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The Purple Aurora

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lemon a
Squall46
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The Purple Aurora Empty The Purple Aurora

Message  Squall46 Sam 5 Déc 2009 - 14:40

Salut à tous, je reviens après quelques temps avec ce texte qui est le plus long de tous. (300 000 caractères jusqu'à présent, bientôt fini)
La première moitié date de 3 ou 4 ans, le niveau est donc inégal avec la deuxième. J'ai besoin de vous entre autres pour améliorer la première moitié de l'histoire donc.
Voilà, je poste simplement le prologue aujourd'hui, bonne lecture.

-----------------------------------

THE PURPLE AURORA
par
Squall46


Ils s’y retrouvent, là-bas, sur cette plage où il s’est autrefois baigné. Au pied d’une mer de ténèbres chargée de souvenirs insubmersibles. Il attrape le revolver. Elle le regarde, le dévisage, attentive et cherchant à savourer ces derniers moments, ces derniers sentiments. L’arme plonge dans les noirceurs indomptables de l’océan. Il sourit presque, satisfait d’avoir sacrifié son maigre pouvoir aux dieux impies qui en ce jour châtient le royaume des humains.
— Et maintenant ?
— On attend…


Waiting for the miracle


Baby, I’ve been waiting
I‘ve been waiting night and day
I didn’t see the time
I waited half my life away
You just say you’re out there waiting
For the miracle to come
I know you really love me,
I dreamed about you, baby
It was just the other night
When you’ve fallen on the highway
And you’re lying in the rain
The sands of time were falling
When you’re waiting
For the miracle to come…
You just say you were out there waiting
For the miracle to come...


PROLOGUE
QUELQUE PART DANS L’EST

"Les valeurs de notre pays ont été changées, bafouées. Nous vivons désormais dans le déshonneur. Cette réalité est inacceptable, nous ne serons jamais plus rejetés en ayant accompli notre devoir. Nous ne souhaitons rien, nous n'avons pas de demande de rançon, notre seule motivation est de faire payer à cette nation son infidélité envers ceux qui l'ont servis au prix de leurs vies."

La forêt est silencieuse, épaisse et sauvage. Quelque part entre les arbres trempés et les branchages soufflés par le vent, l’homme est là, athlétique, attentif, les sens en éveil, dans l’attente anxieuse de l’instant d’agir, bouillonnant d’entrer en action, de bondir, d’intervenir. Il respire cette odeur de nature qu’il n’a plus approchée depuis si longtemps, cet air de liberté. Dans l’ombre du bois et sous la colère du ciel, l’inconnu apparaît presque la pièce maitresse de ce décor brut, comme une sentinelle de la nature installée là depuis l’aube des temps. L’orage redouble, et c’est entre les sonorités monotones du tonnerre encore grondant qu’il attend le signal de toutes ses forces, transcendé par le paroxysme de cette tension que son corps ne supportera plus très longtemps. Il tremble, tremble d’impatience et se souvient, se souvient les mots, reconstitue et se repasse en boucle les directives, les directives insérées en son esprit bloqué, figé, gelé par l’inconnu, l’angoisse de la première opération.

« Il n’y a aucun moyen de négociation. Il faut intervenir. »

L’homme ne respire plus, ses yeux se figent et son esprit s’apaise. Un éclair déchire le ciel comme la promesse d’une nuit sous les flots, et les animaux se taisent, ensommeillés dans l’intimité de ces bois silencieux, tapis dans les ombres, ignorant le danger bientôt là. Son attitude finit de se calquer sur le silence, sur l’immobilité de cette nuit sans étoiles. Il n’y a que le souffle glacé du vent pour venir lui arracher un frisson, et l’instant d’après, c’est son appareil de communication qui coupe court à son attente, le voyant exprimant déjà cette couleur rouge du sang qu’il n’a que trop vu.

« On connaît leur identité ?
- À les entendre, ce sont d’anciens membres du corps armé de Vacily. »

Les brindilles craquent sous ses bottes, la fraicheur pénètre son gilet de protection et vient lui glacer les membres, son révolver remue sur sa cuisse, le vent s’engouffre et lui siffle au creux des oreilles, ce n’est que la course vers l’enfer. L’œil fou, il cherche à travers les ombrages, mais rien ne paraît encore.

« Et les renforts ?
- Ils sont en route, on ne peut pas se permettre de les attendre. »

Le voilà, ce théâtre des horreurs. La lisière franchit, une bâtisse inquiétante s’élève enfin sous ses yeux impressionnés. L’homme accélère la foulée et ses pas s’engouffrent largement dans la terre humide, boueuse. C’est un immense champ d’herbes hautes soufflées par les humeurs de Zéphyr ; il enjambe, traverse, manque de tomber mais se rattrape et poursuit, là, sous la clairvoyance d’une lune à demi fâchée. Les façades tranquilles de l’immense bâtisse ne trahissent en aucun cas les évènements qui s’y déroulent, dans l’ombre, occultés par les hautes murailles de pierres froides ; plus que sinistre, l’endroit s’assimilerait presque à une antique cathédrale réchappée des temps immémoriaux où l’homme vénérait les dieux primitifs.

« Solfear.
- Major ?
- N’oublie jamais que la mission est toujours prioritaire. Fais-gaffe à toi.
- Je sais ce que j’ai à faire. »

Les nuages rassemblés, les cieux grondent et les flots bientôt tombent. Entre les herbes, il se faufile tel un serpent debout, progresse et atteint bientôt les parois inondées ; alors, soulevant l’une des fenêtres, enclenchant le chargeur de son arme de poing, coupant le signal radio et inspirant l’air frais du dehors une dernière fois, l’homme pénètre dans la place et disparaît bientôt parmi les ombres, sa silhouette se rappelant seulement par intermittence grâce à la colère du ciel. La nuit sera longue.

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Message  lemon a Sam 5 Déc 2009 - 15:27

Mouais mouais mouais. J'ai trouvé ça un peu confus. En fait j'ai pas très bien saisis l'enchainement actions et de quoi il était question exactement. es espèces de renvois systématiques au temps qu'il fait, à l'océan, au silence..m'ont semblé un peu lourds et redondant. Certaines notions sont inutilement répétées comme si tu cherchais à placer tout le lexique que tu connais...

là par exemple "l’homme est là, athlétique, attentif, les sens en éveil, dans l’attente anxieuse de l’instant d’agir, bouillonnant d’entrer en action, de bondir, d’intervenir."
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Message  Invité Sam 5 Déc 2009 - 15:59

Je suis d'accord avec lemon a, le prologue manque de vivacité pour ce qu'on pressent comme un récit d'action. Moi aussi je l'ai trouvé confus, et surtout beaucoup trop fourni en adjectifs, et trop long pour ce qu'il s'y passe... à mon avis, il faudrait dégraisser.

Mes remarques :
« la pièce maîtresse de ce décor brut »
« se souvient, se souvient des mots »
« la fraîcheur pénètre son gilet de protection »
« son revolver remue sur sa cuisse »
« La lisière franchie »
« Fais gaffe (et non « Fais-gaffe ») à toi »

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Message  Rebecca Sam 5 Déc 2009 - 17:14

J'ai bien aimé cette densité, qui permet , en ayant tous les éléments, de s'immerger dans le décor, de rentrer dans la peau de cet homme, de ressentir cette pression, de se préparer à l'action...
comme dans les moments paroxysmique, de forte intensité, où notre cerveau a une conscience aigue de chaque élément hors et à l'intérieur de nous, quand l'excitation développe une sensibilité exacerbée, quand on ressent chaque tressaillement, chaque battement de coeur, qu'en un éclair, les images et sons sont traités, analysés
Pour moi ce texte a réussi à me faire ressentir cet état là grâce à la profusion de détails.
Et a éveillé ma curiosité. A bientôt de vous relire.
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The Purple Aurora Empty Re: The Purple Aurora

Message  Squall46 Lun 7 Déc 2009 - 16:56

D'accord, merci pour vos commentaires. Je vais sans doute diminuer un peu la densité pour permettre de rentrer plus facilement dans le texte, puisque c'est un prologue. Rebecca avait perçu l'idée mais ça semble un peu difficile.
Merci Socque pour les fautes, remarques etc... aussi, ça aide.
Il s'agit d'un récit d'action seulement pour le premier chapitre, ensuite on est plutôt dans un mélange des genres jusqu'au bout.

-------------------------

CHAPITRE I
THE LONGEST NIGHT


« Tu crois qu’il pleut aussi fort à Vacily ? »
C’est une jeune femme qui vient d’élever la voix, de briser un faux silence rythmé par la pluie. Elle est armée, son visage rose presque collé à la fenêtre, elle continue.
« Je savais qu’il allait pleuvoir.
- Quel temps veux-tu qu’il fasse ? Il pleut toujours sur cette maudite planète, réplique un jeune homme près d’elle, le visage crispé.
- Ouais. Fallait s’y attendre.
- Mickey ! s’écrie soudain quelqu’un dissimulé dans le fond de la pièce. »
L’homme anxieux s’en va sitôt à sa rencontre, laissant la jeune femme blonde accoudée à la fenêtre. L’air dévasté, perdue dans de noires pensées, elle fixe une à une les gouttes qui viennent s’écraser et dégouliner lentement contre le carreau.
« C’est à toi d’entrer en jeu, explique gravement le plus âgé des deux hommes.
- J’espère que tu es certain de savoir ce que tu fais, lance le second avant d’enfiler une cagoule de laine sombre.
- Ce n’est pas le moment de reculer. N’oublie pas pourquoi nous sommes là.
- Ouais, comme tu dis, lâche finalement le dénommé Mickey avant de pousser vigoureusement la porte entre-ouverte qui lui fait face et de pénétrer dans la pièce de mise à mort. »
La porte se referme derrière lui. Une minute, un cri, une plainte étouffée, un autre otage est tombé. À l’extérieur de la pièce, la femme tressaille doucement dans son coin, près de la vitre ruisselante. Une attitude qui ne manque pas d’attirer l’attention de son frère d’arme. Il s’approche et prend la parole.
« Sarah, ne recule pas maintenant. Je t’interdis de baisser les bras.
- Il y avait peut-être un autre mo… avance-t-elle, le cœur amer, la voix tremblante.
- Non ! Tu ne peux pas avoir de peine après ce que tu as traversé. Aurais-tu déjà pardonné à ce pays corrompu ?! s’emporte avec virulence, celui qui semble être le meneur du groupe.
- Bien sûr que non, jamais, confie la jeune femme, regagnant un peu de foi en ses convictions.
- Je préfère entendre ça.
- Ça ne t’étonne pas qu’ils n’aient encore envoyé personne ?
- Une autre preuve que cette nation est au plus bas, explique le meneur, son visage vieillissant toujours empreint d’une volonté sans faille. »
Leurs regards se croisent une dernière fois, un éclair déchire le ciel, elle essaye de lui sourire, mais rien ne vient. L’homme a déjà tourné les talons. Il s’en va d’un pas résolu, là-bas, dans l’autre pièce, constater l’avancée des évènements.
« Ils tiennent à leur réputation. Quelque chose cloche, marmonne Sarah dans un soupir. Ils ne laisseraient pas passer ça. »

« Trois ! Et le quatrième bientôt. Ils n'ont pas l'âge de mourir. Je n'avais pas l'âge de mourir, et mes frères d'armes non plus. Aujourd'hui, nous renaîtrons dans le sang et la souffrance.
- Arrêtez ! Ça ne peut pas continuer ! s'écrie une journaliste en larmes, soutenue par son caméraman au bord du malaise.
- Tes caméras ont déjà filmé la mort. Tu ne te souviens peut-être pas ? questionne ironiquement le meneur, avant d’ajouter, pris d’une colère noire. Mais lorsqu'il s'agit de l'exécution d'un simple étudiant, ce serait différent ? Tu boucleras le spectacle. Mick, amène le suivant ! »
L’autre s’en va et retourne ainsi dans la salle des otages pour sélectionner la prochaine victime. Il ne s'interroge pas plus d'un instant et désigne une jeune fille d'une vingtaine d'années, sous le regard dégoûté et coupable de Sarah venue aux nouvelles. À l’inverse des otages précédents, l'étudiante se lève et rejoint son bourreau sans qu'il ne perde de temps à venir la chercher.
« C'est quoi ton problème ? demande t-il à la jeune fille, un maigre sourire sur les lèvres. »
Mais celle-ci ne semble pas vouloir lui répondre, alors il la saisit par le bras et la tire énergiquement vers la pièce de mise à mort.


« Major… Ici Solfear, Répondez. Je suis en position. Cibles repérées. Je répète, cibles repérées. »
Les secondes passent, mais aucune réponse ne daigne se faire entendre.
« Ça ne lui ressemble pas, jure t-il tout bas et coupant le signal radio afin d’éviter d’être repéré durant son approche. »
Le membre de l’U-SR est adossé au recoin d'un mur situé sur un balcon intérieur qui donne sur la salle de réunion. Il vérifie le chargeur de son arme, et prend quelques grandes respirations pour tenter de calmer son rythme cardiaque qui s'accélère à l'idée de ne plus pouvoir compter que sur lui-même. La violence du tonnerre vient lui rappeler par chacun de ses grondements que cette situation est bien réelle, qu’il est seul. C'est ce moment de tension que Solfear redoutait tant ; mais surtout que cette idée ne s'immisce en lui, l'idée qu'il n'a encore jamais tué personne. Il se doutait bien qu’une telle situation ressurgirait tôt ou tard.
« Trop nombreux pour n'envoyer que deux hommes ! jure t-il à voix basse. »
Solfear compte quatre terroristes dans la salle qu'il domine depuis son abri, mais aucun d'entre eux ne semble être le leader qui a prononcé le discours télévisuel. Néanmoins, il est frappé par la présence d'une femme parmi les terroristes. Jeune, blonde, athlétique, elle reste à l’écart du groupe. Mais Solfear n’a plus le temps d’observer, de réfléchir, l'un des preneurs d'otages vient d'emmener une jeune fille dans la salle voisine.
En un instant le soldat bondit sur ses appuis, enjambe la rambarde en bois du balcon et se laisse tomber en contrebas pour se glisser immédiatement à couvert derrière le pilier sud de la salle. Le bruit de l'orage a couvert la manœuvre, mais parmi les otages, certains ont visiblement perçu quelque chose, ils remuent et quelques uns recherchent cet ombre fugace qu’ils ont cru deviner. L'un des terroristes, interloqué par le soudain remue-ménage, s'apprête à faire taire la salle en employant la force. Mais avant qu'il n'ait le temps d'esquisser un geste, Solfear sort de sa cache et lui explose le coude d'une balle. La douleur l'y obligeant, il lâche son arme et, tout en se laissant tomber sur le sol, s'arrache les cordes vocales à exprimer sa douleur. Ce tir parfait redonne une once de courage au soldat de l'U-SR, mais tandis qu'il va poursuivre sur sa lancée et neutraliser un second terroriste, un métal froid vient se glisser contre sa tempe.
« Bouge et meurs... chuchote une voix féminine près de son oreille. »
Les otages n'étaient finalement pas les seuls à l'avoir repéré. La nuit avait promis d'être longue, elle le devenait d'autant plus sous la menace d'un revolver.
« Pose ton arme et avance. »
Le soldat s'exécute. Il laisse tomber son fusil sur le sol, décroche la ceinture qui lui servait de porte revolver et jette le couteau de combat fixé sur sa jambe. Alors qu'il avance désormais sous les regards désespérés des étudiants, un autre terroriste surgit de la salle annexe. Solfear l'identifie immédiatement comme le leader, l'homme du discours.
« Bon sang ! Qu'est ce qui se passe ?! s'exclame t-il d'une voix pleine de rage et découvrant son frère d'armes presque estropié.
— Ne t'avais-je pas prévenu qu'ils enverraient quelqu'un ?
— Oh! Alors c'est notre héros, dit-il en observant Solfear. Le bras de cette nation décadente. As-tu l'étoffe d'un héros ? »
Pendant que Sullivan s'approche de Solfear, l'autre terroriste présent dans la salle s'occupe du blessé qui vient de perdre conscience, terrassé par l'intensité de la douleur. Cependant, c'est vers un autre évènement que l'attention du membre de l'U-SR se porte, un étudiant profite de la discorde pour se glisser dans les ombres du couloir et s'enfuir discrètement.
« Crois-tu être un héros ?! s'impatiente le leader du groupe terroriste.
— La fille, tu l'as tuée, non ? Alors, il n'y a pas de héros ici.
— Hey ! Tout est...okay ? demande soudainement une voix provenant de la salle voisine.
— Mick, amène dont la jeune fille, qu'elle voit de ses propres yeux celui qui a suspendu son glas de quelques minutes.
— Sullivan, il n'est sûrement pas venu seul. D'autres sont peut-être déjà là, s'exclame la femme qui vient de cesser de mettre en joue Solfear. »
Ce dernier repense alors au Major. Il n'aurait jamais laissé volontairement une recrue inexpérimentée dans une telle situation s’il n'avait pas eu un problème. Pourtant Solfear n'avait remarqué personne au rez-de-chaussée.
« Un visage d'ange, s'exclame Sullivan lorsque la jeune fille rejoint la salle sous l'impulsion du prénommé Mick. Sarah ! Montre notre héros à cette fille. »
La femme s'exécute et retire brusquement la cagoule de Solfear, laissant la découverte du visage de ce dernier pour spectacle général. Un visage fin, distingué d’yeux verts perçants et surplombés de sourcils bruns, quelques longues mèches de cheveux se libèrent enfin pour venir lui barrer le visage, affichant son air déterminé.
Son regard pénétrant plonge alors dans celui de la jeune fille qui l'observe sans la moindre interruption. Stupéfait par cette silhouette à mi-chemin entre la caricature de l’ange féminin et une noirceur intrigante, Solfear ne peut qu'être en accord avec le terroriste : elle est d'une beauté saisissante. Cet instant suspendu demeure et demeurera l'effigie d'une rencontre, de la croisée d’un regard à jamais inaltérable dans les mémoires du soldat et de la jeune fille.
Lui, au regard froid et distant, est indifférent à cette peinture cauchemardesque, à ce champ de bataille déclenché pour l'honneur.
Elle, innocente et insondable, est étrangère à cette lutte, à ce monde si humain dans sa déchéance.
Solfear sait qu’il n'a que peu de chances de s'en sortir, pourtant l'image de cette fille sortie de nulle part vient lui insuffler un nouvel espoir, l'espoir qu'il n'est plus seul.
« Une scène tragique, le héros meurt sous les yeux de ceux qu'il cherchait à sauver. Mais tu as de la chance, la mort t’évitera d'être manœuvré comme nous le sommes tous, d'être déshonoré, rongé par la maladie. Ce sera ta consolation, héros ! »
Sullivan dégaine son .357. Sarah le rejoint et passe dans son dos sans porter la moindre attention à la scène. Il braque le soldat. D'une balle en pleine poitrine, Solfear est éjecté en arrière, basculant sur le dos pour aller percuter le sol de tout son long. Il ne bouge plus, et un mince filet de sang se laisse maintenant deviner sous son corps inanimé. Les otages ont tous étaient témoins de la scène, la plupart ferment encore les yeux, quant aux autres ils s'efforcent de ne pas laisser échapper ne serait-ce que l'ombre d'un cri de terreur. Sullivan, non content d'avoir grièvement blessé Solfear, s'apprête à l'achever d'un second coup de feu, lorsque l'un de ses partenaires l'interpelle sèchement.
« David ! Tu entends ça ?!
— Quoi ?!...C'est quoi ce bruit ?
— Des hélicoptères sont en approche ! s'écrie Mick posté à l'une des fenêtres de la bâtisse.
— Malgré l'orage, ils arrivent. Ce ne sont pas les méthodes de l'U-SR de débarquer comme ça ! s'exclame t-il en courant vers l'une des vitres pour voir les machines venir virevolter autour du bâtiment.
— Ce n'est pas l'U-SR.
— Alors qui ?! L'armée ? s'affole Sarah.
— Aucune idée... déclare Sullivan d'un air pensif. Mais personne ne nous fera reculer maintenant.
— Je ne vais pas rester là, à crever pour tes valeurs ! Mick, viens avec moi et sortons d'ici ! »
Mais Mick ne se retourne même pas, il reste sans réaction, perdu, scrutant la nuit à travers la fenêtre de cette université changée en théâtre des horreurs.
« Il est trop tard Sarah, tu ferais mieux de rester avec nous. Si nous mourrons, ce sera dans la dignité.
— Folie ! Je ne suis pas là pour mourir. T'as fais ton choix Mickey... décide-t-elle, haineuse et alors qu’elle s'en va saisir le bras de l'étudiante qui était il y a encore peu de temps sur le point d'être exécutée. Toi, tu viens avec moi... »
La jeune fille ne réplique pas, elle jette un dernier regard chargé d'amertume vers Solfear, toujours inerte et dont le sang ne cesse de s'écouler, puis cède enfin aux tiraillements de Sarah qui se hâte de l'emmener au travers les sombres couloirs de l'université.
« Lorsque ta peau est en danger, tu n'hésites plus, pense Sullivan à voix basse, tout en affichant un large sourire. Ils arrivent... »

Squall46

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Message  Invité Lun 7 Déc 2009 - 17:06

Je trouve que les dialogues ont tendance à "patiner", à tourner autour de la même idée sans vraiment faire avancer le schmilblic, ce qui nuit à l'intérêt du texte. Sinon, le chapitre m'a pas mal plu, m'a intriguée en tout cas quant à la suite.

