EXO RENTREE LITTERAIRE - 1 - Des diamants pour un singe

[abstract]

J'avais pour mission de trouver un titre, j'en ai trois et je ne sais lequel choisir...Aidez-moi.
- La sortie est à gauche
- Presse-People
- Des diamants pour un singe

La salle de bain, de taille modeste, mesurait environ deux mètres sur trois, des céramiques blanches de type métro parisien montaient jusqu’aux deux tiers des murs couleur écume des mers. Le lavabo d’origine datait de l’époque art déco, tout en angles et sobriété. Pas de mélangeur, un robinet d’eau chaude signalé par un liseré rouge, son jumeau de droite agrémenté de bleu. Nulle trace de tape-à-l'œil, de chromothérapie ou autre bain à bulles. Le classicisme et la retenue faisaient loi, on ne se trouvait pas dans les lieux d’aisances d’une rock star ou d’un présentateur télé à la mode. Non, ici la vulgarité et le clinquant propres à cette fin de deuxième millénaire (on devrait d’ailleurs dire « second » la fin du monde se rapprochant inexorablement) avaient été bannis au profit de la sérénité découlant de la pureté fonctionnelle de la pièce. L’homme était nu, enfin presque si l’on concède qu’un drap de bain noué autour de la taille ne puisse être une parure. Il faisait face à un miroir sur pied, qui par un phénomène physique d’absorption des ondes lumineuses, renvoyait magiquement son image en deux dimensions. Il s’observait depuis de longues minutes, approchant de la surface polie pour inspecter son visage, allant jusqu’à renverser légèrement la tête en arrière afin de vérifier l’absence de poils affleurant l’ouverture de ses narines, reculant de quelques pas pour avoir une vision d’ensemble de son anatomie, prenant la pause et s’essayant à diverses mimiques tel un mime en répétition, avançant de nouveau, pivotant sec sur ses talons comme le ferait un mannequin sur un catwalk pour finir dans un mouvement de torsion du torse, ceci dans l’unique but de contempler ses deux fesses blanches à peine fripées.

Il n’était plus de première jeunesse, ça n’importe qui aurait pu le dire au premier coup d’œil, mais ce que son reflet lui proposait le satisfaisait encore, il ne s’en sortait pas si mal. Certes le bas du ventre offrait un aspect un peu mou, il pouvait d’ailleurs en pincer, entre le pouce et l’index, un repli graisseux assez disgracieux, mais l’allure générale donnait toujours le change. Son dos parfaitement droit et ses pectoraux joliment dessinés par des années d’entrainement à l’aviron restaient sa fierté. Il se sentait tout à fait capable de séduire une jeunesse, qu’importe si elle était en âge d’être sa fille ou quand bien même sa petite-fille. Il avait toujours eu du succès avec les femmes et ne voulait pas imaginer que ce don puisse disparaître avec la vieillesse.

En définitive, l’homme réapparut dans le bureau adjacent au cabinet de toilette. Il était temps, Mario Guttierrez commençait à perdre patience, ses jambes s’ankylosaient dans la Ford Fiesta de location, bien trop petite pour son mètre quatre-vingt-dix-sept. Lorsqu’il avait opté pour le journalisme, c’était avec le secret espoir de mener de véritables investigations, de dénoncer des scandales politico-financiers… mais voilà, un divorce et une pension alimentaire plus tard faisaient qu’à quarante ans, il se retrouvait free-lance au télégramme de Brest, au lieu de couvrir l’Afghanistan. Il haïssait son rédacteur en chef qui l’avait envoyé faire le sous-marin dans ce quartier bourgeois de la capitale, aux hautes façades hausmaniennes. Il jurait de tout son souffle sur sa condition de misère, même pas un Paki dans le coin pour faire le plein de cibiches, quand il fut interloqué par l’image se formant dans ses jumelles. Mais bon sang que faisait ce vieux chnoque à moitié à poil dans son cabinet de travail à trois heures du mat ?

