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As the crows flies (à vol d'oiseau) - Hijab

4 participants

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As the crows flies (à vol d'oiseau) - Hijab Empty As the crows flies (à vol d'oiseau) - Hijab

Message  Invité Dim 11 Oct 2009 - 15:06

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As the crows flies
(à vol d'oiseau)



C'était la première femme à m'avoir cuisiné quelque chose au petit-déjeuner, du pain perdu, oui: des “french toasts” comme on dit en anglo-saxon. Je ne sais pas pourquoi une seule et une seule seulement y a pensé. Qu'à force de servir les autres j'aurais peut-être quelquefois le désir d'une chouette soubrette qui me dore du pain le cul en arrière, comme ça mise sur la tranche.

Nous avions parlé géographie, de quel coté frappe la mousson de novembre, parce que je ne le savais pas. On fumait des clopes à la menthe par dessus un café léger et vraiment je bouffais de ce pain sans déplaisir. C'était bien, les pieds sur le marbre frais et son sourire orienté Sud-Ouest, juste en face de ma gueule. Il n'y avait ni télé ni musique mais nos voix et ce parfum dans l'air béton-jasmin: nous avions ouvert la fenêtre pour qu'un torrent d'air baigne le living avant la canicule d'après. L'équateur vous cajole jusqu'à 8AM et vous gondole à 9AM, c'est comme ça depuis le soleil.


En reposant ma cuillère je lui ai demandé si ça la dérangerait si nous baisions encore une fois. Avec plaisir, elle m'avait dit, en voyage dans mes bras. Porter une femme avec des muscles c'est encore chouette comme geste et la poser délicatement sur le lit, y enfouir sa langue sans discussion. J'ai bien peur que la suite ne vous laisse à-part , sauf peut-être l'image de son visage si beau la bouche pleine de vie.


Dehors, un corbeau s'en branlait comme de l'An-Quarante.

Si d'aventure je regrette une aventure, c'est celle-ci. Son visage, le pain et ses sourcils. Des mille et une nuits qui ne durent qu'une quinzaine et s'achèvent un baiser sur le front et un pas sur le coté. C'est à ce moment que vous comprenez que vous perdez.


Quand le bus se barre, il reste encore un peu de la douceur sur les doigts et le goût du front un peu. Faire coucou de la main dépasse l'entendement. L'homme en général déglutit à ce moment précis. N'importe lequel.


Pour m'égoutter je regardais le cul de l'autocar. Il m'avait semblé que la belle aux dents blanches m'avait clignoté d'un regard, sur la publicité. Je n'ai pas noté la plaque d'immatriculation. Je n'ai pas pleuré non-plus : assez d'eau dans les flaques. C'est ce qu'on dit toujours après. Une sécheresse d'usage. La force des convenances : qui m'aurait lavé ?


C'est très dur pour l'homme de dire : que son visage est un désert troué de deux oasis, qu'il est son propre mirage. C'est mieux ! de raconter des histoires de Névada, des chansons de serpents à sonnette. C'est mieux, de dire qu'au bout de l'aorte s'agite une boule de tumbleweed, que l'amour est un village fantôme où l'on joue du Colt. C'est mieux, de dire les histoires de départs vers le lonesome-soleil. C'est mieux, d'enfourcher des grosses bottes de crocos. C'est plus facile, le Western. Tout le monde s'y retrouve. Tout le monde comprend.


Mais l'homme est son propre mirage troué de deux oasis qu'on le veuille ou pas.

Adek avait mis son plus beau batik.
Amour Adek, la soie en pluie, du lin, aussi.
Adek avait mis son plus beau batik
Adek Amour, de l'or en pluie, du crin, aussi.

Dans le mirage je vois ces jardins de Johor, la palme, la palme, le manguier, la palme, le palétuvier. Tout ce que j'aime. Des filets de pêche, un évéa, là un singe avec sur le nez l'écorce d'un ramboutan. Un clown nature. La nature clown. Des fruitiers qui croulent. Je suis mon propre mirage fait de teck et tambours. Connaitriez-vous le son des rebana hadrah un jour ? non, le monde est resté sourd pour le geste et aveugle par la distance.


Je suis mon propre mirage et ma colère s'explique par le fou qui récite ses haddiths sous son abri-bus. Je ne serai jamais que sous le regard d'un vent, qu'importe ! Je ne veux pas de Babylones pavées de sornettes, de rituels à accomplir, j'en perdrai la raison du soufisme, je refuse les prix à payer. Refuse les prix à payer. Et même si :


Un temps essayé
de voler sur ton croissant vert,
un temps abimé
de n'avoir qu' éffleuré découvert
le temps décliné
quelques et une nuits de fièvres.

La lune à l'envers.

Le vent déchainé a
détissé notre tapis volant : improvisé
cloué au sol,
faces giflées des peines qui s'annonceraient.

