Idée fixe

[silene82]

— Les enfants, on se met en rang par 2...vous vous alignez....on rentre dans la classe. Nous allons faire des colliers décorés pour la Fête des Mères. Vous vous souvenez de la dernière réalisation?
— Oui maîtresse, c'était un zoiseau
— Un noiseau, Éric, on dit un noiseau
— Comme une noisette m'dame? Un noiseau c'est le mari d'une noisette?

Rires des petites, qui en gloussent, comme à chaque allusion au couple, aux maris, aux fiancés.
C'est étonnant les affinités qui s'établissent déjà, si tôt. Quand on pense qu'ils n'ont que 4 ans pour les plus grands. Éric est obnubilé par Samantha. Il ne voit qu'elle. C'est vrai qu'elle est à croquer avec ses boucles ondulées et sa petite bouille ronde d'encore gros bébé. Et ses yeux! Avec ses longs cils, une petite poupée. Et elle le sait, pas de problème. Tous les garçons sont prêts à se battre pour être assis à côté d'elle. Elle alterne. Pas de jaloux.

— Composition française. Samantha, 15,5. je t'ai enlevé un demi-point à cause de la présentation: tu aurais pu rendre une feuille sans ratures...De très jolies trouvailles:
du bief s'écoulait un filet de clepsydre …ton passage sur la forêt qui s'endort avec les oiseaux qui se préparent pour la nuit est très réussi également

Je n'ai pas eu le temps de recopier au propre. Il a fallu que j'aide maman hier soir à repasser tout ce qu'elle avait lavé. J'avais mis le réveil pour le faire ce matin mais je ne l'ai pas entendu. Heureusement que maman m'a tiré du lit pour aller à l'école.

— Priscilla, 15, bon travail, propre et soigné, continue, Camille 14, tu aurais pu développer un peu plus ta deuxième partie, Hélène 13....

Toutes les filles ont l'air de nous passer devant. C'est vrai que c'est une institutrice, et qu'elle préfère sûrement la manière de raconter des filles. Mais quand même c'est bizarre qu'on soit toujours nettement derrière, moi je me donne du mal pour les devoirs. Bon c'est vrai que le sujet, là, ça ne m'inspirait pas beaucoup; et je ne pense pas que l'instit' va nous mettre en sujet « racontez le dernier match auquel vous avez assisté » ou « vous suivez le Tour de France dans une des voitures d'escorte, racontez » Là, on verrait si les filles se débrouillent mieux que nous. Bon, Samantha peut-être. Elle, elle est plus douée que les autres. Qu'est ce qu'elle est jolie, quand même. Là, dans le contrejour de la fenêtre, avec ses boucles dorées, elle a le teint des panneaux flamands que j'ai vus à la dernière exposition. La peau est si fine et blanche qu'elle paraît de nacre, et la moindre émotion la colore instantanément. C'est joli comme de l'ivoire.

Il a quelque chose de toujours un peu ailleurs Éric. Il y a beaucoup de comportement différents avec les garçons; celui qui fait penser à un petit chien qui essaye toujours de se frotter. Comme le yorkshire de tantine Maria qui vole les coussins pour faire comme avec une femelle. C'est dégoutant, à chaque fois il laisse son liquide gluant. Ça sèche, il recommence, il y en a tant dessus que ça devient tout raide. Tantine ça la fait rire. Elle dit que c'est parce qu'il est privé de femelle. Elle n'a qu'à lui en trouver une aussi, quand elles sont en chaleur, de toutes façons, c'est obligé que ça marche.
Celui qui a toujours l'air d'un petit garçon qui a volé des confitures et qu'on va punir. Celui qui veut faire le chevalier et qui te porte ton cartable. Celui qui parle aux filles comme si elles étaient du bétail. Et il y en a qui trouvent ce genre de brutes « très attirants ». Bon plaisir, quand elles en auront épousé un, et qu'elles seront sa bonniche-paillasson pour se changer l'eau des olives, comme j'ai entendu certains le dire. Éric, c'est pas ça. Il est toujours un peu absent. On ne sait pas s'il ne suit pas ou s'il est tout le temps dans un rêve éveillé.
Je pense qu'il a plus de capacités que ce qu'il montre. Je sais qu'il s'intéresse à beaucoup de choses, et qu'il lit des revues sur l'art: j'en ai vu dans son cartable quand il l'a entrouvert l'autre jour. Ce qui est ennuyeux avec les garçons, c'est qu'ils ont du mal à accepter les places auxquelles on a envie de les mettre. Je ne sais pas moi, est-ce que c'est parce que on se retrouve seules maman et moi à être obligées de se débrouiller avec les petits, maman qui court de boulot en boulot, mais je vois les choses d'une manière tellement claire...Beaucoup d'hommes, à la première difficulté, ils fichent le camp; ou alors ils se mettent à pleurnicher, et ils prennent un abonnement au bistrot. On voit que pour beaucoup la vie n'a été qu'une succession de choses faciles et agréables, qu'on s'est toujours extasié devant tout ce qu'ils faisaient. Il n'y a qu'à voir dans la classe. On est en 3ème, on va entrer en seconde. A part Elkaz, qui utilise chaque seconde pour étudier et étudier encore un peu plus, les autres garçons, on ne les voit pas stressés. Ils ont de mauvaises notes, ça les fait rigoler. On dirait qu'il n'arrivent pas à comprendre le rapport entre leur niveau ici et la suite dans leur vie.