Au troisième étage, se sentant erronément à l’abri des regards extérieurs, notre semi-nudiste vaquait tranquillement à ses occupations. Concentré à sa table, il sélectionnait dans la presse people les représentations de celle qu’il affectionnait de tout son cœur. Découpait les photographies de sa belle assistant à tel gala de charité, ouvrant le bal lors de soirées mondaines, réconfortant les victimes de catastrophes. Nuit après nuit, il remplissait des classeurs entiers d’articles et de clichés la concernant. Il avait la manie du classement, ainsi il avait séparé les images officielles des volées. Des sous-groupes déterminaient le type d’habillement (tailleurs, robes de soirée) pour parvenir à un dernier tri selon les couleurs de ses tenues, le bleu illuminant particulièrement son teint pâle. Ainsi, il retrouvait rapidement ses reproductions favorites. Cette nomenclature s’avérait être d’autant plus inutile qu’en fin de compte une seule image le hantait continuellement. Une photo de paparazzi prise au téléobjectif sur laquelle on pouvait contempler la jeune femme jaillissant des eaux tièdes de la Méditerranée pour rejoindre le ponton d’un yacht. En regardant bien à l’aide de sa loupe grossissante, il distinguait clairement les pointes brunes de ses seins dressées sous le tissu gaufré de son bikini blanc. Il imaginait plus que l’image ne le montrait, les traces de sel laissées par le ressac des vagues sur sa peau bronzée. L’idée de suivre avec sa langue, leur chemin épicé sur ce corps parfait, d’en découvrir les odeurs et les saveurs les plus secrètes l’amenait chaque soir à une jouissance solitaire dont l’intensité augmentait au fur et à mesure que la date d’une rencontre réelle approchait.

[Peter Pan]

Bonsoir abstract, entre parenthèses, j'espère que le changement de boulot va s'effectuer dans la sérénité.

J'imagine qu'il n'est pas aisé d'être la première à se lancer sur ce genre d'exo dont j'attends avec impatience la finalité.

Je n'ai pas tout lu et je n'aurais pas le temps immédiatement mais une chose m'a interpellé en lisant le début de l'introduction, je vous la signale sans être sûr que cela nuise à votre récit, c'est juste une réflexion que je me suis faite :

J'ai trouvé les mots : "De Des Deux" un peu trop omniprésents dans un si petit périmètre :

La salle de bain, de taille modeste, mesurait environ deux mètres sur trois, des céramiques blanches de type métro parisien montaient jusqu’aux deux tiers des murs couleur écume des mers. Le lavabo d’origine datait de l’époque art déco, tout en angles et sobriété. Pas de mélangeur, un robinet d’eau chaude signalé par un liseré rouge, son jumeau de droite agrémenté de bleu. Nulle trace de tape-à-l'œil, de chromothérapie ou autre bain à bulles.

Peut-être une allitération en D est voulue attendu d'autres mots comme modeste, datait, déco..., je le découvrirais en lisant la suite sûrement...
À plus tard donc, et fée lit citation pour avoir ouvert le bal des vampires...

[Invité]

je vais faire un petit break et lire dans la foulée , j'ai beaucoup rédigé aujourd'hui, me faut un vide. à plus.

[Invité]

Il est trop tard pour lire à fond , mais déjà j'ai noté des indices d'une lecture plaisante , à l'humour déjanté qui me ravit, parce que loin du grotesque.

Son dos parfaitement droit et ses pectoraux joliment dessinés par des années d’entrainement à l’aviron restaient sa fierté.

Merci beaucoup, je passe la main jusqu'à demain matin.

[Sahkti]

Hé bé abstract... je peux bien me mettre au boulot :-)

J'ai aimé la froideur que tu places dans ce récit, narré par un observateur extérieur qui offre beaucoup de détails intimes tout en conservant la distance; un procédé qui me plaît.
Tu ouvres plusieurs pistes, en plantant un décor, un personnage, une histoire en devenir... ouaip, c'est bien parti !

[Sahkti]

Question titre, j'aime bien le troisième !

[Invité]

j'aime bien le troisième :-)
ma concentration est à bout, je branle des lamas dans l'himalaya c'est l'heure pour moi je crois, plus que l'heure et merci !

[abstract]

Oui je le sens bien aussi le troisième, il a un petit côté OSS117, SAS ou Bob Morane, que du lourd quoi.

[Invité]

J'aime bien cette narration distanciée et ironique, directe. J'ai envie de connaître la suite, pour sûr.

