Constat d'échec
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Roz-gingembre
Plotine
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Constat d'échec
C'est bizarre comme ce genre de chose peut arriver brusquement.
Elle l'a regardé et elle s'est dit : "je ne l'aime plus".
Bien sûr, dans son subconscient, elle savait qu'elle ne l'aimait plus déjà depuis longtemps mais elle ne se l'était pas vraiment dit et puis, il restait quand même un petit quelque chose qui ressemblait à de l'amour. Cinq minutes avant, elle l'aimait encore bien, elle avait encore un peu de tendresse, juste assez pour lui permettre de continuer la vie commune avec lui sans problème. Elle s'était même persuadée que c'était tout à fait normal. Rien d'autre que le cours logique des choses, au fil des années, dans un couple. C'était un classique. Tout le monde en convenait. La passion disparaissait mais il restait la tendresse, l'estime et le respect l'un envers l'autre.
Mais là, d'un seul coup, elle avait basculé dans une autre dimension : elle ne l'aimait plus. Ni même un peu, ni même comme un ami, ni comme son chien, ni comme le chocolat ! Non elle ne l'aimait plus, du tout, ce qui voulait dire qu'elle était tout prêt de le détester et c'est ce qui est arrivé dans la seconde qui a suivi.
Elle l'a simplement regardé comme on regarde un parfait étranger et elle se disait : "je ne l'aime plus, je ne l'aime plus" et c'était comme un grand poids en moins et aussi un grand froid qui lui est descendu dans l'âme. C'était étrange de pressentir le cataclysme que cette constatation allait engendrer et, en même temps de se sentir ainsi libérée.
Pourtant il n'avait rien fait de spécialement monstrueux, seulement un de ces petits riens ordinaires qui prouvait une fois de plus que lui ne l'aimait pas et ne l'avait peut-être, sans doute, jamais aimée, ce qu'elle avait, jusqu'ici, au cours de toutes ces années, refusé de voir.
En fait dans ce "je ne l'aime plus" il y avait simplement : "à partir de maintenant, je me fous de ce qui peut lui arriver, je ne suis plus concernée, je ne lui dois rien".
Évidemment, il y a eu des conséquences parce que le soir même elle a décidé de faire chambre à part.
Il a été surpris. C'était une journée ordinaire pour lui où il avait fait preuve de son habituel égocentrisme, mais rien de plus que d'habitude. Il n'y avait eu aucune scène entre eux, rien qui pouvait expliquer que, le soir venu, elle monte dans la chambre bleue et qu'elle s'y enferme.
Il ne l'a pas bien pris, il est même venu frapper timidement à la porte, mais peut-être a-t-il pensé que ce ne serait qu'une passade et qu'elle changerait d'avis le lendemain, ou le surlendemain. Ils avaient eu, par le passé, des querelles d'amoureux qui l'avaient conduite à bouder, parfois.
Bien sûr, elle aurait pu lui parler, lui expliquer, mais ce n'était pas utile parce que ça n'avait pas plus de sens que si elle avait dit à son fauteuil Voltaire pourquoi elle allait s'en débarrasser au prochain vide-grenier.
Elle a donc continué à se taire. Ils n'échangeaient plus que sur des choses concernant le travail ou les petits problèmes de la vie de tous les jours. Il ne demandait rien. Elle attendait qu'il se lasse parce qu'elle avait décidé que ce ne serait pas elle qui partirait. Il avait tué tout amour en elle, détruit de ce fait ce bien précieux que constitue un couple uni et qu'elle voulait offrir en exemple à leur enfant. Elle considérait donc que ça suffisait comme dégâts et qu'il n'allait pas en plus, lui faire quitter la maison qui avait vu naître et grandir son fils. C'était lui qui devait partir, voilà ce qu'elle avait décidé.
Au début, elle a continué à faire comme avant : les repas pour lui aussi, sa lessive et puis, ça ne lui a plus été possible, alors elle a arrêté.
Elle a dû dû attendre quatre années avant qu'il ne réalise vraiment et qu'il se trouve quelqu'un d'autre chez qui aller habiter parce que rares sont les hommes capables de vivre seuls.
