Bric, broc et braque
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Bric, broc et braque
- Mon cher François Marie auriez-vous l’obligeance de bien vouloir brancher le grille pain ?
- Mais comment donc Denis qu’à cela ne tienne, je branche, je branche
- Attention où vous mettez vos doigts mon ami, un accident de chandelle est si vite arrivé. Souvenez-vous de Cunégonde.
- Malheureuse étourdie
- Idiote oui.
- Jean Jacques dirait « radasse », il est si peuple.
- On m’appelle ?
- Non, non restez donc dans le frigo. Au fait, comment se porte-t-elle ?
- Qui ?
- Eléonore
- Elle vient de casser son peigne.
Rires dans le garage, en cascade. Un de ces rires frais de jeunes garçons élevés dans la lumière d’un siècle en culotte courte.
Entre Max, le plus soucieux des trois. Epais et sans humour. Un nez à tremper dans la bière brune, une chevelure d’ogre. Il porte un four micro-onde sous le bras. Attention lecteur, le langage va trancher dans le lard.
- Bordel de souris au cul noyé d’huile !
- Tiens, voilà Max
- Sacré machine de merde vendue par des pouilleux à rallonge !
- Dis-moi Max aurais-tu perdu le reste de ton vocabulaire dans les latrines ?
- Pardieu oui, dans le cabinet turc ! Non mais regardez cette espèce d’engin, impossible à réparer ! Il vient de bouffer les poils de mon dernier avatar !
- Tu aurais dû prendre ma planche à découper (susurre Denis le taquin)…
Je m’arrête le temps d’une description parce que je n’ai pas le choix, vous ne pouvez comprendre cet échange vigoureux et néanmoins subtil entre ces lascars, si je n’explique pas les raisons de leur présence dans mon garage en sous-sol.
Figurez-vous que ma mère, sortie de Chaillot depuis une semaine, a retrouvé ses appareils ménagers en grève.
Jugez de son affolement quand elle a voulu cuire le chien, non sans l’avoir au préalable dégivré, découpé et repassé. C’est une femme fantasque, certes, mais méthodique dans ses étapes.
Que faire ?
Téléphoner à sa fille préférée, l’appeler au secours comme on se noie en bottes de marée basse. J’arrive.
Je fais l’impasse, sous forme d’ellipse, sur l’état de la cuisine.
Vite, mon pot de yaourt à %, le même que celui de BB, deux numéros. Etat des lieux. Ils arrivent.
Tu vois lecteur, quand je veux, je peux.
Et c’est ainsi que de fil en épinette mes copains de la Méduse sont arrivés en camionnette. Salopettes habilement assorties aux perruques pour les uns, au haut-de-forme pour Max qui ne fait jamais rien comme tout le monde. Ils sont à l’œuvre depuis 17h30 ce soir, et il est 18h09.
Ma mère s’impatiente, pour le chien c’est réglé bien que non cuit. Je crains au fur et à mesure que l’heure tourne en rond qu’elle ne finisse par se courber.
Retournons dans le garage.
- Denis, tes remarques me gonflent !
- Allons, allons Max détends-toi.
- Les gars faut se manier les bougeoirs si l’on veut que la mère de Béa cuise le cabotin
- On fait ce qu’on peut on n’est pas des œufs
- Facile
- Facile
- Facile
- Euh, vous en avez encore pour longtemps ? 18h14
- Mamie bouscule pas le monde hein ? On fait…
Et là, schéma narratif interrompu par l’élément perturbateur : la panne de secteur. Nous sommes dans le noir le plus absolu. Sans une étoile, sans un regard perçant, sans le sourire sur dents de porcelaine pour nous éclairer. Rien. Aux ténèbres s’ajoute le silence de pur coton des histoires troubles.
18h17. J’entends les pas furieux de ma mère. Denis serre la main de Max. François s’est raidi. Jean Jacques prie en tremblant.
J’essaie de maintenir à flots les mots salvateurs qui nous porteraient vers l’interrupteur. Crétine, panne de secteur.
