Sur les banquettes moleskine

[loic]

Sur les banquettes moleskine

Longtemps

Sur les banquettes moleskine
Des crèmes et rouges michelines
Le front collé, vitres qui tremblent
Lacis d’images qui s’assemblent

Voie unique

Les poteaux noirs gercés de neige
Découpent en d’immenses tableaux
La croupe douce des montagnes
Sous la cambrure des sapins gris

Hiver

Dans ce vaste compartiment
Un vieil enfant fuit en rêvant
Lancinement des roues métal
Martèlent mes années qui dévalent

Voyage

Des gares hirsutes y flamboient
Où trottinent de vieux employés
Sifflet au bec, tremblants de froid
Sous des horloges arrêtées

Station

Peintures assourdies qui s’émaillent

Roides engelures

Solitudes


Sonnent dures les harmoniques

La neige en larmes m’adoucit…

[Rebecca]

Superbe !
Une musique lancinante des images vacillantes le silence qui nous hante solitude grelottante .

[Invité]

Oui, un belle nostalgie. J'ai même senti l'odeur de la moleskine mêlée au tabac froid qui régnait dans ces vieux wagons.
(je dois toutefois confesser que le titre m'a trompée, je m'attendais à une scène de café).

[milo]

Oui, vraiment joli.

[Invité]

Très belle évocation de voyages à une époque où il y avait encore trois classes pour les voyageurs.
Pour moi, les banquettes n'étaient pas en moleskine, mais en bois.
N'empêche, cette lecture m'a émue.

[Arielle]

Nostalgie-moleskine, je voyage avec toi, Loïc, en suivant du doigt sur la plaque de métal les lettres gravées de la formule magique : e pericoloso sporgersi. J'ai quatre ans, merci !

[Sahkti]

Très parlant ! Des souvenirs d'enfance remontent à la surface, des odeurs et des bruits, des visages aussi.
Notamment grâce à Lacis d’images qui s’assemblent ou Un vieil enfant fuit en rêvant.
J'aime ces ruptures que tu induis par un mot isolé; elles ne nuisent en rien à la continuité du texte, au contraire, elles la renforcent et ce lent voyage prend corps sous nos yeux.
Et puis j'aime la sensibilité qui se dégage des dernières lignes, presque dramatiques.

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