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Secrets de cuisine

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Message  silene82 Lun 14 Déc 2009 - 9:40

D'ordinaire, ceux qui en mentionnaient le nom l'assortissaient de commentaires, soulignant habituellement le hiatus conséquent entre la face visible, le décor de l'antre, et, pour qui acceptait de passer outre à ce que ses sens lui présentaient comme peu amène de prime abord, la récompense de ce refus des apparences, l'excellence de la chère.
Tout faisait penser à un établissement qui a vécu, puis s'est enfoncé lentement dans un assoupissement prolongé, et où le manque de pratiques a inexorablement réduit petit à petit l'entretien général du lieu.
Dès l'entrée, à laquelle on accédait par un double escalier de pierre, sans grâce particulière, avec une rampe ordinaire de fer peint, on avait l'impression d'une crypte. Était-ce le jour subitement chiche, la maison vis-à-vis, fort haute, en confisquant une importante partie? Était-ce le fait de passer de la lumière à une certaine pénombre, que ne dissipait pas les quelques points lumineux envoyant faiblement un halo de lumière qui semblait jaunâtre et fuligineuse, comme ces images de profondeurs où dans une brume indistincte de hagardes lueurs percent à grand peine.
L'allure générale était indiscutablement provençale, et on pouvait la dater.sans trop d'approximation au début du siècle, époque fertile en constructions de tous acabits, mais heureusement bien avant que les divers atrapanoures, si souvent piémontais, ne commencent à répandre leur idolâtrie du ciment tartiné en joints gris monolithiques autour de pierres choisies pour leur incongruité et leur inadéquation à l'ouvrage : ces beaux exemples du mauvais goût enrichi d'une méconnaissance grossière du matériau, superposé à la va-comme-jte-pousse et tenu par l'abondance du liant, lors que l'art du tailleur de pierre repose précisément sur la finesse des joints, dont la fonction est d'empêcher le glissement des blocs, n'abondaient pas encore comme ils le feraient dans la période faste pour ce genre de fariboles qui suivit la deuxième guerre.
Jaunes les murs, jaune l'atmosphère: le jaune serait-il une couleur de chose révolue, comme sur les clichés photographiques : dès l'entrée, l'endroit baignait dans une atmosphère jaune, un jaune passé, défraîchi, rehaussé par endroits, autour des appareillages électriques, demeurés tels qu'en l'époque, de sorte que le lieu eût convenu à merveille à un metteur en scène pour une évocation précise, de marques noirâtres, estompées par endroit, et dues au innombrables mains qui depuis l'installation des commodités électriques s'étaient posées à proximité.
Tommettes au sol, de cette tommette hexagonale rouge sang qui était quasi universellement utilisée au temps de la construction de la bâtisse; tommette qui, convenablement entretenue, remplie à refus d'huile de lin, cirée avec constance et abnégation, prend progressivement une belle patine transparente, comme un glacis. Là, point de ces éclats de lumière et de cette belle brillance construite patiemment, les tommettes demeuraient sans vie, ternes et peu sollicitées. A l'évidence la main-d'œuvre ancillaire se faisait rare, et le maître de céans laissait courir.
Vieillot : un comptoir sombre, planté face à l'entrée, avec un zinc luisant ternement, une forme lourde, massive, que l'on voyait encore communément dans les villages un peu excentrés, travail d'un menuisier de campagne s'essayant à faire style, et ayant vu quelques exemples de réalisations similaires, traitées de manière plus alerte, puisque Art Nouveau, dans les belles brasseries de la grande métropole voisine. Tables à piètement de fonte, un ensemble hétéroclite, certaines provenant probablement d'un état ancien du lieu, d'autres, avec leurs sièges, acquises par poussées, comme à l'encan. En témoignaient la disparité singulière, fauteuils de bois recouverts d'une moleskine verte, chaise Thonet dépareillées, fauteuils d'été à lames courbes, alternant joyeusement leurs bandes de blanc et bleu. Curieux équipage pour ce qui semblait une auberge, où quelque chose d'approchant.
Au bout de quelques minutes à tenter de manifester sa présence par les raclements de gorge, les frottements de chaussures et tous les signaux que la bonne éducation commande d'employer quand il s'agit de notifier qu'on est là, dans un lieu dévolu à une clientèle - Per-Jacquez Hélias insiste sur le rituel qui présidait en pays bigouden, à toute visite, avec le signalement de son approche par le bruit de la barrière, qui permet à la seigneuresse de ranger son arroi, et se préparer à recevoir dignement, fût-ce en un pen-ty fort humble-, quelques bruits lointains, sourdant de la porte semi-entrouverte, bouche noirâtre s'entrouvrant sur des cavités inconnues, laissait entendre que le lieu était habité, fût-ce faiblement. Le glissement se faisait plus audible, la porte s'entrouvrait plus large, et paraissait un étonnant petit bonhomme à l'air toujours étonné de grand enfant, glissant sur des charentaises, amène et accueillant. Le petit Salomon de la saga des Valeureux, sinon qu'il n'était probablement pas fils d'Israel. L'air un peu ennuyé du dérangement, mais voulant paraître accueillant.

