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EXO OGAWA : Gardens

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Message  Invité Lun 2 Nov 2009 - 19:40

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Gardens



J'avais finalement fait grossièrement le tour des Kensington Gardens. Ce n'était pas exactement un tour à proprement parler, plutôt un grand-huit couché sur le sol qu'un jardinier soigné aurait tracé pour le visiteur. Bien sur nous étions au printemps et bien sur l'air était empli d'un brouillard digne du Mont Fuji même en été. Le discret chant des pinsons qui se régalaient des vers par les racines des feuillus ou parmi le gazon épais berçait certainement les décédés , locataires du terreau aussi noir que notoirement le Mont Fuji en hiver. J'avais achevé la moitié que l'air n'avait pas dissipé sa rosée et moi pas lâché la main de Jess. Rien que de la tenir sous une fine couche de laine, c'était déjà tenir tout court. Jess avait vibré en apercevant un lapin et avait exercé cette double pression familière des phalanges sur la partie charnue de ma paume. Les hommes on une préférence pour tenir leur fille par la main droite, parce que c'est, pour les droitiers, la plus forte si elle est amenée à retenir et la plus sensible si elle est amenée à ressentir. La nature est parfois ambigüe mais jamais ambidextre, l'oiseau niche son bec dans son plumage certainement toujours du même coté.

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C'est Jess qui avait eu l'idée du cimetière pour notre première ballade ensemble depuis une éternité, au bas mot dix ans : les tombes seraient forcément d'accord avec tout puisqu'elles avaient la même fonction sur le temps sauf qu'elles se voyaient tous les jours. Jess m'effrayait quelquefois par ses propos quelquefois très en avance mais comme on ne se voyait plus beaucoup , pour de sombres raisons vues à la télévision surtout alors j'aimais beaucoup avoir un peu peur. Comme nous étions si bien, nous ne parlions que peu. Jess avait mentionné la libération du furet que je lui avais offert, celui que nous avions regardé grandir ensemble du petit truc joueur jusqu'à la bête joueuse du kilogramme lancé à faire le bazar de tout ce qui ressemble à la manifestation d'un ordre, d'un rangement. Je lui dis que si Pôros avait attaqué Alexandre avec des furets en place des éléphants pendant l'Hydaspe, la victoire aurait été assurée et le sang moins versé. Je lui dis aussi qu'un animal domestique relâché avec toutes les meilleures intentions meurt avec toute ses certitudes. Alors Jess se cachait le nez dans mon pardessus, mais le ressortait car elle ne pouvait pas respirer. Ce qu'on est sensible et pratique quand on a grandi de soixante centimètres sans se voir.

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-Allez, ne te biles pas pour ça, c'est fréquent, tu sais. Les hommes font des erreurs de jugement que les enfants tentent de reproduire sous forme de bêtises. Regarde-moi plutôt cette baraque à Hot-Dog, t'en veux un ?
Jess avait dit oui, alors on s'én était payé un chacun, on n'avait pas osé demander au vendeur pourquoi il avait mit un béret de marin, était ce pour échapper aux courants des crachins des jours précédents. Le sandwich était drôlement bon et je trouvait Jess très belle avec les yeux plissés bleus et les lèvres à la moutarde douce. Elle ressemblait en rien à une inconnue qu'elle devait être. Un chien retrouve son maître malgré la distance et le sang retrouve son sang malgré le temps. Sur la gauche , au lointain, on entendait l'expressway vivre sa vie. Je dis à Jess qu'elle était belle comme une saucisse alors elle à sourit et dit que c'est déjà mieux que la viande froide qui repose en dessous du banc. Pour les jeunes adultes, la mort est si lointaine qu'ils se suicident par impatience ou en rigolent par dérision. Moi je m' accommodais de toutes ses représentations puisqu'on était dans un cimetière. On s'était lavé les mains dans une fontaine, mais cela n'avait pas donné un résultat très net en raison de l'eau vraiment froide. On avait jeté les papiers gras dans les corbeilles prévues à cet effet. Immédiatement après, une pie était venue voir si il ne restait pas quelque miette de disponible, puis un pigeon, puis un moineau, puis un papillon se posa sur le rebords de la corbeille, puis une mouche. La brume se dissipait. Enfin, en réalité, elle s'évaporait. La nature n'aime pas le déséquilibre trop longtemps. Sinon les pies voient mal les mouches et crèvent la dalle.

