonné.
Alain et Hyun étaient colocataires, l'un était grand, d'une allure tout à fait courante, cheveux courts, barbe rasée et habillé sans aucune excentricité.
Hyun, par contre, avait une allure plus personnelle, il s'habillait coloré, dans un style new-babou. Ses cheveux étaient long et tressés fin, des rubans rouge et bleu jaillissant de ci de là à la base de quelques tresses. Un bouc bien peu dru jaillissait de son menton.
Justine, paraissait un peu plus jeune qu'eux, d'une année ou deux. Elle était brune, ses cheveux décoiffés par une soirée arrosée lui tombaient sur les épaules. Brune, un peu métissée, des yeux noisette, un nez éminent, le menton fin et le rire très libre.
Elle était ce qu'on pouvait appeler une très belle femme.

L'image qui apparaissait sur l'écran de la caméra numérique était fixé, à intervalle réguliers, sur les deux amis. Puis, se figeant sur les bouteilles d'alcool vides pour revenir sur le visage de Hyun, la voix d'Alain surgissait, attirant le regard pétillant d'une légère ébriété de son ami.
- "Bon ben, on a tout bu ! Il reste plus que la petite bouteille de champagne !"
Puis, ramenant la caméra sur Justine, il demandait :
- "T'en pense quoi, on l'achève aussi, cette bouteille ?"
- "Ben ouais, allez, c'est pas la fête tous les soirs !"

Hyun se levait en raillant qu'il devait tout faire, et disparut dans la cuisine sous la caméra de son colocataire. Il revint après un moment, certainement trop ivre pour aller plus prestement. Justine, en riant, se moquait de lui :
- "Mais pourquoi t'as ramené les verres, c'était pas plus simple de les ramener vides avec la bouteille ?!"
Et se tournant vers Alain :
- "Il fait des trucs bizarre ton pote !"

Les verres étaient à moitié vides, maintenant. La caméra pointait sur elle, à présent dans les vapes.
- "Hey, ça va ? T'as l'air complètement à l'ouest là !" s'amusait le caméra-man. On pouvait distinguer sur l'image sa main qui venait gentiment secouer son épaule.
- "Nan ça va... très bien..." fut la seule réponse de Justine, prononcée sans empressement, comme une parole endormie.

II

La voix d'Alain éclatait par dessus les rires, les conversations entremêlées, le son des quilles qui s'effondrent et des roulements de boule.
- "Si tu savais jouer au bowling, tu pourrais peut être en aligner une !"
Hyun levait un doigt d'honneur à son ami. L'écran se mit à trembler, et l'on vit bientôt Alain sur l'image. La caméra avait changé de main et l'écran tremblotait dans celles de Hyun. Alain regardait dans l'oeil de la caméra, un sourire vainqueur, d'une prétention théâtrale.
- "Regardes, je vais te montrer ce que c'est un vrai lancer... prend en de la graine, salopard de jaune !"

Sur ces mots, il exécuta son lancé. Mais ce fut un bide plus flagrant encore que celui de son ami.
Dépité, mais tout de même amusé par son propre ridicule, il pointait de nouveau son regard sur la caméra.
- "Ouais mais bon, le bowling de Cergy c'est de la merde aussi, les pistes sont pas plate."
- "Mais oui, bien sûr, allez reprend ta caméra et éteins-la aussi, on va pas filmer toute la partie."

La caméra eut un nouveau mouvement de changement de main, et fixa un instant les pieds de Hyun avant de s'éteindre.


Nous nous retrouvions maintenant sur une table, dans le bar du bowling, Hyun attablé en compagnie d'une jeune fille.
La conversation semblait avoir déjà commencé depuis un moment et l'écran affichait les deux acteurs, on distinguait derrière d'autres joueurs s'amuser sur la piste. Les verres étaient vides.
- "Ah non, j'aime pas être filmée !" se plaignait cette nouvelle arrivante.
- "Bah, t'es jolie, arrête ! Avec tes p'tits yeux noisette !" répliquait Hyun, illico, en chatouillant menton de la jeune fille du bout de l'index.
- "De toute façon, je vais pas tarder à rentrer... vous êtes sûrs que vous voulez pas que je paye mon verre ?"

A nouveau, la voix d'Alain perçait de derrière son écran, qu'il zoomait sur elle jusqu'en faire un portrait.
- "Non, on a dit qu'on te l'offrait, t'en fais pas pour le verre."
- "Ben c'est gentil, j'ai passé un bon moment avec vous."

