Les disciples d'Epictète
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Plotine
bertrand-môgendre
silene82
M-arjolaine
8 participants
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Les disciples d'Epictète
La vie devait être enivrante: je craignais la routine comme d'autres craignent la mort. Il valait mieux mourir que de subir la platitude. Je tombai amoureuse de vous sitôt que je vous rencontrai, et passai deux ans à souffrir un martyre de votre amour pour une autre. Parce que vous m'aviez préférée mon amie, je n'eus de cesse de me demander ce qu'elle avait de plus que moi, et il ne me fallut pas longtemps pour le comprendre. Vous pouviez déclarer les pires aberrations, elle répondait amen. Votre relation était l'exemple même de la simplicité: chacun buvait les mots de l'autre et y accordait une foi exemplaire, sans jamais les contester. J'avais beau vous aimer, je reconnaissais vos torts, et vous contredisais: voilà qui vous exaspérait! Vous n'étiez pas le seul !
J'effrayais les amants, attirais les amis. L'on désirait mon esprit, et dédaignait mon corps. Parce que la soumission me dégoûtait, je me pliais justement à ses lois. Je souffrais que l'on refuse ce que j'étais, et faisais en sorte que l'on adore ce que je faisais. Vos désirs étaient des ordres, et si vous me demandiez un service, je l'accomplissais avec une courbette. Finissait par venir le moment ou j'éclatais en sanglots d'être utile et non pas simplement d'une agréable compagnie. Vous n'aviez que faire de ma présence du moment que j'appuyais vos arguments d'un signe de tête, et récupérait vos affaires quand vous les oubliiez. J'étais parfaite, parfaite sans que l'on ne m'approuve. Tous ceux qui se prétendaient m'aimer m'aimaient bien. Je voulais qu'ils aient envie de moi: parce qu'ils désireraient mon corps, ils accepteraient la discussion. Nous vivrions de sexe et de bons mots. De jouissance et de philosophie. Mais fallait il que je sois laide pour ne susciter aucune excitation chez les hommes de mes pensées, l'on applaudissait ma rhétorique sans jamais désirer que je ne la murmure au creux d'une oreille, au milieu de draps emmêlés après une nuit de bataille.
Il fallait que la vie soit excitante: parce que j'étais seule, je m'ennuyais à mourir. Vous vous moquiez de la routine, je ne vous aimai plus: partisan du stoïcisme, je suis votre contraire. Viendra le jour ou vous réclamerez ma contradiction.
J'effrayais les amants, attirais les amis. L'on désirait mon esprit, et dédaignait mon corps. Parce que la soumission me dégoûtait, je me pliais justement à ses lois. Je souffrais que l'on refuse ce que j'étais, et faisais en sorte que l'on adore ce que je faisais. Vos désirs étaient des ordres, et si vous me demandiez un service, je l'accomplissais avec une courbette. Finissait par venir le moment ou j'éclatais en sanglots d'être utile et non pas simplement d'une agréable compagnie. Vous n'aviez que faire de ma présence du moment que j'appuyais vos arguments d'un signe de tête, et récupérait vos affaires quand vous les oubliiez. J'étais parfaite, parfaite sans que l'on ne m'approuve. Tous ceux qui se prétendaient m'aimer m'aimaient bien. Je voulais qu'ils aient envie de moi: parce qu'ils désireraient mon corps, ils accepteraient la discussion. Nous vivrions de sexe et de bons mots. De jouissance et de philosophie. Mais fallait il que je sois laide pour ne susciter aucune excitation chez les hommes de mes pensées, l'on applaudissait ma rhétorique sans jamais désirer que je ne la murmure au creux d'une oreille, au milieu de draps emmêlés après une nuit de bataille.
Il fallait que la vie soit excitante: parce que j'étais seule, je m'ennuyais à mourir. Vous vous moquiez de la routine, je ne vous aimai plus: partisan du stoïcisme, je suis votre contraire. Viendra le jour ou vous réclamerez ma contradiction.
Re: Les disciples d'Epictète
"J'effrayais les amants, attirais les amis" : joli !
Bien écrit, je trouve, mais, sur le fond, qu'est-ce que je m'en fiche, des états d'âme de la narratrice !
Une ou deux remarques de langue (outre que vous abusez, me semble-t-il, du "ne" explétif ; il n'est jamais obligatoire, et alourdit quelque peu le propos ici à mon avis) :
"et récupérais (c'est bien la narratrice qui récupérait ?) vos affaires"
"Tous ceux qui se (pourquoi ce pronom réfléchi ici ? Il ne me paraît pas nécessaire) prétendaient m'aimer"
Bien écrit, je trouve, mais, sur le fond, qu'est-ce que je m'en fiche, des états d'âme de la narratrice !
Une ou deux remarques de langue (outre que vous abusez, me semble-t-il, du "ne" explétif ; il n'est jamais obligatoire, et alourdit quelque peu le propos ici à mon avis) :
"et récupérais (c'est bien la narratrice qui récupérait ?) vos affaires"
"Tous ceux qui se (pourquoi ce pronom réfléchi ici ? Il ne me paraît pas nécessaire) prétendaient m'aimer"
Invité- Invité
Re: Les disciples d'Epictète
Un peu embrouillé, à mon goût. Sans doute intéressant comme exercice, mais je reste déçu. Tout ça pour ça?
Qu'elle se casse la jambe une bonne fois!
Qu'elle se casse la jambe une bonne fois!