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On a remit nos gants et laissé la pie gober la mouche. Jess me demandait pourquoi l'homme appréciait à mettre du soin dans l'esthétique du funéraire, où le réduire au néant, comme ici. Je n'en savais rien au juste, je n'en savais rien à l'injuste non plus, j'aimais bien le marbre, le granit. Les pots de fleurs émaillés avec des fleurs fânées aux tiges coudées comme si on les avait brusquées. Je n' en savais rien, du rapport des morts avec leur façade, de s'ils goûtaient, la verdure du pré, l'échancrure de la feuille de chêne, les quelques mots posés là, en général : à notre aimé. Auraient-ils souhaités un portique vert-pomme ? Une rangée de troènes ? Une quirielle de bibelots ou la sobriété d'une bouteille ? Aux Indes ont donnait les gueux aux vautours, ils avaient une sacrée chance de pouvoir voler au moins une fois dans leur vie même si l'évènement se déroulait juste un peu après , en vrai. Nous étions reparti pour un tour de grand-huit, Un écureuil nous suivait de l'oeil un fruit sec dans la bouche, du haut d'un pin. Le chemin de fin gravier crissait sous nos pas, on se tenait par la main, car nous avions beaucoup à nous dire sans vouloir nous heurter . Il n'y a pas beaucoup de vie dans le gravier. Le gravier est un désert mieux que le sable. La faune le trouve grossier , ne lui parle ni ne l'habite. Une limace s'y déplace avec difficulté. Le gravier est un enfant de l'homme. Il est de ses sous-produits impropres à la vie. Une fourmi noire y perd un temps fou pour y aller d'un point A vers un point B en faisant un détour du diable à chaque millimètre. Jess me dit que l'absence , c'est quand un sablier est empli de gravier. Nous allions désormais sur l'herbe tendre pour la fouler. Aux Indes, les chemins sont de terre battue et les vaches sacrées, je lui disais, et elle rigolait de cette référence en me disant qu'en Angleterre les gens sont battus par des pluies qui font leurs chemins et rigolent avant de s'engouffrer entre les fissures de vachement belles tombes à la sobriété rare ... et l'invisibilité parfaite.

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Plus tard dans la journée nous eurent encore faim mais surtout très soif. Nous nous amusions, faute d'avoir prévu d'emporter une bouteille de quelque chose, à nous hydrater de l'eau recueillie devant les bouquets de fleurs. Jess essaya le système du condensateur de rosée : Elle enfermait plusieurs coroles en sa bouche et attendait que cette eau rare au goût minéral se détache des pétales avec délicatesse pour ne pas s'irriter la langue avec leurs substances amères.


Hey, papa, t'as déjà réfléchi à l'invention du sirop de chrysanthème pour boire à la Toussaint dans une gourde ?

- Non, mais puisque tu m'y fais penser, je te promet de me payer une gourde pour m'accompagner dans la vie. Je n'ai pas encore décidé sa contenance ni sa matière, plastique comme fer blanc donnent vraiment une saveur exécrable aux liquides peu typés.

- Au fait, elle arrive à quelle heure, ton épouse ? Je suis tout de même un peu impatiente de la rencontre. Pas anxieuse , non, impatiente.


Les femmes, mêmes jeunes avaient le don de s'autopersuader par le redoublement de l'idée. Comme si dire deux fois valait plus qu'une blanche. Cela vient probablement du fin fond de l'instinct, quand la mère apprend ses premiers mots à l'enfant : maman, papa, pipi, caca, joujou. Je ne disais pas tout ça à Jess qui n'avais pas besoin de mon appréciation mais de mon amour. Le vert des jardins et le rose de ses joues me rappelaient cette période ont nous vivions en pleine nature, dans un coin reculé de la Fôret Noire, parmi pins et gars robustes.


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Lors de ces années 90 , nous avions décidés de prendre le large des villes et de nous établir pour un temps dans un cadre champêtre pour observer les effets de la nature sur nos organismes. La ville nous avait rendu fragile avec ces gens qui passent et repassent et le lendemain avec ses gens qui passent et repassent, toujours les mêmes , mais jamais les mêmes, jusqu'au point ou un beau jours nous reconnaissons et identifions quelques-uns des gens , qui sont devenus reconnaissables. Exit donc la valse de la place de parking, nous avions emménagé dans l'appartement situé au deuxième étage d'une battisse tenant lieu de mairie. Les murs était hauts, le grenier ainsi que la cave plus vaste que l'appartement lui-même, allez savoir pourquoi. Par pure coïncidence, les deux contenaient chacune un objet insolite. Au grenier trônait un ancien relais téléphonique en bois massif, sorte de meuble perforé de prises femelles destinées à être enfichés par de grosses prises jack. Il aurait été possible, avec un peu d'esprit, d'en tirer une bonne somme chez un antiquaire de renom ou auprès d'un collectionneur passionné, ou ton simplement de l'offrir à un musée des télécommunications. Du coté cave, se reposait une cloche massive frappée aux armes de la ville, que 6 chevaux de trait auraient eu de la peine à déplacer de plus d'un mètre. Nous nous étions installés dans cet appartement atypique, aux fenêtres largement orientées vers la colline recouverte de plus de pins qu'il n'en faudrait pour célébrer Noël jusqu'en Antarctique, de milliard de fougères, d'un sol de mousse surplombé de myrtilles en pagailles. Au fond de la vallée coulait un ruisseau de belle facture déjà et d'une qualité piscicole intéressante : truites et goujons se disputaient les maigres repas jetés au hasard des courants par un coup de vent. Le coin était loin d'être désert, même si plusieurs scieries avaient fermé leur porte, une cinquantaine de familles
vivaient encore de l'exploitation du bois. L'eau de boisson était d'une pureté inégalée en ville et l'air revigorant en toute saison. Le travail n'était pas harassant malgré la tendance, dans ces bourgades un peu reculées, au pseudo-monarchisme patronal. C'était une des données du deal et Jess avait passé là sa deuxième et troisième année d'existence , les mains agrippées aux grillage des poulaillers, à gazouiller avec oies et canards, à courser des Walkyries imaginaires sur la route qui longeait puis croisait la rivière à de nombreuses reprises. C'était un jardin à l'anglaise sauvage.

