Racolages (élytres, moignons, becs, crânes et aisselles)

[lol47]

Me fût rendue délicate l'approche des contrées supérieures, l’autre amour, l’autre lieu, peut-être l’autre crime, là ou je ne fus jamais, là où je voulais être.
Valence 1920.
Autre amour et autres jours.
Autre crime.
L’obsécration, le combat, le Negative Split, un rehaut de couleurs, les espagnols contre les hollandais.

Demain
J'arrête de boire
Des bières
Je me mets au whisky au champagne au vin blanc
Demain j'arrête de fumer
Un paquet de clopes par jour
Et je me mets au cannabis
Demain j'arrête de rouler
Comme un fou en voiture
Je joue au foot avec mon gamin
Et je lui parle
Je laisse tomber le diesel
Je m'achète une béhème
Demain j'arrête de regarder des films de cul
Et je fais l'amour à ma femme
Demain j'arrête
D'aller promener mon boxer
J'achète un berger allemand
Qui ressemble à Hitler
Sans porte-jarretelles
Demain
Je vais voir un psy
Il est russe
Sur son canapé
Il y a des peluches
On dirait des éléphants roses
Demain je m'arrête
En face du miroir
Et je me dis tout
Je me dis que j'ai presque du talent
Je me dis que je suis presque intelligent
Presque beau
C'est à mourir de rire
Alors j'arrête tout
J'arrête de mourir
J'arrête d'être vivant
J'arrête de jouer aux petites voitures
Je n'arrêterai pas jamais
De me regarder en face
De me ronger les sangs devant la glace
De me poser mille questions
Savoir si je suis mort ou encore vivant

21/12/2006


Au pire: écrire.
Au mieux, de la littérature.

Avec le temps s’en va, avec le temps tout s’en va.

Au grand jamais il ignorera les filles et les bouteilles. Sa démesure enflera même jusqu’au jour où il la renfrognera sous une carapace. Gainée.
Gantée, coincée…irisée.

« Mother fucker, keep me good ! »

Le plus joli des casinos est ton derrière.

Tue-moi ou rattrape-moi.
Mes coups te tuent ?

Des saucisses, une chienne de vie et autres maux de la vie courante.
Puis je tire la chasse.
Vu de ma lunette: « L’endroit le plus utile d’une maison, ce sont les latrines ».
Chiadé à la Jérôme Bosch.

« Le singe, dont les femmes raffolaient (...) a été relégué dans les antichambres (...) et les femmes ont pris de petits Nègres (...) Le petit Nègre brûlé par le soleil n'en paraît que plus beau. Il escalade les genoux d'une femme charmante, qui le regarde avec complaisance ; il presse son sein de sa tête languineuse, appuie ses lèvres sur une bouche de rose, & ses mains d'ébène relèvent la blancheur du col éblouissant. Un petit Nègre aux dents blanches, aux lèvres épaisses, à la peau satinée, caresse mieux qu'un épagneul & qu'un angora. Aussi a-t-il la préférence ; il est toujours voisin de ces charmes que sa main enfantine dévoile en folâtrant, comme s'il était fait pour en connaître tout le prix.»

Louis Sébastien Mercier dans son "Tableau de Paris" Pierre H. BOULLE
Race et esclavage dans la France de l'Ancien Régime

Quel attrait trouverais-je dorénavant aux dindes dodues ?

Et mes rêves giclent comme des coups de pied dans le ventre…

Oui, sans doute, « Le moi est haïssable » car ce faisant il met en jeu l’impureté à travers l’authenticité d’une personne. Il me souvient d’une écrivaine qui avait notamment écrit des textes sur les photos de ses sous-vêtements après l’amour.

Ah !
Ah !
Ah !

Je viens d’entamer une nouvelle dont l’héroïne est une jeune fille de dix-sept ans. Elle va mourir sous les griffes d’un vieil homme, enterrée sous le sable. Aurore sous les sables, c’est un bon titre. J’en suis convaincu.

[Aurore sous les sables

Là-haut, le ciel de la nausée pesait comme un vertige.
La corrosion faisait son œuvre sournoisement et j’espérais sans désobéir. Il me semblait que le malin, en s’emparant de ma chair, avait voulu clouer ma descendance au pilori.
Or, que n’avais-je pas attendu, tant redouté cette situation, devenir un objet consommable, une pâtisserie, une sottise à la pêche, moelleuse à titre privé, sa novice, son repas d’infirme.

Il était convenu que nous nous rejoignions à « L’Epicure », restaurant qui domine la falaise. Vétiver y avait ses habitudes. Dernière table sur la gauche, j’y serai. A l’intonation de sa voix, cela avait sonné comme un ordre. Difficile d’être plus explicite. Et il m’avait laissée seule, confuse, dans l’ignorance…

« Je suis l’animal qui cherche son âme »
Mon journal intime.
On ne fait du mal qu’aux personnes qu’on aime, m’avait dit mon père, avant de mourir. Oui papa, les amoureux font du mal, et toi tu es parti, maintenant tu les laisses faire.

Tout est inerte dans la chaleur étouffante. Il n’y a pas un souffle d’air, l’escalier ressemble à un cadavre figé dans la braise. Au soleil, les murs attendent qu’un étrange destin les ravive dans la paralysie de ce début d’après-midi. Je l’aperçois, sa silhouette dégingandée, j’ai envie de lui dire bonjour Monsieur le directeur du plâtre !