Quelques erreurs de langue que j'ai la flemme de relever, je vous ferai juste une remarque. Dans une phrase de ce genre :
« Ça ne lui ressemble pas, jure t-il tout bas et coupant le signal radio afin d’éviter d’être repéré durant son approche. »,
il est important de fermer les guillemets à la fin de la réplique, et non de la didascalie qui l'accompagne, sinon ça fait super-bizarre pour le lecteur, je trouve. En l'occurrence, vous auriez dû les fermer après "ressemble pas", puis, après le guillemet, la virgule et "jure-t-il tout bas".

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Message  Squall46 Mer 9 Déc 2009 - 16:43

Très bien, voici la suite. Vous me direz si cette impression pour les dialogues perdure au fil du texte.
Il restera un morceau pour terminer le premier chapitre.

En passant, je suis complètement d'accord pour la forme des dialogues et les guillemets, mais il me semble avoir vu je ne sais où que cette forme est là bonne, c'est pour ça que j'avais changé. Alors je sais plus trop, je vais peut-être remettre l'ancienne, ou enlever les guillemets complètement et laisser que des tirets.

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La foudre déchire le ciel une nouvelle fois, alors que le premier des mystérieux intervenants défile le long d'une corde jusqu'à l'un des balcons du deuxième étage. D'un seul coup de pied il explose le loquet de la porte fenêtre qui lui fait face pour s'engager dans une chambre à l'ambiance mystique. Des signes religieux sont accrochés sur les murs, la peinture d'un démon trône au-dessus d'un lit impeccablement fait sur lequel est soigneusement reposée une robe de cérémonie, le tout illuminé par quelques cierges. Une propreté irréprochable si l'on occulte la présence du cadavre d'un enfant dont la gorge semble avoir été déchirée d'une balle. Néanmoins, l'homme ne s'attarde pas sur ce spectacle diabolique et poursuit son chemin vers les couloirs, tandis que ses semblables lui emboîtent le pas.

« Mick, préviens les autres. »
L’homme ne s'exécute pas, Sullivan s'emporte.
« Sarah a choisie son camp. Reprends-toi, on a plus beaucoup de temps.
— Tu as raison... répond t-il, tiré de ses pensées à contrecœur. »
Lorsqu'il pousse la porte de la salle voisine dans laquelle sont censés se trouver ses deux partenaires et les reporters, sa stupéfaction est immédiate. Ils sont bien là, seulement, leurs peaux sont pareillement perforées à celles des otages exécutés qui gisent près d'eux. L'odeur qui se dégage de la pièce est insoutenable. Avant d'entrer, Mick se place un bras devant le visage et lève son revolver. Inutile, à l’instant où il franchit le seuil, une main se saisit de lui et l'entraîne avec force dans un coin de la pièce. Il ne peut réagir qu'une lame se glisse déjà contre sa gorge et la tranche brutalement. Une gerbe de sang gicle instantanément sur le sol alors qu'il s'effondre en essayant d'hurler, de prévenir David, mais les mots refusent de sortir. Et dans un dernier effort il roule sur le côté pour tenter de fuir, mais sa vie s'envole lentement, le laissant face à la caméra des défunts journalistes, comme le furent les étudiants exécutés.

Sullivan n'a rien perçu de la scène, trop occupé à questionner l'un des otages.
« Tu crois que tu vas t'en sortir ? Tu...tu crois que je vais m'en sortir ? dit-il d'un air sérieux. »
De la sueur s’écoule de son front plissé par l’angoisse, le jeune homme ne réagit pas, la peur lui fouillant les entrailles et se chargeant d’assurer son mutisme.
« Bien sûr que non... je ne m'en sortirais pas. Cette nation m'a déjà tué ! Ils m'ont infecté de leur incompétence ! reprend t-il sous le coup d'une colère soudaine. Qu'ils viennent... Ces chiens ne m'arrêteront pas ! »
Sullivan n'a plus toute sa tête. Trahi par ceux en qui il avait confiance, ceux qu'il servait, et à force de désirs vengeurs, il est devenu ce terroriste fou hanté par un passé obsessionnel.
« Assez parlé, amène toi ! »
Il saisit l'étudiant et le force à se lever en lui collant le canon de son arme contre le front. C’est alors qu’il remarque une ombre grandissante se dessiner sur le mur, une lueur d’espoir submergée les visages des otages. Un horrible frisson lui parcours l’échine, accompagné d'une haine terrible pour lui-même, la haine de ne pas avoir su jauger ses adversaires.
« Tu as fais vi... »
Le son de la syllabe suivante est dissipé par la détonation, une balle vient se loger entre les omoplates du terroriste. La douleur est foudroyante, ses mains se crispent, il ne peut plus respirer, comme paralysé par l'attente d'une libération qui semble ne jamais venir, un instant de souffrance dont la durée se voit décuplée par la douleur. Ses genoux touchent terre les premiers, l'instant d'après c'est sa tête qui, entraîné par son poids, vient percuter le sol violemment. Mais la mort ne l'a pas encore emporté, il peut distinguer Solfear à seulement quelques mètres. Le sang a cessé de couler. Les yeux ouverts, comme plongé dans une torpeur sans retour, il demeure là, inerte, les yeux dans le vague.
Sullivan respire l’odeur de son propre sang, un sang malade que ses veines distendues semblent avoir trop longtemps portées. Sa main claque sur le sol et se replie en calice, la détresse de son regard cherche un refuge mais ne trouve que la froideur du soldat blessé, vautré sur le sol, le regard comme emprunté par une force supérieure. David cherche à se concentrer. Le sang coule, s’évacue avec une inquiétante régularité. Non, il ne saura jamais. Il ne saura jamais ce que Solfear avait dans la tête ce soir-là car David est un homme sans avenir, David est un homme mort.

Un poids est levé, c'est un immense sentiment de soulagement pour tous les otages qui voient enfin le bout du tunnel. Un sentiment largement entaché par les nombreuses victimes de la boucherie qui vient de se dérouler dans cette université, au milieu de nulle part.
Le véritable "héros" est un autre soldat de l'U-SR comme l'indique l'inscription sur son brassard. Il balaye la zone du regard avant de décrocher sa radio pour y marmonner furieusement quelque chose que personne ne peut saisir. Ce n'est qu'ensuite qu'il se rapproche et s'adresse aux étudiants.
« Je vous demandes de rester calme. La situation est en passe d'être maîtrisée. Vous ne devez en aucun cas sortir de cette pièce. Des renforts sont en chemins, ils vous prendront en charge dès leur arrivée. Tout le monde a bien compris ? Personne ne quitte cette pièce avant cela ! s'exclame t-il sur un ton ferme, semblable à celui d'un haut gradé qui s'entretient avec ses troupes. »
Deux des étudiants lui répondent affirmativement au même moment, provoquant un écho de voix irritant, c'est alors qu'un troisième profite du bref silence occasionné pour intervenir.
« La...la femme ! Elle s'est enfuit. Elle a emmené l'une...l'une d'entre nous ! s'écrie t-il en bafouillant singulièrement.
— S'enfuir ? ironise t-il doucement en saisissant sa radio avec satisfaction. Ici le Major, elle est en bas... »

Deux silhouettes féminines surgissent d'un escalier mal éclairé, les voilà désormais au rez-de-chaussée. Derrière elles, de nombreux bruits de pas trahissent la présence de leurs poursuivants. Sarah se hâte tout en continuant d'agripper son éventuelle dernière chance par l'avant-bras. Cette dernière chance de chair et de sang qui ne plie pas sous la tension, qui obéit sans hésiter aux directives physiques de sa meneuse.
L'étudiante, d'une prestance au-delà des acquis humains, d'abord otage au destin funeste devient désormais le bagage d'une fuyarde ayant la mort aux trousses. Triste sort pour cette triste beauté dont la description se confond avec une fantasmagorie ; mine pâle, boucles sombres et yeux verts composants les atouts de son visage à la beauté perverse. Rien que la représentation froide du charme à l'état brut.
—"Stop."
Sarah se raidit. D'inattendus bruits de bottes parviennent à ses oreilles depuis quelques sombres recoins du rez-de-chaussée. L'énigmatique équipe d'intervention a sans aucun doute opté pour une approche en tenaille. L'étau se resserre sur les deux femmes, mais Sarah gonflée d’une incommensurable soif de liberté ne capitulera pas.
Une perle de sueur lui glisse le long de la nuque, elle l'efface d'une main moite et tremblante, tout en gardant un œil sur sa suivante. C'est la peur qui s'installe, tiraillant les intestins de la fugitive dans tous les sens. Le temps s'écoule et les sons s'intensifient. Ils se rapprochent. Si elle se cache, ils la trouveront tôt ou tard. Si elle passe en force, ses chances sont quasiment nulles. Mais si elle n'agit pas rapidement, la liberté ne deviendra plus qu’un rêve lointain.
—"Section F, Cible repérée !" déclare une voix qui fait l'effet d'une bombe dans la poitrine de Sarah.
Trop tard. Ils sont là, les lampes torches de leurs fusils d'assauts venant déjà aveugler les deux fuyardes. L'étudiante se détourne des éblouissants projecteurs, lorsque Sarah la ceinture et lui plaque avec rage son arme contre la tempe.
—"Et maintenant ?!" s'écrit t-elle en étreignant sa victime un peu plus fort, comme pour tenter de se rassurer, d'apaiser le goût amer de la vérité qu'elle refuse d'affronter. Les évènements lui échappent totalement...

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The Purple Aurora Empty Re: The Purple Aurora

Message  Invité Mer 9 Déc 2009 - 22:20

Beaucoup d'erreurs de langue, me semble-t-il, qui ont gêné ma lecture. Par ailleurs, toute la scène où les deux mecs crèvent m'a paru bien trop longue. J'ai bien aimé la fuite des femmes...

Mes remarques :
« Sarah a choisi (et non « choisie ») son camp »
« Tu as raison... répond-il (et non « répond t-il) »
« il s'effondre en essayant de hurler » (« hurler » débute par un « h » aspiré)
« Bien sûr que non... je ne m'en sortirai (et non « sortirais », ici le futur s’imopse et non le conditionnel) pas »
« reprend-il (et non « reprend t-il) sous le coup d'une colère soudaine »
« il remarque une ombre grandissante se dessiner sur le mur, une lueur d’espoir submerger les visages des otages »
« Un horrible frisson lui parcourt l’échine »
« Tu as fait vi... »
« c'est sa tête qui, entraînée par son poids »
« Les yeux ouverts, comme plongé dans une torpeur sans retour, il demeure là, inerte, les yeux dans le vague » (la répétition se voit, je trouve)
« un sang malade que ses veines distendues semblent avoir trop longtemps porté (et non « oprtées » ; les veines distendues ont porté quoi ? « que », mis pour le « sang malade » : le participe passé s’accorde avec le complément d’objet direct placé avant lui) »
« Je vous demande (et non « demandes ») de rester calme »
« Des renforts sont en chemin (et non « chemins », vous touchez des royalties sur l’utilisation de la lettre « s » ?) »
« s'exclame-t-il sur un ton ferme »
« Elle s'est enfuie »
« ironise-t-il doucement »
« L'étudiante, d'une prestance au-delà des acquis humains, » (pas compris)
« mine pâle, boucles sombres et yeux verts composant (et non « composants », la structure de la phrase veut que le mot soit un participe présent, invariable) les atouts de son visage »
« les lampes-torches » (je crois)
« leurs fusils d'assaut (et non « d’assauts ») »
"Et maintenant ?!" s'écrie-t-elle

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The Purple Aurora Empty Re: The Purple Aurora

Message  Squall46 Jeu 10 Déc 2009 - 19:59

Merci pour la correction de nombreuses fautes, ça m'est utile.

Voilà la fin du chapitre 1.

------------------------

—"Je n'ai jamais tué."
Solfear face à Sullivan. Le regard abandonné d'un survivant face à celui d'un mort. La blessure ne saigne plus mais le projectile lance quelques attaques fulgurantes depuis l'endroit où il est resté logé. Jouant de sa bravoure et d'une pointe de témérité, Solfear parvient à se redresser sur ses coudes. Il se relève difficilement et va jeter son dos contre le mur le plus proche, obtenant ainsi le repos mérité de l'effort qu'il vient d'accomplir.
—"Solfear. Tu es salement touché…"
Il relève péniblement la tête. La voix qu'il vient d'entendre est bien celle du Major. Bien qu’une cagoule lui couvre le visage, son imposante stature ne trompe pas.
—"Major..."
—"Ne bouge pas, tu as l'air sérieusement atteint." indique l'officier avant de poursuivre, "La zone est sous contrôle, la mission est terminé."
—"Terminé ? Où...où étiez-...vous ? J'ét...ais seul."
—"Ne te fatigue pas inutilement. L'unité de secours ne doit plus être très loin. Entendu ?" l'interroge t-il, tout en jetant un coup d'œil attentionné à sa montre.
Le soldat blessé ne réplique pas, souhaitant sans doute économiser ses forces. Il se contente de tenir en respect le regard que lui jette son supérieur.
Des renforts, il n'en avait pas été question lors du briefing. L'U-SR n'a pas l'habitude de changer ses plans en cours de route. C'est une organisation bien réglée, il n'y a pas de place pour les modifications, les erreurs et les échecs. Cette interminable nuit d'automne semble pourtant en passe de devenir l'exception qui fait échec à la règle.
—"Tiens le coup. Je vais chercher de quoi calmer la douleur, en attendant l'arrivée des médecins." lance t-il à Solfear, avant de se tourner vers le petit groupe des rescapés du massacre. "Surtout n'oubliez pas. Ne bougez pas d'ici avant mon retour."

— « Liberté…Liberté…J’ai le contrôle… »
Tels sont les mots que Sarah se répète intérieurement tandis qu'elle avance lentement vers le hall principal de l'université en continuant d'utiliser l'étudiante comme bouclier humain. Les hommes armés n'ont d'autres choix que de s'écarter sur le passage de la menaçante fugitive. Ils continuent cependant de la suivre par le biais de leurs lampes torches, cherchant ainsi une éventuelle ouverture pour faire feu.
À l'extérieur l'orage et la pluie viennent de cesser leur symphonie. Le silence est de mise pour cette dernière ligne droite. Seul l'écoulement de quelques gouttes d'eaux sur le sol, depuis une canalisation percée dans le plafond, rythme la scène et la tension de Sarah par d'imperceptibles cliquetis.

Les sens engourdis, la respiration poussive, la gorge sèche, Solfear est dans un sale état. Est-ce la fin, ou rien que les prémices d'un nouveau départ ? Peu lui importe réellement, le soldat n'accepte pas cet état pitoyable. Ce n'est pas la première fois qu'il est à ce point dominé par la souffrance mais cette nuit n'est d'évidence pas comme les autres. Tout n'est pas terminé, il ne peut se résoudre à attendre sagement le retour du major. Il doit bouger.
De sa main gauche il parvient à défaire son gilet de protection et à s'en libérer. La manœuvre lui procure une impression de légèreté angoissante, un sentiment de vide intense. En s'aidant du mur et des dernières forces que ses jambes peuvent encore contenir, il parvient tant bien que mal à se lever. Rapidement, sa vue se trouble tandis qu’une infâme nausée lui monte jusque dans la gorge. Mais le soldat ne se soucis guère de ces maigres désagréments, et entame sa lente progression dans la pièce sous les regards décontenancés des étudiants.
À demi conscient, il file le long de la cloison, suivant d'instinct une faible lueur qui transperce sa vision embrumée. Ce scintillement, qui provient d'une ampoule sur le point de griller, le conduit jusqu'au couloir de connexion vers le reste du premier étage. C’est là, au coin d’un corridor, qu’il se prend les pieds dans une masse inerte. Manquant de trébucher, il s’appuie un instant contre le mur pour reprendre ses esprits. Quelques secondes suffisent à Solfear pour identifier l'inflexible obstacle. C’est un cadavre, il n’y a pas de doute. L’instant de sa capture lui revient en mémoire immédiatement, ainsi que l’image de cet étudiant prenant la fuite discrètement. De toute évidence, il n'avait pas eu la chance d'aller bien loin.
—"Un autre mort..." se répète t-il tout bas, comme un fou murmurant du coin des lèvres une chimérique formule magique.
Le malaise redouble d’intensité, la nausée prend du pouvoir. Ainsi il ne s'attarde pas, et s'éloigne en déglutissant difficilement, le regard empourpré par les images d’horreur de cette soirée sanglante.

L'échappée s'arrête là. De cette balle dans le dos qui brise tout élan de liberté, de cette balle qui tord si simplement le corps d'une femme. Elle avait relâché sa garde un seul instant, laissé l'étudiante quelques centimètres trop loin. Une erreur sans seconde chance et la liberté s'envole.
Sarah n'est plus que la spectatrice de sa propre chute. Relâchant l'otage d'une main, c'est son revolver qui la quitte de l'autre pour venir marteler le sol dans un retentissement des plus déplaisants. S'effondrant sur ses genoux, elle sent l'injuste main ganté de l'un de ses agresseurs venir lui saisir le cou afin de l'envoyer achever sa rédemption contre le parterre glacé du hall.
—"Ça suffit ! On a plus le temps. Attrape la, on dégage !"
Sarah est toujours consciente, ses yeux distinguant encore timidement quelques minces formes indécises. Son audition quant à elle, en parfait état, lui permet de comprendre qu'elle n'est pas le réel sujet d'intervention des hommes du commando armé. Aussi étrange que cela puisse paraître, ils se contentent d'empoigner l'étudiante et de quitter les lieux sous le coup d'une étrange précipitation. Le temps lui est compté. Tout en s'évertuant à garder les yeux ouverts, elle ne peut s'empêcher d'admettre que Sullivan n'était finalement peut-être pas si loin de la vérité.