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En automne, les cèpes et les myrtilles se livraient bataille pour occuper le territoire, les chevreuils en devenaient fous, bien souvent les gens du voisinage nous en offraient un fraîchement cogné du pare-choc. Jess poussait normalement , en hauteur et des cris quand l'heure de dormir s'avançait, sure d'elle. Nous avions acheté un énorme poêle à bois pour le chauffage. 10 stères de bois n'étaient pas de trop pour chauffer la bâtisse durant un hiver tant le froid se faisait affuté aux aurores et restait vif avec constance. J'avais acheté une tronçonneuse à faire pâlir un vendredi 13 jusqu'à ce qu'il devienne un Jeudi 12. Je taillais dans les essences de pin et de chêne tel les bucherons que j'avais observé au préalable. C'est à cette époque bienheureuse que la mère de Jess (mon ex-femme) avait commencé à se suicider avec régularité sans toutefois qu'il me sois possible de comprendre exactement pourquoi. J'ai souvenir d'un jour, ou probablement épuisé par le travail et l'émotion, l'idée m'avait effleuré de la laisser mourir une fois pour voir, lui montrer un peu l'exemple des choses qui arrivent quand on n'est vraiment pas aimé. Quand on est vraiment pas aimé , alors on décède si on le décide et très vite. Avec le recul je regrette parfois ne ne pas avoir donné un coup de main, du genre coussin sur le visage, quelque chose à la fois de doux et pas trop effrayant. Les jeunes hommes ont peur de devenir des assassins alors qu'il seraient juste des servants de la logique. C’ est valable pour nombre de femmes aussi, qui ont même plus de circonstances et même plus d'occurrences avec les situations de danger. Au diable tout ça, la verdure de Kensington avait juste fait remonter cet épisode. Vers 2000 moi et la mère de Jess nous étions séparés pour de bon. C’était le passé. Je m’étais remarié depuis.

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Combien de pots en céramique sommeillaient dans les sous-sols de Kensington ? Qui étaient ces gens qui avaient eu la fortune d'être enterrés réduits en fine poudre dans cet écrin de verdure ? Quel prix pouvait-on en tirer sur le marché de l’occasion ? La cendre crématoire était-elle grise ou bien noire de jais. Trouvait-on dans quelques amphores enfouie sous le pelage vert du parc quelques malicieux cadeaux-bonus , comme par exemple un diamant de quelques carats, une jade fine ou quelque objet personnel ayant personnellement appartenu à la personne en poudre de son vivant ? Avec jess, nous avions commencé à calculer le nombre de pots au mètre carré en nous inspirant du modèle d’un rayonnage pour confiture. Les jardiniers avaient balisés le sol de petites bornes qui indiquaient l’occupation du sol ou non. Nous décomptèrent pas moins de onze mille jarres de gens morts déshydratés pour l’entière superficie des Gardens. Jess me demanda si les pots étaient munis d’un bracelet caoutchouc pour garantir l’étanchéité. Elle craignait que les cendres ne prennent l’humidité et ainsi développent une odeur de moisi, voire de rance, qui ne sied pas à l’honneur des défunts. Du coup je m’en souciais aussi, le but de la crémation était de gagner en place et en hygiène, ce fut quand même un comble si le résidu se mettait à puer la charogne, voire pire, de délicatement gonfler sous l’effet des moisissures et des levures pour soulever son couvercle et se répandre dans les sols jusqu’à la nappe phréatique. Au pire les enfants buvoteraient leurs aînés un peu, à chaque gorgée fraiche, rieuse, les tantes trouveraient leur thé plus trouble qu’avec du lait, avec ce petit gôut calcaire que donne la cendre d’os.
Jess s’était noué les cheveux à l’aide d’un caoutchouc recouvert de coton filé d’or. Nous marchions avec ces discussions et quelques interruptions dues aux flaques : il avait plu la veille, heureusement, aujourd’hui nous épargnait les vidanges de nuages. Jess avait ri aux éclats en dégommant une vesse de loup, genre de champignon en forme de morille qui éclate en un bruit sec quand on l’écrase en libérant un nuage de particules.

Elle avait dit :<< Pardon Monsieur ! >>

Et il faut bien avouer qu’il m’a fallu dix minutes pour m’en remettre. Jess me raconta l’histoire de la montre suisse trouvée sur une chaise de plage. Sertie de nombreux brillants, il n’était pas possible de l’identifier avec certitude. Elle avait eu un choix multiple à faire : être une cruche et la laisser là où elle l’avait trouvée, la porter chez un horloger pour expertise, devenir recéleuse ou la donner au premier type qui passe, ce qu’elle avait fait. Je n’avais pas eu d’objection sur l’affaire. De mon coté , j’aurais adopté l’objet afin d’avoir l’heure au poignet.

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On cheminait sur une allée lorsque ma femme nous a rejoins. Il n'y avait strictement personne ce jour précis en raison de gros travaux sur l 'expressway. Elle était vêtue de noir. J’avais ressenti cette double pression dans la main avant que Jess n’ouvre La bouche.


-hey P’a, c’est ta femme qui vient vers nous ? T’as de la chance, elle à l’air super-douce, elle fait penser, comme-ça sans recul, à quelqu’un de bien, posé, gentil.

-Oui, c’est elle si je me souviens bien de la description que tu m’en donnes. Mais attend deux secondes.

Une légère brise s’était installée, le bruissement des feuilles toutes jeunes était étonnamment présent pour cette saison. Ma femme s’était immobilisée à quelques dizaines de mètres de l’endroit auquel nous nous trouvions. Après un grand sourire et un discret coucou de la main, elle avait écarté les bras de son corps comme si elle effectuait un stretch. Ses yeux mauves s’étaient fixés dans un regard perdu. Jess paniquait un peu. Elle me serrait plus fort tout d’un coup.


