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Le fait d'armes (De Gaulle 3)

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Le fait d'armes (De Gaulle 3) Empty Le fait d'armes (De Gaulle 3)

Message  outretemps Ven 20 Nov 2009 - 18:05

Voilà donc, narrée à l’infime plus juste, l’histoire racontée par la photo que mon père s’était mis en tête d’offrir à De Gaulle lors de sa visite:

A peine avait-on entamé la guerre, que déjà la maison à mon Tonton s’en était retrouvée trouée du grenier. Un obus perdu par on ne sait qui l’avait traversée de part en part. Pour une maisonnette habitée par un individu réformé atrophique général, c’était, à plus d’un titre, une histoire de combles !
En attendant, cela faisait quatre ans passés qu’elle se trimballait, la pauvrette, en séquelles, une grosse tache noire sur le front. Ca lui faisait comme un œil de bœuf mal énucléé, une petite fenêtre in-finie, avec vue magnifique et imprenable sur la fontaine du tournant menant au cimetière.

Maintenant qu’on cavalait le boche en gibier-débandade, c’était pour sûr, par ce côté-là qu’allaient déboucher les nôtres qui les coursaient. Les Teutons égrainaient, dans leur débine, petits crottins de dix, leurs reliquats survivants avec ordre formel de se rescaper absolument jusqu’à ce que mort s’en suive. Tout ça, sans doute, afin d éviter à nos alliés de s’essouffler à avancer trop vite ! Jamais, jusqu’ici, on n’avait connu pareilles prévenances aux Boches! Parfaitement nouveau inédit de leur part !

C’est dans ce joyeux contexte que Ficelle et ma tante Louise voient un beau jour, jaillir du fin fond de leur basse-cour, une bande de Germaniques des plus lamentablement déplumés.

A peine éclatée d’un coup de tête la porte de la turne à Tonton, terrain conquis, que déjà le chef valdingue ma pauvre Louise qu’en croit rien, contre le mur du couloir. Puis, se tournant dans un style des plus gothiques, vers Ficelle en personne, le titube d’un seul regard du doigt, au fond de la cuisine :

-Vous, restez ici, sinon… Pan !... Kaput !

Pas besoin d’épuisantes expériences guerrières, pour flairer en ce chef, le parfait nazi-goth! Tout de noir vêtu, clinquant ciré comme il faut du képi à la pointe des bottes, ses manières distinguées autant que le troupeau de pouilleux d’outre-tout qu’il commande, ne laissent place à aucun doute : Tonton allait avoir affaire à un certifié con archétypal ! Le frais émoulu et vite fait fanatisé officier S.S., comme il s’en trouvait de plus en plus souvent dans les cadres de l’armée, depuis que le vent avait chaviré à l’Est !

Tandis que les suivants bousculent le portillon et envahissent à leur tour les lieux, le chef, toujours lui, grimpe à blinde l’escalier menant à l’étage. Un soldat exténué le suit, à cloche-pied, trainant par son canon une monstrueuse mitrailleuse. Les bottes dans l’escalier, les rubans cartouches, la crosse de son artillerie, cognant les marches, vacillent l’édifice jusqu’au coq de l’église d’à côté.
C’est l’infernale cavalcade !
Le reste de la bande, parqué dans la cuisine, la ramène pas trop, penché qu’il est sur son sort. Pour sûr, ça les occupe, tous ces soudains infiniment mortels, leurs « envies d’ailleurs » ! Tandis que d’aucuns s’autruchent en précaires roupillons, les autres éclusent à la louche l’eau tiède de la cuisinière, et Tonton rumine :
Jamais il n’avait songé qu’un jour ce satané tournant pile poil en face de ses fenêtres virerait si dangereux. Jamais encore il n’avait trouvé sa petite maison si encombrante de taille! Il l’aurait bien vue au bout du monde en simple terrier ! Voila à quoi il rêvait, un terrier pour lui tout seul avec sa Louise.
Parce que, pour peu que ce joli monde prenne ses aises, s’installe à demeure afin de canarder tranquille et il virait, lui Ernest, aussi sec, point stratégique vital pour l’ennemi! C’était bien la peine d’avoir passé sa vie, le pied au frein pour finir en pareil cataclysme :

-Tu te rends compte, Louise ! Si ça se trouve, c’est les français qui vont nous tuer !

