Le Pape des réverbères

[mitsouko]

Il racontait la nuit avec des gestes lents,
Ses mains comme deux colombes
Eclairées par la lune
Déclamait du Couté, bréviaire des sans-grade
Avant que d’entonner quelques chansons marines

Les verres se vidaient
Comme des puits sans fond
Trop-plein de vérités
Que le jour assassine

Il nous peignait des jungles
Au coin de chaque rue
Ses galions qui mouillaient
Quai de l’Archevêché
Ses garces étaient si belles
Qu’il faut leur pardonner

D’élégants pachydermes
Traversaient le comptoir
Barrissant aux étoiles
De si beaux chants d’amour

Il troquait contre un verre
Quelques potions chamanes
Et des cartes aux trésors
Dessinées sur la peau

Parfois quelques frangines
Se consolaient de la vie
S’enivrant des sonnets
Offerts à leur beauté

Il arrachait des larmes
Aux apaches de Bastille
Et nous pleurions de rire
Quand il singeait Raimu

A l’aube hésitante
Comme un ogre solaire
Il jetait sa carcasse
Dans les rues de Paris

[Invité]

Votre poème me paraît tiraillé entre deux tendances. J'adore les deux premières strophes, et spécialement la première, avec son rythme chaloupé et ample. J'y suis en plein !
Ensuite, vous retombez dans ce rythme uniforme d'hexasyllabes parlés que je ne parviens pas à apprécier, une espèce de train-train qui, je l'avour, m'endort. La dernière strophe rattrape, grâce à son premier vers pentasyllabique et parce que l'image est belle, mais j'ai l'impression que vous vous êtes approché de quelque chose de superbe sans l'atteindre encore cette fois...

[Invité]

"je l'avoue", pardon.

[Invité]

Des images plein les yeux à l'issue de ce poème. Une ambiance aussi, comme tu sais si bien le faire. Aucun mal à imaginer cette scène, qui entraîne le lecteur dès le premier vers et l'imprègne durablement : Il racontait la nuit avec des gestes lents

Quelle accroche !

J'ai trouvé très fort ceci :

D’élégants pachydermes
Traversaient le comptoir
Barrissant aux étoiles
De si beaux chants d’amour

et puis ceci :

Il troquait contre un verre
Quelques potions chamanes
Et des cartes aux trésors
Dessinées sur la peau

et aussi ceci :

A l’aube hésitante
Comme un ogre solaire
Il jetait sa carcasse
Dans les rues de Paris

Superbe travail Mitsouko, même si c'est moi qui le dis :-)

[lol47]

Sur la technique, pas grand-chose à dire mais sur le rythme et la musique des mots, c'est superbe.
Je dirai, un cran au-dessus de d'habitude.

[Rebecca]

pas besoin de décodeur
ou d'antenne analogique
moi j'ai le son et les images...
j'aime bien le programme sur Canal Mitsouko

[Invité]

j'aimerais bien te dire un truc par email. comment faire ?
ça dépasse Ve en violence et en sincérité. J'aimerais bien t'envoyer mon commentaire tel que je l'ai rédigé à l'instant.

[mitsouko]

des messages qui me touchent

pandaworks, les messages privés étant désactivés sur le site (pourquoi?)
je ne sais comment entrer en communication hors antenne site???

le webmaster a -t-il une solution ?

< http://asiance-francaise.over-blog.com/250-index.html >
.

[Manu(manisa06)]

Les verres se vidaient
Comme des puits sans fond
Trop-plein de vérités
Que le jour assassine


j'aime ça et le reste aussi .
encore rien à dire.

ça m'enerve !!

allez pour toi !!

http://neuf.recherche.aol.fr/aol/idoidPage?query=%C3%A7a+m%27enerve&type=web&pageNum=1&title=YouTube+-+HELMUT+FRITZ+%C3%A7a+m%26%2339%3B%C3%A9nerve+%28LE+CLIP+OFFICIEL%29+HD&s_it=web_serp&s_cid=1554313313709800527962982983809125319&u=http%3A%2F%2Fwww.youtube.com%2Fwatch%3Fv%3Drq6l-YGBwXo

[Arielle]

Un portrait haut en couleurs et vent debout. Tu nous donnes envie de rencontrer celui qui te l'a inspiré, Mitsouko.

[loic]

il y eut Goya en peinture, mitsouko en poésie

(ce n'est pas un renvoi d'ascenseur) ;-)

[vers d'ether]

J'aime bien la structure de vos textes avec à chaque fois comme une facilité que vous avez à vous exprimer. Peut-être est-ce parce que vous écrivez en vers libres?,
En tout, c'est toujours à yeux gourmands que je vous lis.


Bien à vous

[Invité]

je ne sais plus où j'ai mis ce commentaire de nuit l'autre jour.
Ce qui m'avait frappé surtout , c'est que certains passages du texte , mis en ligne, tout simplement, sans aucune ponctuation, forment une prose poétique d'un qualité remarquable. Chaque fois que je te lis je le souhaite : l'arrêt des textes en strophes. Ils semble que tu as passé le cap, comment dire, dépassé le stade de l'écriture en formes. J'hésitais un peu à te le dire, mais je ne suis pas le seul à arriver à cette conclusion. Là dessus Loup arrive avec des vééilités d'encouragements à des formes modernes. Je crois que c'est le bon moment pour toi de commencer à écrire ta poésie, disposée autrement : allongée.

j'ai lu ce passage 10 fois au moins dans ces 24 syllabes.
C'est du bonheur.

Il arrachait des larmes aux apaches de Bastille et nous pleurions de rire
quand il singeait Raimu.

[mitsouko]

j'ai commencé dans la partie prose '"Au bout de la nuit"

[Sahkti]

Un texte qui me paraît réussi, notamment pour son rythme, la beauté de son ambiance et qu'il raconte. Souvent grave avec Mitsouko mais jamais renfermé sur soi-même ou entièrement sans issue; il y a généralement une porte ouverte laissée à l'appréciation du lecteur et c'est plaisir.

Une fois de plus, les images fortes se déclinent grâce à des mots bien choisis, donnant au tout une allure superbe.

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