- Hey, P’a, qu’est-ce qu’elle fabrique au lieu de venir nous dire bonjour ?

- Tu verras bien, ce qu’on va faire c’est s’assoir en tailleur sur le sol et regarder.

- Ah bon, ok alors, est-ce que je peux m’adosser contre toi ? Je commence à fatiguer un peu de toute cette trotte.
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On s’était installé provisoirement à coté d’un petit pont . L’air de l’après midi était retourné à l’hiver. Mon épouse débutait son ballet , le regard de plus en plus inaccessible. La brise s’amplifiait peu à peu aux gestes souples
de la danse. Les premiers arrivés furent les étourneaux. Ils n’étaient plus les grands migrateurs qu’ils avaient étés. La civilisation leur avait fourni dans cette région du Royaume-Uni : le gîte et le couvert, bien plus accessible et surtout moins épuisant à obtenir qu’avec les voyages à grands coups de parallèles. Quand les parcs étaient complets , ils déménageaient aux champs voisins, quand les champs voisins gelaient ils profitaient de la générosité des commères et venaient piller les richesses destinées aux rouge gorges et mésanges charbonnières.En cas de malheur il restait les décharges à ciel ouvert, qui offraient de bon substituts de repas pour garder la ligne. Puis ce fut le tour des moineaux. Des mésanges s’étaient également approchées, les rouges-gorges, des hirondelles en avance, des cigognes en retard. Un couple de cygnes. Une bande de Colverts. Ils la regardaient quelques minutes, puis s’en allaient, par vagues successives. Une buse tournait haut. Puis ma femme replia ses bras doucement, provocant le départ définitif de cette volière insensée croisée basse-courre. La brise avait faibli mais Jess nota que les yeux de ma femme étaient toujours ailleurs. Elle tremblait.


- Hey P’a, c’est quoi, c’est quoi ce truc, là ?

- Bah, je ne sais comment l’appeler, elle dit de son côté << l’appel >> , les piafs viennent toujours l’observer, sous réserve que le rituel se déroule en extérieur.

- Hé bien : merde alors ! pardon...

Non, pas merde, en fait elle dit qu’elle a pensé cette danse pour toi. Quand elle est épuisée de s’imaginer un amour maternel qu’elle ne peut pas te donner, alors elle exécute cette chorégraphie. C’est une femme, elle souffre comme une femme, dans le geste plus que dans la parole. Pour les oiseaux, elle ne m’a jamais fourni d’explications.


- C’est insensé ce truc, j’ai rien à voir avec ça.

- T’as rien vu, attend un peu.

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Ma femme avait pris la position du lotus. Un hochement très sec de tête vers le haut et le vent avait repris. Jess se collait contre moi comme on ne peut pas se coller plus. Ma femme avait les paumes offertes vers les cieux. Quand elle ferma délicatement le poing, la gamme de couleur de la végétation muta vers le sépia, le roux, dans un rayon d’à peu près vingt-cinq mètres. L’automne naissait de ce geste de la mains. Quand elle réouvris la main, les plantes reprenaient leur dominante verte habituelle. Elle resserra les poings et l’ombre rousse reprenait le territoire qu’elle avait rendu. Ma femme ouvrait et fermait les mains de plus en plus vite . Le pré, les arbres et tout ce qui contenait de la chlorophylle suivait le rythme de la chair et des os dans une vision de plus en plus rapide d’alternance entre le jeune et le fané. Les mouvements de mains s’accélèrent encore jusqu’à ne plus êtres distincts, c’était alors chaque fragment végétal, chaque cellule, qui agité par un vent nerveux, montrait à la fois une facette verte et une facette pourpre. Cette partie du parc était désertée des visiteurs. Jess était fascinée. Autour de ma femme s’étendait un halo bicolore presque stroboscopique. Puis d’un coup d’un seul elle reposa ses mains à plat sur le gazon et le manège cessa. Jess avait le souffle coupé. D’énormes perles de sueurs tombaient des extrémités de ses boucles.


- P’a , dit moi ce qui se passe ici.

- Je ne sais pas au juste, ta belle-mère appelle ça << l’automne >>. Elle dit qu’elle a créé ce tour quand ton absence lui fait paraitre une minute pour une saison et que modifier la saison est plus facile que de résoudre ton absence.

- P’a , j’y suis pour rien moi, tu sais bien, c’est du passé, pourquoi me montrer ça ?

- Pour te le montrer, je suppose, pour que tu saches.

- Vous me foutez la trouille tous les deux P'a !

- T'inquiètes pas p'tite Jess, c'est juste que ...

- Tu vas où là ?

- Te montrer une dernière chose et après on arrête.