-En tout cas, flageolant comme je te vois, t’es pas mort encore !

-Enfin, Louise ! Comment peux-tu, Nom de Dieu, me plaisanter ainsi en pareille circonstance ?

-Mais, je ne te plaisante pas Ernest! Regarde-toi un peu! Tu fourmilles de vie du bas en haut! Cesse donc de te soucier !... pense plutôt à ce qu’on fera, une fois la guerre finie et tous ces cons claqués!

Tonton a beau savoir la guerre bientôt finie gagnée, il ne s’en sent pas pour autant forcément survivant ! Surtout si ma bonne tante continue d’incendier ainsi l’adversité :

-Enfin, Louise…tu te rends compte ! D’ici qu’ils comprennent ce que tu racontes!

Mais, c’est à peine si les soldats ont relevé le geste de mépris dont ma Louise avait agrémenté sa sortie.

-Was sagt Sie, was sagt Sie ?

Au grenier, par contre, c’est le foutoir. On déménage d’enfer ! Bruits de bois qu’on bascule, meubles qu’on ripe en raclements de plancher … Les oreilles tendues de ma Louise devinent, interprètent les agitations à l’infime son perçu.

-Je crois bien, Ernest, qu’ils nous dégagent le trou !

-Nom de Dieu, ils s’installent !

-Tu pensais pas quand même qu’ils allaient passer juste pour le bonjour ?

-Nom de Dieu de nom de Dieu ! On est foutus !

Ils ont tous deux compris, parfaitement juste, la situation!
Là haut, l’officier pose à terre un matelas devant le trou d’obus et positionne en franc tireur le type monté à sa suite :

-Tu restes ici, tu laisses approcher ! Ne tires qu’une fois une bonne dizaine de types engagés! Compris ?

Dans la cuisine, ma Louise au milieu de la soldatesque de réserve, toutes armes éparpillées, guette les réactions. C’est qu’elles affichent l’enthousiasme autrement moins ostentatoire qu’à l’aller, ces pacotilles en débine!

-Les autres en rang dans l’escalier!... Schnell !

A l’ordre rugueux tombé du premier, les murmures de rouspétance fusent par travers toute la cuisine, déclenchant l’ire du chef :
- Verdammt ! J’ai dit : Les autres en file dans l’escalier ! Vous êtes sourds, bande de branleurs ?... Et que ça saute ! Ou vous montez, ou je vous descends !

C’est là une phrase qui, au civil perd tout sens, mais reste de la plus implacable logique militaire :

-Et l’un après l’autre ! Also, schnell, schnell !

-Ben dis donc ! Bonjour l’ambiance ! Si c’est comme ça qu’ils comptent gagner la guerre, y sont pas rendus !

-Louise, Nom de Dieu !...La ferme !

Comme rien de ce que s’entre-causent les Boches n’échappe à tonton Ficelle éduqué casque à pointe d’avant 14, tout lui confirme que sa baraque va, sans pli, tourner Chabrol de la dernière chance… avec dedans les empaffés, lui et l’épouse, autant qu’ils sont !

-T’as-tu idée, Ernest, pourquoi Attila les a laissé passer sans rien dire, ni les mordre ?

-Tu crois vraiment que c’est, Nom de Dieu, le moment de t’inquiéter du dindon ? Il a dû vouloir la ramener et ils lui on foutu un coup sur la crête, terminé !... Comme y vont te faire à toi d’ailleurs, tiens, si… si t’arrêtes pas !

-Mais, alors ! Comment on va faire à Noël ?

-Louise, tu crois vraiment que c’est le moment des projets d’avenir ?

-Quand même !...Attila !

Attila, c’était le nom dynastique du dindon que ma Louise élevait à l’année, au milieu de ses poules pour le bouffer à Noël. Un par an ! Toujours pareil nommé : Comme ceux-ci, sans exception, se doutaient du sort qui les attendait, ils faisaient de leur mieux pour faire honneur à leur nom. Celui qu’ils avaient en cours ayant dû manifester un courroux par trop excessif, sera tombé sur un bec, et terminé !