Tu as sur les mains du hénné et sous la main un insoumis.
Adek adieu.
Adek, remet ton hijab, nous n'iront pas aux cocotiers,
Adek, remet ton hijab ou il nous faudra fuir et c'est ici que je veux rester.

Adek ! J'aime encore moins mentir que prier.
J'aime te voir partir et j'aime pleurer, j'aime mes regrets et les corbeaux,
j'aime quand je comprend la fin du jour sans qu'un minaret ne me le rappelle à l'ordre. Même si :

Hijab-Hijab
déclipser ta broche du hijab
enserrer
déposer mes lèvres à la sueur perlée en pantoum
mais un autre soir tu, ayant parée d'un Channel.
J'avais sifflé
« je me suis faite belle pour toi, pour que les autres t'envient, te respectent, que cela t'ennivre.»
J'avais pleuré.

Hijab-Hijab
soulever
déposer un baiser à la nuque de ton batik
le soir, ayant paré d'un toit soleil
j'avais pleuré. Toi :
« l'étoffe protège du regard de Dieu et des hommes sur mes cheveux sous tes doigts
Ils t'appartiennent.»

Plié :
Hijab Hijab, Toi :
« encule-moi par derrière maintenant parceque je trouverai ça agréable comme le vin
Dieu désapprouvera
je mettrai mon Hijab demain
tout ça ne nous que regarde
tu m'appartiens
je mettrai mon Hijab
approprie-toi mon cul,
Je mettrai mon Hijab,
demain.»

Même si c'est ça ou rien je suis heureux de rien.

Hijab de Johor
Pantoum de Kelantan
Hijab de Johor
Patatatoum d'homme-âne
la vie qu'il me reste à regarder les grues,
les broches noires du ciel.
la gueule des bleus-limons

Hijab de Johor,
Hijab de Johor
Hijab de Johor

Notre amour mort dans l'hadj,
Hijab de Johor,
je me démmerde avec,
les grues du loin,
fin.


.
.
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Message  Invité Dim 11 Oct 2009 - 15:10

socque, j'aimerai bien que tu aies la gentillesse de ne pas commenter ce texte. Celui là uniquement. Merci.

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Message  Invité Dim 11 Oct 2009 - 15:43

Vu, OK.

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As the crows flies (à vol d'oiseau) - Hijab Empty Re: As the crows flies (à vol d'oiseau) - Hijab

Message  Ba Dim 11 Oct 2009 - 18:00

J'ai vu ce voyage, suis partie dans l'autocar. Si doux et un peu amer au coin de la lèvre, là.
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As the crows flies (à vol d'oiseau) - Hijab Empty Re: As the crows flies (à vol d'oiseau) - Hijab

Message  Invité Dim 11 Oct 2009 - 18:20

Je me souviens très bien de certains passages isolés, Panda, j'aime comme ils s'enchaînent ici.
Un hurlement d'amour impuissant qui continue à résonner une fois la lecture terminée.
Encore un texte fort, qui va droit à l'essentiel, et vrille.

Il y a des fautes, on s'en fout, elles sont toi, elles font partie intégrante de ce texte tellement sincère.

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Message  milo Mer 14 Oct 2009 - 19:54

Pour moi, il y à toujours eu un silence, un temps d'arrêt, quelque chose de particulier à la fin de "Géodésie des fleurs à étendre"

Du coup ici j'ai l'impression qu'il me manque un peu d'espace, juste quelques lignes blanches, un moment pour moi,entre le début et la suite de ce(s) texte(s).
Je n'arrive pas à faire la part des choses, ou peut-être que je la fait trop...

'fin bon, la seule chose que je trouve à redire est à propos des lignes vierges que tu n'a pas écrites.

Il est drôlement con quand même ce commentaire...

milo

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As the crows flies (à vol d'oiseau) - Hijab Empty Re: As the crows flies (à vol d'oiseau) - Hijab

Message  Sahkti Mar 27 Oct 2009 - 9:33

Le début est superbe, le reste aussi d'ailleurs. Je ne dirai rien de plus, parce qu'il y a des textes pour lesquels les commentaires me paraissent inutiles; ils vivent tellement bien sans cela.
Un tout bon morceau de toi Panda.
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As the crows flies (à vol d'oiseau) - Hijab Empty Re: As the crows flies (à vol d'oiseau) - Hijab

Message  Rebecca Mar 27 Oct 2009 - 9:46

Tes textes souvent me perforent le cerveau, me trouent l'estomac, alors je laisse le vent s'engouffrer, il emporte loin mes pensées.
Résultat je ne trouve plus rien à dire. Mais je voulais te le dire.
Rebecca
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As the crows flies (à vol d'oiseau) - Hijab Empty Re: As the crows flies (à vol d'oiseau) - Hijab

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