- Putain mais merde, me laisse pas seule comme-ça !
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J'avais rejoins ma femme, nous nous tenions approximativement à une quinzaine de mètres de Jess. Nous nous étions disposé de profil de manière à être tous les deux visibles.Ma femme avait collé son buste contre le mien et collé son front sur mon menton. Nous avions joints la pointe de nos chaussures de manière à former un losange au sol, puis elle se mit à chanter, un murmure presque inaudible. Le gazon autour de nous semblait vibrer d'un étrange mouvement venu du dessous. Ce sont les lombrics qui ont émergés les premiers pour escalader péniblement mes chaussures. Ma femme n'interrompait jamais sa complainte, les scolopendres sont sortis à leur tour. Plus agiles, il remontaient dans leur démarche sinusoïdale le velours de mon pantalon. Ma femme enchainait sa mélodie, quand des centaines de cloportes gris et caparaçonnés commencèrent l'ascension eux aussi.Les punaises, fourmis et charançons avaient déjà atteint mon cou , tandis que chenilles, faucheuses et limaces, noires et rousses continuaient leur faible progression. Mon corp fut bientôt recouvert de cette marrée grouillante et pacifique. Jess était tétanisée. Quand les premiers insectes touchèrent le front de mon épouse elle amplifia sa voix et les invertébrés accélérèrent pour basculer en tête sur son crâne. Les minutes intarissables passaient, la cohorte écœurante des animaux d'en dessous empreintaient un passage précis, la chevelure dénouée de ma femme. Au bout de chaque mèche, ils continuaient leur descente en suivant une ligne bientôt recouverte de mucus qui passait par le bas du dos, le creux de l'aine. Puis ils basculaient coté ventral, s'éparpillaient sur l'abdomen de mon aimée. Combien étaient-ils ? Probablement une dizaine de millier qui se déplaçaient maintenant vers la zone pubienne de mon épouse, Elle portait un jean noir très près du corps, la colonie se mouvait sans cesse, dégoulinait maintenant sur les parois intérieure de ses cuisses. Le flot ininterrompu de bestioles avait maintenant cessé. Quand les derniers arrivé à la hauteur de ma carotide eurent basculé dans les cheveux de ma femme, les premiers redescendus avaient commencé à former une boule oblongue qui se nichait à l'emplacement exact du losange de gazon laissé libre par la disposition de nos pieds. Jess s'était essuyé plusieurs fois le front de sa manche. Ma femme avait adouci la tonalité de sa voix et entonné une variation plus mélodieuse. De nouvelles harmoniques s'ajoutaient au timbre monocorde initial. Alors l'amas grouillant et gesticulant prit sa forme définitive, ovoïde. Compactés en une masse solidaire, ces milliers de créatures
gesticulèrent moins, se calmèrent. J'aurais bien cru qu'elle s'immobilisèrent completement. Quand le dernier animal eu rejoint l'œuf ainsi formé, une couche de kératine enduisit l'amalgame qui devint uniforme en texture. Ma femme appliqua alors sans discontinuer sa mélopée l'intérieur de ses mollets contre l'oblong de la forme. Son front avait quitté mon menton pour s'accoter au mien de manière à ce que chacun de nous puisse voir clairement au sol. Par de délicats ajustements et poussées de l'intérieur des tibias, elle repoussa l'œuf devant elle jusqu'au contact avec mes propres mollets. Quand le chant atteignit sa régularité la plus parfaite, nous pleurions tous les deux, les yeux baissés vers le sol. Je repoussai l'œuf pour qu'il soit centré exactement par petits mouvement des chevilles et du coup-de-pied. Quand les premières de nos larmes percutèrent la forme, la kératine se dissolvait au point d'impact et nous pouvions observer les petits animaux reprendre leur animation naturelle. Quand assez de larmes furent tombées , l'œuf se démembra et chacune des espèces rejoignirent peu à peu leur habitat. Jess s'était figée dans une expression de stupeur. On lisait de la détresse aussi un peu, dans ses yeux. Quand nul insecte ou invertébré ne fut plus visible, alors ma femme termina son chant. On s'essuya les yeux et elle me regarda d'un sourire comme seule elle en a le secret. Il n' y avait que nous trois au Kensington Gardens ce jour là. C'était à la fois peu et une fortune.
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Nous récupérâmes Jess dans un état de mutisme absolu. Nous la relevâmes, et puis comme cela encadrée comme par deux gardes, on reprit les chemins de gravier pour retourner en ville. Il était temps car le froid commençait à tomber et il fallait nous restaurer. J'avais remonté le col de mon veston, ajusté la capuche de Jess car le crachin n'allait pas tarder à sévir pour laver la journée. On ne verrai pas vraiment l'impact des gouttes sur les petits étangs, à moins bien sur d'avoir les yeux rivés sur les eaux claires des quelques piscines qui jalonnaient les jardins de quelques cottages aux alentours. Jess se remit un peu de l'émotion et pressa deux fois consécutivement la paume de ma main gauche. Quand un couple promènent son enfant, l'homme choisit parfois de se mettre du coté droit, gardant ainsi son poing le plus fort disponible pour protéger ceux et celle qu'il aime.Bientôt on voyait la grille d'entrée.

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Message  grieg Lun 2 Nov 2009 - 20:13

fin du chap 14...
je m'arrête un instant, pour dire ce que je pense:
c'est superbe

grieg

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Message  grieg Lun 2 Nov 2009 - 20:16

et aussi... Il était bien tentant le kensington du kansas

grieg

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Message  grieg Lun 2 Nov 2009 - 20:30

merci panda

grieg

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Message  Invité Lun 2 Nov 2009 - 20:51

Une très belle idée, mélange d'horreur et d'amour, la poésie qui naît de l'organique comme j'aime, mais je me demande bien pourquoi tu as choisi de te tirer une balle dans le pied avec cette police qui arrache les yeux, et cette palanquée d'erreurs de langue qui me fait mal aussi.
Le début se traîne peut-être un peu.

