Cuisine et dépendance

[mitsouko]

Le temps s’écoule
Phosphorescent
Au hublot du micro onde

Ce bruit lancinant de la goutte d’eau
Qui tintinnabule sur la casserole en inox

Lumière bleutée
Boréale
Dans le frigo silencieux

Ce bruit lancinant de la goutte d’eau
Qui tintinnabule sur la casserole en inox

L’eau savonneuse
Croupissante
Dans la blancheur de l’évier

Ce bruit lancinant de la goutte d’eau
Qui tintinnabule sur la casserole en inox

Les lames brillent
Froides
Dans l’attente du dépeçage

Ce bruit lancinant de la goutte d’eau
Qui tintinnabule sur la casserole en inox

Sur la table de marbre
Offerte
Ventousé à ton sexe cyclopéen

Je te baise….

[Invité]

J'ai trouvé le refrain trop insistant (d'accord, c'est l'idée, je comprends), et la fin incongrue... Au total, je n'ai pas aimé, désolée.

[Arielle]

Jusqu'au froid du marbre sous les reins j'ai vécu ces instants déglacés par les gouttes d'eau têtues. Inquiétant mais pas vraiment tentant. On sent le maître queux un peu distrait par son environnement ... mais l'effet de chute est très réussi. Bravo!

[Invité]

Je trouve la construction de ce poème intéressante. Bien, le refrain.
C'est bien aussi qu'il y ait une chute, mais cette chute-là ne me plaît pas. Cela doit venir du mot ventousé.
"Baiser", même dans une cuisine, pourrait à mon avis s'entourer d'un peu de romantisme. Autrement dit, la froideur de cette chute me laisse froide.
Tout le reste me plaît beaucoup.

[mitsouko]

quelles relations entre ces 2 êtres ?? mystère

tous le champ des possibles, sex addict ? serial killer ?
cuisinier accomodant des restes d'amour

en écrivant je pensais à certains tableaux bleus de Monory

[Invité]

En effet, les bleus de Jacques Monory sont très froids et la plupart de ses tableaux, pour moi, dépourvus d'humanité. Mais on peut y voir de la poésie, comme dans ta cuisine...quoique, enfin ! C'est affaire de goût.

[Ento]

J'aime cette ambiance glaciale. Et la chute ne fait qu'y rajouter de la force, comme un dernier coup de froid qui abaisserait encore la température et ferait définitivement basculer l'ensemble dans la cruauté du vide émotionnel; elle surprend, et même plus, fouette.

Une seule petite réserve quant à l'utilisation de "tintinnabuler", qui sonne à mes oreilles d'une manière plutôt agréable, presque festive, gaie en tout cas, et me gêne donc un peu ici. Mais peut-être est-ce là son rôle, finalement...

[loic]

c'est vrai que tintinabuller fait désordre, mais je salue la tentative de changement de registre, sans doute trop d'octaves de changement par rapport à l'habitude

amitiés LOIC ;-)

[hugofan]

Un registre particulier, original, mais la chute ne m'a pas plus ; c'est peut-être
subjectif.....

[Poussetontraino]

j'aurais preferé le refrain moins long , ou en puzzle , ou en enigme ou ...
puis une fin plus "grand public" :-)

sinon l'idée est sympa

[demi-lune]

Lu dans la foulée de "Sortilèges", j'aime aussi (registre bien différent). J'aime bien que le retour régulier du refrain évoque celui de cette lancinante goutte d'eau avec ses sonorités évocatrices. Glaciale cette cuisine (entre blanc, bleu, marbre, inox et lames) mais l'ambiance est bien là, silence rompu par la seule goutte d'eau... Un petit souvenir de Gainsbourg (Lola rastaquouere) dans l'avant-dernier vers ?

[mitsouko]

très bien vu, pour la référence à Gainsbourg, ma cuisine est moins torride que les contrées jamaicaines

Comment oses tu me parler d'amour toi hein?
Toi qui n'as pas connu Lola rastaquouère,
Je lui faisais le plein comme on Latecoere
Qui décolle en vibrant vers les cieux africains

Elle avait de ses yeux un vrai chat abyssin,
Et ses seins, deux sphères, entre lesquelles,
J'abandonnais deux mois de salaire,
Pour y rouler mon pauvre joint.

Quand dans son sexe cyclopeen,
J'enfonçais mon pieu tel l'Ulysse d'Homère,
Je l'avais raide plutôt amer,
C'est moi grand Dieu qui n'y voyait plus rien.

Dans la moiteur torride de sa croupe d'airain,
On pouvait voir éclore des renoncules, par derrière,
Et par devant un conifère rappelait un air jamaïcain.

[Invité]

Eh bien moi, je dis Mitsouko merci ( lire : dieu merci) pour la chute, parce qu'alors les histoires de cuisine, je trouve ça d'un ennuyeux !

[Invité]

Le tintunabulle m'a gêné parce que me référant trop à une chanson complètement niaise ( maxime Leforestier, je crois ) et décalé par rapport au reste. En revanche, je trouve que baiser est un mot magnifique, beaucoup plus noble que le mièvre et laborieux " faire l'amour" ( comme si on pouvait le faire !), et cette chute me plait énormément.
Mais j'ai tendance à trouver tous les édulcorants plus obscènes que ce qu'ils prétendent policer !

[demi-lune]

Coline Dé :
"tintinnabuler" est employé dans la très belle chanson de Graeme Allwright (Petit garçon). Je trouve personnellement que c'est un joli mot qui "sonne" ce qu'il dit...

[Sahkti]

Rhaaaa que j'ai aimé ça !

Cette progression dans le texte avec une atmosphère qui prend place, un décor et puis la fin, blam. Même la répétition de la goutte et de l'évier en inox, que je commençais à trouver très présente, s'oublie à la lecture des dernières lignes.

Vraiment bien joué Mitsouko !

[Manu(manisa06)]

Ha Ha enfin un autre registre Mitsou!
Quelle bonne idée.
Et quel plaisir.
Merci merci..

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