Samantha, Samantha, comment lui dire? J'ai des envies, bien sûr, je me retrouve le matin avec le pyjama tout humide; mais là ça n'a rien à voir. Je crois qu'on a un décalage avec les filles; à notre âge, à 15 ans, on a l'impression qu'elles sont déjà des femmes pas tout à fait terminées physiquement, mais avec des pensées de femme. Des regards souvent: il y en a qui me font même un peu peur quand elles me regardent en face: j'ai l'impression d'être un petit garçon et qu'elles elles sont des mères, ou des tantes. Des fois, j'ai l'impression qu'elles vont me demander si j'ai mon mouchoir dans la poche. Ce qui est sûr, c'est que quand il faut entourer quelqu'un ou le calmer, elles savent le faire tout de suite. Nous nous restons bras ballants comme des nigauds et elles, elles prennent en charge. L'autre jour, quand Romain a eu sa crise d'épilepsie, on ne savait pas quoi faire, et même ça nous faisait peur. Elles, pas du tout: on aurait dit que même le vomi ne les dérangeait pas. Elles l'ont épongé, elles lui ont mis de l'eau sur la figure pour le nettoyer, l'ont allongé à l'ombre, sont restées avec lui en lui tenant la main et en mettant sa tête sur leurs genoux. Elles lui parlaient doucement en lui passant la main sur le visage, eh bien, en 10 minutes il était calmé. Je suis sûr qu'au moment de mourir c'est comme ça qu'il faudrait faire. Il doit bien y avoir quelque chose d'effrayant au moment de mourir, vu le nombre de momies grimaçantes qu'on a retrouvées. C'est pour ça qu'il y a toujours eu des femmes auprès des malades et des mourants: elles ne sont pas dégoûtées, elles ne crient pas, elles calment.

— Tu as aimé le cours de français? (tu parles comme ça m'intéresse de lui parler du cours de français; mais je ne sais pas quoi lui dire. Déjà que j'ai de la chance qu'on fasse le chemin ensemble)
— Oui, beaucoup. J'aime la manière dont on exprimait les choses au temps de madame de La Fayette. J'aime les noms qu'il y a sur la Carte du Tendre (disons que oui, si j'avais le temps et moins de préoccupations en tête, j'aimerais bien m'autoriser à rêver à Tendre sur Inclination et d'autres villages de ce style. Mais là, sortie du cours, c'est la vie réelle qui reprend: il faut que j'aille récupérer les petits à la sortie de l'école, que je les fasse goûter. Il faut sortir le linge de la machine et l'étendre. Il faudrait essayer de repasser un peu: ils n'ont plus grand chose à se mettre)
— Pour moi, c'est un peu mystérieux; j'ai l'impression que nous sommes un peu à l'écart de ces choses
— Nous?
— Les garçons...(évidemment que nous y sommes; pas un des gars que ça intéresse même de lire les noms des villages, ou de remonter mentalement le cours du fleuve)
— Vers quoi tu penses te diriger après le lycée?
— Une filière courte. Je n'aurai pas de temps à perdre. Et toi?
— Je ne sais pas....

Il est gentil Éric; il a les moyens de l'être. Pas soumis aux mêmes contraintes. Je ne lui reproche rien, mais nous sommes dans des réalités différentes. Il peut rêvasser, les yeux perdus en l'air, et se promener langoureusement le long de la mer, comme je l'ai vu faire l'autre jour. Pour moi, la réalité revient toujours au galop, avec une acuité et une présence terriblement envahissantes.
Qu'est-ce qui se dessine devant moi? Les études qui m'intéresseraient vraiment, l'histoire de l'art, mes parents ne pourront pas suivre. Il va falloir faire un compromis, prendre une filière courte, passer des concours, rentrer dans la Fonction Publique. Je ne vois pas d'autre moyen pour être indépendante rapidement .

Tableau d'affichage. Affaire réglée pour le bac; pour ce qu'il représente à présent, tu parles. J'ai lu dans la France Illustrée les sujets du temps de mes grands parents; impressionnant, surtout au niveau de la mémorisation que cela demandait; l'épreuve de littérature, pour ce que j'en comprends, consistait surtout à aligner de belles phrases en bon français. Et pas trop originales si possible, bien formatées, qui montraient qu'on avait bien intégré la doxa! Je me demande qui serait encore capable de le passer. Pas de grandes surprises, Clémence mention très bien, moi mention bien, je me suis loupé en philo, c'était le risque. J'aurais du prendre le sujet sur le déterminisme et ses implications, là j'en aurais eu à dire, tu penses. La liberté gna gna gna, j'aurais dû être un peu plus maligne, avec un sujet bateau comme ça, c'était difficile de sortir des lieux communs. Éric assez bien, il l'a eu quoi, rien de plus, il aurait pu décrocher mieux, pas de doute, mais il s'est perdu dans sa démonstration, il me l'avait dit en sortant, il n'a pas réussi à conclure dans les temps; ça pénalise toujours.
— Alors Samantha, tu fais quoi maintenant? Fac?
— Tu te moques? On en a déjà parlé, non?
— Pas beaucoup; tu m'as juste dit qu'il allait falloir que tu ailles vite
— Eh bien oui, c'est le cas: il faut que je prenne une filière la plus courte — possible. Je n'ai pas le temps d'attendre, trop d'urgences...