Tandis que je digresse, dans la cuisine, les soldats, à contre cœur, se bougent vers l’escalier. Ils commencent à la sentir franchement foireuse, d’autant qu’à l’étage, le chef semble fortement s’énerver !

-Ce type est fou, Frantz…On va tous y passer… C’est un malade !

Le Frantz hausse les épaules et se colle au bas de l’escalier, contre le mur. Dans les rangs c’est, moins que jamais l’esprit de franche camaraderie de 39. Les velléités guerrières de la raclure à tête de mort qui commande semblent vivement contrarier !
C’est qu’il s’agit plus d’aller tuer, piller, violer à la rigole, comme il y a peu encore! La dureté des temps leur a creusé des rides de soucis, jusque dans la ferraille des casques !

Soudain cela bouge du côté de la fontaine. Les Français, enfin les nôtres, approchent. On entend au loin, le moteur d’un char. Dans le tournant, trois ou quatre silhouettes enfusillées filent, furtives, pliées, se planquer, tous flingues braqués … De voir tant de monde lui en vouloir, le soldat du grenier panique, lâche deux courtes rafales, pousse un cri et s’écroule… Mort !

-Verdammt !...Suivant !…Schnell ! Qu’il gueule le chef !... suivant !

Les bruits de moteur se sont sensiblement rapprochés…

Frantz, l’adossé d’en bas de l’escalier, bouscule tout le monde :

-C’est à moi !...J’arrive !

La détermination du volontaire est telle, qu’aux alignés, de marche en marche, ça leur chavire les équilibres ! Les enjambées de l’enragé les vacillent aux calebars ! Murs et plafond tremblent et croulent, tant les coups sourds des groles trébuchent en précipite ! Les soldats, qu’attendent leur tour en oignons, pour mieux qu’il passe, s’enfoncent aux tapisseries ! Depuis la Pologne, c’était devenu, des transports de cette trempe, extrêmement trop rare pour qu’on contrarie ! Le mot d’ordre que chacun se donne en silence résonne en prière:

-Surtout Seigneur, qu’il brise pas son élan !

Mais les étonnements se succèdent. A peine leur pote monté, un coup de feu éclate ! Un bruit mou dessus leurs têtes…Un corps qui s’écroule ?...

-Werdammt !...Aurait-il osé ?

Bassourdis et berlués par tant d’audace à conséquences, les mecs s’en conchient de trouille ! De trouille ou de joie, on vérifie pas !
C’est là, certes, un coup à s’attirer des fureurs…Mais les fureurs, ou ce qu’il en reste, à y bien réfléchir, sont autrement lointaines que l’immédiat futur des menaces d’en face.

Contre jour et bruits de bottes :

La silhouette du héros s’encadre en haut de l’escalier. Dans une pogne, son flingue, canon fumant, dans l’autre, le révolver de l’empaffé Nazigoth ciré. Ayant balancé son flingue dans l’escalier, aux pieds de ma Louise, bondie dehors sa cuisine au coup de feu, il entreprend les marches. Automate parfait, pas pesant, calme, il défile ses copains qui l’interrogent du regard. Toujours aussi grelottant prudent, Ficelle émerge sa tête à son tour pour se retrouver, Nom de Dieu… nez à nez avec le conon du pistolet de l’officier !

-Pas…, pas…, pas tirer…

Le soldat empoignant son bras, lui colle le pétard dans la pogne :

-Vous brendre ça… Nous, brisonniers de vous ! Puis se tournant vers ma Louise :

-Matame, vous gergé gifon blanche, et pâdon ! Schnell, bitte !
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Le fait d'armes (De Gaulle 3) Empty Re: Le fait d'armes (De Gaulle 3)

Message  outretemps Ven 20 Nov 2009 - 18:07

Tonton qu’avait, comme dit, jusque là semblé inutilisable à toutes les armées du monde s’en trouve du coup bien embarrassé. Le poids de l’arme plaquée dans sa main, l’affaisse de lourdeur. Lui, qu’a déjà tant de mal à maîtriser le guidon de son vélo ! Si encore il avait l’once d’idée de comment se comporte un héros ! Car c’est bien là, sauf si je trompe, le rôle qu’on lui propose ! Jamais d’avoir à jouer un pareil personnage ne l’avait effleuré de sa vie, jamais ! Cela existe-t-il seulement des braves aussi fluets-menus ? Pas même au cinéma ! Ah, nonnonnon !... Il n’osera Pas! Faire prisonniers, à lui tout seul, la presque moitié des débris de la Wehrmacht ! Non,non,non, pas question !