18h20. Il est tard. Le son caractéristique du papillon de nuit frôle mon oreille. Il annonce la fin des haricots.
Le livre qu’une main nerveuse va fermer après avoir déposé ses lunettes sous la lampe. Ranger la fin pour une autre fois
22. Clac. Trop tard.
A Pousstontraino inspirateur, et aspirateur de cette vision en infrarouge.
Voltaire le grille pain
Diderot la planche à découper
Rousseau le frigo
et Max le four électrique ?
- Mais comment donc Denis qu’à cela ne tienne, je branche, je branche
- Attention où vous mettez vos doigts mon ami, un accident de chandelle est si vite arrivé. Souvenez-vous de Cunégonde.
- Malheureuse étourdie
- Idiote oui.
- Jean Jacques dirait « radasse », il est si peuple.
- On m’appelle ?
- Non, non restez donc dans le frigo. Au fait, comment se porte-t-elle ?
- Qui ?
- Eléonore
- Elle vient de casser son peigne.
Rires dans le garage, en cascade. Un de ces rires frais de jeunes garçons élevés dans la lumière d’un siècle en culotte courte.
Entre Max, le plus soucieux des trois. Epais et sans humour. Un nez à tremper dans la bière brune, une chevelure d’ogre. Il porte un four micro-onde sous le bras. Attention lecteur, le langage va trancher dans le lard.
- Bordel de souris au cul noyé d’huile !
- Tiens, voilà Max
- Sacré machine de merde vendue par des pouilleux à rallonge !
- Dis-moi Max aurais-tu perdu le reste de ton vocabulaire dans les latrines ?
- Pardieu oui, dans le cabinet turc ! Non mais regardez cette espèce d’engin, impossible à réparer ! Il vient de bouffer les poils de mon dernier avatar !
- Tu aurais dû prendre ma planche à découper (susurre Denis le taquin)…
Je m’arrête le temps d’une description parce que je n’ai pas le choix, vous ne pouvez comprendre cet échange vigoureux et néanmoins subtil entre ces lascars, si je n’explique pas les raisons de leur présence dans mon garage en sous-sol.
Figurez-vous que ma mère, sortie de Chaillot depuis une semaine, a retrouvé ses appareils ménagers en grève.
Jugez de son affolement quand elle a voulu cuire le chien, non sans l’avoir au préalable dégivré, découpé et repassé. C’est une femme fantasque, certes, mais méthodique dans ses étapes.
Que faire ?
Téléphoner à sa fille préférée, l’appeler au secours comme on se noie en bottes de marée basse. J’arrive.
Je fais l’impasse, sous forme d’ellipse, sur l’état de la cuisine.
Vite, mon pot de yaourt à %, le même que celui de BB, deux numéros. Etat des lieux. Ils arrivent.
Tu vois lecteur, quand je veux, je peux.
Et c’est ainsi que de fil en épinette mes copains de la Méduse sont arrivés en camionnette. Salopettes habilement assorties aux perruques pour les uns, au haut-de-forme pour Max qui ne fait jamais rien comme tout le monde. Ils sont à l’œuvre depuis 17h30 ce soir, et il est 18h09.
Ma mère s’impatiente, pour le chien c’est réglé bien que non cuit. Je crains au fur et à mesure que l’heure tourne en rond qu’elle ne finisse par se courber.
Retournons dans le garage.
- Denis, tes remarques me gonflent !
- Allons, allons Max détends-toi.
- Les gars faut se manier les bougeoirs si l’on veut que la mère de Béa cuise le cabotin
- On fait ce qu’on peut on n’est pas des œufs
- Facile
- Facile
- Facile
- Euh, vous en avez encore pour longtemps ? 18h14
- Mamie bouscule pas le monde hein ? On fait…
Et là, schéma narratif interrompu par l’élément perturbateur : la panne de secteur. Nous sommes dans le noir le plus absolu. Sans une étoile, sans un regard perçant, sans le sourire sur dents de porcelaine pour nous éclairer. Rien. Aux ténèbres s’ajoute le silence de pur coton des histoires troubles.