― Oui, c'est pour quoi?
― Eh bien, serait-il possible de manger?
― Eh bien...oui, installez vous où vous voulez...

Quelques temps après, apparaissait le pain, le vin, ordinaire dans son flacon étoilé. Pas de menu, pas de carte. Le petit homme parle dans sa moustache en regardant ailleurs, on ne sait trop où : il a l'air de parler aux assiettes

― Du tian, vous allez pas en avoir...j'ai des tomates...té, je vous fais une omelette en entrée, si vous voulez...
― Ah , bien ma foi, une salade de tomates et une omelette alors...
― Ou sinon de la quiche...
― Non non, ça ira très bien...
― Ou des quenelles. De brochet : il m'en reste d'hier...
― C'est parfait, merci...
― Ou du poisson : je peux vous faire une friture...
― Vous savez, ce que vous avez suggéré au début nous convient parfaitement, merci...
― Bon...c'était pour que vous choisissiez...

Le petit bonhomme repartait en patinant dans ses charentaises, chhhh chhhh, dans un doux glissement feutré. Divers bruits assourdis venaient s'échouer dans la salle.

Des habitués commençaient à arriver. On le savait au fait qu'ils se dirigeaient sans hésitation vers des tables précises; à y mieux regarder, lesdites tables avaient des serviettes pourvues d'un rond, comme dans les pensions de famille : ne manquait que le casier où chaque habitué aurait retrouvé la sienne.

Le petit homme sortait de loin en loin, échangeait quelques mots à voix basse avec les habitués installés. Rien de la jovialité de façade des restaurants de passage, une longue habitude, un tutoiement

― Elle a l'air bien la friture, dis...
― Pas pour toi, Henri; je te mets les tomates, avec un peu d'assaisonnement à côté...
― Enfin! Je suis assez grand pour savoir ce que je veux...
― Écoute, tu sais bien ce que t' a dit le docteur; moi, je regrette, mais je peux pas collaborer à ton assassinat...
― Roger, juste deux ou trois, que j'aie le goût...
― Deux, c'est tout...
― Après, le lapin...
― (feignant de crier) Qué lapin? Sies pas fada? Un civet? Au fou! Henri veut se faire harakiri d'apoplexie en pleine salle en ingurgitant des plats défendus! La morue, peuchère Henri, la morue avec les pommes à l'eau. Je te mettrai une cuillerée d'aïoli à côté...
― Tu es brave, mais ça me donne envie de pleurer : rien que l'odeur de ton civet, té...presque je m'en vais de pas pouvoir y goûter...
― Avec ma morue, tu pars vivant, sur tes pieds, et dans quelque temps, quand tu te portes mieux, je te fais une belle daube...
― Avec des frites?
― Rien du tout, avec des nouilles fraîches...

Toujours grommelant et chuintant dans sa moustache, le glissement laineux accompagnant ses pas, il amène ce que bon lui semble, ce qui a été commandé, certes, mais d'autres mets, imprévus,
― Il m'en reste un peu, c'est du poulpe...

ou, se dandinant devant la table

― C'est un bout de pissaladière pour accompagner la tomate

On devient rapidement pratique : la modicité des prix, le bon goût de la chère, la bonhommie tranquille qui règne dans le lieu en ont conquis beaucoup, et c'est comme une petite coterie, au final, qui tient ses assises en ce lieu, commente mille choses, la politique municipale, mais aussi les petites tractations du quartier -l'endroit est fréquenté principalement par des commerçants du centre ville proche.