Je ne sais pas quoi lui dire. Il y a un côté dégueulasse quand même dans le fait que elle, douée comme elle l'est, est obligée d'aller à l'efficace pour être le plus vite possible opérationnelle et rentable. Je n'ose pas lui parler de ça. Je pense qu'elle doit aider sa mère, et que ça doit être difficile.
J'aimerais lui proposer quelque chose. Elle m'intimide. Je la trouve belle. Souvent j'ai des rêves érotiques où je la vois se déshabiller, venir se coucher à côté de moi, et commencer à me caresser. Quand je me réveille, c'est moi qui me caressais, et je suis tout plein de sperme visqueux.

— Samantha...
— Oui, Éric, quoi?
— Ben, j'ai pensé...peut-être on pourrait....
— On pourrait quoi?
— Ben, partager un logement; ça nous permettrait de mieux s'en sortir...pour étudier...
— Éric (le ton est maternel), c'est très gentil de ta part, mais nous ne courons pas dans la même course: tu as tout ton temps, et si tu arrives en retard, ça n'est pas grave. Dans mon cas, c'est complètement différent. J'ai une obligation d'aller vite et d'être opérationnelle.
— Tu vas te ...Samantha...et ...si on se mariait?
— Éric, tu penses vraiment qu'on peut se marier quand on est dépendant comme tu l'es? Tu as envie que ce soit tes parents qui décident de tout à ta place, parce que tu n'auras aucune indépendance?
— Mais je peux travailler...
— Tu es mignon, Éric: sans diplôme supérieur, tu penses faire quoi? Tu vas te contenter d'un petit boulot alimentaire, juste pour faire face? Ça ne durerait pas bien longtemps, tu sais, le jeune homme de bonne famille dans un emploi subalterne; tu te lasserais vite, crois-moi. Mais c'est gentil de ta part d'y penser...
— Tu ne veux pas de moi, en fait...
— Mais non, ça ne se pose pas comme ça; mais tu vois bien qu'il y a un trop grand décalage entre nous: moi, je suis dans la réalité de la vie et dans l'urgence, pas toi
— On pourrait essayer, quand même...
— Je n'ai pas de temps pour essayer, Éric, tout juste pour essayer de m'en sortir
— T'es pas gentille...
— Je ne vois pas ce que la gentillesse vient faire là-dedans (sa voix se durcit). Je te le répète, je ne peux pas me charger d'un handicap, parce qu'en ce moment, c'est ce que tu serais, pas une aide.
— Tais-toi, je n'ai pas envie d'entendre ça...
— Heureusement que tu te réveilles...je commençais à m'inquiéter...

J'ai pas aimé ce qu'elle m'a dit là. Un handicap. Elle manque pas d'air. Un handicap. Moi, je serais un handicap? Ah, évidemment dans sa logique à elle, madame doit assurer, madame ne veut pas d'un rôle traditionnel, je l'entends déjà « j'ai pas fait des études de philo pour être à la maison à m'occuper de mômes.. »Bon, je dis ça; j'en suis pas sûr.

— Et si je demandais à mes parents suffisamment d'argent pour qu'on puisse faire nos études tous les deux ?
— Tu es mignon, Éric, et devoir justifier de tout, toujours, tout le temps? Jouer aux adultes en étant dépendants?
— Les pensionnés du roi, à la cour, c'était bien la même chose, non?
— Ah oui? Il me semblait à moi que c'étaient des grands seigneurs, au contraire, que le roi attirait à la cour avec de grosses pensions, pour qu'ils arrêtent de comploter dans son dos; il le faisait principalement pour pouvoir garder un œil sur eux. Tu avais bien révisé le programme pour le bac?
— Ben...j'avais pas compris comme ça...
— De toutes façons, pour moi, ce genre de choses, pas question
— Tu sais, je sens que j'ai surtout besoin d'un peu plus de temps...
— Mais moi, du temps, je n'en ai pas à te donner: je suis dans l'urgence, je te l'ai déjà dit.

Deux ans ont passé; Samantha a passé des concours internes à la Poste où elle était rentrée sur un emploi moyennement qualifié. Elle est en formation pour occuper le poste de receveur dans une petite ville de province. Éric est en dernière année de licence. En se rendant à la bibliothèque, Éric tombe nez-à-nez avec elle

— Ah, bonjour, Samantha, comment ça va?
— Mais très bien, et toi?
— Boh...je ne peux pas dire que je me régale de ce que je fais...mais bon, il y a une finalité...
— Moi, ça va; le boulot commence à devenir plus intéressant: je serai bientôt sur un poste de receveur...
— Samantha...je n'ai pas changé, sur ma proposition...viens vivre avec moi...
— Mais ça ne va pas, Éric? C'est obsessionnel, décidément...
— Mais qu'est-ce qui s'y oppose, enfin?
— Une raison majeure: je suis fiancée,je vais me marier...
— Tu as pas voulu m'attendre...
— Je ne peux pas attendre, Éric; la vie, c'est tout de suite....
— Moi, je t'aurais attendu...
— Toi, Éric, peut-être

LA DEPECHE
Félicitations à notre charmante receveuse, Mme Y...qui vient de mettre au monde une superbe petite fille de 3, 200kgs qu'elle a prénommée Mildred. Tous nos meilleurs vœux à elle et son époux, cadre de l'agence bancaire locale

Les années passent; Éric a passé sa maîtrise en lettres, sans trop forcer; lucide, il sait que le seul débouché possible est l'enseignement, et l'enseignement, ça veut dire s'astreindre à passer le CAPES, et attendre, et aller de poste en poste, au hasard des affectations; à la bonne fortune en fait.
Fort heureusement, ses parents, de par leur situation installée de nantis, ont un bon réseau de connaissances et de relations dans divers milieux. Par un ami de son père, qui a ses entrées aux Affaires Étrangères, il réussit à mettre un pied dans la Carrière. En qualité de conseiller consulaire, poste non réellement répertorié, dans lequel il fait office de factotum, sur un plan littéraire, évidemment: on ne lui demande tout de même pas de faire le grouillot et aller acheter les cigarettes de monsieur le Consul. De petits locaux s'y emploient fort bien.
Des postes ici et là, Afrique du Nord, Égypte, Turquie. Puis Delhi. Puis Bangkok.