Ce n'est pas fini, Solfear le sent, il sait que quelque chose ne tourne pas rond. L’U-SR ne change jamais ses plans. Sans n'avoir aucun but précis, ni toute sa tête, le soldat blessé continue ainsi de tituber dans la semi obscurité des longs couloirs de l'édifice, l'instinct étant le seul moteur de son errance.
Un incroyable vacarme survient alors de la cage d'escalier qui se trouve un peu plus loin, mais Solfear n'a plus la force d'y prêter attention. Après tout, ce n'est rien de plus qu'un concert de bottes qui viennent ébranler les marches de l'escalier les unes après les autres. Il le sait, ce ne sont pas les renforts, l'U-SR ne change jamais ses plans. Ceux-là sont pressés, car le tapage se tait bientôt et le silence recouvre sa toute puissance.
Il s’arrête près de l'encadrement de ce qui semble être une fenêtre. Ce qu'il perçoit comme une vaste embouchure, donne sur le paysage nocturne d'une forêt de hauts sapins trempés par le récent orage. Les résineux, bercés par quelques fraîches bourrasques, s’agitent et se plient sous le volonté du vent. La nature a choisi un bien beau paysage pour border le sinistre bâtiment, et quant à la lune, elle refuse de se montrer, sans doute trop vaniteuse pour assister au maupiteux spectacle qu'offre l'université.
Le soldat reste immobile face à cet horizon écrasant d'harmonie, une peinture insufflant à quiconque sait l'admirer l'ébauche d'une concordance cosmique. C'est ce qui attire tant Solfear, cette corrélation qu'il perce finement au-delà de la vitre granuleuse, loin dans le crépuscule. Il s'était toujours imaginé seul au monde, seul entre tous. Naturellement, cette nuit ne pouvait pas changer à elle seule sa vision des choses, mais chez le jeune survivant s'installait peu à peu une sensation d'équilibre absolu. Il ne savait pas réellement à quoi il le devait, mais n'avait-il pas finalement atteint l’un des moments clés de son existence ?
D'abord il y avait eu cette fille dotée d'un charme insolent, une étrangère au regard complice, intime ; puis la mort l'avait frôlée, une fois de plus, d’une froideur imprévisible. Mais il est toujours là, convaincu que le sort a peut-être choisi cette soirée pour lui ouvrir le chemin de l'espoir, peut-être.
—"Huh ?"
Un objet apparaît dans le ciel nocturne, accompagné de bruyantes rotations de pâles. Solfear ne comprend plus. Ces hélicoptères ne sont pas de l'U-SR, et ils s'éloignent du bâtiment à plein régime. La soirée d'abord placée sous le signe du sang, s'avère être un véritable sac de nœuds. Les sombres appareils s'évanouissant dans la nuit, Solfear se met en tête de retrouver le Major.
Mais il est déjà trop tard. En un dernier instant, avant que les plus infimes sonorités ne se perdent au-delà de l'humainement audible, il peut entendre le cri du jugement. Le jugement qui plonge la vie dans ses terribles flammes, celui qui rend charogne alors que le temps nous laisse seulement le discerner.
La vitre vient s'écraser contre le visage du soldat, se brisant ainsi en milles lames toutes plus meurtrières les unes que les autres. Happé par l'embouchure murale, il peut sentir la fraîcheur du soir accompagner les morceaux de verre dans leurs multiples lacérations. Il ressent la fournaise derrière lui, le souffle qui le violente jusqu'au bout de sa chute dans les hautes herbes humides. Sa figure vient se fracasser contre le sol presque marécageux, tandis que ses côtes se tordent l'espace d'une seconde avant de rompre la suivante. Un dernier soubresaut, et Solfear se noie dans les méandres de l'inconscience. L'université quant à elle, continue de s'effondrer sur ses propres fondations, alors que les dernières projections de gravats achèvent d'ensevelir le corps mutilé du soldat.
L'édifice ruiné, les évènements égarés dans les flammes de la déflagration, la nuit se termine enfin.

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Message  mentor Jeu 10 Déc 2009 - 20:06

hé ho, on se calme
y a d'autres auteurs sur le site
;-)

cela dit, faudrait peut-être que je lise
et accessoiremet, que je commente

mais bon, plus tard

mentor

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Message  Invité Jeu 10 Déc 2009 - 20:31

Pas mal, ces rebondissements ! J'attends la suite...

Mes remarques :
« Solfear parvient à se redresser sur ses (les ?) coudes »
« la mission est terminée."
—"Terminée »
« un coup d'œil attentionné (pourquoi ? À quoi cela correspond-il, ici, un coup d’œil attentionné ?) à sa montre »
« lance-t-il à Solfear »
« les mots que Sarah se répète intérieurement tandis qu'elle avance lentement » : je trouve lourde la présence dans la même phrase de deux adverbes en « ment »
« Les hommes armés n'ont d'autre (et non « d’autres ») choix »
« leurs lampes-torches » (je crois)
« le soldat ne se soucie guère »
« L’instant de sa capture lui revient en mémoire immédiatement, ainsi que l’image de cet étudiant prenant la fuite discrètement » : même remarque que ci-dessus pour les adverbes
« se répète-t-il tout bas »
« c'est son revolver qui la quitte de l'autre » : la formule ne convient pas, car elle signifie « son revolver la quitte de l’autre main », et comment un revolver, agent et non patient dans la phrase, possesseur donc de l’«autre main » avec laquelle il quitte Sarah, pourrait-il en avoir une ? De main ?
« S'effondrant sur ses (les ?) genoux »
« l'injuste main gantée »
« Attrape-la »
« Sans avoir (et non « n’avoir », car cela crée une double négation avec « Sans ») aucun but précis »
« la semi-obscurité »
« Ce qu'il perçoit comme une vaste embouchure, (pourquoi une virgule ici ?) donne sur le paysage nocturne »
« cette corrélation qu'il perce finement au-delà de la vitre granuleuse » (pas compris)
« Naturellement, cette nuit ne pouvait pas changer à elle seule sa vision des choses, mais chez le jeune survivant s'installait peu à peu une sensation d'équilibre absolu. Il ne savait pas réellement à quoi il le devait, mais n'avait-il pas finalement atteint l’un des moments clés de son existence ? » (pourquoi ce paragraphe soudain au passé ?)
« puis la mort l'avait frôlé (et non « frôlée », on parle bien de Solfear ?) »
« bruyantes rotations de pales »
« La soirée d'abord placée sous le signe du sang, (si vous tenez à la virgule ici, je pense prférable de compléter l’incise en en plaçant une autre avant « d’abord ») s'avère être un véritable sac de nœuds »

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Message  Squall46 Ven 11 Déc 2009 - 20:01

Lol Mentor, je pense pas prendre trop de place juste avec mon topic quand même.

Merci Socque de corriger tout ça, ça fait du bien. Par contre, j'ai pas compris la remarque ici:

« un coup d'œil attentionné (pourquoi ? À quoi cela correspond-il, ici, un coup d’œil attentionné ?) à sa montre »

Tu ne comprends pas l'utilité que le coup d'œil soit attentionné ?

Voilà le début du chapitre 2. On change de cadre.

--------------------------

Chapitre II
Vacily, la cité-monde

Vacily, cité des pluies acides, mère pollution, la capitale des terres ombrageuses, celle où le soleil ne s'aventure plus.
Une semaine s’est écoulée depuis les évènements de l'université. Les images du massacre furent diffusées à son lendemain. Le spectacle morbide fit ainsi rapidement le tour de la ville-monde, les journalistes se déchaînant sur le terrible premier raté de la célèbre U-SR.

—Vacily Times, 28.Octobre
"La vidéocassette reçue par la direction de l'U-SR est en ce moment même examinée par des spécialistes. Selon les premiers communiqués, il ne s'agirait pas d'un canular. (...) Les kamikazes seraient d’anciens soldats, impliqués de près ou de loin dans le désastre de Zenhedy."
—City Investigators, 29.Octobre
"Tôt dans la matinée et contre toute attente, l'U-SR a annoncé qu'elle endossait l'entière responsabilité du massacre universitaire d'Eau Claire, insistant sur le fait que, je cite: 'de tels incidents ne sauraient se reproduire à l'avenir'. (…)"
—Vacily Times, 1er.Novembre
"Les hauts dirigeants de l'U-SR ont adressé aujourd’hui leurs condoléances aux familles des victimes, ne manquant pas d'ajouter qu'elles seraient 'indemnisés dans les plus brefs délais'. Ici, nous sommes curieux de savoir comment ils s'y prendront pour remplacer ces dizaines de vies humaines (…)"
—City Investigators, 1er.Novembre
"Après la confirmation de la véracité des évènements présents sur la vidéocassette, l'U-SR vient de déclarer dans la foulée qu'il n'y a qu’un seul et unique survivant. Il s’agirait d’un membre des forces de l’US-R, nous n’avons pas encore pu l’interroger. La récente interdiction des passes de sorties nous empêche toujours de rejoindre la zone sinistrée... (...)"

Ce soir-là le ciel n'a pas à cœur de cracher son acide. Le dôme est ouvert, laissant les plus hautes tours de la cité illuminer de leurs feux écarlates les quelques vagabonds des quartiers miséreux. L'une de ces interminables tours de métal et de verre n'est autre que le siège de l'U-SR, une organisation qui demeure parmi les plus importantes de la cité.
Au dernier étage, la silhouette d'un individu de grande taille transparaît derrière la baie vitrée jaunie par l'éclairage intérieur.
« Faites-le entrer, s'en va réclamer dans un interphone le grand homme aux cheveux grisonnants. »
Comme s'il était déjà derrière la porte, l’invité entre en scène dans la seconde. Le pas laborieux, la grâce d'un automate rouillé, une tragédie dans chaque pupille, Solfear, aidé d'une béquille, pénètre dans l'antre luxueux du directeur de l'U-SR.
« Solfear, asseyez-vous, commence t-il calmement, en se tournant vers le rescapé. Savez-vous pourquoi vous êtes ici ?
— Parce que la mission est un échec, je suppose, raisonne t-il, persistant à rester planté sur sa canne métallique.
— Vous êtes resté presque une heure sous des décombres fumants, blessé par balle, avec une jambe cassée et la nuque à demi brisée. C'est la raison de votre convocation, renchérit le directeur en haussant légèrement le ton.
— Je m'en doutais, vous comptez...
— Désolé... le coupe t-il en soupirant. Le Major était quelqu'un...d'important. Il avait de l'expérience, et il n'aurait pas dû vous impliquer dans cette affaire.
— Il...est vraiment... Est-ce que vous avez trouvé son corps ? questionne Solfear, en se passant la main sur le front.
— Il n'y avait plus rien. Comprenez-moi bien, les deux étages sont partis en fumer presque instantanément. Par miracle, les renforts vous ont trouvé étendu sous quelques gravats, non loin de l'incident.
— Personne d'autres ? relève t-il, un sanglot dans la voix.
— Vous êtes le seul survivant. Je regrette, mais il va falloir vous faire à cette idée, personne n'a pu s'en tirer.
— Hum... gronde t-il de dépit avant de se souvenir. Mais peu de temps avant l'explosion, j'ai pu voir des hélicoptères survoler le bâtiment. »
Le directeur semble réfléchir un instant, comme dans l’attente d'une réponse, puis il reprend.
« Qui est cette jeune fille ?
— Qu..? Mais, je n'ai parlé...d'aucune fille, rétorque Solfear, troublé.
— Je vous assure que si, affirme le conseiller. Mais, je comprends que vous soyez encore sous le choc, vous devez prendre du repos. J'ai déjà pris certaines mesures, ne vous inquiétez pas.
— Je...vais rentrer, termine le soldat, chamboulé, s’apprêtant à quitter les lieux.
— Une dernière chose. Si vous souhaitez vous recueillir, une stèle symbolique a été placée au cimetière central, en souvenir du Major. »
C'est sans répondre que Solfear quitte la pièce et, tandis qu'il gagne l'ascenseur, le sentiment de solitude qui l'habite depuis son plus jeune âge reprend le dessus. Il ressent là l'isolement de l'unique survivant, ce "pourquoi moi ?" sans réponse. C'est ainsi, en embrassant un peu plus chaque seconde le spectre de la tragédie, qu'il quitte le siège de l'U-SR pour aller se perdre par-delà les sombres rues de la cité.

« Bravo Conseiller, vous n’avez rien perdu de vos talents d’orateur. »
Un autre homme se trouve dans le bureau du directeur, dissimulé dans un coin volontairement non éclairé. Le visage de l’individu est immergé dans la pénombre, et seule sa voix rugueuse trahie son âge avancé.
« Croyez moi, les fouineurs oublieront notre affaire lorsqu’ils tiendront leurs boucs-émissaires, indique le directeur, satisfait.
— Le transfert s'est parfaitement déroulé. Rien d’autre ne m’intéresse.
— Peut-être, mais je veillerais à en remettre une couche. Il nous faut redoubler d’efforts pour mobiliser l’attention des foules sur cette affaire. Nous n’avons toujours pas avancé sur notre véritable problème et permettez-moi de croire que cette fille n’y changera rien, affirme le directeur, en retournant considérer les animations nocturnes de la cité.
— Heureusement que les autres membres du conseil ne sont pas aussi sceptiques que vous. Votre opinion ne m’intéresse pas en réalité, vous n’avez foi en rien Conseiller. Ni en ce monde, ni en l’homme, ni en quoi que ce soit.
— Assez ! s'irrite le dirigeant de l'U-SR. Je n’ai que faire de vos discours. Quand ils s’apercevront du ridicule de la situation et du danger que nous courrons, ils vous renverront prêcher vos idioties dans les plaines de Grenade, auprès des ignares. Vous, vos disciples et cette soi-disant…jeune fille…si…importante à vos yeux. Elle n’est rien d’autre qu’une…
— Si vous souhaitez conserver votre place sur le Space Force One, je vous conseille de vous taire, sinon j’irai confier quelques uns de vos propos à nos confrères, rétorque l'homme, soudainement agacé.
— Vous pouvez me menacez, Trevor… Quoi qu’il en soit, des rumeurs circulent déjà et les conséquences d'un mouvement de panique seraient...catastrophiques. Les habitants de Vacily ne sauraient survivre à l'extérieur. La plupart sont nés ici, les autres sont depuis longtemps conditionnés pour cette vie, surtout depuis la construction du grand dôme. Alors nous devrions cesser nos querelles inutiles et nous concentrer sur notre véritable problème, tout en priant pour qu’Exil-One ne reste qu’un plan de secours.
— Je ne vous demande pas de me faire confiance mais... s'exclame t-il avant d'être interrompu.
— Selon le département de l’aérospatial, le projet comporte d’énormes risques, et les colons de la station Ganymède sont déjà en route pour les premiers essais poursuit l’homme, visiblement sur les nerfs.
— Vous avez raison. Ne gâchons pas en querelles un temps qui nous est déjà limité, conclu l'individu. Nous vous remercions directeur, votre unité est irréprochable d'efficacité. »

Deux gigantesques flèches métalliques tournoient au gré du temps depuis le sommet d'une arche en pierre dégradée par les années. Le jour et la nuit ne font qu'un à Vacily, c'est pourquoi les habitants doivent pouvoir compter sur des horlogers de grande et subtile productivité. Elles indiquent minuit. Un écran géant récite ses propagandes avec régularité devant quelques crédules : l'augmentation de 5% sur les prothèses de gencives, la réduction sur les mammifères génétiquement modifiés et autres encouragements au port d'armes à feux.
« Cette ville ne changera jamais. »
C’est ce que se dit Solfear, campé au comptoir d’un club miteux. Un barman borgne fait la paire avec son infirme de chien, un espèce de bout de viande collé au sol par des touffes de poils visqueuses. Quelques clients sont attablés devant de grandes chopes, à voir ces rougeauds, on devine les personnages dans leur élément. Les lueurs les plus entraînantes, faites de feu et de bleu, transparaissent depuis la rue, mais elles n’ont la force de modifier l’atmosphère de ce cachot pour alcoolique.
« Dure journée ? demande l’énuclé, en servant un autre verre à Solfear.
— On peut dire ça comme ça, ouais.
— C'est notre lot à tous, affirme le barman.
— J'ai l'impression de ne pas avoir dormi depuis... continu Solfear, en expirant longuement pour couvrir le sens d'un mot qui lui échappe.
— Je suppose qu'on ressent tous ça par ici. Sa ronge de passer trop de temps à Vacily. Le jour, la nuit...
— Hum, maugrée t-il, en terminant sa gnôle d'un seul jet.
— Le spectacle de ce soir va te remonter. Crois-moi, l'ami ! s'exclame le grand chauve, en forçant son ton entraînant d'habitué de la barrique. »
Il ne faut qu'un instant pour qu'une cantatrice entre en scène, accompagnée de ses guitaristes siamois. Les ivrognes ont ravalé leurs langues, et l'estrade, sous le feu d'un unique projecteur, devient l'intérêt commun. La femme, aussi vilaine soit-elle, n'est heureusement pas sans un certain talent musical. Ainsi lorsque ses étranges acolytes s'emballent et que les premières consonances trahissent le silence, telle une sirène, elle enchante, sublime, l’atmosphère du bar. Un espoir chuchoté, des paysages suggérés, une solitude délivrée, voici le récit d'une vie tourmentée telle qu'elle est fredonnée.



From East to West


Here I am Lord and I’m drowning, in Your sea of forgetfulness
The chains of yesterday surround me, I yearn for peace and rest
I don’t want to end up where You found me
And it echoes in my mind
Keeps me awake tonight
I know you’ve cast my sin as far as the East is from the West
And I stand before You now as though I’ve never sinned
But today I feel like I’m just one mistake away
From You leaving me this way

Jesus can you show me just how far the east is from the west
‘Cause I can’t bear to see the man I’ve been
Rising up in me again
In the arms of Your mercy I find rest
‘Cause You know just how far the east is from the west
From one scarred hand to the other

I start the day, the war begins
Endless reminding of my sin
And time and time again
Your truth is drowned out by the storm I’m in
Today I feel like I’m just one mistake away
from You leaving me this way

I know You’ve washed me white
Turn my darkness into life
I need Your peace to get me through
To get me through this night
I can’t live by what I feel
About the truth Your word reveals
I’m not holding on to You
But You’re holding on to me
You’re holding on to me


La chanson se termine et les deux artistes se retirent sous quelques acclamations méritées. Solfear, qui a suivi le spectacle d'un œil, se dit finalement que l'endroit est peut-être plus intéressant qu'il n'y paraît. Toutefois, même si ce club devient presque attirant, il n'y change rien, ce sont toujours les mêmes images de l'université qui l’obsèdent. Le Major, la jeune fille, les étudiants, leurs morts si traumatisantes pour un seul homme ne sont guère plus qu'une tragédie parmi tant d'autres pour une cité gigantesque comme Vacily. Sur la petite télévision fixée derrière le grand chauve, les journalistes parlent déjà d'un autre évènement. L'un des clients, interloqué malgré son état d'ébriété avancé, demande au barman de monter le son.
« …Comme certains d'entre vous ont dû le constater, les liaisons téléphoniques vers les villages voisins ne fonctionnent plus. Il faut également signaler, que parmi toutes nos équipes extérieures, seule celle d'Eau Claire répond encore présente. Voici un phénomène bien étrange, dont les autorités locales n'ont su donner justification. Bien sûr, une enquête sera ouverte dès demain si la situation persiste, et de plus amples informations seront communiquées dans un flash spécial.
— Ces chiens ne savent vraiment plus quoi inventer ! Ici on en à rien à foutre de l’extérieur ! s'exclame l'un des habitués, particulièrement agité.
— En bref, un sondage récent sur la suspension des passes de sortie à l’extérieur de la cité témoigne de l’insouciance des citoyens, 96% d’entre eux avouent n’avoir jamais quitté la cité et ne pas en avoir l’intention. Quoi qu’il en soit, chez nous, journalistes, cette suspension suscite le débat…
— Evidemment ! Qu’est-ce qu’on irait faire dehors avec ces bandes de lépreux qui rodent…partout... Bordel ! Coupe cette merde et sert m’en un autre, patron. »
La lourde atmosphère retombe dans la salle avec les évènements de la vie courante. Solfear étouffe, après l'instant de poésie, le club redevient un lieu sans saveur. Il sent bien qu'il est temps de partir, sans quoi il se perdra dans l'alcool jusqu'au plus profond de la nuit vacilienne, une lente éternité. Alors, en se promettant au cimetière central pour le lendemain, il paie et quitte l'étuve sans se retourner, fatigué par l'aboiement pénible de la bête semi morte, gardienne de l'entrée.

