Au bout du monde §6

[Gév]

Pour faire suite à :
- Au bout du monde
- Au bout du monde § 3
- Au bout du monde § 4 (Jeremy)
et Au bout du monde § 5

Un chapitre pas drôle du tout, probablement "moralisant" à l'excès... Mais pas très long non plus...

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Au bout du monde §6

Je vis au bout du monde, mais je dois aller plus loin. Dans le monde, ou peut-être hors du monde… C’est selon le point de vue, pour moi se sera dans le monde, plus que jamais. Je dois aller plus loin visiter ma conscience. Non que j'aie tout vu, loin de là, je n'ai pas cette prétention, seulement parce que je sens que le moment est venu. Ces moments que je vis sur la côte bretonne sont comme une nouvelle impulsion dans ma vie, une réalité que je n'avais jusqu'alors pas perçue. Je me suis découvert un lien avec le monde, le monde réel. Je me sentais en marge de la société humaine, rejeté, mais je réalise que la société n'est pas tout, la planète Terre, elle, ne me rejette pas, l'univers ne me rejette pas, il m'appelle. J'ai seulement compris que pour lui répondre, je dois travailler mon niveau de conscience.
Je suis un misanthrope, cela ne fait aucun doute, et pourtant j'aime l'humanité, dans son ensemble. J'aime l'idée de l'humanité. J'aime l'humanité en devenir. Mais je suis un amoureux déçu. Je suis né avec cet amour infini et inconditionnel, j'ai grandi en essayant de l'exercer sans discernement. Ce sont des phrases comme « L'homme est un loup pour l'homme », qui ont fini par m'en éloigner. Pourquoi aurais-je dû, comment aurais-je pu, être le seul à avoir cette foi ? Je serais adorateur d'une humanité idéale, où tous les individus vivraient dans le respect mutuel, dans un esprit de coopération inébranlable. Si j'étais audacieux, je dirais que j'aime les qualités des humains, mais je n'aime pas leurs défauts. On dit pourtant que pour bien aimé, il faut aimer les imperfections. Alors peut-être n’ai-je jamais aimé ? Ou je n'ai aimé qu'une idée, une chimère. Pourtant, je me vois encore comme cet individu ouvert, intensément positif, qui pourrait passer outre toutes les frustrations pour être empli de compassion, je rêverais d'être resté celui-là. Mais je n'ai pas pu, j'ai capitulé. Face aux heurts, aux coups bas de la vie, je me suis renfermé de plus en plus, jusqu'à redouter le moindre contact, jusqu'à devenir l'inverse de ce que je voudrais être.
Ici je suis chez moi, et ce sentiment m'est totalement nouveau, imprévu même. Je marche dans un inconnu qui m'est plus familier que tout ce que j'avais connu jusqu'à aujourd'hui. Ici, je retrouve une énergie qui m'avait quitté depuis longtemps, qui me recharge, panse mes plaies et me laisse à nouveau prêt à affronter le monde. Je sais donc qu'il y a une issue, que ma déréliction n'est pas inéluctable. J'étais tombé dans une fosse d'oubli et j'en trouve l'issue. L'ascension sera rude, certainement, et pleine d'embûches, de rechutes et de désespérances, mais elle est possible.
Je comprends aussi que le monde n'est pas aussi figé qu'on me l'avait appris. Il est parsemé des portes cachées qu'on peut découvrir par hasard au détour d'un chemin. En deçà du monde des hommes, de la société qu'ils ont bâtie, l'ancien monde subsiste, immuable. Nous l'ignorons, nous ne le voyons pas, tellement nous sommes accaparés par nos occupations illusoires, mais il est là. Il suffit de lui ouvrir notre conscience pour qu'il s'y engouffre et l'illumine.

[Plotine]

C'est très beau cette idée que, finalement, l'important c'est le monde et toi, ton rapport personnel au monde, à la nature, à l'univers, en faisant abstraction des autres humains, peut être seulement momentanément, le temps de reprendre des forces pour les affronter de nouveau ?
C'est ça ?

[Invité]

Pas moralisateur tant que geignard un peu je trouve.
Et puis l'exposé est trop long, file la même idée sur deux paragraphes alors qu'on comprend vite de quoi il retourne, surtout si l'on a en tête les paragraphes précédents, on avait déjà une bonne idée de ce que recherche le narrateur. Bon, là, c'est mon côté synthétique qui rouspète, je n'aime pas les démonstrations.
Autre chose, je me demande vraiment si quiconque se parlerait ainsi, formulerait ses pensées dans le style que tu utilises ici ; la réflexion est trop ordonnée, voire sèche. Je l'aurais plutôt vu hachée, hésitante, éparpillée même peut-être, vivante, quoi. C'est ce qui m'a finalement le plus gênée.

Deux corrections :

pour moi ce sera dans le monde,
On dit pourtant que pour bien aimer,

[conselia]

Allez, une fois n’est pas coutume, je me hasarde à suggérer :

« C’est selon le point de vue, pour moi… »
C’est affaire de point de vue ; pour moi…
« Non que j'aie tout vu, loin de là, je n'ai pas cette prétention, seulement parce que je sens que le moment est venu. »
Non qu’il ne me reste rien à découvrir, mais parce que c’est le moment.
« Je marche dans un inconnu qui m'est plus familier que tout ce que j'avais connu jusqu'à aujourd'hui »
Je traverse l’inconnu, plus familier à mes yeux que mon quotidien de naguère.
« Nous l'ignorons, nous ne le voyons pas, tellement nous sommes accaparés par nos occupations illusoires, mais il est là. »
Ignoré de nos sens comme de nos consciences, sa présence s’impose pourtant à nos préoccupations futiles.

Et le tout à l’avenant…
Une idée suffit-elle à porter un texte ? Je crois qu’elle ne sert qu’à égarer l’auteur, qui doit comprendre que ce qui fait sens pour lui doit trouver un chemin vers le lecteur, pavé de mots choisis avec le soin de ne pas l’égarer… ou le perdre !

[coeur_en_verre]

j'ai vu que le commentaire concis de Plotine exprime le plus ce que ressent le lecteur.
j'ai aimé cette pensée originale "Je vis au bout du monde, mais je dois aller plus loin. Dans le monde, ou peut-être hors du monde… C’est selon le point de vue, pour moi se sera dans le monde, plus que jamais. Je dois aller plus loin visiter ma conscience."

[Invité]

l'ancien monde

que diable décris-tu par là ?
Le monde originel ?

[bertrand-môgendre]

J'ai l'impression que ce passage est inutile, car déjà suggéré dans les chapitres précédents, même si non déclamés comme ici.

[Sahkti]

Désolée de lire aussi tard. Du coup, vu le délai passé et les remarques formulées, je te donnerai plutôt une impression générale qu'une analyse point par point.

Si j'aime beaucoup l'idée de ce rapport au monde et à la société, je trouve que la démonstration pêche un peu par sa longueur et sa volonté de convaincre à tout prix. Ce n'est pas vraiment une impression répétitive qui se dégage mais l'impression que le personnage tourne en rond sans trop savoir que faire. Ce qui est peut-être le cas ceci dit, il cherche ses repères.
Il m'est malgré tout d'avis que ceci pourrait être davantage ramassé, voire fusionné avec le qui le précède, allégé. Mais c'est le travers des épisodes courts postés les uns à la suite des autres, le lien ne se fait pas toujours harmonieusement.
On sent bien que le type voudrait aller "au bout du monde" mais là, il stagne un peu, simple avis perso bien sûr.

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