— Allô maman...quoi de neuf?
— Ah, mon chéri, pour nous c'est le train-train, mais toi, raconte-moi...
— Tu sais, même ce qui doit vous paraître exotique est une certaine forme de train-train aussi: rencontres avec des personnalités locales; contacts avec tout ce qui touche de près ou de loin à la culture française...je suis évidemment très lié avec l'Alliance Française, le Lycée Français...je rencontre des compatriotes installés...je dépanne quand il y a des soucis...
— Tu as de bons contacts avec les gens du coin?
— Bien sûr, ça serait un comble...

Très bons même...pour les notables locaux, la France, c'est un fantasme, quelque part. Je suis systématiquement invité aux inaugurations, aux vernissages, aux ouvertures.

— Monsieur B...Il y a une dame en bas qui s'est présentée pour le vol de ses papiers; elle aurait besoin d'un sauf-conduit pour pouvoir reprendre l'avion...est-ce que vous pouvez la recevoir...
— Oui bien sûr...Faites la monter...
— Bonjour mademoiselle, vous avez un souci, pour ce qui m'a été dit...
— Oui, tous mes papiers ont disparu....
— Mais comment?
— J'avais oublié mon sac sur un banc dans le jardin public en face du Wat Po...
— Et alors?...
— Quand je m'en suis rendue compte, je suis revenue dare-dare; bien entendu il avait disparu...
— Vous avez été à la police?
— Oui, bien sûr; ils ne m'ont laissé aucun espoir...ils enregistrent plusieurs plaintes tous les jours, pour vol caractérisé souvent...ils l'attribuent à la drogue qui circule beaucoup dans ce coin...
— C'est certain, il suffit de s'y promener pour en être convaincu...
Heureusement que j'étais sur la fin de mon voyage: je revenais à Bangkok pour reprendre l'avion; je m'étais donnée quelques jours...
— Votre billet était dans le sac?
— Non, à l'hôtel, avec la plupart des travelers; il n'y avait en fait que mon passeport, mon permis et un peu d'argent thaï; quelques travelers aussi...
— Bien, je vais vous établir le sauf-conduit qui va vous permettre de reprendre l'avion; il me faut votre état-civil, complet, votre nom, celui de vos parents, votre lieu de naissance...nous avons des formulaires, en voici un, il vous suffit de le remplir...Voulez vous un café? Je pars en chercher un pour moi....
— Volontiers, merci....
— Bien , je vous remercie, je vais le porter à la secrétaire pour qu'elle établisse le document...

Dans l'escalier.

Incroyable...mère Samantha C....Lieu de naissance: Sanary...

— Allo, sawa di kap, may I talk to Mr Phuma please?
(Allo, bonjour, puis avoir Mr Phuma svp)
— Kao San Police Station. He's not on service sir, you should find him at home...
(Il n'est pas en service monsieur, vous le trouverez chez lui)
Allo, Mr Phuma? Eric T, from the French Consulate...you remember....
(Mr Phuma? Eric T, du Consulat Français, vous vous rappelez...)
— Yes, of course...
(Bien sûr...)
— Your daughter is happy learning french at the Lycée Français?..
(Votre fille est contente avec les cours de français au Lycée?...).
— Yes of course, and all my family is very grateful...
(Oui bien sûr, et nous sommes tous très reconnaissants...)
— I need your help....
(J'ai besoin de votre aide)
— Certainly, what for?
(Bien sûr, pour quoi?)
— I need a few grammes of Bangkok White
(Il me faut quelques grammes de blanche de Bangkok)
— Well, I'm surprised...
(Bien, c'est surprenant)
— It's a part of the deal for something I want to purchase...
(C'est un des éléments pour conclure un achat en cours...)
— We just caught dealers yesterday; I think I can manage to get the stuff...
(Nous avons arrêté des dealers hier; je pense pouvoir trouver le produit)
— I'll be glad to demonstrate my gratitude...
(Je serai ravi de prouver ma reconnaissance)
— My second daughter is so fond of french too...
(Ma deuxième fille aime beaucoup le français également...)
— I think I can manage to introduce her...
(Je pense pouvoir la faire rentrer...)
— Let's meet at the little restaurant on the corner of Main Road and Sawali...
(Nous pouvons nous retrouver au petit restau au coin de Main Road et Sawali..)
— Time?
(Quelle heure?)
— Lunch time...
(Pour déjeuner...)
— Good enough...see you...
(C'est bon...à tout à l'heure)

Bien. Il ne reste que le coup décisif.

— Airport Police? I want to report a smuggler...
(Police de l'aéroport? Je veux signaler un contrebandier...)
— What do you mean sir? And who are you?
(C'est à dire, monsieur? Et qui êtes vous?)
— On China Airlines to Amsterdam, today at 11.45 AM, a passenger will try to smuggle an antique head of Buddha that had been stolen at the National Museum six months ago. Her name is Mildred S...
(Sur China Airlines à 11h45 aujourd'hui un des passagers tente de sortir une tête de Bouddha qui a été volée au Musée National il ya 6 mois. Elle s'appelle Mildred S....)
— How do you spell it?
(Ça s'écrit comment?)
Mildred S...., M-I-L....

