L'anatomie d'une ville

[Sergei]

Lorsque Sorotkin entra dans la bouche de métro, une vague humaine lui lécha les épaules de son écume violente. Il se fraya un chemin à tout hasard pour enfin pénétrer dans les entrailles de la terre. Et cette dernière semblait résolument atteinte d'une bonne maladie, car son sang (dont Sorotkin n'était soit dit en passant qu'un simple globule) peinait à circuler dans les artères bouchées et les veines encombrées. Sorotkin se rattrapait tant bien que mal aux murs gras de s'être repus de la multitude de microbes voyageant entre les doigts des passants. Après avoir senti sa main et affiché clairement son dégoût, il se résolut à comprendre le fonctionnement de la terrifiante machine dont le cri strident glaçait Sorotkin et les magazines du marchand d'à côté.

Enfin il sauta dans l'intimidant cheval de fer qui le porta, bringuebalant, dans les profondeurs de l'organisme parisien. Et il semblait hurler de douleur en s'arrachant du sol, il tâchait de s'agripper à la station dans laquelle il aurait voulu certainement vivre toute sa vie de ferraille.
Ah elle était glorieuse la vie parisienne! La cité toute entière semblait respirer par ces trous béants à même le bitume qui la parsemait. Ses inspirations et ses expirations diffusaient dans la ville entière le cafard et la routine de chaque habitant.

Et à mesure que Sorotkin approchait de la station Clichy, les visages changeaient de couleur, et se mélangeaient pour donner naissance à une mixité totale du sang, lequel prenait de plus en plus une couleur métissée. Sorotkin se traîna hors de l'engin, et, poussé par la coulée du sang déjà usé, fatigué, harassé, sorti en un ultime souffle urbain sur la place de Clichy.

La place de Clichy est chargée de dioxyde prêt à se renouveler.

[Invité]

Une belle efficacité dans la vision, que j'aurais bien vue davantage développée... Peut-être un peu trop de répétitions de "Sorotkine" dans le premier paragraphe.

Une remarque :
"Sorotkin se traîna hors de l'engin, et, poussé par la coulée du sang déjà usé, fatigué, harassé, sortit en un ultime souffle urbain"

[Invité]

On reste un peu sur sa faim : d'où il vient, où il va, pourquoi, bref, ce personnage qui traverse nous accroche et on ferait bien un plus long bout de chemin avec lui !
Moi qui ai fui Paris, j'ai aimé :
Ah elle était glorieuse la vie parisienne! La cité toute entière semblait respirer par ces trous béants à même le bitume qui la parsemait. Ses inspirations et ses expirations diffusaient dans la ville entière le cafard et la routine de chaque habitant.

[Invité]

Je vais être sévère Sergeï, mais c'est pour la bonne cause ;-)
Je trouve à la fois que le texte en fait trop et n'en dit pas assez.

[silene82]

Pourquoi pas? je n'accroche pas trop au personnage, rien ne suscitant particulièrement ma curiosité. Par contre, je serais curieux d'avoir des nouvelles de Don Felipe: serait-il à patrouiller dans le métro, par un heureux hasard, et votre improbable héros aurait-il pour tâche de le ramener au grand jour?

[Sergei]

Merci à tous pour vos commentaires!

Easter(Island), je comprend tout à fait ta réflexion, et je ne suis pas surpris que ce soit toi qui la fasse. Car en effet, en soit, le texte reste assez vague, et c'était plus un travail sur la forme que sur le fond. J'ai bien tenté de faire passer un ou deux messages, mais je voulais surtout m'entraîner à faire une forme plus complexe qu'à l'accoutumée. Mais je te l'accorde, l'un ne va pas sans l'autre..

En fait c'est, comme vous devez vous en douter, en prenant le métro que j'ai eu l'idée de ce texte (surprise hein?)

Ah Silène, il faut croire qu'il y a des métros même sur la lune ^^
Pour l'instant j'ai pas d'inspiration pour la suite, du moins pas assez pour faire quelque chose de convenable. Mais le prochain texte est réservé pour Felipe.

[Sahkti]

M'a l'air bigrement intéressant ce Sorotkin mais on sait peu de lui, peu du contexte, peu de ce qui l'anime ou le désanime. Me reste donc un goût de trop peu dans la bouche parce que ce que j'ai goûté m'a tout de même mise en appétit et j'aurais bien pris un plat après l'apéro :-)

Le jeu sur l'atmosphère me paraît réussi, avec sa part de mystère et d'ambiance oppressante.

Au plaisir de te lire dans un autre texte, Sergei !

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