Le Frantz n’en peut plus de hâte :

-Also, schnell !
- Also, non,non,non ! Vous êtes, vous êtes… trop nombreux pour moi !…Voilà ! Et, et, et puis… militaires, après tout !…On a bien dû, Nom de Dieu, vous apprendre à vous rendre, non ? C’est pas quand même moi qui vais vous montrer ! Pas même fait mon service ! Exempté ! Inapte malgré moi ! Pas même pour les bureaux, le ménage ! Rien ! Trop ténu, qu’ils disaient…et vous voudriez, vous… que je sache mieux que vous ? Je… je ne veux rien savoir !

- Aller schnell, schnell, le presse l’Allemand en le secouant, c’éturgeon !

-Ja ! Ja c’éturgeon ! Qu’ils reprennent en chœur, les bons Ariens, c’éturgeon !

Et tous, pour éviter le quiproquo, dans l’euphorie de la défaite, de lever au plus haut leurs bras, mains en l’air !

-Werdammt mahl, werdammt ! Diese Franzosen !

De partout fusent plâtras et jurons : la faute au plafond pas prévu pour la manœuvre.

-C’éturgeon, c’éturgeon ! Vite dit ! D’abord…qu’est ce que ça veut dire : C’ét urgeon ?… Nom de Dieu, Louise ! Ils vont pas quand même me fusiller parce que je refuse de les faire prisonniers ? C’est le monde à l’envers !

-Ah, ça !...Même que, si pas tu grouilles plus, ta maison va y être aussi, à l’envers, et nous dessous !... T’imagines peut-être que les autres, là dehors vont attendre que t’aies fini de te gratter pour se servir de leurs engins ? T’entends les boucans !... C’est pas des brouettes, Ernest… c’est pour sûr pas des brouettes qui nous arrivent !

Puis haussant le ton à le décoller du sol:

- Enfin, Ernest, secoue-toi !...

Tonton tourne, retourne, hésite. Son regard passe de l’arme qu’il tient en main aux soldats qui l’entourent et le regardent :

-Tu… tu crois qu’ils vont tirer pour de bon, les autres, Louise ?

-Te fais donc pas plus con qu’un Boche ! Regarde-les, ces fils de Wotan ! Ils ont compris eux, depuis longtemps ! Tu sens pas l’odeur ? Tu les as entendus comme moi : C’éturgeon, c’éturgeon...
Alors, se retournant vers les militaires ma Louise leur balance, les toisant, vulgaire comme Walkyrie:

-Pas vrai, mes Frisés, qu’on les a à zéro ?

-Louise ! je t’en prie, Nom de Dieu…reste polie !

-Ja, Ja, nous brizonniers de vous !

Dehors, une dizaine d’attaquants se positionnent en tas derrière la fontaine et la maison qui fait coin, tandis que d’autres avancent en un paquet compact à l’abri du blindé qui maintenant montre, rugissant, son museau !
C’est l’apparition et le grondement sourd de la bête, qui enfin déclenchent Tonton : Absolument faire sortir tout ce troupeau, drapeau blanc, avant que le char ne lui cartonne le domicile.
Quand les Boches voient la tourelle de l’engin pivoter lentement vers eux, ça leur grouille tant d’aller se rendre, que le plus chiasseux, n’y tenant plus, se précipite, les mains en l’air.
Ca déclenche direct d’en face le feu en rafales. Sur toute la façade sifflent, sautent ou chantent, balles, plâtres, vitres, jusqu’à ce que…Plaf ! Comme une merde de moineau qu’aurait bouffé des cerises, la tête au Fritz explose plein jus devant ma Louise qui se prend la purée en pleine poire, plein tablier : Pas même l’esquisse d’un recul ! Tellement ça la colère de se voir tout dégueulasser sa cour, le mur et ses vitres en ketchup gâchis :

-T’as vu les saletés que tu me fais, à tant tarder du drapeau ! qu’elle engueule mon Tonton, en lui montrant le maccabe… Mais, regarde-moi, si c’est pas dégoûtant, avec les yeux qui trainent ! Déjà qu’on en a deux d’allongés à l’étage, d’ici qu’on finisse en hécatombe …puis lui virant de face, doigt à la moustache : En tout cas, Ernest, c’est toujours pas moi, qui

-Ah nom de Dieu de nom de Dieu !

