Verticalité

[mitsouko]

Tu sais, me disait-il, l’exigence suprême est d’atteindre la verticalité. Tenter de rester debout, alors que tant d’autres se couchent, les courtisans serviles, les amputés de la révolte, les égocentriques désabusés.

Se dresser au-dessus des rampants et affronter le chaos du monde. La révolte s’habille parfois de mots, de slogans, de provocations qui ne sont que des postures. Seul l’engagement sera à même d’apporter une réponse morale et éthique et permettra de traduire en actes nos envolées lyriques.

Point n’est besoin forcément de dresser des barricades, et d’offrir son poitrail au feu de la mitraille ; parfois il suffit d’un simple regard, d’un geste imperceptible, d’une parole encourageante pour prétendre quelques instants s’élever à la dignité d’homme.

Ces appels qui cognent à nos vies, sourdes, emplies de préoccupations dérisoires, nos lâchetés quotidiennes, nos petites trahisons tranquilles, nos accoutumances sordides, nos négligences coupables quand le regard se détourne.

La misère du monde est trop lourde pour avoir du remord et justifier nos piètres renoncements. Le repenti est souvent l’absolution des lâches.

Alors n’oublie pas que tu n’es qu’un homme égoïste, jaloux, peureux et parfois beau, généreux, admirable ; un geste innocent, une lettre griffonnée, des yeux qui se croisent n’ont jamais changé le monde….ils ont parfois fait plus, ils ont juste éclairé un visage d’un sourire fugace, d’une lueur fragile accrochée au regard.

Assis dans mon train, je me replongeais dans mon mot croisé.
Définition du 2 vertical : « prétendre à l’élévation »
Réponse : ?

[Invité]

Mitsouko.... on en peut pas croiser un mot ! :-)))

[Invité]

Tranchant, lucide... très bien vu.

Grand bravo pour :
"La misère du monde est trop lourde pour avoir du remords et justifier nos piètres renoncements. Le repenti (repentir ?) est souvent l’absolution des lâches."

[silene82]

Un peu empreint d'un prêchi-prêcha qui personnellement me fatigue. Parce qu'un peu facile, la condition ordinaire s'élevant par moment au sublime, comme d'un coup d'aile. Personnellement, je préfèrerait entendre évoquer les consciences collectives, celles qui font qu'un peuple célèbre le nazisme, par exemple, pour la face de mort, ou se mobilise pour un grand projet, comme les marches pour les droits civiques.
Ce qui ne retire rien aux qualités formelles du texte, qui sont bien présentes. Mais je reste sur ma faim.

[boc21fr]

Que voila un bon texte...
En ce qui me concerne, amoureux de la Boétie et de son discours de la servitude volontaire, lequel interroge la raison de l'esclavage de tous au profit d'un seul (le prince machiavélien), le peuple donnant passivement les bras et les armes qui permettent l'exploitation de tous, j'ai toujours pratiqué la résistance passive...
Mais je dois admettre que ce comportement devient fort insuffisant et frustrant à la longue...
A bientôt…

[Invité]

Il y a un côté "goodie two shoes" qui me gêne dans ce texte, non pas que je récuse ce qu'il prêche, simplement que je n'ai pas ta foi en l'individu, j'ai bien peur que tout cela -beau, noble- reste théorique.
Ceci dit, tu as une très élégante façon de nous encourager à l'élévation.

[Invité]

Piètre angliciste, je ne sais pas ce que signifie " goodie to shoes" Easter...même si j'en ai comme un pressentiment.

J'aime généralement bien tes textes Mitsouko, mais même si je suis globalement d'accord sur le fond, celui-ci ne me séduit pas.

[Invité]

Désolée Coline, commentaire écrit dans la précipitation..
Oui "goodie two shoes" c'est bien comme tu le penses, un côté bonne âme charitable.

[Invité]

je suis sévère et reservé sur ce qui me semble un essai poétique, bien rédigé certe, mais très loin de ce que j'attend une prose agréable.
Ou est donc le champ d'application de ces beaux mots ?

[mitsouko]

j'aime bien venir ici pour vos remarques lucides et sans concession
j'ai hésité à le poster, mais je ne regrette pas finalement

[bertrand-môgendre]

Seul l’engagement sera à même d’apporter une réponse morale et éthique et permettra de traduire en actes nos envolées lyriques.

Je retiens ceci pour vérifier la traduction des bons mots relevés ici et là, là-bas et ailleurs. Les engagés aussi minuscules soient-ils apportent seuls une réponse valable à tous les maux.
Le texte percute avec ses formules chocs, c'est tout l'intérêt d'un court.

[Evanescent]

Un bon texte mais le sujet ne me parle pas du tout. Tant de foi est crispant.

[Invité]

"parfois il suffit d’un simple regard, d’un geste imperceptible, d’une parole encourageante pour prétendre quelques instants s’élever à la dignité d’homme."
"un geste innocent, une lettre griffonnée, des yeux qui se croisent n’ont jamais changé le monde….ils ont parfois fait plus, ils ont juste éclairé un visage d’un sourire fugace, d’une lueur fragile accrochée au regard."
Voilà pour moi les deux phrases-clés de ce texte.
La verticalité de l'homme doit se confondre avec son humanisme.
Pas besoin de chercher de grandes pensées philosophiques.
Il m'est venue une image, en lisant. Le moment où l'homme, se distinguant du singe, s'est dressé en position verticale, faisant de cette posture sa spécificité humaine.

[Sahkti]

Un texte qui interpelle davantage sur le fond, parce qu'il oblige, même mentalement, à se positionner par rapport à ce qui est dit et on peut ne pas être d'accord. Ce qui me gêne un peu dans cette façon de faire, c'est de ne pas laisser aux éléments le temps d'être développés et de mûrir. Trop court, trop schématique, même si bien écrit.

J'aime beaucoup la fin, ce retour terre-à-terre via la formule des mots croisés. C'est comme si on remettait les éléments à leur juste place, non pas que les choses rentrent dans l'ordre mais qu'on relativise certains de nos débordements existentiels.

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