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Message  Invité Ven 11 Déc 2009 - 20:32

J'ai trouvé la conversation entre les deux huiles comploteuses trop longué, nébuleuse. Je n'ai pas bien su, de réplique en réplique, qui était qui. Sinon, j'ai bien aimé la scène dans le bar, la bête répugnante à l'entrée, le désenchantement du héros...

Pour vous répondre : l'adjectif "attentionné" se rapporte généralement à une personne, pour dire qu'elle a des attentions aimables envers une autre. Exemple : "Elle va le visiter tous les jours à l'hôpital, elle est vraiment attentionnée." Pour dire qu'on jette un coup d'œil scrutateur, observateur, on choisit en principe un autre adjectif de même racine que "attentionné", mais différent. D'où ma remarque : un coup d'œil attentionné, pour moi, ça ne veut pas dire grand-chose.

Pour le fait de poster les suites d'une même histoire dans le sujet déjà ouvert, et à fréquence supérieure à une nouvelle publication par semaine, c'est bien ainsi que pratiquent plusieurs des membres, cf. silene82, Gobu ou lu-k, qu'on n'a pas empêché de faire.

Par ailleurs, vous ne pouviez pas le voir dans mes commentaires précédents, mais je vouvoie, d'une manière générale, et attends la réciproque. Merci d'avance !

Mes remarques :
« Les images du massacre furent (je pense qu’ici un passé composé serait préférable, comme dans la phrase précédente) diffusées à son lendemain. (un peu bizarre, l’expression « à son lendemain », je trouve) Le spectacle morbide fit (même remarque pour le temps du verbe qu’un peu plus haut) ainsi rapidement le tour »
« qu'elles seraient 'indemnisées »
« commence-t-il calmement »
« raisonne-t-il »
« le coupe-t-il en soupirant »
« les deux étages sont partis en fumée »
« Personne d'autre (et non « d’autres ») ? relève-t-il »
« gronde-t-il de dépit »
« Mais, (pourquoi une virgule ici ?) je comprends que vous soyez encore sous le choc »
« seule sa voix rugueuse trahit son âge avancé »
« du danger que nous courons (et non « courrons » qui est la forme du futur) »
« quelques-uns de vos propos »
« Vous pouvez me menacer »
« s'exclame-t-il »
« conclut l'individu »
« mais elles n’ont (pas ?) la force de modifier l’atmosphère »
« demande l’énucléé »
« continue Solfear »
« Ça ronge de passer trop de temps »
« maugrée-t-il »
« Il faut également signaler, (pourquoi une virgule ici ?) que parmi toutes nos équipes extérieures »
« ces bandes de lépreux qui rôdent »
« sers-m’en un autre »
« la bête semi-morte »

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Message  Lucy Sam 12 Déc 2009 - 2:09

Juste en commençant, cette phrase : " Ils s’y retrouvent, là-bas, sur cette plage où il s’est autrefois baigné. " La première de ton écrit. Cette phrase me paraît un peu maladroite. Attention, c'est celle qui ouvre le texte. Je continue la lecture.
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Message  Lucy Sam 12 Déc 2009 - 2:18

Concernant le Prologue, beaucoup de choses ont déjà été dites, je vais éviter de les répéter. Je me range à l'avis de Lemon et Socque.
" une bâtisse inquiétante s’élève enfin sous ses yeux impressionnés " : s'élever sous, c'est un peu weird, mais c'est peut-être l'effet recherché.
Premier chapitre...
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Message  Lucy Sam 12 Déc 2009 - 3:04

Désolée pour le troisième post, pas d'organisation, c'est tout ! ^^

Lu le premier, le second viendra plus tard. Un début un peu confus, dense, trop dense, qui gagnerait à être allégé. Elaguer ici et là donnerait un rythme, probablement, plus intense à l'histoire, ce qui serait plutôt bon pour ce type d'écrit. Trop d’adjectifs, par endroits !

Quelques bricoles :

« un lit impeccablement fait sur lequel est soigneusement reposée une robe de cérémonie » : posée suffirait.
« l'homme ne s'attarde pas sur ce spectacle diabolique » : l’adjectif est de trop ou bien le terme est trop fort. La mort ( même si elle est aussi dramatique que celle d’un enfant ), ne suffit pas à diaboliser la scène. Par contre, par la mise en scène, par l’écriture, il peut être suggéré quelque chose de diabolique. Mais un terme, en lui seul, ne justifie pas de cela.
« L'étudiante, d'une prestance au-delà des acquis humains, d'abord otage au destin funeste devient désormais le bagage d'une fuyarde ayant la mort aux trousses. Triste sort pour cette triste beauté dont la description se confond avec une fantasmagorie ; mine pâle, boucles sombres et yeux verts composants les atouts de son visage à la beauté perverse. Rien que la représentation froide du charme à l'état brut. » Il est un peu trop, ce portrait. L’échange de regards entre ce personnage et le membre de l’U-SR, plus tôt dans le chapitre, a quelque chose d’un peu roman à l’eau de rose qui dénote avec le type de roman que tu écris. Garder l’idée, mais l’amener différemment.

Dans l'ensemble, revoir tout ce premier chapitre afin de le rendre plus efficace, plus punchy. Après avoir achevé celui-ci, j'ai bien envie de lire le second, ce qui est plutôt une bonne chose.
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Message  Squall46 Sam 12 Déc 2009 - 17:47

Socque >> Très bien, pour attentionné je changerai ce mot. Aussi désolé pour le tutoiement, j'ai l'habitude de fréquenter des forums où on se tutoie facilement, c'était un réflexe.

Lucy >> Merci pour ces remarques. Par contre, de quel type de roman s'agit-il selon toi/vous ? ("a quelque chose d’un peu roman à l’eau de rose qui dénote avec le type de roman que tu écris.")

Voilà la suite, plutôt courte, le morceau de demain sera largement plus long.

--------------------------

Les membres de l’U-SR ont tous leurs quartiers au centre de la cité, à l’intérieur du dôme, pourtant ce n’est pas le cas de Solfear. À son insertion, on lui avait fait comprendre qu’il était différent. L’unité ne devait pas être au courant de ses origines, alors était-ce à cause du manque de place ou de sa trop récente admission ? La question ne l’avait jusqu’alors qu’effleuré, la situation lui convenant parfaitement. La périphérie du dôme, sale, pauvre, industrielle, étant la partie de la ville qui se rapproche le plus de Zenhedy, de son enfance. Evidemment, ici il y a les pluies acides, les mendiants, les grandes tours délabrées et le soleil ne cogne plus aussi fort qu’autrefois, mais l’odeur de Zehnedy n’est pas si loin.
En s’aidant de sa béquille, Solfear gagne la rue de son appartement. Croisant une floppée de junkies, quelques traînées et les récurrents sans-abri, il se rend un peu plus compte de ce paysage nocturne désespérant, de la souffrance de ces quartiers qui ne changeront jamais. Les usines crachent leurs suffocantes vapeurs même en ces heures tardives, formant un brouillard chimique asphyxiant. Il referme la porte de son taudis immédiatement derrière lui pour éviter que les gaz nauséabonds ne pénètrent à l’intérieur. C’est un vieux bâtiment inachevé, construit en partie avant le dôme. Accompagné par quelques rats qui courent le long des murs, Solfear se dirige vers l’unique ascenseur en état. L’étrangeté de l’immeuble réside dans sa technologie de haut niveau qui tranche avec l’aspect inabouti décelable au premier coup d’œil. L’élévateur est un engin sophistiqué, pensé pour la sécurité des locataires. Ses portes sont en acier infranchissable, et son système d’ouverture se fait à partir d’une boîte de reconnaissance vocale. En se présentant à l’appareil comme "Solfear, 90-2", les portes refusent de coulisser. Plongé dans ses pensées, il n’aurait rien remarqué sans qu’un son strident ne vienne le tirer de sa torpeur. C'est la première fois que ce genre d'incident lui arrive. En répétant l'opération le résultat reste sensiblement le même. Son séjour à l’hôpital et la longueur de son coma lui ont presque fait oublier la sensation d’un chez soi. Il lui tarde de se reposer et les évènements semblent s’accumuler à l’inverse de sa volonté. Le système de l'appareil doit être endommagé d'une manière ou d'une autre. C'est ce qu'il conclut non sans qu’une idée déplaisante ne lui traverse l’esprit : et si l'unité avait découvert quelque chose ? Ils sont capables de bloquer le système d'accès, mais dans ce cas là, le directeur n’aurait pas réagi de manière amicale. Il n’avait pas de raison de jouer la comédie… C’est en se persuadant que la paranoïa ne deviendra pas sa meilleure alliée qu’il quitte les lieux.

Vacily est une ville froide. C'est lorsqu'on ne peut se mettre à l'abri que l’on s'en rend véritablement compte. Ainsi, ne souhaitant pas replonger dans les abîmes de l'alcool ou s'étendre parmi les rats, Solfear se résout à passer le reste de la nuit dehors.
Les vagabonds ont l’habitude de dormir dans les rues, de se sentir seuls et d’une certaine manière plus humains que les autres. En connaissance de cause, Solfear comprend le sentiment de ces contraints à l’errance.
—"Vous périrez dans les flammes ! Tous autant que vous êtes ! Le conseil nous ment ! Vous périrez dans les flammes !"
C’est ce que s’égosille à prévenir un petit homme à lunettes qui parcourt la rue principale avec une pancarte vierge accrochée au dos. Quand leurs propagandes ne tournent pas en boucle sur les écrans géants de la cité, les sectes prennent la peine de descendre dans les rues pour enrôler de nouveaux fidèles. Les adeptes pullulent par ici, les démunis et les infectés étant sans doute des proies plutôt dociles et manipulables. Celui-là avait sans doute mal tourné et s’était détourné de la voie qu’on lui augurait.
Se rapprochant de l’un des nombreux braseros disposés sur le trottoir pour se réchauffer un instant, Solfear aperçoit un petit immeuble délabré dont le toit pourrait faire office de refuge. Il a toujours aimé la hauteur, celle qui donne une sensation de beauté au reste du monde, instaure un sentiment de puissance. Alors, quelques secondes plus tard, il pénètre dans le modeste abri où quelques maquereaux font leurs affaires. Ne se souciant pas de leur présence, Solfear enjambe quelques marches presque démolies jusqu’au troisième et dernier étage de la ruine. Jetant sa canne à terre, il franchit une ouverture dans le vieux mur qui donne sur un balcon, instable, en pierre usée. Et c’est sans se poser de question, qu’il escalade la façade à l’aide d’une gouttière chancelante et d’une rambarde métallique. L'expérience de l'université en aurait refroidi plus d'un, mais lui est un téméraire, esclave de son impulsivité. S’il chute, seule la chance ou la force d'un miracle sera en mesure de le sauver une nouvelle fois. Mais sa main est ferme lorsqu'il agrippe le rebord de la toiture accidentée, et c'est finalement sans difficulté que Solfear se hisse jusqu'au toit.

« D’en haut le monde paraît moins effrayant…»
Debout sur le sommet du monstre urbain, il peut maintenant dominer du regard ceux qui prient vainement pour que la pluie acide stagne par-delà le grand gris. Mais les cieux grondent, et déjà la pluie tombe, glissant des nues vers la chair qu’elle déchire. Courageux, mais pas fou, Solfear s’est mis à l’abri dans le renfoncement qu’offrent les portes manquantes d’un ancien élévateur.
Sa tête reposée contre les murs ébranlés de son étroite cache, il se contente d’observer un quelque part fuyant, l’imagination bercée par le souvenir de la chanson du club. Les cliquetis réguliers de l’acide sur les restes du toit finissent de l’apaiser. Ainsi, fermant les yeux, et laissant l’image de l’étudiante s’immiscer en lui ; lentement, Solfear s’évanouit vers un lieu éphémère où sa solitude sera brisée pour le temps d’une nuit.

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Message  Invité Sam 12 Déc 2009 - 17:57

Bonne transition ! Mais il est pas bileux, le Solfear, pour ne pas trouver plus louche que ça son rejet par l'ascenseur, après tout ce qu'il a déjà vécu...

Remarque :
« mais dans ce cas-là »

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Message  mentor Sam 12 Déc 2009 - 19:47

socque a écrit:Pour le fait de poster les suites d'une même histoire dans le sujet déjà ouvert, et à fréquence supérieure à une nouvelle publication par semaine, c'est bien ainsi que pratiquent plusieurs des membres, cf. silene82, Gobu ou lu-k, qu'on n'a pas empêché de faire.
c'est exact, et tout le monde le sait, mais à ce rythme là, ça devient de la frénésie
peu importe, y a pas de mal

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Message  Lucy Dim 13 Déc 2009 - 19:40

Les adeptes pullulent par ici, les démunis et les infectés étant sans doute des proies plutôt dociles et manipulables. Celui-là avait sans doute mal tourné et s’était détourné de la voie qu’on lui augurait.
Pour le moment, j'aime bien ce deuxième chapitre. On commence à cerner les personnages et les points de repères aident le lecteur à se retrouver dans cet univers que tu dépeins.

Quant à la question du roman à l'eau de rose, bien sûr tu n'écris pas une histoire guimauve et c'est pourquoi ces passages détonnent, à mon sens, dans ce chapitre. Le beau héros et la belle héroïne c'est l'un des nombreux clichés de ce type d'histoire. ^^
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Message  Squall46 Lun 14 Déc 2009 - 18:57

Oui on sera loin d'une histoire guimauve je pense comme tu le dis lol.

Enfin, voilà la suite, je ralentirai surement un peu les postes plus tard, comme ça je terminerai peut-être totalement l'histoire à temps.

-----------------------------

Un gigantesque lieu de paix. Sous le dôme fermé, le cimetière central s’étend et se tait.
Seules quelques ombres ajustées d’imperméables, leurs visages couverts par des capuches, se recueillent devant les innombrables stèles. Le costume de pluie est obligatoire au cimetière central, c’est une tradition, un respect envers le ciel courroucé de l’endroit, vers lequel les âmes des défunts se sont peut-être envolées.
Cette nécropole est la plus vaste de la cité, allant jusqu’à couvrir plusieurs kilomètres. Néanmoins, les architectes n’ont pas négligés ces cryptes aux colonnes érigées vers les nuages, ces grands mausolées encerclés par quelques marres d’eaux vaseuses dans lesquelles prennent pied de robustes saules pleureurs. Souvent, les visiteurs peu clairvoyants demandent comment ces arbres, habitués au soleil et à l’humidité, subsistent par ici. On leur répond que cet endroit possède une essence toute particulière, un aura encré dans les eaux troubles du cimetière qui permet la vie des luxuriants salicacées. Cette petite légende attire même ceux qui n’ont pas de larmes à verser sur leurs défunts, ainsi il n’est pas rare de voir de simples promeneurs payer pour visiter.

La nuit a fait son chemin. Les lèvres glacées, le teint pâle et les membres fatigués par un repos trop court et trop agité, Solfear file parmi les rangées de stèles funéraires. Ses pas cognent l’illusion d’un cauchemar, étendent la lourde réalité. Le registre du gardien n'a pas menti, il arrive vers la pierre marquée. Cette pierre marquée d’un nom qui paraît si familier et maintenant si lointain : "Major.Sade.H.Bogard - Repose ici en paix - 47 anniversaires". Aucune photo, pas de fleurs. Le Major n'avait jamais parlé de sa famille, apparemment il n'en avait plus. C'était mieux ainsi, personne n'aurait à souffrir de sa perte comme souffrait Solfear. Bogard avait tant fait pour lui, les choses s'étaient terminées trop tôt. Elles se terminent toujours trop tôt.
« Un être cher ? »
Une voix féminine perce doucement le silence. Troublé, Solfear tourne la tête et aperçoit le profil d'une femme encapuchonnée dans un imperméable couleur béryl. Seul le trait creusé de son nez fin parait, accompagné de quelques mèches blondes soufflées par le vent. Elle reste immobile, continuant d'accrocher du regard quelques promeneurs de l'allée adjacente.
« Oui... répond Solfear, faiblement et alors qu’il détourne de nouveau la tête vers la tombe du Major.
— Je sais ce que ça fait. »
Sa voix est nette, sèche. Elle se donne la force de maîtriser quelques sentiments profonds.
« Ne me regarde pas. Ne te retourne pas. Contente-toi de m'écouter, reprend-elle calmement, chuchotant sans presque que ses lèvres ne bougent. »
Les yeux jades de Solfear s'immobilisent. Pendant qu'il se concentre sur les paroles de la femme, son rythme cardiaque s’accélère peu à peu. Il le sait. La nuit d’Eau Claire est encore fraîche, et les suites d’un tel drame ne tardent jamais.
« Nous ne pourrons pas parler longtemps. L'endroit est trop surveillé. »
Solfear, comme la femme le lui a demandé, n'esquisse pas le moindre geste. Peu à peu il sent des yeux étrangers se poser sur lui, tandis que son émotion se calque sur les paroles de la jeune inconnue. Epié, surveillé, il le sait, il le sent. Le pire est à venir.
« J'ai des contacts dans ton unité. Je sais des choses... affirme-t-elle avant de s'arrêter un instant, suspicieuse, considérant l’intérêt de deux curieux qui lancent quelques coups d'œil discrets.
— Je suis venue pour savoir si tu es prêt, continue-t-elle finalement.
— Prêt ? Prêt pour quoi ? demande Solfear, qui prend enfin la parole dans cette conversation étrange, cette discussion entre deux individus qui ne se regardent pas, qui restent figés tels des statues aux habits mouvants.
— Prêt à découvrir la vérité sur l'affaire d'Eau Claire.
— Vous êtes une journaliste ?
— Je t'ai parlé de vérité, non ? répond-elle immédiatement, avec une pointe d'ironie.
— Alors vous êtes qui ? Personne n'est supposé savoir que je suis mêlé à cette histoire.
— Et pourquoi ? Pourquoi ton unité te met-elle à l'écart ?
— Pour m'éviter le battage médiatique, les questions. Je n'ai pas besoin de ça et ils le savent. »
Elle fait mine de sourire un instant, puis reprend son attitude lorsque trois hommes s'approchent lentement. Solfear tourne la tête brusquement vers elle, fixant son profil à demi masqué, attendant qu'elle se retourne pour enfin la dévisager.
« Ils sont là pour nous, avoue-t-elle enfin, s'écartant d’un pas. »
Sans dire quoi que ce soit, il se contente de les accrocher du regard, d'un bref coup d'œil vers l'éventuelle menace, vers ces trois hommes que la femme semble tant craindre. Ce sont trois hommes aux silhouettes imposantes, raides comme les géantes statues de Grenade. Les trois sont vêtus d'imperméables sombres, et ils auraient pu être pris pour de simples visiteurs.
« On doit dégager, Solfear. Et vite ! s'agite-t-elle, alors que les individus disparaissent derrière le ramage d'un saule pleureur, à seulement quelques mètres, quelques mètres et quelques secondes, c'est tout ce qu'il reste. »
L'université, le Major, l'explosion, les hélicoptères, les otages, l'étudiante… Solfear doit savoir de quoi il retourne. L’affaire est étrange, et les choses se sont passées si vite. Il doit découvrir la vérité, sans quoi il n'enterrera jamais définitivement cette histoire.
« Tu n'as pas le choix. Ils savent pour toi ! affirme-t-elle en lui tournant maintenant le dos, prête à s'enfuir. »
Quelques mots qui résonnent, quelques paroles qu'il redoute d’aujourd’hui et d’hier. "Ils savent...", la duperie est finie. Ça n'avait pas de sens, seulement un goût amer. Une vérité froide, glaciale ressurgissait pour briser une confiance que le quotidien n’avait que trop faite. Le Major n'était plus là, personne n'avait pu veiller et obtenir l'ignorance de l'hôpital pendant toute cette semaine écoulée. Solfear se sent peu à peu replonger dans son passé, celui-là même qu’il a volontairement ancré dans les mers noires de l'oubli voilà plusieurs années. Il se voit déjà reprendre les habitudes du marcheur solitaire, celles de l'homme en quête d'un havre de paix. Son périple le mènerait à Eau Claire; luttant contre le vent d'est, il atteindrait la capitale des bannis, le dernier paradis des exclus. Alors, comme par le passé, d'une rencontre heureuse sa solitude s'éteindrait pour un temps.