L'appropriation de l'espace, cette notion si liée à l'habitat, qui dans nos cultures définit des zones publiques, d'autres semi-privées, d'autres enfin réservées aux intimes faisait qu'on évoluait petit à petit dans un rayon qui s'agrandissait insensiblement, dans une espèce de danse subtile où le maître des lieux autorise, certes, l'accès aux pièces réservées, notamment la cuisine, mais l'hôte s'approprie lui, par ses déplacements, tout l'espace dévolu à l'exercice du commerce.

Et s'approchant du bar mafflu et sombre, il voit, dans cette lumière jaune un peu glauque, un chatoiement curieux déployé derrière , où officie le tenancier, sur cette partie menuisée, pourvue d'étagères, et qui servait à l'exercice du métier. Progressivement, on le saura plus tard, dans le fil des confidences qui viendront petit à petit, le petit homme a évacué les bouteilles, les verres, les pailles, les remplaçant par des toiles. Comme une inondation de couleurs qui ruissellerait petit à petit et recouvrirait la boiserie d'un ensoleillement multicolore.

― Oh oui que je l'aime la couleur, pense...
― Mais c'est curieux cette disposition; on dirait que tu - on est passé au tutoiement – as voulu remplir de l'espace, sans chercher à mettre des toiles en valeur; c'est vrai que de l'ensemble nait autre chose, de la vibrations des toiles entre elles...un autre ordre, avec une harmonie...
― Il faut qu'elles trouvent leur place, tu sais, comme les étoiles...je les boustigue un peu au début, quand elle ne se sont pas faites au lieu...
― Ça prend du temps?
― Ça dépend; il y en a qui s'acclimatent vite; tu les mets, elles sympathisent tout de suite...là ça va tout seul...d'autres fois, pardi, il faut leur parler; tu comprends, elles ont toutes des noms...
― Celui du peintre?
― Souvent...mais des fois je leur en donne un autre, celle-là, c'est mademoiselle Foujita, parce qu'elle m'y fait penser, té...
― Donc chaque nouvel apport modifie la donne, et l'entrant doit se faire accepter...
― Eh c'est ça, sûr que c'est ça : des fois, je suis obligé d'en punir...
― Comment?
― Je les mets dans la salle, un peu loin; vaï, que y font pas les malins : tous seuls ils n'existent plus...
― Enfin...un Vlaminck, moi je te dis qu'il existerait toujours, et qu'on ne verrait que lui, et un Matisse aussi...
― Et ils crieraient comme des possédés au milieu de ma fresque, et ils feraient peur aux autres...
― Comment tu les as eus?
― Tu sais...les artistes...ils viennent ...ils mangent...ils dorment...ils ont besoin d'argent, pour les couleurs...moi, j'aime ce qu'ils font, je leur échange...
― Mais tout le monde a dû passer ici...
― (sourire énigmatique) Bien sûr...

Au bout d'un temps de fréquentation, le petit homme donne accès à un de ses domaines réservés, sa cuisine, et vient te tirer par la manche

― Viens me dire ce que tu en penses, de cette bouillabaisse...

Il cuisine seul, farouchement, se débrouillant sans commis ni plongeur à tenir sa cambuse à peu près acceptable, espace intouché, sans doute depuis des lustres, avec tous les impedimenta traditionnels, serrés dans les massives armoires sombres dressant des colonnes dans la clarté blafarde de la haute fenêtre. Le piano, rencoigné dans une hotte considérable, sans doute jadis cheminée remaniée ensuite, est couvert d'une abondance considérable de casseroles de cuivre étamé, avec des sauces maintenues au chaud.
Il vous tire par le bras

― Tu l'as goûtée, ma joue de boeuf?
― Non, mais tu sais, ça n'est pas de mes plats de prédilection...
― Tu plaisantes, j'espère? Que manger la mienne, c'est comme une absolution...