Comme elle sent l’époux toujours très hésitant quant à la conduite à tenir, ni une ni deux, sans même s’essuyer des claboussis lui encollant les devantures, la voilà qui grimpe l’étage. Enjambant froidement le corps du nazi botté, elle tire du lit un grand drap blanc que d’un geste auguste, elle brandit par la fenêtre de leur chambre à coucher:

-Les boches se rendent !... Ne tirez pas, les boches se rendent !... Ils se rendent !

D’entendre sa femme ameuter la troupe par la fenêtre fouette si fort l’audace à Ficelle qu’il s’en trouve parfaitement ragaillardi, combattant Français. D’émoi, il se met à causer Teuton !

- Hände hoch, Hände hoch ! Schnell ! Nom de Dieu !

Depuis le quart d’heure qu’ils attendent, agrippés des deux pognes aux ailerons de leurs casques, pour cause de plafond, autant dire qu’ils s’alignent illico,
L’Ernest, se saisit du balai, y accroche, vite fait, une serpillère et colle le tout dans les mains du Frantz. C’est après tout une idée à lui, cette histoire de capitulation :

-So, und jetzt, Vorwertz ! Et maintenant, en avant !

Prudent, le dit Frantz se penche, agite longuement par la porte, son bout de chiffon, puis, suite à un ordre crié d’en face, enjambe, précautionneux, les restes du camarade explosé. Les autres l’ayant rejoint dans la cour, tout le monde se met en branle, mains en l’air pour de bon, tout droit, vers l’œil noir du char qui les regarde. Fermant la marche, Ficelle agrippé au flingue avance, vacillant, plus incertain que jamais, vers la tourelle accueillante du blindé, vers son destin de héros.



Il y a certainement dans cette histoire de quoi contenter notre Général bien mieux que ne l’eût fait n’importe quel autre présent.

Quant à ce que montre la photo, c’est du plus vivant, pour une scène de guerre :
Devant le clocher troué de l’église qui dépasse, la petite maison de ma tante Louise, avec les impacts de balles que viennent d’y faire les Français et le trou par lequel avait tiré l’Allemand du grenier.
Dans le dit trou on distingue parfaitement le matelas rayé sur lequel il s’était fait dégommer. A la fenêtre de leur chambre, du coté de la rue, Ficelle et sa Louise tout contents, derrière le drap blanc encore en place, prennent la pose, tandis que sous la garde de trois militaires français, des boches sortent sur des civières, queue-leu-leu, leurs hommes tués dans l’action. Au premier plan en travers de la rue, plein profil et sur l’entière largeur de l’image, un magnifique char de combat, à cheval sur le grillage écrasé de notre jardin.
Adossé à la tourelle, un petit bonhomme, casqué de cuir, mentonnière défaite, regarde à la jumelle ce qui peut bien se passer ailleurs. Bref, une vraie scène de guerre. Pour le général, lui-même issu et grand partisan de l’emploi massif des blindés, depuis 1914, c’est là, cerise sur le gâteau !

On tenait là enfin, pour certain, une photo que notre grand Charles ne pourrait pas moins qu’accrocher dans son salon, et en place d’honneur encore ! Ni plus, ni moins !
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Le fait d'armes (De Gaulle 3) Empty Re: Le fait d'armes (De Gaulle 3)

Message  Invité Ven 20 Nov 2009 - 18:42

Excellent ! Vraiment excellent. J'ai adoré ce burlesque. Quel plaisir de vous lire, outretemps !