Les traits tirés par la fatigue, l'angoisse reste tout de même lisible sur son visage. Il n'a plus grand chose à perdre, et cette femme représente sa dernière porte de sortie, peut-être même une vérité qu'on lui dissimule.
« Le passé ne vit qu'une fois. » C'est ce que Solfear se dit finalement alors qu'il agrippe, de manière aussi brutale que soudaine, l'avant-bras de la jeune femme. Animé par la force de l'espoir éphémère mais renaissant, il la tire derrière lui en rebroussant chemin vers l'une des entrées de la nécropole. Les stèles et les inscriptions défilent, et ici gisent autant de victimes dont le repos se voit troublé. Solfear sent et entend derrière lui les mouvements précipités d’ombres fugitives. La femme sans visage n’a pas menti, ils suivent.
Les imperméables claquent et se froissent contre les ondes du vent glacial qui sévit dans le cimetière. Les capuches se tendent et résistent, honorant la vieille tradition de l'endroit. Solfear n'a plus la tête à découvrir l'identité de cette femme, il ne pense qu'à filer vers la vérité qu’il recherche désormais.
L’entrée. D’autres sont là, tous aussi raides et imposants que leurs poursuivants. Ces armures humaines jettent des regards dans toutes les directions, ils guettent, épient, surveillent. La femme se raidit, Solfear se braque aussitôt, ils ne sont pas encore remarqués par ceux-là ; sans mots, de leurs mouvements conjugués les deux fugitifs s’esquivent rapidement sur la traverse de droite.
Ils filent maintenant le long du mur de l’enceinte. C’est une haute clôture de pierre nappée de plusieurs ornements et de diverses statues d’animaux disparus depuis des siècles, quelques oiseaux viennent s’y poser quand le temps le permet. Les lourds poursuivants sont toujours là et ceux de l’entrée avec eux. Ils gardent la distance, se dispersent, traquent. Qui qu’ils soient, ils cherchent forcément la capture plutôt que le meurtre, presque impossible ici sans éveiller l’attention des badauds.
À l'angle du chemin, Solfear disparaît avec sa complice derrière un imposant mausolée. C'est le temps nécessaire pour tenter d'escalader le mur et s'enfuir définitivement.
« Là ! interpelle la femme, en faisant bien attention de ne pas trop élever la voix. »
Elle désigne du doigt une façade recouverte d'un lierre solide en apparence. Les tentacules de la plante grimpent sur plusieurs mètres jusqu'à une grande statue verte, la représentation pétrifiée d’une bête depuis longtemps oubliée. Un quadrupède doté d'une trompe et de deux longues cornes, aux pattes robustes et au tronc capable d’accueillir plusieurs humains. Mais l'important réside dans sa queue malachite, car celle-ci décrit un arc et reste suspendue dans les airs, comme attendant qu'on s'en saisisse pour finir de sauter l'enceinte.
Elle le devance, saisissant déjà les lianes enchevêtrées. Elle s’empresse, arrache, s’agite, se bat pour être libre. Il accourt derrière elle, et la soutient d’une main solide dans le bas du dos. Elle s’arrête une seconde, ne se retourne pas mais sent cette main ferme, et alors elle sait. Elle sait qu’il est enfin prêt, qu’il est avec elle, qu’ils uniront leurs efforts aujourd’hui comme demain. Six mètres plus haut, la corne émeraude penche et s’offre à sa main, tirant sur ses bras la jeune femme se hisse jusqu’au sommet, arrivant enfin auprès du pied de l’idole.
De l’autre côté, une ruelle vide et sale plonge devant un immeuble aux vitres barricadées par quelques planches cramoisies. En se tournant à nouveau vers le cimetière, elle s’aperçoit que leurs poursuivants ne sont plus très loin, ils accélèrent même en l’apercevant. Son cœur ne s’apaise toujours pas en voyant la main de Solfear saisir à son tour la défense de l’animal. Il y est presque, mais derrière lui deux des hommes tournent déjà au coin du mausolée.
Alors que son ascension va se terminer, la corne cède. Elle ne se décroche pas entièrement. Solfear envoi sa main plus haut, mais elle glisse sur la surface lisse et le mouvement manque de faire effondrer le tout. Il ne peut plus grimper. Une poussée de chaleur l'envahie aussitôt, trahissant sa panique et le critique de la situation. Les premiers hommes atteignent le mur, cinq ou six mètres au-dessous de Solfear qui s'accroche encore tant bien que mal. La femme risque un coup d'œil en bas. Sa chute est courue d’avance, elle hésite un instant devant la tournure inquiétante que prennent les évènements, puis se persuade de lui venir en aide. Elle ne peut pas avoir fait tout ça pour rien.
Deux mains se tendent, d’abord celle d’un homme vers le lierre qu’il empoigne, puis celle de la femme vers le vide où tient bon Solfear. Elle se penche et étire son bras au maximum, mais il ne peut que la regarder, son aide est encore trop lointaine. Elle se couche sur la pierre froide et étend son bras jusqu’à s’en faire mal aux ligaments. La pierre grogne et s’effrite à sa base, elle va céder d’un instant à l’autre.
Solfear jette sa main à la rencontre de la femme, il la saisit alors que son mouvement fait définitivement basculer la corne dans le vide. Celle-ci vient s’éclater en contrebas sur la terre dure et sèche, manquant d’aplatir l’un des nombreux traqueurs enfin arrivé. La femme tire Solfear tant bien que mal, et lui peut enfin distinguer son visage.
Le visage de celle qui est, autant que lui, plongée dans une sombre histoire. Sa joue droite, toute brûlée jusqu’aux coins des lèvres, rend ses traits vagues, imparfaits ; quelques mèches blondes ne parviennent pas à cacher la cicatrice. Et même si sa capuche ne rendait pas sa figure tellement sombre, ses rétines d’encres seraient restées peu distinctes de ses pupilles. Cependant, la jeune femme dégage quelque chose à travers son effort, à travers son regard nuit ; une force de caractère palpable, des convictions persistantes. Malgré la souillure qui lui emplit les traits, Sarah est belle.

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Message  lamainmorte Lun 14 Déc 2009 - 20:04

Je trouve ton texte désarticulé, je n'arrive pas à te suivre. Pour ce qui est du style, c'est le tiens, mais je pense que tu devrais réécrire ton texte, que tu connais j'imagine presque par coeur, de tête afin de gagner en fluidité. En outre, l'histoire me plait.
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Message  mentor Lun 14 Déc 2009 - 20:13

je ralentirai surement un peu les postes plus tard, comme ça je terminerai peut-être totalement l'histoire à temps

ce qui serait bien c'est que tu tiennes compte de tous les commentaires dans la version finale
oui ?

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Message  Invité Lun 14 Déc 2009 - 21:57

J'ai du mal à me représenter les choses dans l'espace, alors je n'ai pas compris grand-chose à l'escalade de la bébête avec cornes/queue/défenses. Sinon, j'aime toujours.

Mes remarques :
« les architectes n’ont pas négligé (et non « négligés ») ces cryptes »
« quelques mares (et non « marres ») d’eaux vaseuses »
« une aura ancré[/b]e[/b] dans les eaux troubles »
« des luxuriantes salicacées »
« Seul le trait creusé de son nez fin paraît » (on a l’impression que le nez s’inscrit en creux dans le visage, ce qui fait bizarre)
« Les yeux jade (et non « jades », les adjectifs de couleur sont invariables lorsqu’ils font référence à des noms communs, sauf rose, fauve, écarlate, mauve, indigo, pourpre) de Solfear »
« continue-t-elle finalement.
— Prêt ? Prêt pour quoi ? demande Solfear, qui prend enfin » : les deux mots de même racine sont trop proches, je trouve
« qui restent figés telles (on accorde « tel » avec le terme qui suit, non celui qui précède ; j’ai appris ça tout récemment) des statues »
« Ça n'avait pas de sens, seulement un goût amer. Une vérité froide, glaciale ressurgissait pour briser une confiance que le quotidien n’avait que trop faite. Le Major n'était plus là, personne n'avait pu veiller et obtenir l'ignorance de l'hôpital pendant toute cette semaine écoulée. » : pourquoi ce passage au passé, subitement ?
« Il n'a plus grand-chose »
« D’autres sont là, tout aussi raides et imposants »
« le long du mur de l’enceinte (d’enceinte ?) »
« sa queue malachite » « la corne émeraude » « la défense de l’animal » « la corne cède » : faut choisir !
« Solfear envoie sa main »
« Une poussée de chaleur l'envahit aussitôt »

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Message  Squall46 Mar 15 Déc 2009 - 18:33

Bien sûr Mentor, j'ai déjà corrigé toutes les fautes retenues par Socque et j'ai l'intention de tenir compte du reste également.
Je suis de toute façon en accord avec quasiment tout les reproches fait jusqu'à présent, mon problème est que j'ai beaucoup de mal à retravailler/rapiécer efficacement un texte vieux de 5 ans, j'ai plus de facilité à avancer avec mon style actuel pour boucler l'histoire. Il faudrait presque réécrire entièrement les 30 ou 40 premières pages pour que le style soit à peu près cohérent avec la suite de l'histoire. (voir X-Y Zone ou Lilith posté sur ce forum, sans vouloir faire de pub lol. C'est pas mon genre.)

En effet Socque, la description de l'escalade est maladroite de toute façon, c'est un morceau que je dois reprendre inévitablement.

--------------------------

Sarah, la terroriste, aucun doute, c’est elle. Il faut quelques secondes à Solfear, encore pendu dans le vide, pour assimiler cette idée. Une idée lourde de conséquences morales, et qui brouille encore plus cette étrange histoire. En réfléchissant un peu, il aurait pu s’apercevoir que la voix était la sienne. Mais les paroles de la terroriste étaient restées lointaines dans son esprit troublé, les kamikazes n’ont pas l’habitude de survivre pour revenir hanter leurs victimes.
Il reste là, accroché au-dessus d’une menace inconnue, accroché à la main d’une femme qui a voulu sa mort. Et il ne peut plus rebrousser chemin ; derrière lui son destin s’est scellé dans sa chute, une semaine plus tôt.
Quelque chose lui saisit la cheville, c’est un traqueur. Le visage de Sarah devient rouge, son bras lui fait mal. Rattrapé par le temps et pressé par Sarah qui ne tiendra plus très longtemps, Solfear trouve enfin le rebord. La main de l’individu se resserre un instant, mais ne peut qu’abandonner lorsque Solfear déploie toute sa puissance afin de se hisser jusqu’au flanc de la statue.
Délivrée, Sarah se relève et se passe une main sur le coude comme pour se soulager un instant. Des passants ont observé la scène depuis le cimetière. Immobiles comme des poupées de cires, ils ont les yeux rivés vers le mur. C’est ce que constate Solfear avant de poser un œil sur Sarah ; et de ce regard perçant, elle comprend qu’il l’a reconnu. Foudroyée par une honte peu commune, son cœur se serre. Mais elle doit se dominer, elle le sait mieux que quiconque depuis ces derniers mois.
« Vas-y sau...
— Passe la première ! Je retiens celui-là, la coupe t-il d'une voix autoritaire. »
Leurs regards se détachent. Sarah n'est pas en position de discuter, et n'en a de toute façon pas l'envie, dans peu de temps les individus auront fait le tour par l'entrée.
Alors elle s'agenouille près du vide, où elle se laisse pendre et chuter maintenant. Ses talons s'écrasent dans un grand bruit, ses genoux se plient violemment et elle ne peut s'empêcher d'aller percuter les dalles froides de la ruelle.
Au même moment, Solfear écrase avec férocité la main de l'homme qui le poursuit. Mais ce dernier ne lâche pas prise, il serait presque parvenu à ses fins si Solfear n'avait pas abrégé son escalade en lui fouettant le visage d'un violent coup de pied.
Sarah se relève tant bien que mal au milieu de la ruelle presque déserte. Un petit enfant édenté et sale l'observe par les ouvertures d’un immeuble condamné par quelques planches cloutées. Le temps qu'elle le remarque, Solfear s'écrase près d'elle et, se relevant d'un bond, la saisit par le bras pour poursuivre leur fuite. Il ne tient pas à la perdre de vue, il a besoin d'explications, soif de lumière et de vérité.

Le petit enfant s’éloigne de l’ouverture qui éclaire la pièce sombre. Trois ombres filent maintenant dans la ruelle, à l’extérieur, coupant par trois fois les faisceaux lumineux permis par les espacements de planches abîmées. Une fois les silhouettes passées, l’enfant au visage bronzé se met à courir et passe dans une autre pièce. Elle est presque aussi lugubre, quelques matelas de mauvaises factures sont entassés dans un coin, un homme à la mine décomposée est assis sur le tas et essaye de croquer dans une pomme dure comme la roche. L’enfant continue en empruntant un escalier instable qui s’élève dans le plafond, vers l’origine des seules lueurs de la salle.

Ils gravissent par deux les marches de l’interminable escalier de la ruelle, avant de tourner au coin et de s’engager le long du bâtiment vers une petite porte en métal presque invisible. Sarah l’ouvre brutalement, et tire Solfear dans l’intense pénombre d’un intérieur. La porte claque derrière eux, et le bruit déclenche bientôt les aboiements d’un faux chien, un peu plus loin sur un balcon.
Les deux s’arrêtent un instant, ils se tiennent dans l’obscurité derrière le seuil, s’efforçant de ne pas faire le moindre bruit. Solfear peut sentir l’odeur âpre de la nourriture moisie, l’endroit est presque irrespirable.

L’enfant pénètre dans un ensemble de salles sans portes. Quelques fenêtres brisées laissent filtrer l’air frais du dehors, cet air qui exorcise l’impression de renfermer si présente au sous-sol. De petits automates déambulent à travers les couloirs presque vides. Certains représentent des militaires qui jouent infiniment avec leurs armes miniatures, d’autres sont des clowns sans nez ou des jokers aux sourires mauves et tristes qui agitent leurs bras fatalement.

Alors que l’imitation canine a cessé de japper, des pas éclaboussent la rue d’un raffut doublement gênant. Une simple porte de métal sépare maintenant Sarah et Solfear de leurs poursuivants, ceux-là ne s’arrêtent pas mais préfèrent se séparer pour poursuivre leurs recherches. Tôt ou tard, ils viendront par ici.

« Dace ! s'écrie l'enfant, le visage plongé dans la pénombre d'un autre escalier en colimaçon. »
L'appel se répercute en écho jusqu'à l'étage un peu plus confortable où se trouve un homme à lunettes occupé par un travail de confection. Il retouche l’un des pantins mécaniques, sans doute défectueux.
« Ils sont là... poursuit-il, avant que des bottes ne foulent le sol derrière lui. »
Il incline la tête par-dessus son épaule et distingue les deux personnes côte à côte. Essoufflés, les bras ballants, la faible clarté expulsée par une lucarne dans leurs dos vient tracer le contour de leurs imperméables. Une voix psalmodique abrège le silence alors que le dénommé Dace fait irruption sur les marches, l’air inquiet.
« B.i.e.n.v.e.n.u.e...B.i.e.n.v.e.n.u.e, bourdonne machinalement un automate en hochant la tête.
Le concepteur, irrité, l'attrape et tourne sans attendre la fine manivelle de bronze logée dans son dos afin qu'il se taise.
« On est passé…Mais ils ne sont sûrement pas loin, s'exclame Sarah, en s'appuyant sur le bas du ventre comme s'il la faisait souffrir.
— Pas de problème, ils ne vous trouveront pas ici, réplique le faiseur en reposant la poupée mécanique.
— Sarah, ça ne va pas ? questionne timidement l'enfant en la voyant se tenir l'estomac.
— Ce n'est rien...t'inquiète pas, lui répond-elle en s'approchant, et tandis qu’elle retire sa capuche. Je suis mal tombée, c'est tout. O...Okay ? termine la jeune femme en lui posant une main sur l’épaule. »
Il n’a pas le temps de répondre que Sarah s’écroule déjà sur le sol, comme foudroyée par un mal intérieur. Dace, malgré son âge avancé, est le premier à se jeter auprès d’elle. Il passe ses bras sous la jeune femme inconsciente et la remonte doucement contre lui. Solfear s’apprête à l’aider mais l’homme l’en dissuade.
« Ce n'est rien, explique t-il. Elle est fatiguée en ce moment. Je vais aller la coucher à l'étage, bouge pas. »
Il joint les mouvements à la parole et glisse son autre bras sous les jambes de la jeune femme avant de la soulever et de grimper doucement les marches.
Solfear ne bouge pas, obéissant, il se contente d’observer l'enfant aux traits minés par une tristesse profonde. Pourquoi l'aurait-il aidé après tout ? Une terroriste, c'est tout ce qu'elle est. Elle a essayé de le tuer pour lui sauver la vie ensuite, une bien étrange démarche. Après tout, lui a-t-elle réellement sauvé la vie ? Et qui sont ces hommes qui les traquent depuis le cimetière ? Solfear se rend compte qu'il n'a pas vraiment réfléchi. Guidé par l'espoir d'une autre vérité, d'une alternative à sa tragique réalité, il a bu les paroles de Sarah presque sans hésiter.
Cet enfant a l’air attaché, pourtant ce n’est pas le sien, il ne lui ressemble pas. Avoir la peau mate est très rare à Vacily, il vient sans doute de l’extérieur. Se doute t-il seulement de ce qu’elle a pu faire ? À t-il imaginé un instant que cette femme est une meurtrière ? Qu’elle a participé à l’exécution de dizaines de personnes, piégé un bâtiment et tué un haut membre de l’U-SR. Certainement pas, sinon comment pourrait-il la porter dans son cœur ? Les gens ont toujours leurs raisons, mais de tels crimes s’effectuent sans la raison.