Il avait besoin d'elle dans son travail, ce qui lui permit de négocier durement leur séparation. Elle le fit pour son fils. C'était pour lui qu'elle avait tenu. Seule, elle serait partie.
Le jour du divorce, quand elle se retrouva dans la rue à la sortie du tribunal, la joie, une joie intense qu'elle croyait morte à jamais, la submergea. Un peu, pensa-t-elle, comme si elle sortait de prison.
Elle l'a regardé et elle s'est dit : "je ne l'aime plus".
Bien sûr, dans son subconscient, elle savait qu'elle ne l'aimait plus déjà depuis longtemps mais elle ne se l'était pas vraiment dit et puis, il restait quand même un petit quelque chose qui ressemblait à de l'amour. Cinq minutes avant, elle l'aimait encore bien, elle avait encore un peu de tendresse, juste assez pour lui permettre de continuer la vie commune avec lui sans problème. Elle s'était même persuadée que c'était tout à fait normal. Rien d'autre que le cours logique des choses, au fil des années, dans un couple. C'était un classique. Tout le monde en convenait. La passion disparaissait mais il restait la tendresse, l'estime et le respect l'un envers l'autre.
Mais là, d'un seul coup, elle avait basculé dans une autre dimension : elle ne l'aimait plus. Ni même un peu, ni même comme un ami, ni comme son chien, ni comme le chocolat ! Non elle ne l'aimait plus, du tout, ce qui voulait dire qu'elle était tout prêt de le détester et c'est ce qui est arrivé dans la seconde qui a suivi.
Elle l'a simplement regardé comme on regarde un parfait étranger et elle se disait : "je ne l'aime plus, je ne l'aime plus" et c'était comme un grand poids en moins et aussi un grand froid qui lui est descendu dans l'âme. C'était étrange de pressentir le cataclysme que cette constatation allait engendrer et, en même temps de se sentir ainsi libérée.
Pourtant il n'avait rien fait de spécialement monstrueux, seulement un de ces petits riens ordinaires qui prouvait une fois de plus que lui ne l'aimait pas et ne l'avait peut-être, sans doute, jamais aimée, ce qu'elle avait, jusqu'ici, au cours de toutes ces années, refusé de voir.
En fait dans ce "je ne l'aime plus" il y avait simplement : "à partir de maintenant, je me fous de ce qui peut lui arriver, je ne suis plus concernée, je ne lui dois rien".
Évidemment, il y a eu des conséquences parce que le soir même elle a décidé de faire chambre à part.
Il a été surpris. C'était une journée ordinaire pour lui où il avait fait preuve de son habituel égocentrisme, mais rien de plus que d'habitude. Il n'y avait eu aucune scène entre eux, rien qui pouvait expliquer que, le soir venu, elle monte dans la chambre bleue et qu'elle s'y enferme.
Il ne l'a pas bien pris, il est même venu frapper timidement à la porte, mais peut-être a-t-il pensé que ce ne serait qu'une passade et qu'elle changerait d'avis le lendemain, ou le surlendemain. Ils avaient eu, par le passé, des querelles d'amoureux qui l'avaient conduite à bouder, parfois.
Bien sûr, elle aurait pu lui parler, lui expliquer, mais ce n'était pas utile parce que ça n'avait pas plus de sens que si elle avait dit à son fauteuil Voltaire pourquoi elle allait s'en débarrasser au prochain vide-grenier.
Elle a donc continué à se taire. Ils n'échangeaient plus que sur des choses concernant le travail ou les petits problèmes de la vie de tous les jours. Il ne demandait rien. Elle attendait qu'il se lasse parce qu'elle avait décidé que ce ne serait pas elle qui partirait. Il avait tué tout amour en elle, détruit de ce fait ce bien précieux que constitue un couple uni et qu'elle voulait offrir en exemple à leur enfant. Elle considérait donc que ça suffisait comme dégâts et qu'il n'allait pas en plus, lui faire quitter la maison qui avait vu naître et grandir son fils. C'était lui qui devait partir, voilà ce qu'elle avait décidé.
Au début, elle a continué à faire comme avant : les repas pour lui aussi, sa lessive et puis, ça ne lui a plus été possible, alors elle a arrêté.
