Rimini - Les noces d'un crapaud

[lol47]

Sur la table de l’erreur fatale, les yeux rougis des projecteurs me caressent l’occiput.
Fellini filme.
J’ai les chevilles attachées au plafond.
On raconte qu’au Groenland la nuit d’hiver dure soixante dix ans.
On raconte que je suis le type même de larve à accélérer dès que j’en ai l’occasion.

Je m’emploie dans le ventre du navire à distraire mes haut-le-coeur.

A l’aube livide, mon dégoût augmente.
Vomir au bord du précipice.

Une trace bénigne de mon sperme s’écoule le long de son nombril.
Je viens de coucher avec la fille du Führer…!

LA Rimini, costume de velours, les cloches sonnent l’excès de Z; névrotique, inverti.

Humain, absolument humain. Nécessairement humain.
Délivrance atroce de l’infiniment humain.
A Rimini, je me fais bronzer en manches de chemise dans une Mercedes noire, et je viens d’inventer une symphonie, la poésie aux ailes de papillon, la Walkyrie.

En écoutant Debussy et Wagner, Lisa aime la mer et la mer aime Lisa.
Point barre.
Lisa cherche le mâle qu’il soit oiseau, lionceau ou poisson. Elle le cherche jusqu’à le griffer, l’éventrer de la pointe de ses yeux obliques. Elle le cherche dans la tessiture du phosphorescent.

– Amour, dit-elle, descends de ton arbre et viens me rejoindre.

Lisa aime la mer mais la mer n’aime pas les hommes.
Lisa ne m’aime pas.
Une vieille Panhard jaune m’attend derrière le restaurant, à côté du cimetière. A l’intérieur, Milan, le chauffeur tire une bouffée sur sa cigarette.
Le tabac froid, le Mezcal, la torture en Uruguay m’ont rendu fou.
Aveugle, obèse et impuissant.
Locataire.

Aujourd’hui il bruine alors je me sers de mon manche de parapluie comme d’une canne. Il me semble que je suis tombé dans le fortin par accident.

– Cette ville m’agace, et puis cette pluie, cette pluie..! Ca me rend chèvre, allons, pressons le pas, Monsieur.

Voilà, les moucherons sont de sortie . Elle marche à deux pas devant mon cadavre et les effluves que dégagent ses aisselles me confortent dans l’idée pratique que mon infirmité m’a définitivement rendu mon odorat: l‘abus d‘un surdosage de mortalité.

L’idée saugrenue.
L’idée pointue, dantesque, me vient de lui transpercer les fesses avec mon parapluie.

Il y a trente ans, en mon auguste personne, Soy Thibaudat, uranien et paléontologiste, abuseur d’utérus flasques et de vacives aux chevelures hallucinées, « Homo Immortalis », j’épousai en premières noces à Rimini en Toscane, Eleonora Von Ziele, dite Lisa, la petite-fille du Führer.

En ce jour, je suis devenu le plus dispendieux de tous les immondices, millésime éventé avec en arrière goût une longue finale comme une pluie tombée , une saveur épicée de tombeau.
Et comme un vieux fasciste, demain en dépucelant ma dernière bouteille je m’en irai serpent de Mars, fêter mes noces de crapaud.
A Rimini, LA Rimini.

[Plotine]

Je posterai dès que j'aurai trouvé quelque chose à dire. Il faut que je réfléchisse encore un peu...

[demi-lune]

Bon, moi qui attendais un avis pour voir si c'est moi ou quoi... Je vois qu'il n'y a pas que moi que ce texte laisse perplexe. Il faut sûrement du temps pour digérer un peu tout ça. Assez hermétique pour moi, je ne sais que dire.