Voilà ce que j'ai relevé :
« Bien sûr nous étions au printemps et bien sûr »
« pinsons qui se régalaient des vers par les racines des feuillus » : comment ils font ?
« La nature est parfois ambig mais jamais ambidextre, l'oiseau niche son bec dans son plumage certainement toujours du même côté »
« notre première balade (et non « ballade », la ballade c’est le poème, la balade la promenade) ensemble »
« Jess m'effrayait quelquefois par ses propos quelquefois très en avance »
« Allez, ne te bile (et non « biles ») pas pour ça »
« il avait mis un béret de marin, était-ce »
« je trouvais Jess très belle »
« Je dis à Jess qu'elle était belle comme une saucisse alors elle a souri (et non « souri » ; d’autre part, c’est bizarre, à mon avis, ce passage du passé simple au passé composé en cours de phrase) et dit »
« le rebord (et non « rebords ») de la corbeille »
« On a remis nos gants »
« l'homme appréciait à mettre du soin dans l'esthétique du funéraire (je trouve l’expression maladroite), ou le réduire au néant »
« des fleurs fanées »
« de s'ils goûtaient, (pourquoi une virgule ici ?) la verdure du pré »
« Auraient-ils souhaité (et non « souhaités ») un portique »
« Une kyrielle de bibelots »
« Aux Indes on (et non « ont ») donnait les gueux aux vautours »
« Nous étions repartis pour un tour »
« Un écureuil nous suivait de l'œil »
« Une fourmi noire y perd un temps fou pour y (je pense que les deux « y » font double emploi) aller d'un point A vers un point B »
« nous eûmes encore faim »
« Elle enfermait plusieurs corolles »
« je te promets »
« un peu impatiente de la rencontrer »
« Jess qui n'avait pas besoin de mon appréciation »
« me rappelaient cette période où nous vivions en pleine nature »
« nous avions décidé (et non « décidés ») de prendre le large des villes »
« La ville nous avait rendus fragiles »
« jusqu'au point où un beau jour (et non « jours ») »
« une bâtisse »
« Les murs étaient hauts »
« deux contenaient chacun (et non « chacune », puisqu’on parle du grenier et de la cave) un objet insolite »
« de prises femelles destinées à être enfichées »
« Du côté cave »
« de milliards de fougères »
« myrtilles en pagaille (et non « pagailles ») »
« les mains agrippées aux grillages »
« Jess poussait normalement , en hauteur et des cris quand l'heure de dormir s'avançait, sûre d'elle. » : je trouve cette expression « poussait en hauteur et des cris » bizarre, presque incompréhensible
« le froid se faisait affûté »
« tels les bucherons que j'avais observés au préalable »
« sans toutefois qu'il me soit possible »
« J'ai souvenir d'un jour, où (en outre, je pense que la virgule placée avant « où » seriat mieux après, pour avoir une incise nette de « probablement épuisé par le traveil et l’émotion ») probablement épuisé par le travail et l'émotion, »
« Avec Jess »
« Les jardiniers avaient balisé (et non « balisés ») le sol »
« Nous décomptâmes »
« le but de la crémation était de gagner en place et en hygiène, ce fut (« serait » serait mieux, à mon avis) quand même un comble »
« à chaque gorgée fraîche »
« De mon côté »
« lorsque ma femme nous a rejoints »
« Mais attends deux secondes »
« quelques dizaines de mètres de l’endroit auquel (ce « auquel » est maladroit à mon avis, voire incorrect) nous nous trouvions »
« s’asseoir en tailleur sur le sol »
« à côté d’un petit pont. L’air de l’après-midi »
« les grands migrateurs qu’ils avaient été (et non « étés ») »
« aux rouges-gorges »
« de bons substituts de repas »
« Puis ma femme replia ses bras doucement, provoquant (vu la phrase, c’est le participe passé du verbe ici, non l’adjectif) le départ définitif de cette volière insensée croisée basse-court »
« attends un peu »
« ce geste de la main. (et non « mains ») Quand elle réouvrit la main (les deux « main » sont proches, je trouve) »
« Elle resserra les poings et l’ombre rousse reprenait (je trouve l’imparfait bizarre ici, un passé simple serait peut-être préférable) le territoire »
« Les mouvements de mains s’accélérèrent encore »
« D’énormes perles de sueur (et non « sueurs ») »
« dis-moi ce qui se passe ici. »
« ton absence lui fait paraître »
« T'inquiète (et non « T’inquiètes ») pas »
« J'avais rejoint ma femme »
« Nous nous étions disposés de profil de manière à être tous les deux visibles » : je ne comprends pas, pourquoi ne peuvent-ils faire face tous deux à Jess ?
« Nous avions joint (et non « joints ») la pointe de nos chaussures »
« Ce sont les lombrics qui ont émergé (et non « émergés ») les premiers »
« Ma femme enchaînait sa mélodie »
« cette marée (et non « marrée ») grouillante et pacifique »
« la cohorte écœurante des animaux d'en dessous empruntaient un passage précis »
« Puis ils basculaient côté ventral »
« Probablement une dizaine de milliers »
« la zone pubienne de mon épouse. (tu avais mis une virgule) Elle portait un jean noir »
« les parois intérieures de ses cuisses »
« Quand les derniers arrivés à la hauteur »
« J'aurais bien cru qu'elle s'immobilisèrent (ici, je pense qu’un conditionnel serait préférable, le passé simple ici me paraît vraiment bizarre) complètement. Quand le dernier animal eut rejoint l'œuf ainsi formé »
« par petits mouvements des chevilles et du cou-de-pied (et non « coup-de-pied ») »
« chacune des espèces rejoignit (et non « rejoignirent ») peu à peu son habitat »
« ce jour-là »
« On ne verrait pas vraiment l'impact »
« à moins bien sûr »
« des quelques piscines qui jalonnaient les jardins de quelques cottages »
« Quand un couple promène (et non « promènent ») son enfant, l'homme choisit parfois de se mettre du côté droit »

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Message  Invité Lun 2 Nov 2009 - 20:51

Ah, je vois qu'on a changé la police... Tant mieux.