Elle a dû dû attendre quatre années avant qu'il ne réalise vraiment et qu'il se trouve quelqu'un d'autre chez qui aller habiter parce que rares sont les hommes capables de vivre seuls.
Il avait besoin d'elle dans son travail, ce qui lui permit de négocier durement leur séparation. Elle le fit pour son fils. C'était pour lui qu'elle avait tenu. Seule, elle serait partie.
Le jour du divorce, quand elle se retrouva dans la rue à la sortie du tribunal, la joie, une joie intense qu'elle croyait morte à jamais, la submergea. Un peu, pensa-t-elle, comme si elle sortait de prison.
Plotine- Nombre de messages : 1962
Age : 81
Date d'inscription : 01/08/2009
Re: Constat d'échec
L'idée est pas mal, je trouve, mais l'écriture de l'ensemble m'a paru lourde, les phrases pleines d'articulation "et", "ce qui", "ce que", "c'était" qui m'ont donné l'impression de marteler le propos.
Par ailleurs, tout le texte est au passé composé et soudain, à la fin, vous passez au passé simple, je me suis demandé pourquoi.
Mes remarques :
« Bien sûr, dans son subconscient, elle savait qu'elle ne l'aimait plus déjà depuis longtemps mais elle ne se l'était pas vraiment dit » : pour moi, cette phrase est inutile car celle juste avant donne la même indication ; celle-ci explicite inutilement à mon avis
« ce qui voulait dire qu'elle était tout près de le détester et c'est ce qui est arrivé dans la seconde qui a suivi » : l’ensemble me paraît lourd
« et qu'il n'allait pas en plus, (tenez-vous à cette virgule ? Si oui, je pense qu’il vaudrait mieux achever l’incise en en ajoutant une autre avant « en plus ») lui faire quitter la maison qui avait vu naître et grandir son fils » : lourd, là aussi, pour moi
Par ailleurs, tout le texte est au passé composé et soudain, à la fin, vous passez au passé simple, je me suis demandé pourquoi.
Mes remarques :
« Bien sûr, dans son subconscient, elle savait qu'elle ne l'aimait plus déjà depuis longtemps mais elle ne se l'était pas vraiment dit » : pour moi, cette phrase est inutile car celle juste avant donne la même indication ; celle-ci explicite inutilement à mon avis
« ce qui voulait dire qu'elle était tout près de le détester et c'est ce qui est arrivé dans la seconde qui a suivi » : l’ensemble me paraît lourd
« et qu'il n'allait pas en plus, (tenez-vous à cette virgule ? Si oui, je pense qu’il vaudrait mieux achever l’incise en en ajoutant une autre avant « en plus ») lui faire quitter la maison qui avait vu naître et grandir son fils » : lourd, là aussi, pour moi
Invité- Invité
Re: Constat d'échec
Je suis déçue, je m'attendais à autre chose, je croyais que ta manche magicienne recèlerait une entourloupe quelconque en fin de texte ... C'est la façon dont la narratrice évoque cet autre qui m'avait laissé espérer une pirouette au lieu de ceci, très prosaïque... Bien sûr plus j'avançais dans ma lecture plus je devais me rendre à l'évidence que de surprise il n'y aurait point. Mais quand même, l'espoir fait lire...
Sur l'écriture, c'est du Plotine : correct mais en-deçà de ce que, à mon idée, tu es en mesure de produire.
Sur l'écriture, c'est du Plotine : correct mais en-deçà de ce que, à mon idée, tu es en mesure de produire.
Invité- Invité
Re: Constat d'échec
Sur l'écriture en elle même, il y a un je ne sais quoi de maladroit que je ne pourrais circonscrire mais sur ce qui se raconte je dirais : bien vu.
J'aime surtout le coté constat qui laisse éloignée toute possibilité de pathos.
Cette histoire est effectivement un échec bien plus grave que de ne pas trouver le ton Ogawa. Qui nage probablement dans d'autres eaux
J'aime surtout le coté constat qui laisse éloignée toute possibilité de pathos.