Mouvement de caméra sur le visage de Hyun qui semblait déçu et demandait d'un air chagriné :
- "Bah, part pas comme ça, on habite à côté nous, tu veux pas venir prendre un verre ?"
- "Non vraiment, c'est gentil, mais je vais rentrer, je suis fatiguée."

On entendit, à nouveau, le voix d'Alain résonner derrière son engin, annonçant qu'il allait payer la note. Mouvement de caméra, et nouvel arrêt de l'image.

C'est à la sortie du bowling que réapparut l'image, mais le temps d'un échange de baisers, de "bonne nuit" échangés, pour une fois encore se couper après quelques grivoiseries.

III

- "C'est bon là, elle est bien. Fixes la caméra sur le trépied, c'est bon'"

L'image bouge un peu, on entend un claquement de plastique, Justine et Hyun sont assis l'un à côté de l'autre, toujours autour de la table du salon. Elle est amorphe, Hyun semble animé.

L'image tourne sur la gauche, et fixe son cadre sur le canapé et les deux fauteuils de la même pièce. On entend les pas d'Alain s'écarter de la machine et sa voix prononcer calmement :
- "Justine, viens par là, on va se mettre sur le canapé."

Aucune réponse ne sors de la bouche de la jeune femme, mais l'on voit passer aussitôt Hyun devant la caméra, pour s'installer sur un des deux fauteuils.
Hyun est alors suivi de Justine qui, d'un pas mal assuré, prend place sur le dit canapé.
Alain s'installe à ses côtés et après quelques secondes de silence, c'est lui qui rompt le silence :
- "Suce-moi un peu Justine"

Instantanément et tout à fait soumise, Justine commence à débraguetter le jeune homme. Elle le fait sans émotion apparente, sans plaisir ni révulsion.

Et alors qu'elle exerce déjà une succion mécanique sur le membre érigé, Hyun se redresse et avance pour atteindre les arrières de la victime.
Il en ôte le pantalon comme il effeuillerait une poupée.

Voilà la scène que l'on distingue dans cet écran, et c'est peu avant que le cul de la victime soit découvert que l'image se fige.

- "Les tests appliqués aux cheveux de mademoiselle Berthot relèvent des traces de GHB"
Nous sommes dans une gendarmerie, et c'est un homme robuste qui s'adresse à Alain. Sa collègue ajoute alors :
- "Sans compter cette vidéo réquisitionnée à votre domicile."

- "Très peu de femmes osent porter plainte aussi vite." lui avaient t-ils dit.

Ils semblent satisfaits, dans leur uniforme, de le mettre aux arrêts. Alain se sent comme un animal insignifiant, cible d'un mépris féroce.

Il a honte.
Il est terrifié.

[Plotine]

Bien fait pour sa gueule !
Bon, je ne sais pas où tu veux en venir ! Petits amusements entre paumés ?
Je suis mauvais public pour ce genre de récit. Je l'aisse les commentaires à d'autres.

[Invité]

Je suis assez d'accord avec Plotine, ça mène où tout ça ? La conclusion est un peu trop sage à mon goût, ramène tout bien carré, les méchants sont punis, et hop voilà.
Plus ennuyeux, la construction laisse à désirer à mon avis. Au début, avec ce "Alain, tout à fait sobre, continuait de filmer ses deux amis", le mot "amis" donne l'impression d'une relation égalitaire entre les trois personnages, et rend peu vraisemblable le passage soudain de Justine (malgré son prénom chargé) au statut de victime. Je ne vois pas du tout ce qu'apportent les scènes au bowling, puisque la jeune fille draguée n'est plus vue ensuite.
Aussi, on a un changement dommageable de point de vue, puisque, avec "Alain, tout à fait sobre, continuait de filmer ses deux amis", c'est un narrateur extérieur qui raconte la scène telle qu'elle se passe, indépendamment de l'image vue (idem pour "Alain et Hyun étaient colocataires"), tandis que, dans le reste du texte, le récit se concentre sur ce qui est joué dans la caméra vidéo. Je pense qu'il serait préférable de garder ce point de vue uniquement (raconter le film de la caméra) sans préciser d'éléments extérieurs à ce film, par exemple la précision que les criminels sont des colocataires : le texte y gagnerait en cohérence.

Sinon, je trouve l'écriture un peu fadasse, surtout pour le sujet, et puis le "membre érigé", c'est la tarte à la crème, quoi...

[phaukiou]

Plus ennuyeux, la construction laisse à désirer à mon avis. Au début, avec ce "Alain, tout à fait sobre, continuait de filmer ses deux amis", le mot "amis" donne l'impression d'une relation égalitaire entre les trois personnages, et rend peu vraisemblable le passage soudain de Justine (malgré son prénom chargé) au statut de victime.