Il bricole, touille, s'arrête, l'air inspiré, file regarder en salle, revient, patinant des charentaises

― Que vous êtes tous mariés, vous...
― Eh bien...oui, et alors? Qu'est-ce que ça a d'extraordinaire, d'être marié?
― Que moi je peux pas laisser ma mère...
― Ah bon, et pourquoi?
― Parce que ça ne se fait pas...
― Et comment ça que ça ne se fait pas? Depuis que le monde existe, les parents restent et les enfants s'en vont...
― Comment ça, m'en aller? C'est la maison de mon père....
― Alors les choses se jouent autrement: ta mère qui a survécu à ton père, comme souvent, veut demeurer dans la maison qu'elle a toujours connue, c'est assez normal, non?
― Oui, mais du coup je peux pas me marier...
― Et pourquoi donc?
― Ma mère le supportera pas...
― Mais mon pauvre, si c'est comme ça, qu'est-ce que tu veux qu'on te dise? Soit tu raisonnes ta mère, soit tu pars, soit tu te maries mais vous vivez hors les murs: je ne vois pas d'autre solution...
Aucune ne convient...

Il fait le prêteur à gages, assez souvent: les gens du quartier, quand ils traversent une passe difficile, savent qu'ils peuvent venir le voir pour engager un bijou ou un objet.

― Mais qu'est-ce que tu en fais, de tout ça? Ça ne te rapporte rien du tout, j'ai vu que tu restituais sa bague à Jeannot, tu ne lui as pas pris d'intérêts?
― Si je dois me compliquer encore avec des intérêts, pauvre...
― Alors, les tableaux, c'est le même truc? Le gars te le laisse en gage, il revient, il le reprend?
― Tu sais, ils ne reviennent jamais...
― Mais dis-moi, avec la pépinière qu'il y a eu dans le village, tu as bien dû avoir des pointures qui sont passés...
― Oh! Guère! Tu vois bien qu'on est sur le derrière nous autres...on ne nous voit pas...qui voulais-tu qui passe ici?
― Tu me prends pour un imbécile, je crois : l'autre jour tu laissais entendre que peut-être...
― Non, jamais de la vie, madountesian, tu crois que j'arriverais encore à vivre si j'avais des toiles comme tu dis? Avec le risque des voleurs qui te rentrent pendant la nuit?
― Tu peux bien me chanter ce que tu veux, tu ne me feras pas croire que tu n'as pas quelques babioles un peu plus relevées que celles de derrière ton comptoir...
― Et où tu voudrais que je les mette? Devant le fourneau?
― J'en sais rien, moi, dans ta chambre...
― Quelle imagination...Malheureusement, pauvre, j'ai rien du tout...

Meurt la mère, comme il arrive ordinairement. Le fils pleure à gros bouillons, court la ville en se frappant la poitrine, c'est sûr, il ne s'en remettra pas. De fait quelque chose s'est cassé: on n'a jamais vu la mère, mais il faut croire que sa présence immanente de manière impossible à mettre en évidence, mais parfaitement tangible pour le fils, maintenait tout en place
Ayant couru tout son saoul, pleuré toute son âme, être entré dans un épisode dépressif où il déambule dans la ville, traînant lugubrement les charentaises, chhhh chhhh, tomber dans le piège de la boisson, qui le fait haranguer, hagard, les passants, le doigt dardé en l'air, proclamé qu'il ne resterait pas dans une maison où les gens ne font que mourir, comme s'il y avait des endroits spécialement indiqués pour çà, laissé s'installer un climat progressif d 'abandon, de laisser-aller qui devient insensiblement irréversible, on vit s'installer peu à peu la gêne, puis la disette, puis la misère.

― Enfin! Avec ta collection, tu ne dois pas être trop à plaindre, non?...
― Ah mais je vends rien, moi : plutôt crever; et encore, ça, c'est la face visible...vous n'avez rien vu de la face cachée....
― Face cachée...?
― Ben oui...là vous avez le visible, la fresque; moi, j'ai l'envers...
― C'est bien ce que je pensais, tu as d'autres sucres d'orge...
― Vous verrez bien...un jour...
― En attendant, tu ferais peut-être mieux de troquer un peu contre des espèces sonnantes : tu réalises que tu as de plus en plus l'air d'un clodo?
N'importe quoi...

La Gazette Provençale
Suite à l'enquête initiée après le décès accidentel dans un accident de la route de Roger T..., figure bien connue de la ville avec son établissement qui accueillit durant des décennies tous les appétits locaux, les inspecteurs en charge n'ont pas caché leur étonnement en découvrant dans la chambre de la victime des toiles empilées sous le lit, mais, plus étonnant, dans la salle de bains également, où par un système d'accrochage bricolé avec des chaînettes de lavabo, d'autres servaient de rideau de douche. Dans les noms des artistes relevés, il y aurait 3 Soutine, 2 Dufy, plusieurs Dunoyer de Segonzac et un Derain.