Quelques remarques :
"si l’on concède qu’un drap de bain noué autour de la taille ne puisse être une parure" : concède-t-on que le drap de bain puisse être une parure, ou concède-t-on qu'il ne le puisse pas ? Je trouve que le "ne" explétif, ici, embrouille
"Il faisait face à un miroir sur pied, qui (j'aurais mis après "qui" la virgule placée avant, pour des raisons de meilleure position de l'incise... à voir, si vous vopulez) par un phénomène physique d’absorption des ondes lumineuses, renvoyait magiquement son image"
"prenant la pose"
"des années d’entraînement"
"Il imaginait plus que l’image ne le montrait, (je trouve dommage cette demi-incise ; j'ai l'impression qu'il serait préférable de choisir entre une mise en incise complète de "plus que l'image ne le montrait", ou bien une absence de virgule autour de ce membre de phrase) les traces de sel"

[Invité]

"si vous voulez", pardon.

[abstract]

Socque, vous êtes impitoyable, vous avez réussi à retrouver toutes les hésitations que j’ai eues lors de la rédaction, moi qui espérais que ça ne se voyait pas.
J’ai recommencé plusieurs fois la phrase avec le drap de bain et le concède ne sachant finalement s’il fallait ou non une négation…
La ponctuation et moi on est fâchés depuis longtemps. J’ai tendance à écrire sans virgules, j’en remets par la suite mais jamais au bon endroit (je n’aime pas les règles de ponctuation classiques je les trouve lourdes).
Pour le pose j’ai honte car je fais souvent l’erreur qui bien évidemment n’est pas détectée au correcteur…
Et votre dernière proposition est très bonne. Merci.

[Invité]

Il faut savoir que le "ne" explétif n'est jamais obligatoire. Si vous hésitez à le mettre et trouvez qu'il brouille le sens, n'hésitez pas à le virer...

[grieg]

Fort fatigué, j'ai hésité à lire...
Les descriptions m'effrayent souvent, m'ennuient généralement.
Mais voilà… Rien de gratuit dans cette première partie, chaque mot sert l’ambiance et le personnage, les personnages…
pertinence et touches d’humour m’ont entraînés plus avant.
Tu m’as donné l’envie de lire la suite, le regret de ne pas participer.
Beau début

[Invité]

Pas mal, il y a juste la scenr technique du miroir qui m'a parue en trop, mais sinon c'est un super début , qui n'en fait pas trop et d'une qualité certaine , merci et au suivant : Miss Marry.

[Sahkti]

et au suivant : Miss Marry.

yes yes...
:-)

[Sahkti]

ok pour les explications de l'exo dans la partie conversations mais le texte lui-même ne devrait-il pas aller en prose ?

[Chako Noir]

Du beau début, oui! Le cadre est planté, le personnage déjà à peine risible, la dame à croquer sous le bikini: ça fleur bon la parodie tout ça!
Tout comme grieg, en général le trop descriptif m'ennuie, mais l'excitation de la continuité.. de belles péripéties en perspectives! Ouep, ça me plaît!

[Invité]

ok pour les explications de l'exo dans la partie conversations mais le texte lui-même ne devrait-il pas aller en prose ?

J'ai une idée : on le finalise dans l'atelier, quand il est complet on le transfuge en prose ou des experts de l'édition se rueront pour une analyse rurale.

[Chako Noir]

J'ai une idée : on le finalise dans l'atelier, quand il est complet on le transfuge en prose ou des experts de l'édition se rueront pour une analyse rurale.

Non, y a pas des masses d'éditeurs sur VE..
Cette partie là, on l'envisage quand le bébé est accouché, non?

[Invité]

oui, tu radote la même chose que ma fraîche idée. (dans le sens du jour).

[Sahkti]

Non, y a pas des masses d'éditeurs sur VE

plus que tu ne crois... :-)

[Sahkti]

J'ai une idée : on le finalise dans l'atelier, quand il est complet on le transfuge en prose ou des experts de l'édition se rueront pour une analyse rurale.

oki !