18h17. J’entends les pas furieux de ma mère. Denis serre la main de Max. François s’est raidi. Jean Jacques prie en tremblant.
J’essaie de maintenir à flots les mots salvateurs qui nous porteraient vers l’interrupteur. Crétine, panne de secteur.
18h20. Il est tard. Le son caractéristique du papillon de nuit frôle mon oreille. Il annonce la fin des haricots.
Le livre qu’une main nerveuse va fermer après avoir déposé ses lunettes sous la lampe. Ranger la fin pour une autre fois
22. Clac. Trop tard.
A Pousstontraino inspirateur, et aspirateur de cette vision en infrarouge.
Voltaire le grille pain
Diderot la planche à découper
Rousseau le frigo
et Max le four électrique ?
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: Bric, broc et braque
Mince alors, j'ai tout faux ! Je me croyais dans Cuisine et dépendance de Mitsouko, mais je suis à la mauvaise adresse ... Je me disais aussi, le chien n'était pas là tout à l'heure !A Pousstontraino inspirateur, et aspirateur de cette vision en infrarouge.
Voltaire le grille pain
Diderot la planche à découper
Rousseau le frigo
et Max le four électrique ?
Déjanté- savoureux comme toujours, Ba, mais un peu l'impression qu'il me manque des clés.
Re: Bric, broc et braque
Subtil et difficile, enjoué et rythmé, comme à l'accoutumée, mais je n'ai pas suivi ceci :
"Je crains au fur et à mesure que l’heure tourne en rond qu’elle ne finisse par se courber."
La mise entre virgules d'"au fur et à mesure que l'heure tourne en rond" m'aurait rendu la vie plus facile, mais ce n'est pas le but non plus.
"Je crains au fur et à mesure que l’heure tourne en rond qu’elle ne finisse par se courber."
La mise entre virgules d'"au fur et à mesure que l'heure tourne en rond" m'aurait rendu la vie plus facile, mais ce n'est pas le but non plus.
Re: Bric, broc et braque
Je suis désopilée. (C'est laid !)Tu as le don de me mettre dans un état de jubilation hilare qui fait un bien fou, Ba. Tu ferais des sketch, Roland Dubillard ( le pauvre) ferait pâle figure...
Invité- Invité
Re: Bric, broc et braque
C'est vraiment agaçant Ba ! Quand je te lis, je m'aperçois que tu as plein de trucs dans la tête que je n'ai pas et je suis horriblement frustrée.
Plotine- Nombre de messages : 1962
Age : 81
Date d'inscription : 01/08/2009
Re: Bric, broc et braque
22 heures , clac trop tard ...
c'est qu'il y a une suite alors ? :-)
dans ton texte j'étais secoué comme ,une fois , mon bolduc engouffré dans mon aspirateur ...
je n'ai jamais eu énormement de tendresse pour mon micro ondes ...
( je lui repproche sans doute un peu son esprit colon quand il a viré l'autre tout blanc sous le pretexte à la con que lui était gris et s'assortissait mieux à l'enrinnement sur place ... puis il est si tetu , à ne pas vouloir ouvrir la porte du coté du mur ... bref ...)
...mais je dois avouer que par ton éclairage sur la chose ( si j'ose dire ) je vais me raviser ...
c'est qu'il y a une suite alors ? :-)
dans ton texte j'étais secoué comme ,une fois , mon bolduc engouffré dans mon aspirateur ...
je n'ai jamais eu énormement de tendresse pour mon micro ondes ...
( je lui repproche sans doute un peu son esprit colon quand il a viré l'autre tout blanc sous le pretexte à la con que lui était gris et s'assortissait mieux à l'enrinnement sur place ... puis il est si tetu , à ne pas vouloir ouvrir la porte du coté du mur ... bref ...)