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Message  Invité Lun 14 Déc 2009 - 10:23

Une belle histoire, silene82, et ça me fait bien plaisir de te relire !

Mes remarques :
« que ne dissipaient pas les quelques points lumineux envoyant faiblement un halo de lumière qui semblait jaunâtre et fuligineuse, comme ces images de profondeurs où dans une brume indistincte de hagardes lueurs percent à grand-peine » : je trouve lourdes les deux relatives imbriquées
« Tomettes (et non « tommettes ») au sol, de cette tomette (et non « tommette ») hexagonale rouge sang qui était quasi universellement utilisée au temps de la construction de la bâtisse; tomette (et non « tommette ») »
« les tomettes (et non « tommettes ») demeuraient sans vie »
« Curieux équipage pour ce qui semblait une auberge, ou quelque chose d'approchant »
« pas fils d'Israël »
« Quelques (« Quelque », non ?) temps après »
« un bout de pissaladière pour accompagner la tomate » : manque le point final
« de l'ensemble naît autre chose, de la vibration (et non « vibrations ») »
« quand elles ne se sont pas faites »
« et vient te tirer par la manche (peut-être un signe de ponctuation ici)

Viens me dire ce que tu » : la répétition se voit, je trouve
« Il vous tire par le bras (idem pour la ponctuation ; ça fait bizarre sans, je trouve… à toi de voir)

― Tu l'as goûtée, ma joue de bœuf (bordel) ? »
« patinant des charentaises (idem)

― Que vous êtes tous mariés, vous »
« être entré dans un épisode dépressif où il déambule dans la ville, traînant lugubrement les charentaises, chhhh chhhh, tomber (être tombé ?) dans le piège de la boisson »
« (ayant ?) proclamé qu'il ne resterait pas »
« spécialement indiqués pour ça »
« (ayant ?) laissé s'installer un climat progressif »

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Message  bertrand-môgendre Lun 14 Déc 2009 - 14:19

Détails relevés :
... Était-ce le fait de passer de la lumière à une certaine pénombre, que ne dissipaient pas les quelques points lumineux envoyant faiblement un halo de lumière qui semblait jaunâtre et fuligineux, comme ces images de profondeurs où dans une brume indistincte de hagardes lueurs percent à grand peine ?
... superposé à la va-comme-j'te-pousse...
... qui suivit la Deuxième Guerre...
... de marques noirâtres, estompées par endroits, et dues aux innombrables mains...
... À l'évidence,...
... et ayant vu quelques exemples de réalisations similaires, traités de manière plus alerte puisqu'Art Nouveau...
... chaise Thonet dépareillées (choisir : féminin ou masculin ?)...
... pas fils d'Israël... installez-vous...
... Quelque temps après apparaissaient le pain, le vin...
... par des commerçants du centre-ville proche.
... de la vibration des toiles entre elles...
... quand elles ne se sont pas faites au lieu...
... Le piano, rencogné dans une hotte considérable...(sans conviction, car rencoigner existe aussi) ;
... tu as bien dû avoir des pointures qui sont passées...

Après... trois petits points, une espace.
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Message  Rebecca Lun 14 Déc 2009 - 16:58

Un beau texte bien écrit, un lieu bien décrit, un personnage attachant...
Du bon travail,ça, peaufiné, le métier quoi !
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Message  Arielle Mar 15 Déc 2009 - 9:23

Bien que digne d'intérêt (comme toujours, dans tes digressions, on apprend plein de choses) la mise en bouche me paraît un peu longue, le pousse-café, en revanche, avalé vite fait sur le zinc et sans surprise.
Mais la saveur des dialogues ! L'absolution de la joue de bœuf, délectable !
Et puis des trouvailles qui résument mieux le personnage que de longues tirades : Il cuisine seul, farouchement
Ce passage aussi, en accélération parfaitement contrôlée :
Meurt la mère, comme il arrive ordinairement. Le fils pleure à gros bouillons, court la ville en se frappant la poitrine, c'est sûr, il ne s'en remettra pas. De fait quelque chose s'est cassé: on n'a jamais vu la mère, mais il faut croire que sa présence immanente de manière impossible à mettre en évidence, mais parfaitement tangible pour le fils, maintenait tout en place
En écumant le bouillon, tu gagnerais tes trois étoiles, les doigts dans le nez, mais des goûts et des couleurs, n'est-ce pas ...

