L'Ile
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Rebecca
Ba
boc21fr
Décembre
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L'Ile
Ses murs ont un goût de sel que personne ne vient lécher. Elle n’a pas de but, elle est là, posée dans ses trous et ses fragilités, elle se recouvre de mousse et d’algues qu’elle perd aussitôt. L’île est déserte. La maison aussi. La maison ne se souvient plus de qui l’a construite, il y a longtemps, longtemps. Personne n’est mort en elle, personne à côté, mais ils sont partis, qui que ce soit, les bâtisseurs ou les suivants, elle est seule sans être seule car l’absence humaine ne peut être un prétexte à sa solitude. Elle entretient le désordre sauvage de ses jardins sans attendre le visiteur égaré. Personne n’est là pour la qualifier de ruine, la conscience d’en être une s’abstient, toute dégradation est une idée nouvelle, une planche qui tombe une transformation, une peinture qui s’écaille l’évolution naturelle de sa vie qui n’est pas l’avancée vers sa mort.
Les crabes habitent le piano du salon, font jouer ses notes dans les vagues qui s’échouent à son portail. La mélodie incohérente leur plait, elle plait au vent, et le vent l’emporte aux oiseaux des autres îles, bien loin, qui, sans savoir d’où elle vient, joignent leurs jasements provocateurs aux échos de l’ailleurs. Quand le piano se brise, les oiseaux se taisent, et les vagues pour un instant s’apaisent. Les crabes ne bougent pas sous les planches, s’arrêtent le temps d’être surpris, puis vite et de côté ils glissent sur le tapis coloré, sur le plancher terne, ils rejoignent les murs, ils rejoignent les fenêtres grandes ouvertes qui accueillent chaque vague de la tempête dans leur âtre, offrant à la nature une civilisation à maîtriser, ils retournent à la mer mais désormais la mer est la maison, et le portrait au mur se fait recouvrir une fois, deux fois.
Le portrait est beau, trop beau, d’une femme et d’un chapeau, d’un grand chapeau qui surplombe la femme, soudain le vent veut cette femme, l’eau veut ce chapeau, et ils se battent pour avoir l’un et l’autre, l’autre et l’un, qui sont ensemble inséparables, mais le portrait ne cède pas, et reste fidèle au mur. Et puis le vent abandonne, la mer abandonne. Elle retombe comme si elle ne s’était jamais intéressée à l’objet, elle ressort par les portes-fenêtres, elle laisse la maison être en attendant de revenir quand elle ne s’y attendra plus, et le vent, lui, le vent se fait plus doux, cajoleur, il séduit le portrait de ses caresses chaudes. La maison s’offre à lui. Elle s’offre au soleil qui la berce. Elle s’offre aux crabes qui sont revenus. L’eau cajole comme des promesses les couverts d’argent qu’elle lui a volés. Et ils savourent cet amour qui les unit, tous les trois, le ciel, l’océan, la maison.
Les crabes habitent le piano du salon, font jouer ses notes dans les vagues qui s’échouent à son portail. La mélodie incohérente leur plait, elle plait au vent, et le vent l’emporte aux oiseaux des autres îles, bien loin, qui, sans savoir d’où elle vient, joignent leurs jasements provocateurs aux échos de l’ailleurs. Quand le piano se brise, les oiseaux se taisent, et les vagues pour un instant s’apaisent. Les crabes ne bougent pas sous les planches, s’arrêtent le temps d’être surpris, puis vite et de côté ils glissent sur le tapis coloré, sur le plancher terne, ils rejoignent les murs, ils rejoignent les fenêtres grandes ouvertes qui accueillent chaque vague de la tempête dans leur âtre, offrant à la nature une civilisation à maîtriser, ils retournent à la mer mais désormais la mer est la maison, et le portrait au mur se fait recouvrir une fois, deux fois.
Le portrait est beau, trop beau, d’une femme et d’un chapeau, d’un grand chapeau qui surplombe la femme, soudain le vent veut cette femme, l’eau veut ce chapeau, et ils se battent pour avoir l’un et l’autre, l’autre et l’un, qui sont ensemble inséparables, mais le portrait ne cède pas, et reste fidèle au mur. Et puis le vent abandonne, la mer abandonne. Elle retombe comme si elle ne s’était jamais intéressée à l’objet, elle ressort par les portes-fenêtres, elle laisse la maison être en attendant de revenir quand elle ne s’y attendra plus, et le vent, lui, le vent se fait plus doux, cajoleur, il séduit le portrait de ses caresses chaudes. La maison s’offre à lui. Elle s’offre au soleil qui la berce. Elle s’offre aux crabes qui sont revenus. L’eau cajole comme des promesses les couverts d’argent qu’elle lui a volés. Et ils savourent cet amour qui les unit, tous les trois, le ciel, l’océan, la maison.
Décembre- Nombre de messages : 4
Age : 35
Localisation : Caroline du Nord
Date d'inscription : 23/10/2009
Re: L'Ile
Une écriture soignée, recherchée, la dernière phrase est belle et le sujet mystérieux à souhait... mais le texte ne m'a pas intéressée, je l'ai trouvé trop lisse, voire maniéré. Cela dit, c'est mon goût, je reconnais le travail.
Bienvenue sur Vos Écrits, à vous lire bientôt !
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Invité- Invité
Re: L'Ile
J'aime . Peut-être un peu précieux, c'est vrai, mais je n'ai rien contre le précieux quand ce n'est pas du clinquant. Et là je trouve une belle poésie dans ce texte, quelque chose qui me fait penser à Vian, et c'est bon. Bienvenue ici, Décembre.