Mes remarques :
"On entend au loin, (pourquoi cette virgule entre le verbe et son complément quand même proche ?) le moteur d’un char"
"Contre-jour et bruits de bottes"
"le revolver de l’empaffé Nazigoth ciré"
"nez à nez avec le canon du pistolet"
"jusque-là semblé inutilisable"
"ses vitres en ketchup gâchis" : y a pas un anachronisme, là ? Le ketchup était-il arrivé dans le patelin à l'époque, Louise en avait-elle connaissance ?
"avec les yeux qui traînent"
"Les Boches se rendent !... Ne tirez pas, les Boches se rendent"
"combattant français (pas de majuscule ici, parce que "français" est un simple adjectif rattaché à "combattant")"
"une serpillière"
"du côté de la rue"
"des Boches sortent sur des civières"
"c’est là, (je ne suis pas sûre de l'utilité de cette virgule) cerise sur le gâteau"

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Message  Invité Ven 20 Nov 2009 - 18:45

Pardon, y a ça aussi :
"Les Teutons égrenaient, dans leur débine"
"afin d'éviter à nos alliés"
"traînant par son canon"
"c’est les Français qui vont nous tuer"

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Message  demi-lune Ven 20 Nov 2009 - 19:14

J'attendais cette suite avec impatience : je ne suis pas déçue ! BRAVO !
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Message  Invité Ven 20 Nov 2009 - 20:14

Surtout aimé la deuxième partie. On s'y croirait !

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Message  mentor Ven 20 Nov 2009 - 21:36

wouaouh ! quel film ! Un peu à l'envers et en bien plus drôle je revoyais la fin du film INDIGENES

la verve est là, le pittoresque aussi et le parler local délicieux
encore bravo

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Message  Rebecca Sam 21 Nov 2009 - 7:40

Tu fais trés fort Outretemps sais tu ?
J'ai en général une aversion avérée pour tout ce qui est récit de guerre version burlesque ou pas, j'y peux rien c'est viscéral ! Mais te lire est un vrai plaisir... Tu donnes un relief incroyable aux situations, personnages, évènements, on pourrait jurer en avoir été !
Et puis les images, les expressions, les réparties, c'est tordant.
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Le fait d'armes (De Gaulle 3) Empty Re: Le fait d'armes (De Gaulle 3)

Message  silene82 Mer 25 Nov 2009 - 8:50

La réalité des guerres, avec leurs compromis, et des petits bonhommes pas très hauts qu'on a traînés là, et qui aimeraient bien rentrer chez eux à peu près entiers...
C'est sacrément bien observé, il y a une richesse dans la restitution, les détails, qui doit provenir d'une lente maturation pleine d'interactions.
En tout cas c'est délectable, et les personnages ont un vrai poids, une densité, un charisme. Bravo! Et encore...
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Message  Invité Sam 28 Nov 2009 - 14:40

Beaucoup de changements sont intervenus dans ce texte depuis que je l'avais lu. Tu es joaillier, Outretemps, tu sertis tes mots avec une précision minutieuse, tu cherches l'angle sous lequel ils offriront leurs plus beaux feux, et quel éblouissement tu nous proposes là !
Il faudrait que je puisse lire les deux en parallèles, car il me semble toutefois que pour quelques rares phrases, je préférais la formulation précédente.
J'espère que la guerre n'est pas finie - c'est dire si je suis accro !

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Le fait d'armes (De Gaulle 3) Empty Re: Le fait d'armes (De Gaulle 3)

Message  Sahkti Ven 16 Avr 2010 - 14:57

Je m'étais déjà régalée avec Visite de De Gaulle et ce plaisir ne perd rien en intensité dans cet épisode.
Une fois de plus, tu arrives à pimenter les petits détails et à rendre croustillants certains faits anodins qui trouvent dès lors toute leur place au sein du texte.
J'aime également le regard que tu poses, narratif j'entends, sur tout cela. tu réussis à raconter de l'extérieur tout en étant dans le texte, en le faisant vivre comme si nous y étions; c'est très bien joué ça.
Vraiment un chouette moment de lecture !
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Message  Dilo Lun 19 Avr 2010 - 14:18

Vraiment sympa. Plein de humanité et d'humour
"C’est pas des brouettes, Ernest" m'a fait bien rire...
Si on pouvait apprendre l'Histoire toujours avec autant de délices.

Une chose, peut-être, à mon goût ;
un peu long le suspense entre le temps que les Français arrivent
et qu'enfin le drapeau blanc apparaisse.

Dilo

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