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Message  Invité Mar 15 Déc 2009 - 15:31

Silene, ça faisait longtemps... Contente de te relire. Il est attachant ce personnage fort et fragile à la fois.
Et pourtant je vais cruellement t'avouer avoir eu une impression de déjà lu : la cuisine, le sud, les peintures maltraitées...
J'ai bien conscience d'être injuste, parce que le texte est bon, l'écriture maîtrisée ; il ne s'agit pas pour moi d'exprimer un quelconque sentiment blasé, mais peut-être plutôt de lancer un défi à tes ressources imaginatives.


Sur le détail, j'ai eu du mal ici, en particulier à partir de "tomber" ; ne serait-ce pas plutôt : " (être) tombé", "avoir proclamé" :

Ayant couru tout son saoul, pleuré toute son âme, être entré dans un épisode dépressif où il déambule dans la ville, traînant lugubrement les charentaises, chhhh chhhh, tomber dans le piège de la boisson, qui le fait haranguer, hagard, les passants, le doigt dardé en l'air, proclamé qu'il ne resterait pas dans une maison où les gens ne font que mourir, comme s'il y avait des endroits spécialement indiqués pour çà, laissé s'installer un climat progressif d 'abandon, de laisser-aller qui devient insensiblement irréversible, on vit s'installer peu à peu la gêne, puis la disette, puis la misère.

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Message  conselia Mar 15 Déc 2009 - 17:09

Des tronches de vie toujours aussi savoureuses… Je me permets une critique, car l’art en est aisé : l’article en fin de parcours pour éclairer le lecteur distrait me paraît toujours de trop, en raison du choc stylistique qu’il implique, en plus du changement de narrateur. Trop difficile à avaler pour moi, comme des lumières qui se rallumeraient avant la fin du film, pour éclairer le réalisateur venant nous expliquer le dénouement.
Mais quelle alternative, je ne saurais suggérer.
(là tout de suite, mais laisse moi une minute et ça va fuser ;-)
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Message  boc21fr Jeu 17 Déc 2009 - 1:54

Tout cela m'a semblé très bon comme d'habitude...
juste une pitite faute qui n'a pas encore été relevée je pense :
"dues aux innombrables mains"
Un texte qui me parle beaucoup...Du sud et de la table, d'un homme au complexe de Cybèle aussi prononcé que son gout pour la bonne chère...
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Message  CROISIC Jeu 17 Déc 2009 - 10:07

Ah ! les charentaises....ça c'est de la pantoufle !
Comme d'habitude mon cher Silène, te lire c'est......et bien , cette fois-ci, un double régal n'est-ce pas ?
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Message  Sahkti Dim 18 Avr 2010 - 17:01

Est-ce que l'article final apporte grand-chose au texte? Je me le demande. On avait tout de même compris que de ci de là, la collection ne comportait pas que des croûtes.

Ceci mis à part, je me suis plongée avec délice dans cette histoire et le personnage principal est savoureux. Tu réussis, comme très souvent, avec une gouaille particulière, à le rendre proche et bon vivant, il donne le sourire. J'aurai toutefois un petit bémol sur le rythme du texte qui me paraît par moments déséquilibré, comme si tu approfondissais certaines parties au détriment d'autres. Et en même temps, c'est sans doute parce que je suis gourmande et j'aime te lire, alors j'aime en avoir beaucoup :-)
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Message  Ba Dim 18 Avr 2010 - 17:14

Un Silène le dimanche soir avant de glisser dans les " pfuitt pfuitt "...
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Message  ubikmagic Lun 19 Avr 2010 - 13:45

Hello,

Eh bien tu vois, le ton me semble trouvé, l'équilibre construit, entre descriptions très pointilleuses, pointues, et dialogues. Il y a là une alternance de rythme, lent puis rapide, qui permet de concilier les différents aspects de ton écriture. Complexe par endroits, plus directe à d'autres, peut-être que la formule est heureuse, possible que la solution se trouve ici, dans cette alternance, dans cet inspir / expir qui permet à chacun de prendre son temps, puis d'avancer pour se poser plus loin...

Et il y a toujours ce mélange intéressant, où les objets, les lieux, leur patine, prennent autant de relief que les humains.

Bravo.

Ubik.
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