T'en as d'autres ? Enfin, lundi seulement !! ( sgrhgrhrgs dhrjh!)
T'en as d'autres ? Enfin, lundi seulement !! ( sgrhgrhrgs dhrjh!)
Invité- Invité
Re: L'Ile
Ce texte ne m'a pas fait penser à Vian. Je me sens obligé de le dire car mis à part cette simple remarque, j'ai éprouvé à sa lecture les mêmes sentiments que Coline : de la poésie, un procédé narratif peut-être un peu trop sage dans sa régularité, surtout lorsque vous reprenez un même mot au lieu d'utiliser un pronom (ex: la maison ; le vent ; rejoignent etc...).
Attention je ne propose pas une modification, le texte est assez charmeur tel qu'il est... ;o)
Une agréable lecture...
Attention je ne propose pas une modification, le texte est assez charmeur tel qu'il est... ;o)
Une agréable lecture...
boc21fr- Nombre de messages : 4770
Age : 53
Localisation : Grugeons, ville de culture...de vin rouge et de moutarde
Date d'inscription : 03/01/2008
Re: L'Ile
J'ai vraiment beaucoup aimé l'idée, et l'ambiance. Mais je trouve le texte trop démonstratif. Par exemple ici :
Idem ici :
Toutes remarques ci-dessus afin de souligner que j'ai trouvé ce texte vraiment très beau, je l'ai déjà dit, et je trouve dommage que certains éléments viennent polluer cette mer sauvage et amoureuse.
je n'aime pas cette manière d'anticiper d'une part (on se fout de ce que ça va faire, ce qui compte c'est ce qui arrive maintenant) et d'abreuver le lecteur de détails inutiles d'autre part.ils rejoignent les fenêtres grandes ouvertes qui accueillent chaque vague de la tempête dans leur âtre, offrant à la nature une civilisation à maîtriser,
Idem ici :
La dernière phrase est du même tonneau, elle sonne pseudo-poétique, voire moralisatrice et dirige trop le lecteur dans sa façon de penser, de ressentir le texte.Personne n’est là pour la qualifier de ruine, la conscience d’en être une s’abstient,
Toutes remarques ci-dessus afin de souligner que j'ai trouvé ce texte vraiment très beau, je l'ai déjà dit, et je trouve dommage que certains éléments viennent polluer cette mer sauvage et amoureuse.
Invité- Invité
Re: L'Ile
un texte qui dégage un torpeur mi-poétique, c'est soigné. J'ai particulierement aimé la dispute :
Bienvenue sur Ve et à vous lire bientôt.soudain le vent veut cette femme, l’eau veut ce chapeau, et ils se battent pour avoir l’un et l’autre, l’autre et l’un, qui sont ensemble inséparables,
Invité- Invité
Re: L'Ile
Tous les thèmes trouvent écho en moi, ou du moins éveillent une partie de la lectrice " sauvée des eaux ".
La recherche en écriture ne peut que ciseler les mots, on ne peut donc s'en plaindre vraiment.
J'espère que le vent laissera à la dame son dernier rempart.
La recherche en écriture ne peut que ciseler les mots, on ne peut donc s'en plaindre vraiment.
J'espère que le vent laissera à la dame son dernier rempart.
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: L'Ile
De trés belles images surgissent de ce chaos de mots d'eau et de vent!
Et ce chapeau...Chapeau!
Et ce chapeau...Chapeau!
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: L'Ile
L'atmosphère étrange créée par le récit, ainsi que la torpeur qui s'en dégage me plaisent beaucoup. Il y a là une manière délicate de raconter qui me paraît aboutie, réussie.
Il y a également des allures poétiques dans cette invitation à une forme de voyage quasi onirique. Entre mots ciselés et images peaufinées, chaque idée énoncée trouve sa place dans cet écrin précieux par le soin apporté à la langue. Une langue qui pourrait peut-être être allégée par moments et en même temps, je crains que ce faisant, le texte perde une partie de sa magie.
Il y a également des allures poétiques dans cette invitation à une forme de voyage quasi onirique. Entre mots ciselés et images peaufinées, chaque idée énoncée trouve sa place dans cet écrin précieux par le soin apporté à la langue. Une langue qui pourrait peut-être être allégée par moments et en même temps, je crains que ce faisant, le texte perde une partie de sa magie.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: L'Ile
Cela m'a rappelé le "Prince des marées" de Pat Conroy. Caroline du Sud pour lui ! Sympathique.
Re: L'Ile
wow !! Ce texte est une révelation pour moi ! C'est incroyable mais on dirait un vrai écrivain !
C'est très beau. J'aime beaucoup !
Ca me fait penser à la maison de Boule et Bill et ca me fait remonter beaucoup de souvenirs très beaux de tous les moments que j'ai partagé avec ces deux compères.
Merci !
Mini mini mini joe....
C'est très beau. J'aime beaucoup !
Ca me fait penser à la maison de Boule et Bill et ca me fait remonter beaucoup de souvenirs très beaux de tous les moments que j'ai partagé avec ces deux compères.
Merci !
Mini mini mini joe....
mini joe- Nombre de messages : 109
Age : 35
Localisation : 52eme étage. Tour de Djakarta.
Date d'inscription : 01/11/2009
Re: L'Ile
t'es vraiment un cas toimini joe a écrit:Ca me fait penser à la maison de Boule et Bill
en tout cas tu joues bien
tu devrais t'essayer au théâtre
Re: L'Ile
beau texte, belle écriture, de la poésie, des images en mouvement et quasi sonores
une réussite
une réussite
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