Sa peau, moins blanche par plusieurs longues traînées de rougeurs, laisse présager la température et la chaleur qui se déploient en elle. Ses paupières sont durement fermées, comme écrasées par une force invisible tandis que de la salive abonde et glisse entre ses lèvres à demi closes. Son front aux lignes froissées donne l’impression d’une constante agitation, de la sueur s’en écoule pour perler jusqu’au drap peu à peu trempé. D’un vieux mouchoir, Dace tente d’éponger, de l’aider dans sa douleur. Quelques compresses d’eau froide n’y font rien. Il le sait, rien n’y fait. Seul le temps saura calmer ses maux, finir par lui ouvrir les yeux et lui offrir la maudite attente d’une nouvelle crise.
Solfear est un peu plus loin, assis près d’une fenêtre qui, maintenant le dôme ouvert, lui présente le ciel dévoré par les vapeurs chimiques. Sa capuche est rabaissée et ses cheveux foncés plongent devant son regard défait. Il est fatigué par cette histoire, épuisé de toujours entrevoir un espoir lointain, trop lointain.
En fin de compte, même après les évènements de l’Université, il espère qu’elle s’en sorte. Malgré tout ce qu’elle a fait, une petite flamme lui brûle la poitrine, il s’intéresse à son histoire et ne veut pas qu’une quelconque vérité s’échappe.
Plusieurs minutes sont passées, l’enfant n’est plus là. Parti en larmes masquer les issus de l’étage à la demande de Dace, il n’est pas encore revenu. Un pan de mur qui glisse pour maquiller une entrée, des colombages prêts à être démolis pour figurer un immeuble abandonné, des dalles de carrelage déplaçables ; tout une architecture habilement pensée par Dace pour camoufler son réseau de clandestins.
« Elle s'est calmée... intervient silencieusement l'homme âgé en s'asseyant sur une chaise près de Solfear. Elle devrait refaire surface dans une heure ou deux.
— Qu'est-ce qu'elle a ? interroge Solfear d'un air absent, comme s'il ne voulait pas trop afficher son intérêt de la voir vivre.
— Sarah... »
Dace s'arrête un instant, croyant percevoir le retour du jeune à la peau mate. S’étant fourvoyé, il reprend.
« Elle est infectée. Gravement malade.

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Message  Invité Mar 15 Déc 2009 - 19:02

D'accord, je suis, ça me plaît toujours.

Mes remarques :
« ils ont les yeux rivés vers (on écrit sur, d’ordinaire) le mur »
« la coupe-t-il »
« l’impression de renfermé »
« Pourquoi l'aurait-il aidé (aidée ? s’il s’agit de Sarah) »
« A-t-il imaginé un instant »
« Sa peau, moins blanche par plusieurs longues traînées de rougeurs » : je trouve l’expression maladroite
« masquer les issues de l’étage »
« toute une architecture »
« Elle s'est calmée... intervient silencieusement l'homme âgé » : mais il parle !

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The Purple Aurora Empty Re: The Purple Aurora

Message  Squall46 Ven 18 Déc 2009 - 19:25

La suite, avant-dernier morceau du chapitre 2.

------------------------

— Infectée... répète Solfear, comme pour mieux assimiler ce qu'il vient d'apprendre.
— Précisément, et depuis plusieurs années déjà. Mais je ne devr... se reprend Dace avant d'être vivement interrompu.
— Depuis combien de temps ?
— Tu devrais le lui demander quand elle se réveillera. Qui suis-je pour te raconter sa vie ?
— Hum... concède Solfear avant de recommencer. Et ces hommes à notre poursuite, qui sont-ils ? »
Dace se lève et va s'accouder à la fenêtre. Il se passe une main sur le visage et répond, tout en contemplant le mouvement des badauds en contrebas.
« Je ne sais pas exactement, peut-être l'U-SR.
— L'U-SR ne s’occupe pas des expulsions en général, proteste Solfear, sans réelles convictions.
— Même quand il s'agit de l'un de leurs membres ? lance le vieil homme sans broncher. »
Lui aussi est au courant. C'est une sensation étrange. D'un soldat de l'unité d'intervention de Vacily, Solfear se sent redevenir un paria. Une sensation terriblement étrange, comme une chute, comme la chute de l'université.
Voyant qu'un silence pesant s'installe, Dace reprend la parole.
« Quel foutu temps ! C'est pas ici qu'on reverra le soleil... »
Il marque un temps d'arrêt, comme si son regard perdu sur le dehors le faisait réfléchir, avant de poursuivre longuement ce qui peut s’apparenter à une introspection.
«Tu vois, moi aussi j'ai travaillé pour cette ville avant d'aider les gens à y entrer. Ça fait déjà quelques années. Ça parait loin maintenant, mais j'ai participé à la construction du grand dôme. Y a bien neuf ou dix ans...
— Onze, marmonne Solfear.
— Hum ?
— Le dôme a été terminé il y a onze ans. Quelques mois après les incidents de Zehnedy, énonce t-il clairement, lentement, cynique et comme s'il avait l’unique rancune du monde cachée dans la gorge.
— T'as l'air d'en connaître un rayon là-dessus. Je me trompe ? questionne le vieux Dace, étonné qu'un jeune homme comme Solfear en sache tant à ce sujet. Il ne devait être qu'un jeune adolescent à l'époque.
— J'ai une bonne mémoire. C'est tout.
— Je vois. Donc je disais... recommence t-il avant d'être coupé à nouveau.
— Pourquoi me raconter tout ça ?
— Pour que tu saches qu'on est de ton côté.
— Quel côté ? J'aimerais comprendre ce qui se passe ! s’exclame Solfear qui commence à en avoir assez d’être constamment dans l’ombre.
— Nous aussi… Sarah est venue te trouver pour que vous puissiez y voir un peu plus clair sur ce qui s’est passé il y a une semaine.
— Qu'est ce qui n'est pas clair ?! Des gens ont été pris en otage et tués, par cette Sarah, ton amie ! Ce n'est pas assez clair ? s'emporte Solfear.
— Je sais. En effet, des gens sont morts...et il y avait bien un groupe terroriste dont Sarah faisait partie. Mais d'après ce que j'ai compris, tu as passé un long moment inconscient, n'est-ce pas ?
— C'est vrai. Je ne me souviens plus très bien, mais je ne vois pas vraiment le rapport. Le résultat est le... »
Solfear s’interrompt lorsqu'il voit arriver le garçon à la peau brune. Ayant accomplie sa tache, il revient voir comment Sarah se porte.
« J'ai fini... dit-il avec une petite voix triste. Est-ce qu'elle va mieux ?
— Ne t’inquiète pas, lui répond Dace dans la seconde. Ce n'est pas grand chose, elle est juste fatiguée, ce n'est pas la première fois, elle va s'en remettre. Tu la verras tout à l'heure... termine t-il en souriant et en s'approchant de l'enfant pour lui tapoter sur l'épaule. »
Solfear, sur le moment, se sent presque peiné pour le petit pauvre. Il a l'air si jeune et si seul, d'une certaine manière comme lui auparavant. L'accompagnant du regard pendant qu'il quitte la pièce, Solfear préfère se dire qu'il n'a pas la moindre raison de compatir. Il est seul comme lui, comme un étranger à ce monde. Seul dans la vie et sera seul dans la mort, une mort bassement oubliée comme celles de ces légions d’inconnus dont l’identité reste une énigme. Ce ne sont que les apparences qui mentent, trompent, et laisse croire que celui-ci doit être plus émouvant qu'un autre, qu’il est différent. Parce qu'au fond, Solfear le sait et l’a toujours su, la solitude est notre lot à tous.
Ces idées rabaissent encore plus le moral de l’ex-membre de l’U-SR, fatigué par cette histoire, par les embûches qui entravent sa recherche d’une éventuelle réalité cachée. L’espace d’un instant, il se surprend à rêver de ce regard glacial qui le hante. Comme une image subliminale qui ressurgit d’un rêve abandonné, l’étudiante lui apparaît, et il se rappelle alors les contours de ce visage, ce visage divin touché par les grâces d’Aphrodite. Elle lui survient à la manière d’un dieu qui naîtrait finalement dans l’âme d’un hérétique, lors de son plus long soupir de désespoir. Plus que la vérité, n’est-ce pas cette jeune femme que Solfear recherche ?
« Ecoute moi, Sarah tient à la vie. Elle n'est pas plus une suicidaire qu'une kamikaze, insiste Dace de sa voix grenue. »
De toute évidence, lui aussi tient à la souffrante. Il serait presque l'avocat du diable si sa sagesse et son bon sens ne l'en empêchaient pas.
« Alors...vous essayez de me faire croire qu'elle n'a rien à voir dans cette explosion ? Ou peut-être même qu'elle n'a aucune responsabilité dans cette histoire ?
— Non, bien sûr que non. Sa…participation dans cette prise d'otage reste impardonnable, elle le sait très bien. Quelque chose d'abominable...c'est évident. Mais l'explosion, c'est autre chose…
— Autre chose ?
— Tu as vu son visage ? questionne gravement le vieil inventeur. »
Solfear, en plein mystère, n'avait pas vraiment eu le temps de s'interroger sur les raisons de cette cicatrice, de cette brûlure. Mais maintenant que la question se pose, il ne peut qu'être intrigué.
« Tu m'as compris. Ni Sarah, ni ses complices n’ont voulu faire sauter le bâtiment.
— Si ce ne sont pas eux, alors qui ? s’impatiente Solfear en se levant et allant déverser par la fenêtre toute la haine retenue par ses yeux pers.
— Peut-être l'U-SR elle-même, d'après ce que j'ai pu apprendre.
— Je n'ai jamais rien entendu d'aussi stupide... ironise Solfear, déçu par son attente. Nous étions en pleine mission de sauvetage. Vous croyez vraiment qu'ils nous auraient envoyé dans un bâtiment piégé ?
— Je sais que c'est difficile à avaler, que ça parait gros. Mais j'ai des contacts dans l'unité, et j'ai entendu des rumeurs.
— Des contacts, des rumeurs...Je ferais mieux d'arrêter cette fem… »
Solfear ne peut pas terminer sa phrase. Comme une claque en plein visage, il revoit l'ascenseur de l'appartement refuser de s'ouvrir, la poursuite dans le cimetière et entend encore les mots de la terroriste: « Tu n’as pas le choix. Ils savent pour toi ! »
En effet, il n’a pas le choix. Epuisé, il ne peut que se laisser porter par son sombre destin tout tracé, vers ce futur en forme de cicatrice. L’histoire semble se répéter.
Solfear détourne la tête vers le matelas humide où repose Sarah et change de ton.
« Quand j’ai repris connaissance, j’ai vu des hélicoptères survoler la forêt… avoue t-il enfin, plus calme qu’auparavant, comme libéré d’un poids, comme s’il n’avait plus à choisir sa voie.
— Intéressant. Des hélicoptères, tu dis. Ils avaient un sigle ? s'intéresse Dace.
— Il faisait nuit, mais je ne crois pas. Ils n'étaient pas de l'U-SR en tout cas, aucune comparaison. Je n’en avais jamais vu de tel.
— Etrange... répond l'inventeur en se prenant la tête entre les mains. »

Un gémissement rebondit sur les lèvres humides de Sarah. Sa main, cramponnée à un barreau du lit, se tord. Elle se tourne et se retourne, glisse contre le drap moite. Et, en un seul sursaut, Sarah se réveille, brutalement secouée par des toussotements d'agonisante. Dace est déjà près d'elle, balayant les cheveux collés sur son visage à la mine fanée. Entre deux toux, un lacet de sang s'expulse de sa gorge quand ce n’est pas un sifflement strident. Elle regarde Solfear dont l'image s'imprime par-dessus ses larmes. Ses yeux mouillés expriment de la souffrance, traduisent tout son malheur. De ces traits couverts de sueurs ressort une âme pécheresse, triste et malade, en quête de rédemption. Pendant que ses troubles se poursuivent, elle ne décroche pas Solfear de son regard désolé et désolant. Lui, ne peut s'empêcher d'observer ce visage d’églantine corrompue, cette femme qui inspire maintenant la faiblesse. Terrassée par la maladie, elle parait presque inoffensive.
D'un seul coup, Sarah entame une série de gestes à l'attention de l’ex-Soldat. De son doigt elle pointe le seuil de l'escalier, et insiste à plusieurs reprises. L'enfant. C'est en entendant son pas léger sur les marches que Solfear comprend. Il se lève et va immédiatement à sa rencontre. Le petit n’est pas en âge de la voir dans cet état. Personne ne devrait la voir dans cet état…


« I’m your man »

If you want a boxer
I will step into the ring for you
And if you want a doctor
I’ll examine every inch of you
If you want a driver
Climb inside
Or if you want to take me for a ride
You know you can
I’m your man

And if you’ve got to sleep
A moment on the road
I will steer for you
And if you want to work the street alone
I’ll disappear for you
Or only want to walk with me a while
Across the sand
I’m your man

If you want a lover
I’ll do anything you ask me to
And if you want another kind of love
I’ll wear a mask for you…



Parmi d’autres chansons, ces quelques paroles s’échappent de la radio posée dans l’ombre. Deux heures sont passées, Solfear se trouve sur le toit du bâtiment en compagnie de Sarah et du vieil appareil.

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The Purple Aurora Empty Re: The Purple Aurora

Message  Invité Ven 18 Déc 2009 - 20:00

Un peu long à mon goût, cette fois. Les considérations on-vit-seul-on-meurt-seul m'ont paru franchement bateau.

« ce visage d’églantine corrompue » : j’aime beaucoup !

Mes remarques :
« sans réelle (et non « réelles ») conviction (et non « convictions ») »
« Ayant accompli (et non « accomplie ») sa tâche (et non « tache » ; une tache est une souillure, une tâche un boulot à faire) »
« termine-t-il en souriant »
« Seul dans la vie et (il ?) sera seul dans la mort »
« que ça paraît gros »
« De ses traits couverts de sueur (et non « sueurs ») »
« cette femme qui inspire maintenant la faiblesse » : dans cette acception, on écrit généralement « qui respire »
« elle paraît presque inoffensive »

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The Purple Aurora Empty Re: The Purple Aurora

Message  Squall46 Sam 19 Déc 2009 - 19:40

Très bien. Voici la fin du chapitre 2.

------------
Les mystérieux traqueurs ne se sont plus montrés. Solfear, planté face au vide, se laisse mordre par la chanson. Il a toujours su apprécier la musique à sa juste valeur comme l’une des seules créations à savoir jouer avec l’âme. Sarah, recroquevillée sur elle-même et dos au vide, préfère fermer les yeux avant d’aller finalement éteindre le chantre mécanique.
« J’ai horreur de cette chanson... déclare-t-elle en retournant s'asseoir, cette fois derrière lui. »
Elle attend que l'ex-soldat réponde quelque chose, un rien qui brise le silence glacial qui s'est légitimement installé entre eux. Mais il n'en est rien, Solfear ne semble pas l'avoir écouté. Peut-être n'en a t-il tout simplement pas l'envie ou la force. Entendre cette criminelle, il est pourtant là pour ça.
« Ecoute, je suis venu te trouver en croyant que tu accepterais de m'aider. Mais, si les choses restent comme ça...Je crois qu’il vaut mieux que je continue toute seule, lance-t-elle froidement, repliant ses bras devant son visage déjà plongé au creux de ses genoux.
— Donne-moi une raison de t’aider, dit-il en expirant longuement vers le vide.
— Je vais pas passer mon temps à essayer de te convaincre. J'ai peut-être, moi aussi, perdu plus que tu ne le crois dans cette histoire... répond Sarah qui, comme au cimetière, tente de contenir maladroitement quelques émotions.
— C'est ton histoire, tu l'as échafaudée avec tes complices et j'y ai été entraînée par la force des choses, comme cette dizaine d'étudiants exécutés froidement. Tout ce qui s'est perdu cette nuit-là est ta faute, lance Solfear, implacable et sans regrets.
— Je te voyais différemment, juge-t-elle, amer et relevant la tête pour fixer la nuque de cet interlocuteur qui lui tourne continuellement le dos. Finalement, tu n'es rien de plus qu'un stéréotype de soldat raté. Que sais-tu de cette histoire ? Que sais-tu de mon histoire ?
— Je sais que tu es une meurtrière au sang froid et malade, se permet Solfear, qui continu de déverser son renouveau de haine.
— J'en ai assez entendu... certifie la jeune femme, froissée par la vérité, avant d'ajouter en se levant. On n'a pas vraiment le temps de se disputer, que tu veuilles m'accompagner ou non !"
— Parle-moi de ce qui s'est passé après que ton complice m'aies tiré dessus... questionne finalement Solfear, d’une voix détachée.
— Enfin... chuchote Sarah pour elle-même, avant de répondre. Celui qui t'as blessé s'appelait Sullivan, David Sullivan. Il était malade lui aussi, dans tout les sens du terme hélas...
— Infecté ? Lui aussi ? s'interloque Solfear tandis qu'il se retourne enfin.
— Oui, nous l'étions tous. David, Moi, Mi...Mickey, et les autres, enchaîne-t-elle difficilement avant de retourner s'asseoir et de poursuivre. C'est une longue histoire, et elle ne répondrait pas à ta question. Bref, des hommes sont arrivés, des professionnels, une espèce d’unité d’élite.
— Les hélicoptères... marmonne imperceptiblement Solfear.
— Les hélicoptères ouais. Et ces gars-là sont comme tombés du ciel sans pour autant chercher à sauver les otages. Je mettrai ma main à coupée qu’on leur doit l’explosion.
— Comment tu t’en es sorti ?
— J'ai eu de la chance. Beaucoup de chance... assure-t-elle, le regard fuyant. Une balle dans la poitrine… Ils ont pris la fille et m’ont laissé là, comme une chienne. J’ai fait la morte. Je n'y voyais plus grand chose et j'avais du mal à respirer, mais en me relevant j'ai fini par déboucher dans un couloir étrange.
— Etrange ?
— Ouais, il descendait, encore et encore. J'ai cru qu'il ne s'arrêterait jamais, surtout quand les flammes étaient derrière moi...Plus tard, je me suis réveillée dans un sous-sol. Mon visage me brûlait... »
Elle marque un temps pour énoncer ce nouveau fardeau, puis reprend son récit narré d'une voix abattue.
« Je n'ai rien pu distinguer de précis, juste des bougies. En tâtonnant longtemps et sans trop savoir comment, j'ai fini par retrouver la surface. J'ai couru un moment dans la nuit, en vain. Je ne savais pas vraiment où j'étais, alors je me suis calmée et j'ai réussi à me reposer un peu. J'ai dû dormir quelques heures en pleine forêt, je sentais l'odeur du bois humide. À mon réveil, je ne pouvais plus ouvrir les yeux...mais heureusement, quelqu'un m'a trouvé et m'a ramené à Eau Claire, termine Sarah, en se frottant le visage.
— Hum...Et donc, cette mystérieuse unité serait uniquement venue piéger le bâtiment, selon toi ?
— Non...Ils ont attrapé une étudiante aussi, je l'avais prise avec moi mais...
— Quelle étudiante ? s’intéresse Solfear, prit d’un haut le cœur.
— Celle que Sullivan allait abattre, affirme Sarah, l'air dégoûtée.
— Vraiment ? Un enlèvement...par d'autres personnes... »
Toujours en vie, inaltérable idée qui se saisit de son crâne. Vivante, immuable espoir qui renaît des cendres de l'université. Solfear veut y croire, comme il veut croire à cette histoire. La jeune fille s'en est sortie pour mieux ronger son esprit à chaque instant. Qui est-elle ? Impossible de ne pas se poser la question. Insupportable de ne pas chercher la réponse.
« Cette ville doit être malade, Sullivan avait sans doute raison là-dessus, reprend la jeune femme blonde, songeuse.
— Ton ami d'en bas pense que c'est l'U-SR qui est intervenue. Pourquoi ?
— Dace n'aime pas beaucoup ton unité, surtout depuis qu'il est devenu passeur. Logique, il doit faire sans les autorités maintenant. Enfin, il t’a peut-être dit qu'il avait travaillé pour la ville, à cette époque là il était architecte pour les hautes instances, celles dont l'U-SR dépend. Comme il aime le dire, il a travaillé à enfermer la ville en aidant au grand dôme, maintenant il travaille pour sa liberté, raconte Sarah, en souriant presque sur la fin.
— Alors je m'étais pas trompé, le gamin vient de l'extérieur.
— Oui, il vient de loin, un village abandonné. Il a eu de la chance que Dace le trouve comme ça... pense-t-elle à voix haute, avant de continuer. Pour en revenir à ta question, Dace a gardé des contacts dans l'U-SR, une unité particulièrement corrompue d’ailleurs, ajoute-t-elle vicieusement, comme pour répliquer aux insinuations que Solfear tenait aux prémices de leur entretien.
— J'en doute pas. Je n’ai jamais eu beaucoup d’affinités avec les autres soldats de l'unité, indique t-il finalement, sans plus de réaction.
— De sales gars pour la plupart. J'en connais quelques uns, ils étaient dans l'armée de Vacily, avant... s'égare Sarah avant d'en revenir au sujet initial. Des rumeurs courent sur ce qui s'est passé à l'Université.
— Et qu'est ce qu'on dit ?
— Que la mission se serait déroulée dans des conditions inhabituelles. N'envoyer que deux soldats pour une opération de ce type était suicidaire, tu dois le savoir mieux que moi.
— En effet... grogne Solfear entre ses lèvres serrées. Les normes pour les actions à l'extérieur de la ville n'ont pas étaient respectées. Mais il fallait agir, on n’avait pas le temps…
— Oui, mais c'est pourquoi certains ont des doutes. Selon eux, les hautes instances de l'U-SR auraient eu un intérêt à ce que la mission échoue.
— Quel genre d'intérêt ?
— Je ne sais pas vraiment. Peut-être que... J'ai entendu dire que l'échec était calculé pour se débarrasser de toi... poursuit-elle en fin de compte, le cœur irrité par un grain échappé du sablier de la peine.
— Pour moi ? envisage Solfear à voix haute, avant de se raisonner d'une réflexion expéditive. Impossible... Ils ne pouvaient pas connaître mon état avant la mission !
— Ecoute, moi j'en sais rien. Je te dis juste ce qu'on a bien voulu me laisser entendre.
— Et l'explosion ? Les autres victimes ? Le Major ? C'est trop gros, tout est trop gros.
— Ce n'est qu'un échec pour eux, le premier. Leur réputation ne doit pas se dégrader, ils tiennent plus à leur image qu'aux vies des habitants de l’extérieur ! insiste Sarah, pleine de convictions. Regarde aujourd'hui, personne n'en parle plus et c'était il y a seulement une semaine. Par contre, si la pré...ta présence parmi l'unité éclatait au grand jour, alors...
— C'est bon... abrège Solfear, en s'asseyant dans un soupir. »
Il se prend la tête entre les mains pendant que ses idées s'accumulent dans un bouillon cérébral de culpabilité. Si les rumeurs sont vraies, alors c'est lui qui a posé cette bombe. Sa seule existence a suffit pour déchirer les chairs de ces étudiants, de ces innocents. Finalement, n'a t-il réellement jamais tué personne ? Enfonçant peu à peu ses ongles entre les longs noirs du bord de son crâne, il ressent la mort qui lui colle à la peau depuis trop longtemps. Mais encore une fois, le délice survient, le visage de l'espoir enflamme à nouveau ses yeux demis clos. Il peut y croire, il doit y croire, elle est en vie.
« Ça ne colle pas avec un enlèvement, décide Solfear.
— Je sais...c'est vrai. C'est aussi pour ça que je tiens à savoir le reste de cette histoire, explique Sarah qui attrape la poignée de la radio.
— Hum. On a perdu suffisamment de temps ici, juge l'ex-soldat en se levant, l'air décidé. Tu compte retourner à Eau Claire, je suppose ?
— Oui, répond la jeune écorchée, en se dressant à son tour.
— D’accord, je suis avec toi…
— Je te préviens, la route est longue et pas toujours très accueillante, préfère avertir Sarah par acquis de conscience.
— Je sais à quoi m’en tenir. T’inquiète pas pour ça, termine t-il, le regard amer, avant de réintégrer l’intérieur du bâtiment dans les pas de Sarah. »