Chère Samantha,

c'est un très étrange concours de circonstances qui nous remet en contact. Lors de ma visite hebdomadaire à nos compatriotes ayant maille à partir avec les autorités thaïlandaises, et qu'en parlant avec Mildred j'ai réalisé qu'elle était ta fille, j'ai évidemment essayé de faire jouer mes relations sur place, qui sont d'un certain poids. L'accusation sous laquelle elle a comparu est absurde, j'ai témoigné en ce sens lors de son procès.
Mais le roi a ordonné récemment le durcissement des peines, vraisemblablement pour complaire à l'occident, et notamment aux Etats-Unis. Ce genre de trafic est désormais passible de la peine de mort, commuable en prison en vie à la discrétion du représentant du roi.
J'ai bon espoir non seulement d'obtenir cela, mais un allégement notable de la sentence: les bonnes relations que j'entretiens avec les autorités locales donnent à penser que cela va peut-être pouvoir se faire d'ici un an ou deux.
Il va de soi que si tu viens visiter Mildred, qui aura évidemment besoin de soutien de ce type, je serai très heureux de te recevoir chez moi, et de te faciliter toutes les démarches locales.

Je suis attristé que nous soyons appelés à nous revoir dans des circonstances aussi pénibles, mais je tiens à te manifester toute ma sincère affection, qui n'a jamais varié depuis nos jeunes années,

Eric

[Ba]

On dirait le grand Maulnes revenu d'entre les temps. J'ai passé le statut et la carrière des profs à cause des vacances de la Toussaint. *=))

[silene82]

On dirait le grand Maulnes revenu d'entre les temps. J'ai passé le statut et la carrière des profs à cause des vacances de la Toussaint. *=))

Rien pipé au truc des profs...t'es sûre que tu t'es pas gourée de fil?

[Ba]

J'avais bloqué sur l'Alliance française; obligation de relire, relu et enfin compris. Grand Meaulnes oui, encore un peu, machiavélique sûrement. Suis tombée de haut avec l'avion.

[Rebecca]

A la recherche du temps qui perdure...qui endure...Eric, une ordure?

Machiavélique.
Comme d'habitude on se laisse facilement embarquer.
On ne perd rien pour attendre.
On est cueilli à l'arrivée.

[Invité]

Alors, bien désolée, Philippe, mais pour la première fois j'ai décroché au milieu d'un de tes textes : j'ai trouvé celui-ci sentencieux, moraliste, et les monologues intérieurs très artificiels. Franchement, qui va penser en phrases aussi bien balancées ? Et puis Samantha est beaucoup trop froide et lucide à mon goût.
Je me fichais de savoir comment ces deux-là allaient s'arranger entre eux, je les ai laissés sur la route...

Donc voilà, pas pour moi cette fois.

[Invité]

Du coup, en lisant les commentaires je vois que j'ai loupé un développement intéressant de situation (j'ai abandonné Samantha et Éric juste après le bac). Tant pis pour moi.

[Plotine]

Mon doux Silène, comment dire... les dialogues m'ennuient. C'est dommage parce que là, en plus, il y avait un effort avec les dialogues en anglais ! Oh, my dear, vous ne vous refusez rien.
Mais bon. Je vais être dure avec toi. Il y a de bonnes choses dans ta perception de la psychologie des personnages mais tout cela est englué dans je ne sais quoi qui lasse. Enfin, qui me lasse, ce qui n'est pas très significatif finalement. Tu peux même t'asseoir sur mon avis, je t'y autorise.

[Krystelle]

Je l'ai déjà dit mille fois mais j'ai toujours du mal avec le style monologue intérieur. Il pose d'une façon que je trouve artificielle les pensées des personnages et crée une distance entre eux et moi. C'est le cas ici, et doublement puisque les réflexions de tes deux personnages sont posées de façon explicite via le même procédé.
D'autre part, la manière dont tu survoles le temps, les raccourcis, tout cela est certes intéressant et bien mené mais j'ai l'impression de lire un condensé qui accentue le détachement déjà créé par les monologues intérieurs.
La dernière partie rompt un peu le rythme du texte, lui donne une nouvelle tonalité, me convainc davantage sur la forme mais pas tellement sur le fond.
Bref, j'ai lu l'histoire avec intérêt, sans ennui, mais aussi sans ferveur.

[Invité]

C'est sûrement la première fois te concernant mais je n'ai pas fini ce texte. L'histoire m'a ennuyée et le ton m'a déplu.

[CROISIC]

J'ai bien aimé qu'un garçon, enfin, nous explique ce qu'il ressent en face de notre supériorité féminine.
J'ai bien aimé le comportement du Yorkshire que je me suis empressée de raconter à mon Jojo dont c'est l'anniversaire demain.
J'ai moins aimé la fin....eh! oui! je suis quand même une femme.

[silene82]

On ne commet pas que des réussites, cela aide à rester humble. En fait, c'est dans le cadre du concours de nouvelles de Skyprod. Comme ils m'ont -évidemment- rappelé à l'ordre, puisque j'étais à plus du double du volume autorisé, j'ai dégraissé le nourrisson, et reposte tout de go la version allégée, dans l'espoir timide qu'il soit peut-être relu par les premiers commentateurs.
De toutes façons, je ne peux pas dire que je sois content de ce texte, mais j'ai du mal à jeter.



