La peur du squelette
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La peur du squelette
La peur du squelette
Ma chambre est un mouroir où croule faiblement
Ma charpente étriquée en un long tremblement.
Du miroir ordurier qui me jette au visage
Le reflet sépulcral d’un squelette sans âge
J’entends voir sur le sol les débris épandus
Après que de fureur mon poing l’aura fendu ;
Et lorgnant le musclé, masculin jusqu’à l’âme,
J’ai désir prodigieux de retisser ma trame ;
Sur la minceur de l’os, qu’un colosse s’érige !
Ma carcasse branlait ; aujourd’hui dissemblable,
Ma démarche incertaine avouerait mon vertige
A l’idée du futur où je marcherai stable.
Et mon corps décharné que je charge flageole
Sous l’obstination folle
D’un ouvrage acharné, d’une peine inféconde
Et déjà leur succombe !
Ô fonte ! Ô poids du mort ! Ô suppliciants haltères !
Je me tue en suant ;
Triste est l’être efflanqué qu’un kilo flanque à terre
Bras cassé, torse en sang !
Or son obstination quand s’atrophie son âme
Meut seule ses montagnes ;
Propice est l’insensée monomanie du muscle
Qui croît l’homme et le frustre !
A la contemplation du produit esthétique
J’oublie l’effort, et même
Les déchets affligeants de l’orgie protéique
Déglutie à grand-peine.
Je rêve qu’un jour seul suffise
A mon travestissement
S’achevât-il en dialyse
M’éreintât-il vraiment ;
J’aurai le pectoral saillant
D’un Cro-Magnon
Gâté aux anabolisants
Fi du moignon
Qui me siéra
Lorsqu’amputé
On m’assiéra
En député
Dans le théâtre
D’un défilé
De faux-mulâtres
Bodybuildés
Tannés à mort
Bovins dopés
Mégalosaures
Mastoc guindés
— Ceux-ci sont laids —
Viande en cache-sexe
Saucissons raides
Hulks sans complexe
Sous le regard
De damoiselles
Que l’homme égare
Sueurs nouvelles
Applaudissements
Effervescences
Etourdissements
Emotions ! Transes !
Evanouissements !
Queue aux Urgences.
Hercule
S’avance
Hercule
Balance
Ses muscles
Epais
Lui fort
Bien fait
Mais
Maigre
d’
â
m
e
.
.
.
Ma chambre est un mouroir où croule faiblement
Ma charpente étriquée en un long tremblement.
Du miroir ordurier qui me jette au visage
Le reflet sépulcral d’un squelette sans âge
J’entends voir sur le sol les débris épandus
Après que de fureur mon poing l’aura fendu ;
Et lorgnant le musclé, masculin jusqu’à l’âme,
J’ai désir prodigieux de retisser ma trame ;
Sur la minceur de l’os, qu’un colosse s’érige !
Ma carcasse branlait ; aujourd’hui dissemblable,
Ma démarche incertaine avouerait mon vertige
A l’idée du futur où je marcherai stable.
Et mon corps décharné que je charge flageole
Sous l’obstination folle
D’un ouvrage acharné, d’une peine inféconde
Et déjà leur succombe !
Ô fonte ! Ô poids du mort ! Ô suppliciants haltères !
Je me tue en suant ;
Triste est l’être efflanqué qu’un kilo flanque à terre
Bras cassé, torse en sang !
Or son obstination quand s’atrophie son âme
Meut seule ses montagnes ;
Propice est l’insensée monomanie du muscle
Qui croît l’homme et le frustre !
A la contemplation du produit esthétique
J’oublie l’effort, et même
Les déchets affligeants de l’orgie protéique
Déglutie à grand-peine.
Je rêve qu’un jour seul suffise
A mon travestissement
S’achevât-il en dialyse
M’éreintât-il vraiment ;
J’aurai le pectoral saillant
D’un Cro-Magnon
Gâté aux anabolisants
Fi du moignon
Qui me siéra
Lorsqu’amputé
On m’assiéra
En député
Dans le théâtre
D’un défilé
De faux-mulâtres
Bodybuildés
Tannés à mort
Bovins dopés
Mégalosaures
Mastoc guindés
— Ceux-ci sont laids —
Viande en cache-sexe
Saucissons raides
Hulks sans complexe
Sous le regard
De damoiselles
Que l’homme égare
Sueurs nouvelles
Applaudissements
Effervescences
Etourdissements
Emotions ! Transes !
Evanouissements !
Queue aux Urgences.
Hercule
S’avance
Hercule
Balance
Ses muscles
Epais
Lui fort
Bien fait
Mais
Maigre
d’
â
m
e
.
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.
Parce que je suis un maigriot frustré. Et je l'assume!
Ento- Nombre de messages : 103
Age : 32
Date d'inscription : 08/06/2009
Re: La peur du squelette
Ce texte n'a rien du squelette même si le corps du message maigrit à vue d'oeil...il est fort en mots, musclé, costaud, il en impose...
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: La peur du squelette
C'est pas mal. J'aurais préféré cependant une prose (qui n'est pas loin au demeurant). Souvent je vous observe vous cacher en poésie, par peur d'être trop exactement lu. Lancez-vous. J'ai bien aimé, encore une fois.
Invité- Invité
Re: La peur du squelette
Le gras est dans l'expression, c'est déjà ça. Bavard mais bien fichu, ça c'est sûr.
Invité- Invité
Re: La peur du squelette
Bien aimé cette disposition, ce rythme, ces éléments qui témoignent de l'effort et de la réisgnation, de la hargne aussi mise à maudire le destin. Le tout décliné avec une pointe d'humour rafraîchissante au milieu d'un propos qui pourrait se la jouer dramatique.
C'est plutôt bien vu.
J'ai également aimé cette entame classique, aux vers bien dosés, glissant progressivement vers des phrases plus courtes, des mots uniques, une ossature plus proche du désoeuvrement lié à la lucidité ou au découragement.
C'est plutôt bien vu.
J'ai également aimé cette entame classique, aux vers bien dosés, glissant progressivement vers des phrases plus courtes, des mots uniques, une ossature plus proche du désoeuvrement lié à la lucidité ou au découragement.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: La peur du squelette
L'humour est amer mais quelle saveur dans l'expression de ce colosse fragile et tellement lucide ! Bravo !
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