Cette histoire est effectivement un échec bien plus grave que de ne pas trouver le ton Ogawa. Qui nage probablement dans d'autres eaux
Roz-gingembre- Nombre de messages : 1044
Age : 61
Date d'inscription : 14/11/2008
Re: Constat d'échec
c'est "propre", assez plat au niveau du style, un peu monocorde dans le traitement, tout est attendu, comme si on relisait un texte déjà connu, sans surprise
n'empêche que cela reflète tout à fait une réalité sans doute trop fréquente
et ce reflet là est visible, et même un peu gênant
n'empêche que cela reflète tout à fait une réalité sans doute trop fréquente
et ce reflet là est visible, et même un peu gênant
Re: Constat d'échec
Voilà une femme courageuse qui largue la barque lourde des naufrages quotidiens.
Je suis bien aise qu'elle navigue à la voile près du grand vent !
Je suis bien aise qu'elle navigue à la voile près du grand vent !
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: Constat d'échec
J'aime bien la simplicité de ce texte qui raconte explicitement comment le quotidien peut basculer et implicitement comment on pourrait facilement enterrer sa vie si on n'y prenait garde.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Constat d'échec
Un écrit, simple, lucide. Bon, bizarre que le mec laisse tout ça se dérouler sans piper mot. Il devait être content aussi à la fin.
Invité- Invité
Re: Constat d'échec
Contrairement à d'autres de tes textes, celui-ci me séduit très moyennement. Je l'ai trouvé par moments laborieux, avec une allure générale trop lisse à mon goût.
Il est difficile de cibler ton personnage, de savoir si cette femme est cruelle, machiavélique, salope, malheureuse, triste ou que sais-je, voire tout ça à la fois. Le personnage n'accroche à rien et semble fuir à travers une histoire esquissée trop rapidement.
La situation décrite n'est pas incompatible avec une forme de linéarité qui symboliserait cette routine destructrice mais aucune émotion ne parvient à jaillir et à me toucher, désolée.
Il est difficile de cibler ton personnage, de savoir si cette femme est cruelle, machiavélique, salope, malheureuse, triste ou que sais-je, voire tout ça à la fois. Le personnage n'accroche à rien et semble fuir à travers une histoire esquissée trop rapidement.
La situation décrite n'est pas incompatible avec une forme de linéarité qui symboliserait cette routine destructrice mais aucune émotion ne parvient à jaillir et à me toucher, désolée.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Constat d'échec
Ah ah, voilà donc le bâclé que tu te targuais d'avoir sous le coude, et que tu allais poster promptement; eh bien, indiscutablement, tu avais fort bien décrit la chose.
Quel dommage qu'avec ta mauvaise langue acérée, ton œil inquisiteur et ta plume qui peut être si subtile tu te contentes de ces à-peu-près.
Enfin...je comprends qu'après le loto à la maison de retraite, tu ne sois plus très en train...
Il ne l'a pas bien pris, il est même venu frapper timidement à la porte
Il est tout cool pépère, moi, si je ne prends pas bien, la porte, je l'explose.
Remets-toi au tricot, finalement, tu perds ton temps...
Quel dommage qu'avec ta mauvaise langue acérée, ton œil inquisiteur et ta plume qui peut être si subtile tu te contentes de ces à-peu-près.
Enfin...je comprends qu'après le loto à la maison de retraite, tu ne sois plus très en train...
Il ne l'a pas bien pris, il est même venu frapper timidement à la porte
Il est tout cool pépère, moi, si je ne prends pas bien, la porte, je l'explose.
Remets-toi au tricot, finalement, tu perds ton temps...
silene82- Nombre de messages : 3553
Age : 66
Localisation : par là
Date d'inscription : 30/05/2009
Re: Constat d'échec
Oui ca partait bien.
Après qu'elle se mette à le detester ça s'enlise, ca se ralenti alors que je croyais que tout allais accélérer... En fait, après les deux ou trois premier chapitres, tout est dit, du moins dans ce qu'il y avait d'intéressant à dire.
Après qu'elle se mette à le detester ça s'enlise, ca se ralenti alors que je croyais que tout allais accélérer... En fait, après les deux ou trois premier chapitres, tout est dit, du moins dans ce qu'il y avait d'intéressant à dire.
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