Les enfants, nous allons faire des colliers décorés pour la Fête des Mères. Vous vous souvenez de la dernière réalisation?
— Oui maîtresse, c'était un zoiseau
— Un noiseau, Éric, on dit un noiseau
— Comme une noisette m'dame? Un noiseau c'est le mari d'une noisette?

Rires des petites, qui en gloussent, comme à chaque allusion au couple, aux maris, aux fiancés.
Éric est obnubilé par Samantha. Il ne voit qu'elle. Avec ses longs cils, une petite poupée. Et elle le sait. Tous les garçons sont prêts à se battre pour être assis à côté d'elle. Elle alterne. Pas de jaloux.

— Composition française. Samantha, 15,5. je t'ai enlevé un demi-point à cause de la présentation. De très jolies trouvailles: du bief s'écoulait un filet de clepsydre …

Pas eu le temps de recopier au propre. Il a fallu que j'aide maman hier soir à repasser tout ce qu'elle avait lavé. J'avais mis le réveil pour le faire ce matin mais je ne l'ai pas entendu.

Il a quelque chose de toujours un peu ailleurs Éric. Il y a beaucoup de comportement différents avec les garçons; celui qui fait le petit chien qui essaye toujours de se frotter. Comme le yorkshire de tantine Maria qui vole les coussins pour faire comme avec une femelle. Éric, c'est pas ça. Il est toujours un peu absent. On ne sait pas s'il ne suit pas ou s'il est tout le temps dans un rêve éveillé. Je pense qu'il a plus de capacités que ce qu'il montre. Je sais qu'il s'intéresse à beaucoup de choses, et qu'il lit des revues sur l'art: j'en ai vu dans son cartable quand il l'a entrouvert l'autre jour.

— Tu as aimé le cours de français? (tu parles comme ça m'intéresse de lui parler du cours de français; mais quoi lui dire...)
— Oui, beaucoup. J'aime la manière de madame de La Fayette. et les noms sur la Carte du Tendre (oui, si j'avais le temps et moins de préoccupations en tête, j'aimerais bien rêver à Tendre sur Inclination )
— Pour moi, c'est un peu mystérieux; j'ai l'impression que nous sommes un peu à l'écart de ces choses ...
— Nous?
— Les garçons...(oui, nous y sommes; pas un des gars que ça intéresse, ça) Vers quoi tu penses te diriger après le lycée?
— Une filière courte. Je n'aurai pas de temps à perdre. Et toi?
— Je ne sais pas....

Il est gentil Éric; il a les moyens de l'être. Pas soumis aux mêmes contraintes. Je ne lui reproche rien, mais nous sommes dans des réalités différentes. Il peut rêvasser, les yeux perdus en l'air, et se promener langoureusement le long de la mer, comme je l'ai vu faire l'autre jour.

— Alors Samantha, tu fais quoi maintenant? Fac?
— Tu te moques? On en a déjà parlé, non?
— Pas beaucoup; tu m'as juste dit qu'il allait falloir que tu ailles vite...
— C'est le cas: il faut que je prenne une filière la plus courte possible. Je n'ai pas le temps d'attendre, trop d'urgences...

Je ne sais pas quoi lui dire. Douée comme elle l'est, obligée d'aller à l'efficace pour être le plus vite possible opérationnelle et rentable.

— Samantha...
— Oui, Éric, quoi?
— Ben, j'ai pensé...peut-être on pourrait....
— On pourrait quoi?
— Ben, partager un logement; ça nous permettrait de mieux s'en sortir...pour étudier...
— Éric (le ton est maternel), c'est très gentil de ta part, mais nous ne courons pas dans la même course: tu as tout ton temps, pas moi.
Samantha...et ...si on se mariait?
— Éric, tu penses vraiment qu'on peut se marier dépendant comme tu l'es? Tu as envie que ce soit tes parents qui décident de tout à ta place?
— Tu ne veux pas de moi, en fait...
— Mais non, ça ne se pose pas comme ça; mais tu vois bien qu'il y a un trop grand décalage entre nous, je ne peux pas me charger d'un handicap, parce qu'en ce moment, c'est ce que tu serais, pas une aide.

J'ai pas aimé ce qu'elle m'a dit là. Un handicap. Elle manque pas d'air. Un handicap. Moi, je serais un handicap?

— Et si je demandais à mes parents suffisamment d'argent pour qu'on puisse faire nos études tous les deux ?
— Tu es mignon, Éric, et devoir justifier de tout, toujours, tout le temps? Jouer aux adultes en étant dépendants?
— Tu sais, je sens que j'ai surtout besoin d'un peu plus de temps...
— Mais moi, du temps, je n'en ai pas à te donner: je suis dans l'urgence, je te l'ai déjà dit.

Deux ans ont passé; Samantha a passé des concours internes à la Poste où elle était rentrée sur un emploi moyennement qualifié. Elle est en formation pour occuper le poste de receveur dans une petite ville de province. Éric est en dernière année de licence. En se rendant à la bibliothèque, Éric tombe nez-à-nez avec elle

— Ah, bonjour, Samantha, comment ça va?
— Mais très bien, et toi?
— Boh...je ne peux pas dire que je me régale de ce que je fais...mais bon, il y a une finalité...
— Moi, ça va; le boulot commence à devenir plus intéressant: je serai bientôt sur un poste de receveur...
— Samantha...je n'ai pas changé...viens vivre avec moi...
— Mais ça ne va pas, Éric? Décidément...
— Mais qu'est-ce qui s'y oppose, enfin?
— Une raison majeure: je suis fiancée,je vais me marier...
— Tu as pas voulu m'attendre...
— Je ne peux pas attendre, Éric; la vie, c'est tout de suite....
— — Moi, je t'aurais attendu...
Toi, Éric, peut-être

LA DEPECHE
Félicitations à notre charmante receveuse, Mme Y...qui vient de mettre au monde une superbe petite Mildred de 3,2 kg. Tous nos meilleurs vœux à elle et son époux.