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 66
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Re: Les disciples d'Epictète
Le trait de la contradiction n'est pas assez appuyé pour qu'il devienne fil conducteur.
L'écriture maîtrisée a besoin d'un scénario pour construire une histoire captivante.
L'écriture maîtrisée a besoin d'un scénario pour construire une histoire captivante.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Les disciples d'Epictète
Ma foi, je suis plutôt très admirative du traitement même si sur le fond il y a peu à dire.
J'ai bien ressenti la contradiction dont je trouve l'expression maîtrisée (et ceci, je l'ai noté, presque sans recourir aux adverbes et conjonctions habituels : mais, pourtant, etc.).
Le premier paragraphe me semble le moins réussi, il lui manque le punch de ce qui suit.
Beaucoup aimé cette phrase, avec le très dérisoire et terre à terre "et récupérais vos affaires quand vous les vouliez" pour contrebalancer ce qui précède :
Vous n'aviez que faire de ma présence du moment que j'appuyais vos arguments d'un signe de tête, et récupérait vos affaires quand vous les oubliiez.
J'ai bien ressenti la contradiction dont je trouve l'expression maîtrisée (et ceci, je l'ai noté, presque sans recourir aux adverbes et conjonctions habituels : mais, pourtant, etc.).
Le premier paragraphe me semble le moins réussi, il lui manque le punch de ce qui suit.
Beaucoup aimé cette phrase, avec le très dérisoire et terre à terre "et récupérais vos affaires quand vous les vouliez" pour contrebalancer ce qui précède :
Vous n'aviez que faire de ma présence du moment que j'appuyais vos arguments d'un signe de tête, et récupérait vos affaires quand vous les oubliiez.
Invité- Invité
Re: Les disciples d'Epictète
La petite musique M-arjolaine, toujours aussi surprenante.
Pour le fond de l'histoire : ils préfèrent les gourdes, c'est comme ça !
Pour le fond de l'histoire : ils préfèrent les gourdes, c'est comme ça !
Plotine- Nombre de messages : 1962
Age : 81
Date d'inscription : 01/08/2009
Jeune ?
Pour reprendre le fil de Socque, quoi que peut-être de manière moins lapidaire, je vous adresse le reproche que l’âge affiché au profil rend un peu superflu : votre style, très agréable, masque à peine votre inexpérience.
Comprenons-nous, je ne me permets pas de préjuger de ce que vous avez vécu, mais seulement de ce que vous êtes prête à dévoiler. Je suis persuadé qu’une moindre distance entre vous et le texte serait profitable et que votre maîtrise de la langue pourrait nous apporter plus que ce court manifeste, un peu désincarné.
Comprenons-nous, je ne me permets pas de préjuger de ce que vous avez vécu, mais seulement de ce que vous êtes prête à dévoiler. Je suis persuadé qu’une moindre distance entre vous et le texte serait profitable et que votre maîtrise de la langue pourrait nous apporter plus que ce court manifeste, un peu désincarné.
Re: Les disciples d'Epictète
Tout ça pour ça... je veux dire par là que tu nous as déjà montré que tu maîtrisais ce style presque à la perfection, que la correspondance entre deux âmes égarées n'avait plus de secret pour toi et que tes héroines aimaient beaucoup se plaindre à travers l'autre, sans doute une manière élégante de se contempler le nombril. Donc tu excelles dans tout ça et dès lors, c'est un peu dommage de ne pas aller voir plus loin, de ne pas tenter autre chose, pas différent dans le style mais explorant un autre thème. Par exemple ici, tout ceci reste creux dans l'action, il ne se passe rien mais tu n'arrives pas non plus à faire quelque chose de cet ennui. Bref, j'ai le sentiment que tu gâches quelque peu ton potentiel.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Les disciples d'Epictète
suis partagée aussi, l'expression m'a séduite, j'aime bien ce raffinement, vouvoiement, ça fonctionne pas mal ici, c'est assez étonnant ce décalage. Par contre, le fond, chez moi aussi, tombe un peu à plat, ça me laisse quasi de marbre, tout comme Socque, les états d'âme, c'est bien gentil, mais pas trop longtemps :0)
Enfin, comme ça je vais pouvoir aller lire d'autres de tes textes!!
Enfin, comme ça je vais pouvoir aller lire d'autres de tes textes!!
Re: Les disciples d'Epictète
Taga dap tagadag tagadap.....
Prince Bisounours est arrivé !
Mais non je ne m'en fout pas, pour ma part, des états d'âme de la narratrice !
L'éternel drame des femmes brillantes mais néanmoins maudites, du fait que le désir masculin est proportionnel à une règle aussi conne que le sens esthétique, c'est une vraie saleté...
Le ton est plaintif, mais pas exagérément il me semble au regard du préjudice subi par la narratrice !
Non sincèrement, cet "état d'âme" là, je trouve heureux qu'il se déploie un peu sur nos forums.
Et j'ai trouvé de belles phrases...
Prince Bisounours est arrivé !
Mais non je ne m'en fout pas, pour ma part, des états d'âme de la narratrice !
L'éternel drame des femmes brillantes mais néanmoins maudites, du fait que le désir masculin est proportionnel à une règle aussi conne que le sens esthétique, c'est une vraie saleté...
Le ton est plaintif, mais pas exagérément il me semble au regard du préjudice subi par la narratrice !
Non sincèrement, cet "état d'âme" là, je trouve heureux qu'il se déploie un peu sur nos forums.
Et j'ai trouvé de belles phrases...
boc21fr- Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008
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