Ami Silence

[Rêvelin]

Il était nuit,
Au vent des voiles,
et sous la pluie,
et sous l’étoile
Il était nuit,

Le temps passait
Au creux des toiles

Il était nuit
Il était nu
Il est ému
Le sans un cri
Le sans un bruit
Il est ténu

Il était nuit
D’un noir à mer
Et c’est amer
Qu’il était nuit

Un goût de sel
Flottait dans l’air

Il était nuit
Et sous la pluie
Le temps passait
Poussant les voiles
Il était nuit
Et sous l’étoile
Il était niais

Il était nuit
Et sourd muet

La nuit criait
Que l’on dévoile !
Que l’on dessale !
Il était nuit
Au fond des cales
Il était nuit

Il était nuit
De palissades
Il était pris
D’estafilades
Et couper d’os
Comme un bon vin
Le creux du temps

Il était nuit
Au goût de sang

Il était nuit
Que l’on élance
Au bout du bruit
D’un bout de lance

Il était nuit
Que l’on encense
Et que l’on fuit
D’un pas de danse

Il était nuit
Et sous la pluie
Le temps passait
Au creux des toiles
Au creux des toiles d’Italie
Il était nuit

Il était nuit
Et diffusait
Parcimonieux
L’arôme bleu
Des longues phases de la vie

Il était nuit
Il était sens

Le sans un cri

L’Ami Silence

in Isohélie
publié à la maison d'édition du Petit Véhicule

[Rebecca]

J'en resterai muette si je ne voulais témoigner ma reconnaissance à cet ami silence. Il est passé, tenu, ténu par ta plume d'ange.

[Saint Georges]

Je suis conquis, tout ce qui m'avait un peu agacé dans votre autre texte est magnifique de simplicité ici.

J'ai deux (petites) critiques:

Il était pris
D’estafilades
Et couper d’os
Comme un bon vin
Le creux du temps

Au niveau du sens cette strophe me gêne. Soit "couper" se rattache aux vers précédents et en ce cas il s'orthographierait coupé (sous entendu "il était coupé"), soit effectivement c'est de l'action de "couper" pris en sa forme infinitive dont il s'agit, alors en ce cas le "et" me parait faire une liaison avec le passage précédent qui prête à confusion.

Il était nuit
Et diffusait
Parcimonieux
L’arôme bleu
Des longues phases de la vie

J'ai trouvé le dernier vers un peu long, il brise le rythme, selon moi.

Quoiqu'il en soit, c'est du bon boulot. Bravo.

Au plaisir de vous relire.

Saint Georges

[Rêvelin]

o oui merci c'est "coupé" en effet

et oui le dernier vers paraît long
vous pointez là les deux endroits qui me gênaient

merci à vous

[Lucy]

Si on meublait le silence de cette façon, on ne voudrait plus jamais parler. Beau texte !

[Poesita-Aestuat]

Mon cher Rêvelin, j'ai tenu à le lire deux fois. C'est vraiment mirifique de te lire !

[Invité]

Trop de jeu sur les mots à mon goût, trop de pirouettes... Ce n'est pas ma tasse de thé. Mais je reconnais que c'est alerte, enlevé.

[opaline]

J'ai beaucoup apprécié ces vers courts et aériens, ainsi que la répétition de " Il était nuit " comme une ritournelle. Bravo !

[Soliflore]

J'ai lu avec bonheur ces vers si bien balancés et ciselés qu'ils en deviennent musique....Le silence existe-il vraiment? hormis dans un lieu complètement hermétique.
Il est heureux que le vôtre soit musical.

Vraiment! Bravo!

[Arielle]

"De la musique avant toute chose"
Elle court sur le fil de ce poème funambule qui ne trébuche, à mon goût, que sur quelques jeux de mots inutiles parce-qu'ils suspendent la lecture et détournent l'attention de son flux aérien.
Je trouve que les deux vers plus longs sont parfaitement bienvenus empêchant une monotonie de s'installer sans pour autant casser le rythme. J'en aurais même rajouté quelques autres ... Mais tel quel cet ami silence est des miens. J'attends la suite de vos écrits.

[Sahkti]

L'utilisation de sonorités diverses pour impulser un rythme précis à l'ensemble me paraît être une bonne idée. Toutefois, si l'exercice me plaît, je ne le trouve pas totalement abouti dans le cas présent.
La longueur du texte contribue sans doute à cette impression. L'exercice aurait pu pousser la langue dans d'autres retranchements, le potentiel est là mais trop sage à mon goût.
Quoi qu'il en soit, cela ne m'a pas empêchée d'apprécier ce texte et de lui trouver des accents chantants, en plus d'être beau.

[Louis]

Beau texte, musical. Pas de poésie, en effet, sans musique.

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