Les années passent; Éric a passé sa maîtrise en lettres, sans trop forcer; lucide, il sait que le seul débouché possible est l'enseignement, et l'enseignement, ça veut dire s'astreindre à passer le CAPES, et attendre, et aller de poste en poste, au hasard des affectations, et des notes; à la bonne fortune en fait.
Fort heureusement, ses parents, de par leur situation installée de nantis, ont un bon réseau de connaissances et de relations dans divers milieux. Par un ami de son père, qui a ses entrées aux Affaires Étrangères, il réussit à mettre un pied dans la Carrière. En qualité de conseiller consulaire.
Des postes ici et là, Afrique du Nord, Égypte, Turquie. Puis Delhi. Puis Bangkok. Il a pris du galon.

— Monsieur B...Il y a une dame en bas qui s'est présentée pour le vol de ses papiers; elle aurait besoin d'un sauf-conduit pour pouvoir reprendre l'avion...est-ce que vous pouvez la recevoir...
— Bonjour mademoiselle, vous avez un souci, pour ce qui m'a été dit...
— Oui, tous mes papiers ont disparu....J'avais oublié mon sac sur un banc dans le jardin public en face du Wat Po...Quand je m'en suis rendue compte, je suis revenue dare-dare; bien entendu il avait disparu...
— Vous avez été à la police?
— Oui, bien sûr; ils ne m'ont laissé aucun espoir...ils enregistrent plusieurs plaintes tous les jours, pour vol caractérisé souvent...ils l'attribuent à la drogue qui circule beaucoup dans ce coin...
— Bien, je vais vous établir le sauf-conduit qui va vous permettre de reprendre l'avion; il me faut votre état-civil, complet, votre nom, celui de vos parents, votre lieu de naissance...nous avons des formulaires, en voici un, il vous suffit de le remplir...Voulez vous un café? Je pars en chercher un pour moi....
— Volontiers, merci....
— Bien , je vous remercie, je vais le porter à la secrétaire pour qu'elle établisse le document...

Dans l'escalier.

Incroyable...mère, Samantha C....Lieu de naissance: Sanary...

— Allo, bonjour, puis avoir Mr Phuma svp?
— Poste de police de Kao San. Il n'est pas en service aujourd'hui monsieur, vous le trouverez chez lui
— Mr Phuma? Eric T, du Consulat Français, vous vous rappellez?
— Bien sûr...
— Votre fille est contente au Lycée Français?
— Oui bien sûr, et nous sommes tous très reconnaissants...
— J'ai besoin de votre aide
— Bien sûr, pour quoi?
— Il me faut quelques grammes de blanche de Bangkok
— Bien, c'est surprenant...
— C'est un des éléments pour conclure un achat en cours...
— Nous avons arrêté des dealers hier; je pense pouvoir trouver le produit
— Je serai ravi de prouver ma reconnaissance...
— Ma deuxième fille aime beaucoup le français également...
— Je pense pouvoir la faire rentrer...
— Nous pouvons nous retrouver au petit restau au coin de Main Road et — Sawali...
— Quelle heure?
— Déjeuner...
— C'est bon...à tout à l'heure

Bien. Il ne reste que le coup décisif.

— Police de l'aéroport? Je veux signaler un contrebandier...
— C'est à dire, monsieur? Et qui êtes vous?
— Sur China Airlines à 11h45 aujourd'hui un des passagers tentera de sortir une tête de Bouddha qui a été volée au Musée National il y a 6 mois. Elle s'appelle Mildred S...
— Ça s'écrit comment?
— Mildred S...., M-I-L....

Chère Samantha,

c'est un très étrange concours de circonstances qui nous remet en contact. Lors de ma visite hebdomadaire à nos compatriotes ayant maille à partir avec les autorités thaïlandaises, et qu'en parlant avec Mildred j'ai réalisé qu'elle était ta fille, j'ai évidemment essayé de faire jouer mes relations sur place, qui sont d'un certain poids. L'accusation de trafic d'héroïne sous laquelle elle a comparu est absurde, j'ai témoigné en ce sens lors de son procès.
Mais le roi a ordonné récemment le durcissement des peines, vraisemblablement pour complaire à l'occident, et notamment aux Etats-Unis. Ce genre de trafic est désormais passible de la peine de mort, commuable en prison en vie à la discrétion du représentant du roi.
J'ai bon espoir non seulement d'obtenir cela, mais un allégement notable de la sentence: les bonnes relations que j'entretiens avec les autorités locales donnent à penser que cela va peut-être pouvoir se faire d'ici un an ou deux.
Il va de soi que si tu viens visiter Mildred, qui aura évidemment besoin de soutien de ce type, je serai très heureux de te recevoir chez moi, et de te faciliter toutes les démarches locales.

Je suis attristé que nous soyons appelés à nous revoir dans des circonstances aussi pénibles, mais je tiens à te manifester toute ma sincère affection, qui n'a jamais varié depuis nos jeunes années,

Eric

[Plotine]

Ah O.K. c'est pour le concours. Moi j'ai fait un texte mais je ne le poste pas euh.....