[Chako Noir]

Non, y a pas des masses d'éditeurs sur VE

plus que tu ne crois... :-)

J'ai pas dit qu'y en avait pas, j'ai dit qu'y en avait pas beaucoup.. Enfin je crois? Ils sont bien cachés alors.. Zut, je vais être forcé de m'appliquer, donc! Big Brother's watching! Holly crap!

[abstract]

Oui, et avant le transfert on en profite pour corriger toutes les fautes qui seront remontées à la surface, c'est une vraie saloperie le français, suffit qu'on poste un texte qui était parfait sur notre PC pour que tout d'un coup s'affichent des redondances, des fautes de frappe, ...Serait temps qu'une équipe de chercheurs financée par la francophonie fasse une recherche pour expliquer cet étrange phénomène.

[Chako Noir]

D'où l'utilité d'user de bons outils!
Sur le net:
- http://bonpatron.com/ pour les fautes d'ortho
- http://www.babelweb.be/babel.acgi$Spc_fr?Session=S908910347&Skin=cla&serial=846634865 pour les répétitions
Et y en a sûrement d'autres!

[abstract]

Et tu crois que je ne les utilise pas ??? C'est qu'elles sont très vicieuses les fautes, elles savent se planquer quand passe le correcteur, non mais !

[Chako Noir]

Ah. Au temps pour moi. :-S

[Roz-gingembre]

Début de quelque chose à n'en pas douter.
Décor et ambiance bien plantés, beaucoup d'ouverture et sur les personnages et dans la direction à donner à une éventuelle suite.
Bon,
mais j'ai du rater quelque chose quelque part,
y'a t'il quelqu'un qui peut m'expliquer ce qui se passe avec cet exo? parce que c'est un exo n'est-ce pas?
Juste trouver un titre??

Dans ce cas "des diamants pour un singe" me semble intéressant.

[Chako Noir]

Roz-G: c'est ici https://vosecrits.1fr1.net/conversations-atelier-f4/exo-rentree-litteraire-des-princesses-et-des-hommes-t5017.htm

[Roz-gingembre]

OK, vu.
Pour le moment j'ai un problème avec une analepse récalcitrante. Mais je vais suivre ce fil.

[Roz-gingembre]

merci Chako!

[Invité]

Chouette texte clinique Abstract. On reconnaît ta patte.

[silene82]

Non, y a pas des masses d'éditeurs sur VE

plus que tu ne crois... :-)

Editeurs en odeur d'édition, Sahkti, ou simples curieux? Renifleurs ou mécènes?

[Ba]

Les " diamants pour un singe " ce titre laisse songeur l'homme au pied de la banane, cela me parle assez.

[Chako Noir]

Les " diamants pour un singe " ce titre laisse songeur l'homme au pied de la banane, cela me parle assez.

On mettra ça en ouverture de préface! Je plussoie. ^^

[Invité]

tout roule ?

[Peter Pan]

L’homme était nu, enfin presque si l’on concède qu’un drap de bain noué autour de la taille ne puisse être une parure. Il faisait face à un miroir sur pied, qui par un phénomène physique d’absorption des ondes lumineuses, renvoyait magiquement son image en deux dimensions. Il s’observait depuis de longues minutes, approchant de la surface polie pour inspecter son visage, allant jusqu’à renverser légèrement la tête en arrière afin de vérifier l’absence de poils affleurant l’ouverture de ses narines, reculant de quelques pas pour avoir une vision d’ensemble de son anatomie, prenant la pause et s’essayant à diverses mimiques tel un mime en répétition, avançant de nouveau, pivotant sec sur ses talons comme le ferait un mannequin sur un catwalk pour finir dans un mouvement de torsion du torse, ceci dans l’unique but de contempler ses deux fesses blanches à peine fripées.

C'est marrant parce qu'à un degré différent ce passage me fait légèrement penser à l'introduction de l'écume des jours de Boris Vian quand Colin est dans sa salle de bain...

Ce n'est pas un reproche hein !

[Sahkti]

tout roule ?

oui, juste la question du titre (voir dans le fil de l'exo)

[Kilis]

Une introduction très réussie, je trouve. Un décors et une situation habilement installés et surtout un superbe portrait travaillé au laser.
D'ailleurs toute la séquence est d'une telle précision qu'elle confine à l'autopsie.
J'aime beaucoup le ton du texte.

[Rebecca]

Tout itou

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