Justement, si on regarde un film, qui peut dire que ce ne sont pas de vieux amis ? Ca premet de le faire croire jusqu'à la fin du texte.

Je ne vois pas du tout ce qu'apportent les scènes au bowling, puisque la jeune fille draguée n'est plus vue ensuite.

C'est la même jeune fille, avant d'arriver à l'appartement.

[Invité]

Plus ennuyeux, la construction laisse à désirer à mon avis. Au début, avec ce "Alain, tout à fait sobre, continuait de filmer ses deux amis", le mot "amis" donne l'impression d'une relation égalitaire entre les trois personnages, et rend peu vraisemblable le passage soudain de Justine (malgré son prénom chargé) au statut de victime.

Justement, si on regarde un film, qui peut dire que ce ne sont pas de vieux amis ? Ca premet de le faire croire jusqu'à la fin du texte.

Je ne vois pas du tout ce qu'apportent les scènes au bowling, puisque la jeune fille draguée n'est plus vue ensuite.

C'est la même jeune fille, avant d'arriver à l'appartement.

Pour le premier point, il est affirmé qu'il s'agit d'amis, et non pas tu qu'il ne s'agit pas d'amis, ce qui fait une différence (la même qu'entre le mensonge explicite et le mensonge par omission). Je persiste à penser que le texte serait plus convaincant s'il donnait uniquement à voir la bande vidéo.

Ce qui nous mène au deuxième point : comment se fait-il que la scène du bowling, qui est chronologiquement antérieure à celle dans l'appartement, soit vue au milieu de celle-ci, la "coupe" ? Cela embrouille beaucoup les choses, je trouve, d'autant plus que, dans l'appartement, le prénom de la jeune fille est donné mais pas au bowling, ce qui entretient la confusion et donne à penser que l'inconnue du bowling n'est pas Justine. Pourquoi les gendarmes s'amuseraient-ils à repasser la bande en arrière pour confondre les accusés ?

[phaukiou]

[quote="socque"]Ce qui nous mène au deuxième point : comment se fait-il que la scène du bowling, qui est chronologiquement antérieure à celle dans l'appartement, soit vue au milieu de celle-ci, la "coupe" ?/quote]
J'avais envie de le faire comme ça, tout simplement.

Pour les gendarmes, il suffit d'imaginer qu'il ne l'ont repassé qu'à l'endroit... et que c'est coupé comme un film.

Mais les flics n'aurait jamais repassé le film dans la réalité.

[Invité]

Pas convaincue du tout ; je trouve l'écriture plate, et puis je ne peux pas m'empêcher de penser que la conclusion morale de la fin ne sert qu'à dédouaner un texte somme toute voyeuriste.

[Rebecca]

Dans les histoires de cul ,cul-tivez plutôt l'implicite du textuel

[silene82]

Il a honte.
Il est terrifié

Au moins, il aura tout le temps d'en profiter.
Ma foi, je trouve cet exposé décevant; à tout prendre, je préférerais une bonne canaillerie, une apologie de la tromperie construite, que cet espèce de soufflé mou, où l'on ne sait pas très bien ce que le narrateur veut faire passer, s'il milite pour que les Justine restent dans les infortunes de leur vertu, -soit dit en passant, j'attendais, stoïque, les clins d'oeil à Donatien, qui hélas jamais ne vinrent-, s'il tente de mettre les jeunes filles en garde contre les écumeurs de bowlings, ou quoi d'autre....
Et pour le pseudo, quel goût exquis! Si si, j'insiste; peut-être regretterais-je même que l'avatar ne lui soit pas assorti....

[Sahkti]

Il me manque une liaison dans ce texte, quelque chose qui rendrait la fin plus percutante. Pas forcément une transition entre les petites scènes entre amis puis cette comparution, mais une entrée plus en profondeur dans la psychologie des uns et des autres, quelque chose qui rendrait cette fin frappante et en même temps inéluctable. Difficile d'exprimer clairement ce que je veux dire sur ce point.
Le type a, semble-t-il fauté, on le réprimande, on sanctionne... ça me paraît somme toute assez logique, mais cette logique ne se rattache pas à tout ce qui précède.

Il y a également un point de vue narratif qui m'interpelle. C'est raconté de l'extérieur mais pas assez froidement, ça manque par moments de distance et c'est peut-être aussi ce qui empêche de pleinement adhérer à cette fin.

Au final, il me manque un truc, plus cruel, plus dur, qui rendrait tout ceci davantage pertinent par rapport à cette conclusion moraliste de fin (si si moraliste, le méchant va en prison).

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