[Invité]

Ben non, silene82, faut pas m'en vouloir : je n'ai absolument pas envie de relire ce bout d'histoire qui m'a gonflée... Ce serait un pensum pour moi, et, sur vozikri comme ailleurs, j'obéis au principe de plaisir.

[Invité]

Tout comme. Désolée, silene...

[Plotine]

Je n'avais pas lu la seconde version.
C'est un peu casse gueule je trouve les dialogues. Sauf si c'était un scénario de ciné.
C'est l'histoire d'un mec éconduit et qui se venge si j'ai bien compris. La manière est plutôt originale et "comment se servir de sa position pour se venger" c'est un aspect intéressant.
Tu sais quoi ? J'espère que tu auras le premier prix et que j'aurai le 2ème et que tu m'aideras à monter sur l'estrade !

[Jerry Golay]

J'ai bien aimé ce texte (la première version m'a suffit). Je trouve ça bien écrit, la psycho des personnages est bien foutue, j'ai aimé leur description quand ils sont encore enfants. Ce satané petit Eric me rappelle un peu moi quand j'étais gamin, toujours dans la lune. Mais par amour je ne commettrai pas la même vacherie que lui =) Vraiment bien, à mes yeux.

[silene82]

C'est un peu casse gueule je trouve les dialogues. Sauf si c'était un scénario de ciné.
Tu sais quoi ? J'espère que tu auras le premier prix et que j'aurai le 2ème et que tu m'aideras à monter sur l'estrade !

Je pense de plus en plus en scénarios (scenarii, si tu préfères), ne voyant aucun avenir dans la littérature pure.
T'aider à monter sur l'estrade? Pourquoi? Tu boites? Tu parles de longues balades avec le chien, l'australien, quelque part...
Franchement, si je suis primé, quel que soit le rang, j'en serai le premier surpris; je ne suis pas trop content de ce texte, mais je ne jette rien...

[Invité]

J'ai beaucoup moins aimé ce texte, Silène, il ne me parait pas très "naturel", il y a quelque chose qui ne colle pas, même si je suis bien en peine de repérer quoi...

[Sahkti]

Les sauts chronologiques manquent de fluidité à mes yeux (ou alors je n'ai pas tout compris, c'est possible aussi). On débute à 4 ans puis de suite on parle de composition française, avant toute une histoire et la mention de 15 années de vie déjà écoulées. Pas tout le temps très clair pour moi, désolée.

Bémol également pour ces versions bilingues dont tu sembles friands mais qui n'apportent décidément rien à mes yeux, si ce n'est un ralentissement du rythme. Rythme qui n'en a pas vraiment besoin, dans la mesure où les dialogues parfois peu naturels s'en occupent déjà.

Les personnages sont intéressants mais sans doute trop disséqués pour finir par dégager quelque chose (je parle ici pour moi, bien sûr); il reste peu de portes ouvertes pour s'engouffrer dans leur âme.

J'ai envie de dire: de bleu, du naturel et que ça saute. Tu as souvent tendance à t'étendre sur des considérations de toutes sortes qui noient tes héros sous des tonnes de digressions intérieures et détails pas toujours utiles.
A moitié convaincue par ton texte cette fois, désolée.

[Plotine]

Je pense de plus en plus en scénarios (scenarii, si tu préfères), ne voyant aucun avenir dans la littérature pure.
T'aider à monter sur l'estrade? Pourquoi? Tu boites? Tu parles de longues balades avec le chien, l'australien, quelque part...
Franchement, si je suis primé, quel que soit le rang, j'en serai le premier surpris; je ne suis pas trop content de ce texte, mais je ne jette rien...

C'est marrant parce que j'y pensais que tu serais bon en scénarios. Ce ne doit pas être si facile que cela d'ailleurs, et beaucoup de gens ont des difficultés avec les dialogues. Pas toi, au contraire.

[Roz-gingembre]

J'ai lu seulement la première version.
quelques difficultés de compréhension au départ quand on passe de 4 à 15 sans trop savoir comment ni pourquoi. Ensuite je trouve qu'il y a un décalage entre les dialogues et la narration qui déséquilibre le texte, mais moi j'ai lu jusqu'au bout et ai trouvé que cette vengeance était assez machiavélique! je ne m'y attendais pas du tout.

[outretemps]

Les années passent; Éric a passé sa maîtrise en lettres, sans trop forcer; lucide, il sait que le seul débouché possible est l'enseignement, et l'enseignement, ça veut dire s'astreindre à passer le CAPES, et attendre, et aller de poste en poste, au hasard des affectations; à la bonne fortune en fait.

je te trouve trop "explicatif" dans tes transitions et cela alourdit vachement
Tu dis ne retoucher que très peu. et c'est là le problème. relire c'est concentrer. même si ton histoire est très bonne, tes détails faut les passer ou concentrer en boites, pour accélérer. Et puis y a : Les années passent, Eric a passé, à passer le CAPES... enseignement et l'enseignement
Tout ça tu devrais pouvoir le dire en bien plus court, pour enchainer sur l'histoire elle même.
A part ça, c'est très bien. -:)

[Rebecca]

Ah oui encore plus percutante la deuxième version.
Les sauts chronologiques ne me déplaisent pas, ils me semblent logiques vu le propos de l'histoire.
Nécessaire de tisser la trame de ces deux destins qui se croisent tout en restant parallèles avec des haltes aux étapes clés et des ellipses puisque ce qui compte c'est là vers où on court, la chute : ces destins manipulés machiavéliquement pour être à nouveau liés et dans un rapport de force.
Oui c'est mieux ainsi . Plus enlevé.

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