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Message  mentor Lun 2 Nov 2009 - 20:53

socque a écrit:Ah, je vois qu'on a changé la police... Tant mieux.
la police n'est jamais très loin
;-)

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Message  Invité Lun 2 Nov 2009 - 21:05

Que de poésie, Panda ! Là où on l'attend et là où on ne l'attend pas.
C'est très beau. Démesure paradoxalement mesurée. Un texte émouvant sur plusieurs points.

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Message  Rebecca Lun 2 Nov 2009 - 21:11

C'est strange, ça fait bizarre, ça pétrifie, ça réchauffe pourtant il fait froid , ça me ballade bien, ça me tétanise un peu , je trouve ça beau!
Et j'admire le travail.
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Message  Roz-gingembre Mar 3 Nov 2009 - 8:09

He bien Panda, tu nous fais de la haute voltige là!
Très beau texte. Dans sa construction d'une part faite de courts fragments qui posent le décor et l'ambiance. Tes personnages sont troublants de vérité mais ça c'est ta marque de fabrique. Et puis encore ce don des petites phrases pleines de poésie et de vie. Ai-je parlé de l'humour ? (te payer une gourde... t'es gonflé quand même). Ogawa dans tout ça? Ben c'est ça, on y croirait si ce n'est, il faut quand même le dire, ces nombreuses fautes qui émaillent ton texte et que Socque a comme d'hab fort bien relevées.
Et puis encore : j'ai été émue par ton histoire de mains, celle qui tient l'enfant, selon que.
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Message  Sahkti Mar 3 Nov 2009 - 11:02

Quel beau travail Panda ! Une écriture soignée, posée, qu'on sent mûre et réfléchie... j'aime vraiment beaucoup ce que tu as écrit là.
Notamment pour cette alternance discrète entre passé et présent, pour ces digressions-explications qui construisent tout un univers. Cela donne de l'ampleur au texte, tout comme une allure humaine et sensible, sans jamais tomber dans le mièvre.
Une belle réussite Panda, BRAVO !
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Message  Sahkti Mar 3 Nov 2009 - 11:03

Panda est ok avec ce changement de police dans son texte ?
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Message  Plotine Mar 3 Nov 2009 - 14:56

Rien à dire. Dépassée.
Vais me rassurer avec une petite chose terre à terre : pour les dix stères de bois pas hiver je suis d'accord mais surtout pas de sapin !
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Message  Zou Mar 3 Nov 2009 - 23:30

Conquise par la balade initiatique père-fille et l'alternance envolées poétiques-considérations plus prosaïque qui rythme la promenade et rend les personnages tellement humains; par contre les gesticulations de l'épouse m'ont fait décrocher comme parfois aussi les erreurs de langage.
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Message  Kilis Mer 4 Nov 2009 - 13:42

Un imaginaire foisonnant servi par une écriture ébouriffante.
Tu nous emmènes dans les recoins les plus humainement improbables, les plus insoupçonnés et les plus merveilleux.
Quel souffle !

Suis d'accord avec socque pour les erreurs de langues évitables mais on ne crache pas le feu sans laisser d'escarbilles.
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Message  Lucy Jeu 5 Nov 2009 - 4:36

L'utilisation de la nature et de ses petits copains ( Yuh ! ) est vraiment bien vue.
Si c'est Kensington, j'ai vu d'autres paysages : forêts, lacs, mers, fleuves, un voyage entre les lignes. Une dimension limite onirique, aux frontières de l'horreur et du fantastique, un bon récit. Bémol sur les petites erreurs de langage qui m'ont fait, parfois, trébucher sur les chemins de ce monde à la frontière des réalités.
Dômo.
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Message  Halicante Jeu 5 Nov 2009 - 15:49

Kensington Gardens en cimetière, quelle bonne idée ! (euh… Il y a peut-être réellement une partie du parc qui fait office de « dépôt d’urnes » ?!) J’ai bien aimé le rapport entre le père et sa fille, leur complicité. L'apparition de l'épouse apporte une bonne dose de surnaturel, un peu trop à mon goût, mais ça, c'est affaire de personnes (quelle vision d'horreur, tous ces insectes grouillants !) A part cette vision d’horreur, j’ai aimé le regard que tu portes sur ces êtres.