La porte fait hurler ses gonds derrière les deux. Dace est dans l'angle de la grande pièce, il écoute une petite télévision qui diffuse les informations de la matinée.
« Sarah, regarde ça ! aboie le vieil homme, figé devant le poste. »
La jeune femme, d'abord ennuyée, prend l'instant suivant de l'intérêt à cette écoute. Solfear s'approche.
« ...tivement, tôt ce matin, les autorités de Vacily ont, dans un premier temps, décidées de rabattre les portes du dôme; avant qu'elles ne soient, une vingtaine de minutes plus tard, complètement refermées derrière le passage d'un convoi militaire non identifié.
Alors ici, bien sûr c'est la consternation. Nous n'avons pas plus d'informations et les habitants ne savent tout simplement pas quoi penser. Certains avaient des contacts avec la périphérie de la ville, d'autres des voyages organisés dans les alentours de la cité. Mais en fin de compte, il semblerait que personne ne puisse quitter la cité à l'heure actuelle.
La raison évoquée par les autorités est la chute d'un cargo vacilien dans les collines. Ce cargo spatial appartiendrait, selon certaines rumeurs, au département des recherches bactériologiques, mais avec le peu d'informations communiquées, et notre incapacité à nous rendre sur les lieux, ces informations sont largement hypothétiques.
Alors, est-ce que les vaciliens doivent s'inquiéter ? Sommes-nous revenus onze ans en arrière avec une crise virale comparable à celle de Zehnedy ? Il est encore trop tôt pour être affirmatif, les informations vont vite et il faut rester prudent...
De plus, nous vous rappelons l'information d'hier sur laquelle nous n'avons toujours pas de renseignements supplémentaires: tous les contacts avec les cités extérieures ont étaient étrangement coupés, Eau Claire étant la dernière cité dont nous ayons perdu le contact, tôt ce matin. Les derniers messages enregistrés en provenance de l'est avaient selon le département des communications, je cite: 'Une cohérence douteuse'.
— Tu entends ça ? interroge Dace sans préciser à qui il s'adresse. On a détraqué le ciel dans le temps, on a été victime d'un désastre et voilà que les gars de la recherche remettent ça...
— Ce qui m'inquiète, c'est la fermeture de la ville. Maintenant on ne pourra pas sortir facilement, réagit Sarah, en maudissant la chance.
— On dirait que le sort n'est pas avec nous, estime Solfear à voix haute.
— Non, vous faire sortir de cette ville n'est pas un problème. Ne vous inquiétez pas pour ça. Par contre, aucune chance que je vous accompagne...
— Oui, il vaut mieux que tu restes ici Dace. Tu es sûr de pouvoir nous faire quitter la cité ? questionne la jeune femme en regardant le passeur droit dans les yeux.
— Prends tes affaires et commence à dire au revoir au petit. Il vaut mieux faire vite, c'est tout de même plus prudent. Qui sait si dans une heure ils vont pas nous annoncer le déluge ? ironise le vieil homme en forçant un sourire.
— Tu as raison, termine Sarah avant de s'exécuter. »
Solfear reste face à la télévision, à ce conteur électronique qui annonce au monde ses malédictions. Mais déjà, il pense au voyage vers Eau Claire, à ce long périple synonyme de nombreux dangers. Pourquoi le contact avec la cité est-il rompu ? Que se passe t-il de si grave ? Pour autant qu'il se souvienne, Eau Claire était une cité plutôt tranquille, peut-être seulement trop sous le joug de quelques castes religieuses. Mais ce n'est pas la peine de s'interroger indéfiniment, il le saura bien assez tôt
« Solfear... interpelle Dace.
— Hum ?
— Quoi qu'il arrive...quoi qu'il y est à l'Est, à Eau Claire et je ne sais où...prends soin de Sarah s'il te plait, demande finalement le vieil homme, avec une inquiétude presque effrayante.
— Hum, ouais. C'est dans mon intérêt de toute façon, acquiesce l’ancien soldat.
— C'est exact... Allez, je descends, je vais chercher le véhicule, clôt-il de manière expéditive en disparaissant derrière l'embouchure de ce qui aurait dû être une porte.

Dehors, ce sont des pantins qui valsent ensemble sous un ciel de métal, les uns contre les autres, certains crient, d'autres pleurent, la plupart saignent seulement. Devant les entrées bouchées, ils s'agglutinent, se serrent et s'étouffent. Les vaciliens défilent comme les bêtes de l'ancien temps, la violence en plus, en quête d'un savoir qui ne leur appartient pas.
Elle souffle un au revoir qui sera peut-être le dernier, lui se maudit à nouveau, lui et sa survivance, que déjà, une ancienne Pontiac peinte au fusain trace son chemin au-delà de Vacily, sur les routes ensablées des horizons méconnus.

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Message  Invité Sam 19 Déc 2009 - 20:11

Cette partie m'a paru assez confuse, plombée par le dialogue entre Solfear et Sarah qui, selon moi, patine.

Mes remarques (attention aux formes verbales) :
« Solfear ne semble pas l'avoir écoutée »
« j'y ai été entraîné (et non « entraînée », c’est Solfear qui a été entraîné) par la force des choses »
« juge-t-elle, amère et relevant la tête »
« qui continue de déverser »
« que tu veuilles m'accompagner ou non !" » : le dernier caractère parasite
« après que ton complice m'a (et non « m’aies », « après que » est suivi de l’indicatif et la personne du verbe n’est pas la bonne) tiré dessus »
« Celui qui t'a (et non « t’as ») blessé »
« dans tous les sens du terme »
« s'interloque Solfear » : je pense que le verbe n’est pas correct
« Je mettrais ma main à couper »
« Ils ont pris la fille et m’ont laissée là »
« quelqu'un m'a trouvée et m'a ramenée »
« pris d’un haut-le-cœur »
« J'en connais quelques-uns »
« Les normes pour les actions à l'extérieur de la ville n'ont pas été respectées »
« insiste Sarah, pleine de conviction (et non « convictions », dans cette expression) »
« Sa seule existence a suffi (et non « suffit ») »
« Enfonçant peu à peu ses ongles entre les longs noirs (les longs quoi noirs ?) du bord de son crâne »
« ses yeux mo-clos »
« répond la jeune écorchée » : hein ?
« les autorités de Vacily ont, dans un premier temps, décidé (et non « décidées ») »
« tous les contacts avec les cités extérieures ont été étrangement coupés »
« quoi qu'il y ait à l'Est »
« prends soin de Sarah s'il te plaît »

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Message  Squall46 Ven 25 Déc 2009 - 16:05

Très bien, je note pour le dialogue.

Voici le début du Chapitre 3.

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Chapitre III
La traversée

La cité s’éteint peu à peu derrière eux, comme la flamme qui cède derrière le lointain. Le ciel épais contient ses larmes de mort alors que les bourrasques chassent quelques broussailles dans la lande stérile. Le bitume éclaté fait trembler l’antique à roues noires, emmenée par Sarah vers la terre sauvegardée d’Ondine.
Les collines sont silencieuses, aucune trace d’un quelconque convoi militaire, aucune trace d’un éventuel crash. La zone est plutôt sous l’emprise d’un règne maléfique, un règne qui survit dans les plantes et les rochers de ce désert de vie, de cette plaine malade.
Ils longent un instant cette crique où le vent siffle contre les bancs de roches, ils tracent un moment près des forêts fatiguées et des paysages effondrés. La brume les croisent, ils embrassent le chaud et le froid, pénètrent les montagnes escarpées du lointain. Solfear a perdu cela depuis des années. Pendant les évènements de l’université, il n’a eu le temps d’en admirer qu’un seul aperçu avant d’être projeté dans le coma. Peut-être que le monde n’est plus comme avant, peut-être que cette terre n’est pas un paradis ; mais Solfear n’a plus rien connu de semblable depuis trop longtemps. Il n’avait fait que survoler, qu’effleurer dans son oiseau d’acier des années durant, sillonnant le grand gris sans n’avoir le temps de poser les yeux sur ce sol délaissé, son esprit occupé par quelques missions de philanthropes qu’orchestraient l’U-SR et le conseil.
Quel sentiment que de retrouver une terre en oublie ! Quel sentiment que de pouvoir à nouveau saisir l’image altérée par le temps passé au loin ! Si la situation était différente, Solfear se serait réjoui de ce moment de retrouvaille, de cet instant que seule la mort sera capable de lui reprendre.

Elle s’imagine là-bas, dansant sur cette plage de sable fin, à côté mais pourtant si loin. Loin comme peut-être ce jour où avec Mickey, dans une autre réalité, avec un autre passé, elle accomplira ses désirs aujourd’hui condamnés.
Il avait sacrifié sa vie pour ses idées, pour ses valeurs, elle ne pouvait pas lui en vouloir.
« La liberté, c’est l’humanité.» Voilà ce qu’il avait pour habitude de répéter, voilà ce qu’il criait comme elle depuis ces onze dernières années. Mais la liberté devient dangereuse dès lors qu’elle sert d’absolue justification, elle devient une prison de folie, l’indifférence, l’inconscience de Sullivan.

« Je suppose que tu avais un repaire quelque part dans Eau Claire, avec tes autres complices, avance Solfear, en faisant jouer la médaille de l'unité entre ses doigts.
— Oui, révèle la conductrice. À l'extérieur de la ville. Je n'y suis pas retournée depuis. J'ai passée toute la semaine à Vacily ou avec Dace.
— Alors comment sais-tu que les autres ne s'en sont pas tirés ? L'explosion n'a pas laissée de traces d'après ce que je sais.
— Je le sais, c'est tout, affirme-t-elle, avant d'ajouter en voyant qu’il n’est pas convaincu. Ils m'auraient contactée, et ils ne l'ont pas fait.
— Arrête ! s'écrie brutalement Solfear. »
Surprise, Sarah freine instinctivement en ayant juste le temps d'apercevoir une petite ombre au milieu de la traînée luminescente presque blanchâtre décrite par les phares. Les pneus crient, dérapent. Le choc est soudain, et le temps que Sarah reprenne ses esprits, Solfear est déjà hors du véhicule.
Il marche lentement vers la fine silhouette dont il ne parvient pas encore à distinguer les traits. Qui peut traîner en plein désert, seul et sans véhicule ?
C’est un enfant.
Cette tête ovale, chauve, aux paupières et à la bouche maladroitement cousues, aux pommettes enfoncées et aux oreilles manquantes est bien celle d’un enfant. Sa chair meurtrie, couverte d’hématomes mauves et profonds n’a pas non plus était épargnée par les dernières pluies acides. Son corps est celui d’un squelette aux os fuselés, un squelette recouvert d’une peau fine et froissée par le manque de graisse. Il ne lui reste que son nez pour peut-être renifler sa propre putréfaction. Solfear peut sentir cette odeur de pourri qui suivra ce paria jusque dans sa fin. C’est un enfant, un enfant qui n’a plus rien d’humain. Un sujet de la cruauté de ce monde, un simple objet de douleur. La chaîne autour de son cou étriqué laisse penser qu’il vient seulement d’échapper aux griffes de son tortionnaire.
Solfear ne s’attendait pas à découvrir un tel spectacle. Il est difficile de s’attendre à une telle horreur, d’autant plus lorsqu’elle revêt les traits morbides d’un enfant écorché vif. L’ex-soldat s’avance un peu plus près, le regard enflammé par tant d’atrocité, et se penchant en avant, il s’accroupit près de la jeunesse détruite. Alors, sans dégoût, il se contente de poser sa main gantée sur l’épaule décharnée du petit scarifié, tentant ainsi de lui apporter le réconfort d’un toucher étranger autre que celui de son bourreau.
L’estropié se met à gigoter tristement. Derrière lui sa chaîne remue à la manière d’un serpent, tout en tintant contre le goudron froid. S’il pouvait hurler, sans doute qu’il ne s’en priverait pas, mais ce mutilé doit se contenter de gémir à travers sa bouche suturée. En Solfear coule durant cet instant une noirceur incroyable, une horreur capable de fissurer le cœur de toute son humanité. Il existe finalement une situation sans doute pire que la fin, un état de déshumanisation si élevé qu’il engendre la non vie, pire que la mort.
Des pas. Solfear jette un regard derrière lui pour s’apercevoir que Sarah n’est plus là. Les sons grésillent, bourdonnent, lorsque sa vue se trouble et qu’une seconde plus tard, son front vient saigner sur le sol, le plongeant ainsi définitivement dans les ténèbres. L’agresseur n’a pas manqué son coup.

Ils s’agitent, là-bas, dans l’ombre, comme une nuée de rapaces guetterait son prochain gibier. Leurs fronts sont rouges, l’envie les brule, ils veulent y gouter, gouter à son intimité, ici, sous la pluie, dans la nuit, la prendre jusqu’au sang.
Elle saigne, résignée, implorant dans son fort intérieur le ciel de lui venir en aide d’une quelconque manière. Elle attend, subit, mais rien ne vient.

Les interminables cheminées de Zehnedy salivent leurs pollutions matinales. La nuit a été longue pour Solfear, trop inquiété par les propos de ses parents pour trouver le sommeil. Sa chambre se révèle être un asile, sa maison une prison, et cette ville peut-être le nouveau chemin vers le vide. Que se passe t-il sous l’épaisse fumée à l’extérieur ? Quelle est cette odeur nauséabonde qui vient pourrir l’humanité ?

Les hommes-bêtes peuvent entendre. Entendre les gouttes de l’averse sur le sol noir du désert de roche, entendre l’acide fondre la chair du damné au long collier de métal. Ils se retirent alors, dérangés dans leur irréparable besogne, furieux dans leur privation ; n’omettant pas de balancer face contre terre un corps souillé nommé Sarah.

Et continu de rêver Solfear à son ancien monde, au tracé de son destin, que même l’acide ne parvient pas à le tirer de sa torpeur en forme de cauchemar. Le liquide corrosif ne parvient pas à le faire taire. « Je n’ai jamais tué...» se répète-t-il à demi conscient, entre cauchemar et enfer, entre le ciel et la terre.

L’enfant ne se débat pas, car il est l’heure pour lui de subir le châtiment du ciel envers la race humaine. Attaché à un long pieu en bois, en avant de l’embouchure de ce qui semble être la grotte où se sont repliés les humains déchus, il souffre.
Sarah, vautrée à même le sol, préfère clore ses paupières devant le supplice qui se déroule sous son nez. Quelqu’un accède à sa demande, le ciel coule, le ciel pleure pour libérer l’âme de l’être à la chair damnée. Ses membres s’effilochent, sa peau glisse sur elle-même. Les lambeaux de son ventre se déchirent un à un et libèrent doucement les viscères de cet appât. Son crâne fond peu à peu, il ne vit plus depuis longtemps, et peut désormais quitter son reste de corps mutilé.