Mais on dirait qu’il est d’humeur braque, . Il y a dans sa façon de croquer les raisins une violence peu coutumière. Du mieux que je peux et du fond de la salle, j’essaie de l’observer en cachette quant soudain d’un mouvement rapide il lève son regard et m’aperçoit. Je longe les tables tête basse jusqu’à lui.

– Cher beau lapin, enfin te voilà !

Je me suis habillée à la va vite et en me regardant dans le miroir tout à l’heure avant de partir, je me suis dégoûtée de la tenue que j’avais mis. Tout ça à cause de ma mère. Je ressemble à présent à un melon poivré à l’ail, une gourgandine, une sauteuse de barriques, une sans esprit. Je me fais horreur et je lui ferai payer un jour ses méthodes de tricheuse.

« Soleil de proie, prisonnier de ma tête
Enlève la colline, enlève la forêt… » (A.Breton)

Nous brûlerons les murs, les sentiers, nous donnerons sens aux preuves irréfutables de l’imaginaire.
Nous serons deux.
Lui, Bruno Vétiver et moi l’Aurore. Son Aurore.
La joie m’intoxique et j’accours...[...]

– Alors, comment vous sentez-vous ?

– Je sors de mon premier entretien de la journée, dis-je en souriant.

– Elle ne vous a pas trop matraqué de question ?

– Un peu mais je m’en tire bien.


***

De côté, un enfant joue à la balle dans la promiscuité d’un faubourg. L’auteur observe la chair immuable, passion des contingences, son livret aussi, qu’il caresse avec la joue. En arrière-plan, des amazones rouges, princesses de Santal.
Pareilles croisades s’amusent à vivre, se consument et se condamnent, au goût du mécanisme des maux désespérés.

***

Il y a dans un coin de la salle, le cheveu sombre et l'air hagard de ses deux yeux penchés, un " tapeur à gages ", comme aimait à se définir Erik S. Il laisse rouler ses doigts sur les noires, caresse le sein des blanches.
Accord perdu, palindrome des pendus.
Les soupes épaisses ne remplissent pas les ventres creux.
Desiderata est née des idées ratées, conformes.
Pourquoi le mièvre a t-il envahi toute existence ?
Une femme passe, des fleurs à offrir. A planter. La circonstance est banale selon l'heure mais à n'importe quel prix.

- Une fleur ?

- Non Madame.

Eviter le piège des scories de l'habitude. Se garder de penser pour mieux oublier.
Au bout de la longe un cheval tirant une péniche, on dirait ma présence près du catafalque, un soir d'automne à la mauvaise haleine.

***

Tous les amours sont kafkaïennes.
La brise s’est tue.

Encontrada.

Vendre nos cuisses, vendre nos lèvres.
Vendre nos livres.
Et vivre.


***

Urgence.


***

[Ba]

Je suis arrêtée aux " serments d'ivrogne " dans un premier temps. Nous verrons pour la suite la richesse doit se ménager -0 )

[Invité]

L'écriture toujours aussi soignée, singulière, qui attire et repousse en même temps. Mais je n'ai pas pu relier les bouts entre eux.

[bertrand-môgendre]

Le regard tire à droite puis se perd dans ta lunette.
Je digère. Pas trop. Tant pis.
À lire plus gros. C'est cité. C'est mieux.
En commentaire, je ne dis rien.
Un jour viendra.

[Invité]

Quel déluge. J'y suis sensible : ça fait du bien de te lire, on se paume, qui dit quoi au fait ? Breton à l'humeur braque, j'arrête de boire au bord de l'eau en feuille de vigne. Oui ça fait du bien de te lire.

[Rebecca]

Easter ma soeur jumelle en commentaire, ma sosie m'a encore précédée et oté le pain et le vin de la bouche.
MOI AUSSI.
A te lire deux mots me sont venus en tête.
ATTRACTION REPULSION
les mises en abîmes les mots qui se plaisent parfois se complaisent
surement un escalier un peu vertigineux à l'intérieur d'un nombril un peu capricieux des fenêtres ouvertes et même des contrées à arpenter le nez en l'air écriture moléculaire territoire d'amours toxiques déambulation somnanbulique
tout ce que je peux aimer
tout ce que je peux détester

[Mure]

Je reste assez indécise à l'égard de ce texte.
Il y a pas mal de "bouts" qui font sens... tout comme il y a pas mal de "bouts" qui ne servent à rien.
Honnêtement, il donne l'impression d'être dans un cerveau qui pense.
Pleine action !
Alors bon, un cerveau qui pense, c'est toujours ça !
18/20 (???)

Sérieusement, j'ai bien aimé me retrouver dans ce vaste bordel.
Merci lol47.

[Mure]

PS : J'ai été attirée par le titre et j'en ai eu pour mon argent...euh... ris !

[Sahkti]

Demain, peut-être... chercher ailleurs ce que l'on ne peut trouver en soi, tenter de (re)construire à travers un regard, un objet, quelque chose qui prendrait en charge à notre place tout en nous laissant l'illusion d'être maître du jeu. Sur papier en tout cas. Pour ça, l'écriture, c'est bien, ça aide à croire. Y en a qui préfèrent la religion... chacun son truc. Tant que ça transcende.

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