[abstract]

Je n’ai pas tout compris, je ne pense pas que tout est à comprendre et quand bien même, je ne le veux pas.
Et pourtant, chaque mot me semble à sa place, exactement où il doit être et nulle part ailleurs. Les phrases se succèdent et m’évoquent des choses nouvelles, des sensations que je ne connaissais pas. Ça retourne les tripes à chaque lecture de quelques degrés de plus.
Je n’ai pas toujours été tendre avec tes textes lol47, certains m’ont franchement déplu, mais là je suis scotchée, tu as exactement produit ce que j’attends de la littérature, voir les choses autrement et mieux encore me chambouler les sens. Ma journée en aura été moins morne.

[Titia_____]

Je suis d’avis qu’il faut laisser place à l’imagination du lecteur, lui laisser une certaine liberté d’interprétation, j’apprécie les associations d’images et d’idées pas trop balisées, je pense que ce n’est pas toujours désagréable pour certains lecteurs d’être obligés de relire, de réfléchir pour accéder à la signification profonde ou cachée du texte et même, pourquoi pas, de ne pas comprendre certaines choses volontairement vouées à n’être pas tout à fait comprises. Par contre, je déteste les auteurs qui abusent de cela, qui laissent l’imagination du lecteur combler leurs lacunes, fantasmer des intentions de génie, intellectualiser du vide ou du grand n’importe quoi.
Mais on sent bien ici que ce n’est pas le cas.
Je trouve ce texte un peu trop hermétique, le fond est un peu trop difficile d’accès, le lecteur est trop mis de côté.
En même temps, c’est le genre de texte qui se mérite, qui doit être relu, auquel cas on découvre un peu plus de ce qui nous a échappé, intéressant.
On sent qu’il y a quelque chose à saisir, à portée de main, et c’est frustrant, j’ai l’impression d’être passée à côté de quelque chose, pas de tout, mais de quelques choses. Je suppose que je vais essuyer des protestations, et je peux le comprendre, mais j’aimerais beaucoup que vous nous apportiez quelque éclairage quant au fond de cette histoire.

[Invité]

Je dois dire que l'irruption de la fille du Führer (qui devient la petite-fille un peu plus bas) m'agace. J'ai eu l'impression que l'auteur avait voulu frapper les esprits, introduire une icône du mal absolu, alors paf ! Hitler (enfin, pas lui, parce que le narrateur est hétéro, ça paraît clair). Un peu facile, non ?
Sinon, comme souvent avec lol47, j'ai rien pané, à aucun niveau, je ne peux donc pas dire si, selon moi, le texte contient ou non quelque chose.

[High_Voltage]

L'habituel cocktail sombre, sperme et sang, prétendument morbide, mal contenu dans les barrières de la frustration personnelle, superficiel malgré sa poésie facile où chacun comprend ce qu'il y veut, ou plutôt où personne n'y comprend rien. Ceci joue sur la fâcheuse tendance humaine à mystifier ce qui n'a pas de sens. Comment se départir du sentiment que cette puérile propension à recourir aux uniformes de la Totenkopf ne s'est développée partout que parce que ça fait cool ? Un tel écrit discréditerait bientôt les tentatives sérieuses d'extraire leur contenu du glauque, du sexe et du nazisme. Ces opérations-là auraient quelque intérêt ; pour les mener à bien, peut-être faudrait-il songer à ne pas écrire seulement pour votre propre personne. Mais l'homme se veut libre ; bonne continuation.

[Sahkti]

Le propos m'a paru par moments trop affirmé, par moments trop elliptique. Certaines précisions ne me semblent pas utiles ou ne paraissent être présentes que pour appuyer un propos ou convaincre le lecteur de quelque chose. Avec une réserve exprimée sur la rage ou les pensées que la situation dépeinte dans le texte pourraient faire naître lorsqu'on réalise les associations thématiques qui s'imposent.
Pas assez grinçant pour moi donc alors que de bleu, que de coups de poing soulevés dans ce propos, des hauts-le-coeur aussi, tout en nuançant certains amalgames.
En même temps, cette froide résignation pour désigner les choses leur accorde plus de poids encore et ça en devient terrible.
Difficile dès lors d'opter pour un rythme narratif. Dans les deux cas, le propos m'aggrippe dans tout ce qu'il dit et surtout ne dit pas.

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