Et merci pour ces perles (quelques-unes seulement, car sinon j'aurais copié-collé une bonne partie du texte !) :

La nature est parfois ambiguë mais jamais ambidextre, l'oiseau niche son bec dans son plumage certainement toujours du même coté.
Jess me dit que l'absence , c'est quand un sablier est empli de gravier.
Elle dit qu’elle a créé ce tour quand ton absence lui fait paraître une minute pour une saison et que modifier la saison est plus facile que de résoudre ton absence.
Un détail : je n’ai pas compris la numérotation des chapitres : est-ce un extrait d’un texte plus long ?
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Message  Halicante Jeu 5 Nov 2009 - 15:51

Halicante a écrit:À part cette vision d’horreur, j’ai aimé le regard que tu portes sur ces êtres.
Je me relis et je corrige, grâce à la localisation de Socque, qui est décidément bien placée !
;-)
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Message  bertrand-môgendre Lun 9 Nov 2009 - 16:35

Un texte bien troussé avec toutefois quelques petites anomalies :

... bien sûr... bien sûr... un animal relâché avec toutes les meilleures intentions meurt avec toutes ses certitudes... on n'avait pas osé demander au vendeur pourquoi il avait mis un béret de marin, était-ce... drôlement bon et je trouvais... les lèvres à la moutarde douce... Elle ne ressemblait en rien... comme une saucisse,... elle a souri...
... ne te bile pas pour ça... une pie était venue voir s'il ne restait pas quelques miettes... sur le rebord... On a remis... des fleurs fanées...
... Auraient-ils souhaité un portique vert pomme ?... Nous étions repartis pour un tour... pas de majuscule après : elle enfermait... du sirop de chrysanthème...
... je te promets... Je ne disais pas tout ça à Jess qui n'avait pap besoin de mon appréciation,... nous avions décidé... la valse de la place de parking (parc de stationnement)...
un beau jour... les murs étaient hauts, le grenier ainsi que la cave plus vastes que...
femelles destinées à être enfichées par de grosses...
... Du côté cave,... surplombé de myrtilles en pagaille...
... les mains agrippées au grillage des poulaillers, ou les mains agrippées aux grillages des poulaillers... se faisait affuter... jeudi... tels les bucherons...
... sans qu'il me soit possible de comprendre exactement pourquoi... Trouvait-on dans quelques amphores enfouies... un jade fin...
... les jardiniers avaient balisé le sol... avec ce petit goût calcaire que donne la cendre d'os... De mon côté, j'aurais adopté l'objet afin d'avoir l'heure... ma femme nous a rejoints... Mais attends deux secondes... à côté... l'après-midi
... les grands migrateurs qu'ils avaient été... le gîte et le couvert bien plus accessibles et surtout moins épuisants... aux rouges-gorges... qui offraient de bons... colverts... T'as rien vu, attends un peu... ce geste de la main...elle rouvrit... le pré, les arbres et tout ce qui contenait de la chlorophylle suivaient le rythme de la chair... J'avais rejoint ma femme... nous nous étions disposés de profil... nous avions joint... les lombrics qui ont émergé les premiers... les scolopendres sont sorties... Plus agiles, elles remontaient... mon corps... recouvert de cette marée... le front de mon épouse,...
basculaient côté ventral... une dizaine de milliers... maintenant sur les parois intérieures... J'aurais bien cru qu'elles s'imobilisèrent complètement... par petits mouvements... du coup de pied... chacune des espèces rejoignit... ce jour-là... Il était temps,... bien sûr... Quand un couple promène son enfant... du côté droit...
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Message  abstract Jeu 17 Déc 2009 - 15:52

Voilà seulement que je viens de lire ton texte Panda et je ne sais pas trop quoi dire, je suis loin d’être douée pour les commentaires, mais je voulais te dire que ça faisait longtemps que je n’avais pas lu quelque chose me faisant autant d’effet. Alors oui, c’est vrai, il y a des petits défauts, quelques erreurs, mais qu’est-ce que c’est bon. C’est juste, ça sonne vrai, ça retourne les sens, bref tout ce que je recherche en tant que lectrice.
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Message  milo Mar 22 Déc 2009 - 16:26

C'est absolument superbe. Du moins, à mon sens. Du coup je viens de faire (ou plutôt de ne pas faire) quelque chose que je n'avais encore jamais fait (?!) sur un texte: je me suis empêché de lire la fin.
Je sais c'est un truc drôlement con, mais ça m'arrive tout de même assez régulièrement avec des choses de moindre importance.
Il m'arrive par exemple, lors des barbecues estivaux entre amis ( eux aussi, pour moi, vecteurs de plaisirs intenses...) de cacher une bière dans la bibliothèque ou dans le four, histoire de ne pas la retrouver avant le soir et de pouvoir en parler en tête à tête, avec elle, aux étoiles
( évidement la bibliothèque et le four sont des lieux choisis avec précautions, des planques idéales, des espaces qu'il ne m'arrive jamais de fréquenter durant les barbecues-entre-amis... je ne serais quand même pas assez débile pour cacher une bière dans les chiottes ou sous le bar, par exemple...)
bon, là je crois que je m'égare.

Tout ça pour dire que ce texte (et bien d'autres de toi ) s'associe en moi à des moments précieux , et bien que la comparaison avec la bière soit un peu bancale, au fond la recherche du plaisir, du petit-bonheur, reste pour moi la même.
Donc voilà, ceci était un long commentaire pour dire pas grand chose. juste, que j'ai lu la moitié de ton texte....

je sais bien qu'il y a des fois où je devrais fermer ma gueule, mais...

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Message  phoenix Mar 22 Déc 2009 - 20:34

Très imagée et vivant. J'ai grandement apprécié !

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Message  milo Mer 23 Déc 2009 - 16:56

Merci pour ce texte, Pandaworks.

P.S: A la tienne !

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