...mais je dois avouer que par ton éclairage sur la chose ( si j'ose dire ) je vais me raviser ...
Re: Bric, broc et braque
Cela me fait penser soudainement à mon répondeur ..
Nous nous sommes fréquenté il y a de cela 25 ans , il s’appelait Victor ( je lui avait marqué son prénom sur la boutonnière car il était tête en l’air ) …
Il recevait avec classe mes appels du style : « Bonjour , je suis Victor le répondeur de mon maitre , en son absence …patati patata … » …
C’etait le bon temps entre nous , je le respectais … après je me suis servi de lui pour faire mille blagues , oubliant sa fierté …c’est pourquoi avec le temps mon répondeur magnétophone m’a laissé tomber …il ne bandait plus
Nous nous sommes fréquenté il y a de cela 25 ans , il s’appelait Victor ( je lui avait marqué son prénom sur la boutonnière car il était tête en l’air ) …
Il recevait avec classe mes appels du style : « Bonjour , je suis Victor le répondeur de mon maitre , en son absence …patati patata … » …
C’etait le bon temps entre nous , je le respectais … après je me suis servi de lui pour faire mille blagues , oubliant sa fierté …c’est pourquoi avec le temps mon répondeur magnétophone m’a laissé tomber …il ne bandait plus
Re: Bric, broc et braque
Moi ce sont mes grille-pain qui ont essayé plusieurs fois de foutre le feu à la maison. Ils sont maintenant interdits de séjour.
Plotine- Nombre de messages : 1962
Age : 81
Date d'inscription : 01/08/2009
Re: Bric, broc et braque
ben près des rideaux dans le séjour , t'as raison , c'est risqué , t'as raison d'interdire ;-)
Re: Bric, broc et braque
tu ne m'as pas dit si tu allais écrire la suite ( au vu de la chute )
il me semble que tu l'as écris vite , il y a comme une sensation d'empressement ... tu devrais peut etre (dès fois ) sauter une ligne aux cassures de situation pour laisser reprendre la respiration ( c'est quelqu'un qui n'arrive pas à respirer s'il fait de la prose qui te dit cela ;-) ..;et pour mieux te permettre les accelerations dont tu es friande
à la chute tu as oublié de mettre 22 heures ( il me semble )
valààà , yeux-calins-revolvers-detectives ... ;-)
il me semble que tu l'as écris vite , il y a comme une sensation d'empressement ... tu devrais peut etre (dès fois ) sauter une ligne aux cassures de situation pour laisser reprendre la respiration ( c'est quelqu'un qui n'arrive pas à respirer s'il fait de la prose qui te dit cela ;-) ..;et pour mieux te permettre les accelerations dont tu es friande
à la chute tu as oublié de mettre 22 heures ( il me semble )
valààà , yeux-calins-revolvers-detectives ... ;-)
Re: Bric, broc et braque
Béatement je lis. Je ne comprends pas tout mais je me laisse porter par cette bonne humeur, cette finesse, cette générosité, cette humilité de l'auteur qui sait mais n'écrase pas le lecteur. J'ai adoré les dialogues et l'épisode de la mère.
Invité- Invité
Re: Bric, broc et braque
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Loueric- Nombre de messages : 18
Age : 50
Date d'inscription : 06/12/2009
Re: Bric, broc et braque
Haaaa il y avait longtemps que je n'avais pas lu la prose déjantée et absurdement délicieuse de Ba qui excelle décidément dans ce registre. Ces appareils - dotés d'une âme ne l'oublions pas! - m'ont bien fait rire et j'aime beaucoup comme tu croques tes personnages avec moquerie.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Bric, broc et braque
A vous lire, je suis convaincu qu'"hic haec nunc" auraient pu vous suffire pour tapisser un free style (mettez-y l'accent, c'est chichoc), chipolata à défaut de chapeau BA.
Jérémie- Nombre de messages : 412
Age : 46
Localisation : Sixfeetunder
Date d'inscription : 27/03/2010
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