Depuis leur antre, les troglodytes fixent la femme à demi-nue, laissée étendue sous le déluge corrupteur. L’un d’eux, sans doute écœuré par le gâchis que cela représente, se risque hors du renfoncement et surgit près du corps lentement meurtri de la belle profanée. La mener jusqu'à son repaire étant trop douloureux, il ne peut que la traîner dans le sombre véhicule d’à côté, à l’avant de la Pontiac où repose également Solfear, encore inconscient et sans doute destiné à devenir le prochain appât.
À Vacily, plus d’un se sentirait dégoûté à la vision des cicatrices faciales de Sarah, de sa joue brûlée, séchée, rouge et légèrement boursouflée, ou à la vue des autres lésions sur sa poitrine et son dos balafré. Mais ici, ces simulacres d’humains ont oublié depuis longtemps ce qu’est une femme. Ils ont dû contenir pendant des lunes toutes leurs pulsions jusqu’à les déverser sur cette pauvre martyre de passage.

De la sueur s’écoule de son front sale et abîmé par l’acide, il boue de l’intérieur. Ce n’est plus un homme, ce n’est plus un animal, peut-être n’a-t-il tout simplement plus d’âme. Il ne reste qu’une bête enchaînée à ses besoins insatiables, un intérieur mort qui a le diable au corps.
Elle remue contre l’ardeur de ses membres, il se saisit d’elle et s’aplatit gauchement par-dessus le levier de vitesse, contre son corps dénudé. Sarah n’a plus de force ; ses habits en pièces, elle n’est désormais qu’esclave.
La pluie continue de s’abattre finement sur la tôle du véhicule sombre, comme pour décompter chacune de toutes les secondes de cette atrocité. Plus loin, ils sont furieux, envieux mais craintif. Ils hésitent à suivre le frère courageux qui a prit sa chance.

Des plaintes encombrent les rues. Par les fenêtres certaines ombres dessinent leurs chutes dans une brume asphyxiante. Une brume omniprésente jusqu'à recouvrir le temps, masquer les jours et les nuits, et finir par installer le néant.
Mais de nouvelles lamentations s’élèvent entre toutes…
Et déjà la main de Solfear s’abat sur la nuque de l’intrus. La bête résiste, grogne et se retourne, délaissant pour un instant sa proie sexuelle. Son œil à demi vide n’exprime rien d’autre que de la rage. Solfear sait qu’il doit agir vite, sans quoi ce démon aura raison de lui. De toute sa force et de ses deux mains, il jette la tête de l’horreur contre le pare-brise bientôt fêlé par le contact. Mais cela ne suffit pas, cela n’aurait pas suffit sans que Sarah ne se retire pour le frapper violemment au bas du ventre jusqu’à le faire basculer contre la portière mal fermée. Sonné, l’animal n’a plus qu’à contempler sa propre chute, Solfear passant à l’avant et l’envoyant valser sous la pluie redoublante.

Si seulement il avait eu son arme, le métal aurait jugé cette race impie. Les clefs sont encore sur le contact et Sarah s’est repliée sur son siège pour recouvrir ce qu’elle peut de ses formes. Solfear ne se permet pas un seul regard, il n’ose pas être triste pour elle. Sous le choc, et demeurant face au pare-brise légèrement craquelé, c’est la peur qui s’empare de lui, la peur de faire le mauvais choix.
Il pose sa main sur la clef et ressent cette larme, celle qui coule sur la joue de Sarah. Il peut suivre le parcours qu’elle choisit entre les méandres du malheur, de la fatalité et de la nostalgie.
Ainsi tandis que la pluie cesse, Solfear tourne le contact à contre cœur, avant que Sarah ne lui pose une main suppliante sur le bras. Dans le même mouvement, elle délivre le contenu de la boite à gant, un revolver, lui se contentera d’observer…

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Message  Invité Mer 30 Déc 2009 - 18:02

Je ne vois pas trop ce que cet épisode apporte au récit, il me paraît gratuitement cruel...

Mes remarques :
"le bitume éclaté fait trembler l’antique (l'antique quoi ?) à roues noires"
"La brume les croise (et non "croisent")"
"une terre en oubli (et non "oublie")"
"J'ai passé (et non "passée") toute la semaine"
"n’a pas non plus été épargnée"
"l’envie les brûle, ils veulent y goûter, goûter à son intimité"
"Que se passe-t-il"
"Et continue de rêver Solfear"
" il bout de l’intérieur"
"le frère courageux qui a pris sa chance"
"cela n’aurait pas suffi (et non "suffit")"
" le contenu de la boîte à gant" (à gants, non ? mais je ne suis pas sûre)

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Message  Squall46 Ven 5 Mar 2010 - 12:52

Désolé d'avoir mis autant de tant à revenir poster la suite, je n'ai quasiment pas pu le faire avant. J'espère que vous serez toujours au rendez-vous.

Pour le passage précédent, si je devais justifier son apport au récit, je dirai qu'il apportera quelque chose dans la relation qu'on les deux personnages et un degrés supplémentaire pour définir l'ambiance de ce monde.

Donc voilà la suite, et la prochaine très bientôt si vous êtes toujours là. (On est pas encore à la moitié de ce qui est déjà écrit.)


--------------------------------------------------------------------------------------


Le sable est fin sur cette plage, sous le vent frais de la nuit tombante. Assis côte à côte, la mer calme vient tranquillement se jeter à leurs pieds. Un feu est en train de mourir derrière eux, à l’intérieur d’un étroit cercle de pierre. Les rafales s’occupent de disperser les dernières fumées vers le profond ciel noir. D’un peu plus loin, les puissants phares de la Pontiac arrivent tout de même à les éclairer tous les deux.
Solfear, basculé dos contre terre et la nuque calée entre ses bras repliés, s’occupe de réflexions diverses en auscultant le céleste. Sarah replonge sa tête entre ses genoux, comme à son habitude. Maintenant qu’elle est seule, la nuit lui fait peur. L’ombre obscurcit son cœur un peu plus à chaque instant, l’esseule encore et toujours. Et ce n’est pas la présence de Solfear qui y changera quelque chose, lui qui ne semble pas la porter dans son cœur. Cet homme ne lui offrira sans doute jamais rien d’autres que son aide. Aucune amitié n’est possible. Son air de solitaire, d’abandonné, ne laisse transparaître qu’une mince compassion. Ils ne se sont pas parlé depuis des heures.
Elle s’efforce de ne plus penser à l’effroyable, lui se tait pour ne pas le lui rappeler. Elle pense qu’il n’a rien à lui dire, qu’il est indifférent à tous ses maux ; peut-être même qu’il la laisserait périr d’une crise, sur cette plage, au bas de cette autoroute délabrée.
« Tu as déjà tué quelqu'un ? demande Sarah pour rompre un silence devenu pesant. »
Solfear prend quelques secondes pour souffler avant de finalement répondre, sans le moindre mouvement.
« Jamais. Pourquoi ?
— Un soldat qui n'a jamais tué personne. C'est rare.
— Je ne suis pas un soldat, plus maintenant.
— Et qu'est-ce que tu es alors ? questionne-t-elle alors, en posant son regard sur l'ex-membre de l'U-SR.
— Juste comme avant, conclu Solfear, toujours immobile.
— Comme avant...Ouais, j'aimerais bien l'être aussi, songe la jeune femme, en détournant la tête un instant.
— Pourquoi ne pas m'avoir dit que tu emportais une arme ?
— Quelle importance ?...C’est trop tard.
— Maintenant, c’est trop tard en effet, juge t-il, comme si tout était de sa faute à elle.
— De qui tu te préoccupes ? Il ne t’est rien arrivé à ce que je sache ! s'emporte-t-elle maladroitement, sans doute sous le poids de la peine. »
Solfear ne réagit pas tout de suite, il se renverse sur le côté de manière à lui tourner le dos, et ferme les yeux.
« Donne-moi le révolver Sarah, dit-il finalement, en tendant une main ouverte derrière lui, par-dessus son flanc.
— Pourquoi ? Comme tu l'as dit, tu n'as jamais tué qui que ce soit. Tout à l'heure, tu étais même prêt à t'enfuir... reproche-t-elle, pour renvoyer la faute sur quelqu’un d’autre.
— Donne-moi cette arme et je veillerai sur toi, ton ami m'a fait promettre, assure Solfear, comme s'il cherchait à la tranquilliser malgré ses réflexions.
— C'est plutôt raté comme promesse... insiste-t-elle, en lui laissant pourtant le calibre dans la main. »
Il l’attrape, resserre sa main sur la crosse et continu de se taire, de la laisser réfléchir, seule avec ses démons. La consolation est vaine, il le sait, mieux vaut qu'elle vive seule à seule avec le mal pour s'en repentir définitivement, il le sait depuis longtemps.
« D'où...t'as attrapé ton infection ? questionne soudainement la jeune femme.
— C'est une longue histoire, et la nuit est courte.
— Ce n'est pas toi qui m’accusais de ne pas avoir suffisamment confiance ?! ironise-t-elle avec un petit rire nerveux.
— Quand tu iras te reposer, laisse les phares allumés. La lumière repoussera les animaux, se contente-t-il de répondre calmement, faisant mine de n'avoir rien entendu.
— Compris. De toute façon, je commençais à avoir froid. »
Se levant l’instant d’après pour réajuster son débardeur fauve, elle rejette tout le sable collé à ses bottes sur Solfear. Mais encore une fois, comme s’il dormait profondément, il ne réagit pas.
Sarah, n’attendant plus rien de lui, porte un dernier regard vers la mer en tirant une sèche d’un paquet déjà entamé. Elle se l’allume délicatement, non sans avoir un léger recule face à la flamme du petit briquet, puis retourne sur leurs pas encore dessinés. L’intérieur du véhicule est encore couvert de sang. Son premier geste est d’éteindre les phares, plongeant ainsi Solfear et toute la plage dans la pleine obscurité. Elle se laisse glisser dans le siège du conducteur, quelques larmes aux coins des yeux, un sanglot dans la gorge. Elle repense à Mickey, à cette nuit orageuse où tout à basculer et qui les a pour toujours séparer. Le remord, la peine, le regret, tant de sentiments qui se viennent se reflètent dans la glace du rétroviseur central. Le siège passager est vide, elle est seule dans cette voiture à l’intersection de nulle part et d’ailleurs. Comme pour Solfear à Vacily, le sommeil sera son dernier refuge. Elle éjecte la cigarette hors de l’habitacle, expire longuement en séchant ses larmes, et s’enfonce un peu plus dans le cuir encrassé de sang, pour obéir aux lois du crépuscule.

L’aurore est là, éteinte, sans rayons. La mer est calme, presque brune, et le ciel n'est pas beaucoup plus clair qu’avant. Solfear se réveille en sursaut. Près d’ici, il y a ce grincement détestable, quelque chose qui gratte, un raclement insupportable. Il se tourne et cherche des yeux l'origine de ce bruit abject. Le révolver est encore dans sa main ; épuisé, il a dû s'endormir immédiatement. Le sable fin glisse le long de son blouson noir tandis qu'il se relève difficilement et se frotte le visage. Les évènements de la veille lui reviennent en mémoire, lentement, cruellement. Les yeux enfin correctement ouverts, Solfear trouve la raison de son éveil, la Pontiac. Il reste là, les bras ballants, face à la vision d'une horreur évadée d’un cauchemar.
Une immonde tête dotée d'un long bec décharné se penche pour planter la tôle peu à peu froissée de la Pontiac, la bête rejette du sable en arrière de ses deux pattes griffues comme pour se donner davantage de force. Chacune des longues ailes écorchées de la créature trainent sur le sol, cachant ainsi la gélatine flavescente qui s’écoule de son buste à la géométrie improbable.
Solfear ne sait pas grand-chose du bestiaire qui survit hors de Vacily depuis l’incident, il n’a que son ancienne expérience du dehors comme acquis, mais à l’époque le monde ne souffrait que des premiers symptômes.
« — Sarah ?! s'écrie l'ancien soldat, inquiet, le front suant. »
Aucune réponse, et le ciel reste trop sombre pour qu’il distingue quelqu'un à travers le pare-brise sale et abîmé de la veille. Le monstre semble sourd et persiste, de ses mouvements pathétiques, à percer la carrosserie. Solfear brandit le révolver, s'approche pour être certain de faire mouche, et déclenche le feu. La balle se loge dans l'élytre gauche de l’animal, qu’il relève aussitôt dans un mouvement de recul. Des grésillements presque électroniques s'élèvent de son corps informe tandis qu'il se tourne vers Solfear et progresse. Maintenant de face, l’ancien membre de l’U-SR peut mieux distinguer cet adversaire cauchemardesque, son apparence tenant d’un aigle malade que l’on aurait croisé avec un coléoptère géant.
Le buste, veiné de traînées ocre, libère d’autant plus de son contenu qu’une seconde balle le pénètre. Les grésillements redoublent, forçant presque Solfear à se couvrir les oreilles. Mais il tient bon, et envoie un troisième projectile terminer de soustraire l’animal à ce monde qu’il n’aurait jamais du connaître. Les viscères s’épanchent sur le sol, accompagnés de limons corrosifs aux odeurs et couleurs ignobles. Son cadavre s’aplatit lourdement contre le sable, l’empestant un peu plus de la maladie qui ulcère cette planète, sa nature et ses habitants.

Presque soulagé, Solfear s’approche enfin du véhicule qui ressemble dorénavant à une épave. Il inspire un instant, jette un dernier regard en contrebas pour s’assurer que le monstre restera bien une charogne abandonnée, puis colle sa tête contre la vitre, côté passager. Le spectacle n’est pas tellement plus beau. Sarah est là, la bouche recouverte par des glaires qui vont lui couler sur la poitrine. Comme à Vacily, une autre crise, peut-être déclenchée par la peur, peut-être par la solitude. Solfear réalise qu’elle n’avait pas allumé les phares. Il a été dur avec elle, peut-être trop.
Il n’a pas le temps de s’en vouloir, elle risque de s’étouffer. Ouvrant la portière d’un geste brusque, il la saisit énergiquement et l’extirpe du véhicule pour la coucher sur le côté, dans le sable. La peau de son front est disputée par les rougeurs, comme à Vacily ; ses mains tremblent et ses yeux n’osent plus se fermer.
Attrapant dans la voiture une bouteille d’eau traitée, Solfear retire rapidement ses gants en cuirs et lui asperge le visage. Il lui passe une main sur la joue pour décoller quelques mèches blondes, avant de délicatement retirer son blouson pour le lui rouler en boule sous la nuque. Dace le lui a fait promettre, il doit s’occuper d’elle. Cette femme n’est plus seulement une meurtrière qui sert sa cause, leurs histoires se lient peu à peu vers un futur incertain.
Se relevant et balayant la sueur de son front d’un revers de main, il examine les environs. Rien ne vie réellement, la mer est seule d’un côté, de l’autre le désert se perd dans les collines escarpées de l’Est lointain. Il se glisse une dernière fois la main entre les cheveux et sur sa figure qui transpire de doutes, lorsqu’il aperçoit enfin l’espoir.
Un peu plus haut sur l’autoroute délabrée, quelques silhouettes détalent à grandes enjambées. Sans se poser de questions, Solfear file sur le chemin tracé entre les monticules de sables, vers les ombres pressées. Il est dangereux de courir après les gens en plein désert, de se soucier des autres. Pourtant cette fois-ci, c’est inévitable.
Il manque de trébucher sur un dernier talus, mais débouche finalement sur la grande autoroute au goudron crevassé. Ce sont trois hommes qui se dépêchent comme s’ils avaient la mort aux trousses. Solfear s’arrête sur la bande d’arrêt d’urgence pour ranger son revolver à l’arrière de sa ceinture et attendre les hommes qui seront bientôt là.
Un vent chargé de sable se lève tout à coup, l’amenant à fermer les yeux quelques instants. Avant même de pouvoir les rouvrir, il sent quelqu'un le frôler en lui criant vaguement quelques paroles dans un langage incompréhensible. Et deux autres passent bientôt, ensemble, ne laissant échapper que leur souffle épuisé.
Solfear attrape la toge du dernier, et fait volte-face. L'homme essaye de se libérer alors que ses deux compagnons sont déjà loin. Se frottant les yeux d'une main tandis qu'il retient de l'autre ce qui s'avère être un vieil homme à l'haleine fétide, Solfear le prévient.
« Hey, j'ai besoin d'aide, explique-t-il en contenant sans mal le vieux fuyard. »
Comme captivé, terrorisé par l'horizon de l’orient, l’inconnu semble n’avoir rien entendu. Il continu de s'agiter.
« J'ai besoin de ton aide ! recommence Solfear, en le secouant un peu plus fort.
— Va-t’en ! Ou bien le ciel te tombera sur la tête ! s’égosille le vieil infatigable, les yeux exorbités, en redoublant d’énergie. »
Solfear, persuadé d’avoir affaire à un fou, dégaine son révolver et le lui braque contre la gorge.
« J’ai une malade en bas…je ne sais pas conduire…tu comprends ce que je dis ?! »
L’autre pousse des gémissements en insistant pour se sauver, comme la proie étreinte par le piège du chasseur. Solfear le lâche et place son doigt sur la gâchette, en vain. Son souffle retrouvé, lui aussi est déjà loin… Et bientôt les trois disparaissent derrière les bords du lointain. De toute façon, par ici peu de gens doivent encore conduire.

L’échec lui noue la gorge alors qu’il redescend vers la crique, vers Sarah. Ces hommes étaient fous, il n’avait pas besoin d’eux ; c’est ce dont il se convint avec une certaine difficulté tandis qu’il l’aperçoit, assise, la tête appuyée contre la portière.
Sarah est tirée de sa torpeur fiévreuse, elle a échappé à la nouvelle crise, voire même à la mort. Il s’approche, la regarde ; sa joue est parfaite, la brûlure tombe au rang des souvenirs. Le grain de sa peau est totalement reconstitué, presque rose, un brin trop clair.
Elle tourne la tête pour l’accueillir d'un petit regard narquois.
« J'ai cru que tu t'étais enfui, pique-t-elle d'un air amusé.
— Tu as l'air en forme, se contente de répondre Solfear, en fixant sa joue renaissante. »
Sarah se passe les doigts le long de la pommette et les faits glisser lentement sur toute sa peau renouvelée, un sourire aux lèvres. Un sourire qui grandit lorsqu'elle se lève et ajuste le rétroviseur pour s'y réfléchir.
C'est la première fois qu'il la voit presque heureuse. Les yeux de Sarah débordent par-dessus le rétroviseur et saisissent les restes du démon ailés, de la carcasse engluée. Un choc à l'intersection du cœur et de l'esprit, elle avait éteint les phares, tout était de sa faute. Solfear lui a sans doute sauvé la vie.
« C'était quoi ? demande-t-elle doucement.
— J'en sais rien, un de ces trucs qui rôdent dans la région, répond-il en attrapant ses gants et le blouson restés sur le sol. On ferait mieux d'y aller.
— Hum... gémit la jeune femme, pensive et le regard vissé sur la bête morte. Eau Claire ne doit plus être très loin.
— Prend le volant, je suis pressé de revoir le coin, ajoute-t-il en se retournant pour s'installer du côté passager. »
Sarah lui pose une main sur l'épaule avant qu'il n'ait le temps de faire quoi que ce soit.
« Merci, lui chuchote-t-elle à l’oreille. »
Il ne se retourne pas et prend place sans répondre. Le regard impassible, ajusté vers les collines de l'orient, il repense brièvement aux trois hommes effrayés. Pourquoi fuyaient-ils ? De quoi avaient-ils peur ? Qu’est-ce qui se cache au-delà des montagnes, à l’est ? Lui se torture l’esprit, elle a déjà les mains sur le contact, et le moteur gronde à nouveau pour les emporter vers Eau Claire, vers l'est.

Squall46

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